Connaissance des Pères de l'Église n°171 - Collectif - E-Book

Connaissance des Pères de l'Église n°171 E-Book

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« Ainsi, dès le commencement, le Fils est le Révélateur du Père, puisqu'il est dès le commencement avec le Père : les visions prophétiques, la diversité des grâces, ses propres ministères, la manifestation de la gloire du Père, tout cela, à la façon d'une mélodie harmonieusement composée, il l'a déroulé devant les hommes, en temps opportun ; où il y a temps opportun, il y a profit. C'est pourquoi, le Verbe s'est fait le dispensateur de la grâce du Père pour le profit des hommes : car c'est pour eux qu'il a accompli de si grandes “économies”, montrant Dieu aux hommes et présentant l'homme à Dieu, sauvegardant l'invisibilité du Père pour que l'homme n'en vînt pas à mépriser Dieu et qu'il eût toujours vers quoi progresser, et en même temps rendant Dieu visible aux hommes par de multiples “économies”, de peur que, privé totalement de Dieu, l'homme ne perdît jusqu'à l'existence. Car la gloire de Dieu c'est l'homme vivant et la vie de l'homme c'est la vision de Dieu : si déjà la révélation de Dieu par la création procure la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu. »

S. IRÉNÉE, Contre les hérésies, IV, 20, 7.

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Éditorial

Le colloque de Lille de mars dernier, pour lequel nous remercions les organisateurs, en particulier Paulo Rodrigues et Pascaline Turpin, nous amène à consacrer un nouveau numéro à Irénée une année après le numéro 167. Son doctorat, dont Élie Ayroulet met en évidence les enjeux, invite, en effet, à relire son œuvre pour en saisir l’actualité et en mesurer le rayonnement.

Après que nous ayons repris les différentes éditions d’Irénée, Bruno Hayet étudie la christologie du Psaume 95 chez Justin et chez Irénée.

Puis, Agnès Bastit souligne l’intérêt qu’a Irénée pour l’univers et pour la nature, en particulier pour la biologie, ce qui l’amène à mettre en question les gnostiques et à montrer la valeur de la création, avant d’envisager le don de la grâce dans le baptême et l’eucharistie.

Marie-Laure Chaieb étudie, ensuite, un point peu travaillé : le statut de la Première Alliance dans la dynamique du progrès d’Irénée et elle fait ressortir qu’elle a tout son sens et qu’Irénée ne la disqualifie nullement, ce qui est important aujourd’hui dans le dialogue interreligieux.

Puis, Benoît de Baenst étudie les principes exégétiques implicites dans le Livre IV de l’Adversus Haereses.

Les deux articles suivants traitent, de manière originale, d’une question fondamentale chez Irénée, celle de la divinisation : Guillaume Bady part d’une comparaison entre Irénée et Grégoire de Nysse, où il fait ressortir la convergence de vue entre ces deux penseurs qui, non seulement mettent en évidence le progrès, l’épectase, mais qui envisagent aussi, avec Origène, la naissance de Dieu dans l’âme, la filiation adoptive, où il y a synergie entre la liberté et la grâce.

D’une autre manière, en partant cette fois de l’hypothèse d’un enfer éternel, Sylvain Detoc explique que Dieu n’en est pas la cause, pas plus qu’il n’est la cause du mal et qu’il invite, au contraire, à un bon usage de la liberté pour coopérer à son « dessein bienveillant ».

Ainsi ressort-il que l’œuvre d’Irénée n’a pas fini de nous livrer ses secrets et que son actualité est effective.

Marie-Anne Vannier

NOTE SUR LES ÉDITIONS DE S. IRÉNÉE

La redécouverte d’Irénée est relativement récente. Elle date de sa publication dans la collection « Sources chrétiennes » par Adelin Rousseau dans les années 1951 à 1982. Il y a tout d’abord eu dix volumes de l’Adversus Haereses, publiés, puis un seul tome en 1984, sans le texte latin, cette fois. S’y est ajoutée, en 1995, la traduction de la Démonstration de la prédication apostolique. Déjà dans le monde latin, Irénée est oublié, sauf par Augustin et Eusèbe de Césarée, qui explique, dans L’Histoire ecclésiastique, comment Irénée a défendu les martyrs de Lyon, puis il précise l’apport de sa lecture de l’Écriture, sa prise de position par rapport à la date de Pâques et l’apport de l’œuvre d’Irénée.

Cependant, si Irénée a été oublié, son maître-ouvrage Contre les hérésies avait été publié, pour la première fois, à Bâle par Érasme, en 1526. Dans sa Préface, Érasme met l’accent sur la paix. Il y écrit : « Irénée, champion de la paix de l’Église, comme le laisse augurer son nom. Car Irénée en grec signifie paix » et il souligne qu’il a eu un rôle de pacificateur par rapport aux gnostiques, qui mettaient en question l’unité des communautés.

Il reprend quelques éléments biographiques, précise que si l’Adversus Haereses est écrit en latin, il n’en demeure pas moins qu’il comporte des formules grecques, qui pourraient laisser penser à une première édition en grec. Érasme ne parle pas des fragments arméniens qu’il n’a pas dû connaître.

Mais il se réfère à d’autres livres d’Irénée, qui sont aujourd’hui perdus, « un écrit contre Blastus au sujet du schisme, un autre contre le prêtre Florin (qui avait quitté l’Église) sur la monarchie, expliquant que Dieu n’est pas l’auteur des maux (Valentinien)… Il a, dit-il, écrit au sujet de la théorie des huit sphères (ogdoade) un livre approuvé particulièrement par S. Jérôme. Il y a aussi un livre adressé au frère Marcien sur la Prédication apostolique (que nous avons, cette fois). Et enfin un livre de traités divers », ce qui est intéressant pour une meilleure connaissance de l’œuvre d’Irénée.

Cependant, Érasme s’intéresse essentiellement à la lutte d’Irénée contre la gnose et non à sa théologie, à son apport original, novateur. Telle est peut-être la raison pour laquelle cette édition d’Irénée a eu assez peu d’échos.

Elle fut suivie par une autre édition, celle de John Ernst Grabe, en 1702. Auteur d’une anthologie des saints Pères et des hérétiques, John Ernst Grabe a édité successivement la Première Apologie de Justin et l’Adversus Haereses d’Irénée.

Mais cette édition n’a pas eu beaucoup d’écho non plus.

Ensuite, Irénée est publié dans le volume 7 de la Patrologie grecque.

Deux siècles plus tard, en 1907, il y a eu l’édition d’Ubaldo Mannucci. Elle a été, en quelque sorte, le point de départ de la redécouverte d’Irénée.

Il faudrait y ajouter les travaux d’Antonio Orbe, qui non seulement s’est intéressé à la gnose valentinienne, mais qui a également publié un ouvrage de référence sur l’anthropologie de S. Irénée et qui a amplement commenté les livres IV et V de l’Adversus Haereses, sans compter les réflexions sur Irénée qu’il a présentées dans son Introduction à la théologie des iie et iiie siècles.

Avec la traduction française des deux ouvrages d’Irénée en Sources chrétiennes, les études d’Antonio Orbe constituent le point de départ de la redécouverte d’Irénée et de son actualité, qu’Henri de Lubac avait déjà saisie en voyant en lui un futur docteur de l’Église.

Depuis lors, les études irénéennes se sont largement développées, en particulier avec Jacques Fantino et Bernard Sesboüé. Il en existe une bibliographie complète en ligne : https://irenaeus.hypotheses.org/

On trouve aussi, sur ce site, réalisé par les collègues de l’Université catholique de Lyon et des Sources chrétiennes, des outils de travail et des vidéos bien faites.

À juste titre, ce sont les Lyonnais qui s’attachent à faire connaître leur gloire locale et beaucoup d’initiatives ont déjà été réalisées pour mieux faire connaître Irénée.

Marie-Anne VANNIERUniversité de Lorraine, IUF

LA CHRISTOLOGIE DU PSAUME 95 CHEZ JUSTIN ET IRÉNÉE DE LYON

LE PSAUME 95