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Aimard Gustave

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Beschreibung

Du pur western dans la tradition des «dime novels» américains. Ce livre est paru sous la double signature de Aimard,Gustave et Jules Berlioz d'Auriac, mais il semble que ce soit Jules Berlioz d'Auriac qui ait écrit ce roman, il est même possible que ce dernier n'ait fait que copier de jeunes auteurs américains...

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table des matières

Chapitre 1 Sur l’eau

Chapitre 2 Légendes du foyer

Chapitre 3 Une visite

Chapitre 4 Croquis, bouleversements, aventures

Chapitre 5 Un ami propice

Chapitre 6 Indécision

Chapitre 7 L’œuvre infernale

Chapitre 8 Question de vie ou de mort

Chapitre 9 Jim l’Indien en mission

Chapitre 10 Une nuit dans les bois

Chapitre 11 Péripéties

Chapitre 12 Amis et ennemis

Chapitre 13 Épilogue

Chapitre 1 Sur l’eau

Chapitre 1Sur l’eau

Par une brûlante journée du mois d’août 1862 un petit steamer sillonnait paisiblement les eaux brunes du Minnesota. On pouvait voir entassés, pêle-mêle sur le pont, hommes, femmes, enfants, caisses, malles, paquets, et les mille inutilités indispensables à l’émigrant, au voyageur.

Les bordages du paquebot étaient couronnés d’une galerie mouvante de têtes agitées, qui toutes se penchaient curieusement pour mieux voir la contrée nouvelle qu’on allait traverser.

Dans cette foule aventureuse il y avait les types les plus variées : le spéculateur froid et calculateur dont les yeux brillaient d’admiration lorsqu’ils rencontraient la grasse prairie au riche aspect, et les splendides forêts bordant le fleuve ; le Français vif et animé ; l’Anglais au visage solennel ; le pensif et flegmatique Allemand ; l’Écossais à la mine résolue, aux vêtements bariolés de jaune ; l’Africain à peau d’ébène, – une marchandise de contrebande, comme on dit maintenant ; – tous les éléments d’un monde en miniature s’agitaient dans l’étroit navire, et avec eux, passions, projets, haines, amours, vice, vertus.

Sur l’avant se tenaient deux individus paraissant tout particulièrement sensibles aux beautés du glorieux paysage déployé sous leurs yeux.

Le premier était un jeune homme de haute taille, dont les regards exprimaient une incommensurable confiance en lui-même. Un large Panama ombrageait coquettement sa tête ; un foulard blanc, suspendu avec une savante négligence derrière le chapeau pour abriter le cou contre les ardeurs du soleil, ondulait moelleusement au gré du zéphyr ; une orgueilleuse chaîne d’or chargée de breloques s’étalait, fulgurante, sur son gilet ; ses mains, gantées finement, étaient plongées dans les poches d’un léger et adorable paletot en coutil blanc comme la neige.

Il portait sous le bras droit un assez gros portefeuille rempli d’esquisses artistiques et de croquis exécutés d’après nature, au vol de la vapeur.

Ce beau jeune homme, si aristocratique, se nommait M. Adolphus Halleck, dessinateur paysagiste, qui remontait le Minnesota dans le but d’enrichir sa collection de vues pittoresques.

Les glorieux travaux de Bierstadt sur les paysages et les mœurs des Montagnes Rocheuses avait rempli d’émulation le jeune peintre ; il brillait du désir de visiter, d’observer avec soin les Hautes Terres de l’Ouest, et de recueillir une ample moisson d’études sur les nobles montagnes, les plaines majestueuses, les lacs, les cataractes, les fleuves, les chasses, les tribus sauvages de ces territoires fantastiques.

Il était beau garçon ; son visage un peu pâle, coloré sur les joues, d’un ovale distingué annonçait une complexion délicate mais aristocratique. On n’aurait pu le considérer comme un gandin, cependant il affichait de grandes prétentions à l’élégance, et possédait au grand complet les qualités sterling d’un gentleman.

La jeune lady qui était proche de sir Halleck était une charmante créature, aux yeux animés, aux traits réguliers et gracieux, mais pétillant d’une expression malicieuse. Évidemment, c’était un de ces esprits actifs, piquants, dont la saveur bizarre et originale les destine à servir d’épices dans l’immense ragoût de la société.

Miss Maria Allondale était cousine de sir Adolphus Halleck.

— Oui, Maria, disait ce dernier, en regardant par dessus la tête de la jeune fille, les rivages fuyant à toute vapeur ; oui, lorsque je reviendrai à la fin de l’automne, j’aurai collectionné assez de croquis et d’études pour m’occuper ensuite pendant une demi-douzaine d’années.

— Je suppose que les paysages environnants vous paraissent indignes des efforts de votre pinceau, répliqua la jeune fille en clignant les yeux.

— Je ne dis pas précisément cela ;… tenez, voici un effet de rivage assez correct ; j’en ai vu de semblables à l’Académie. Si seulement il y avait là un groupe convenable d’Indiens pour garnir le second plan, ça ferait un tableau, oui.

— Vous avez donc conservé vos vieilles amours pour les sauvages ?

— Parfaitement. Ils ont toujours fait mon admiration, depuis le premier jour où, dans mon enfance, j’ai dévoré les intéressantes légendes de Bas-de-Cuir : j’ai toujours eu soif de les voir face à face, dans leur solitude native, au milieu de calmes montagnes où la nature est sereine, dans leur pureté de race primitive, exempte du contact des Blancs !

— Oh ciel ! quel enthousiasme ! vous ne manquerez pas d’occasions, soyez-en sûr ; vous pourrez rassasier votre « soif » d’hommes Rouges ! seulement, permettez-moi de vous dire que ces poétiques visions s’évanouiront plus promptement que l’écume de ces eaux bouillonnantes.

L’artiste secoua la tête avec un sourire :

— Ce sont des sentiments trop profondément enracinés pour disparaître aussi soudainement. Je vous accorde que, parmi ces gens-là, il peut y avoir des gredins et des vagabonds ; mais n’en trouve-t-on pas chez les peuples civilisés ? Je maintiens et je maintiendrai que, comme race, les Indiens ont l’âme haute, noble, chevaleresque ; ils nous sont même supérieurs à ce point de vue.

— Et moi, je maintiens et je maintiendrai qu’ils sont perfides, traîtres, féroces !… c’est une repoussante population, qui m’inspire plus d’antipathie que des tigres, des bêtes fauves, que sais-je !… Et vos sauvages du Minnesota ne valent pas mieux que les autres !

Halleck regarda pendant quelques instants avec un sourire malicieux, sa charmante interlocutrice qui s’était extraordinairement animée en finissant.

— Très bien ! Maria, vous connaissez mieux que moi les Indigènes du Minnesota. Par exemple, j’ose dire que la source où vous avez puisé vos renseignements laisse quelque chose à désirer, sur le chapitre des informations ; vous n’avez entendu que les gens des frontières, les Borders, qui eux aussi, sont sujets à caution. Si vous vouliez pénétrer dans les bois, de quelques centaines de milles, vous changeriez bien d’avis.

— Ah vraiment ! moi, changer d’avis ! faire quelques centaines de milles dans les bois ! n’y comptez pas, mon beau cousin ! Une seule chose m’étonne, c’est qu’il y ait des hommes blancs assez fous pour se condamner à vivre en de tels pays. Oh ! je devine ce qui vous fait rire, continua la jeune fille en souriant malgré elle ; vous vous moquez de ce que j’ai fait, tout l’été, précisément ce que je condamne. Eh bien ! je vous promets, lorsque je serai revenue chez nous à Cincinnati, cet automne, que vous ne me reverrez plus traverser le Mississipi. Je ne serais point sur cette route, si je n’avais promis à l’oncle John de lui rendre une visite ; il est si bon que j’aurais été désolée de le chagriner par un refus.

« L’oncle John Brainerd » n’était pas, en réalité, parent aux deux jeunes gens. C’était un ami d’enfance du père de Maria Allondale ; et toute la famille le désignait sous le nom d’oncle.

Après s’être retiré dans la région de Minnesota en 1856, il avait exigé la promesse formelle, que tous les membres de la maison d’Allondale viendraient le voir ensemble ou séparément, lorsque son settlement serait bien établi.

Effectivement, le père, la mère, tous les enfants mariés ou non, avaient accompli ce gai pèlerinage : seule Maria, la plus jeune, ne s’était point rendue encore auprès de lui. Or, en juin 1862, M. Allondale l’avait amenée à Saint-Paul, l’avait embarquée, et avait avisé l’oncle John de l’envoi du gracieux colis : ce dernier l’attendait, et se proposait de garder sa gentille nièce tout le reste de l’été.

Tout s’était passé comme on l’avait convenu ; la jeune fille avait heureusement fait le voyage, et avait été reçue à bras ouverts. La saison s’était écoulée pour elle le plus gracieusement du monde : et, parmi ses occupations habituelles, une correspondance régulière avec son cousin Adolphe n’avait pas été la moins agréable.

En effet, elle s’était accoutumée à l’idée de le voir un jour son mari, et d’ailleurs, une amitié d’enfance les unissait tous deux. Leurs parents étaient dans le même négoce ; les positions des deux familles étaient également belles ; relations, éducation, fortune, tout concourait à faire présager leur union future, comme heureuse et bien assortie.

Adolphe Halleck avait pris ses grades à Yale, car il avait été primitivement destiné à l’étude des lois. Mais, en quittant les bancs, il se sentit entraîné par un goût passionné pour les beaux-arts, en même temps qu’il éprouvait un profond dégoût pour les grimoires judiciaires.

Pendant son séjour au collège, sa grande occupation avait été de faire des charges, des pochades, des caricatures si drolatiques que leur envoi dans sa famille avait obtenu un succès de rire inextinguible : naturellement son père devint fier d’un tel fils ; l’orgueil paternel se communiqua au jeune homme ; il fut proposé par lui, et décrété par toute la parenté qu’il serait artiste : on ne lui demanda qu’une chose : de devenir un grand homme.

Lorsque la guerre abolitionniste éclata, le jeune Halleck bondit de joie, et, à force de diplomatie, parvint à entrer comme dessinateur expéditionnaire dans la collaboration d’une importante feuille illustrée. Mais le sort ne le servit pas précisément comme il l’aurait voulu : au premier engagement, lui, ses crayons et ses pinceaux furent faits prisonniers. Heureusement, il se rencontra, dans les rangs ennemis, avec un officier qui avait été son camarade de classe, à Yale. Halleck fut mis en liberté, et revint au logis, bien résolu à chercher désormais la gloire partout ailleurs que sous les drapeaux.

Les pompeuses descriptions des glorieux paysages du Minnesota que lui faisait constamment sa cousine, finirent par décider le jeune artiste à faire une excursion dans l’Ouest. Mais il fit tant de stations et chemina à si petites journées, qu’il mit deux mois à gagner Saint-Paul.

Cependant, comme tout finit, même les flâneries de voyage, Halleck arriva au moment où sa cousine quittait cette ville, après y avoir passé quelques jours et il ne trouva rien de mieux que de s’embarquer avec elle dans le bateau par lequel elle effectuait son retour chez l’oncle John.

Telles étaient les circonstances dans lesquelles nos jeunes gens s’étaient réunis, au moment où nous les avons présentés au lecteur.

— D’après vos lettres, l’oncle John jouit d’une santé merveilleuse ? reprit l’artiste, après une courte pause.

— Oui : il est étonnant. Vous savez les craintes que nous concevions à son égard, lorsqu’après ses désastres financiers, il forma le projet d’émigrer, il y a quelques années ? Mon père lui offrit des fonds pour reprendre les affaires ; mais l’oncle persista dans ses idées de départ, disant qu’il était trop âgé pour recommencer cette vie-là, et assez jeune pour devenir un « homme des frontières. » Il a pourtant cinquante ans passés, et sur sept enfants, il en a cinq de mariés ; deux seulement sont encore à la maison, Will et Maggie.

— Attendez un peu… il y a quelque temps que je n’ai vu Maggie, ça commence à faire une grande fille. Et Will aussi… il y a deux ans c’était presque un homme.

— Maggie est dans ses dix-huit ans ; son frère à quatre ans de plus qu’elle.

Sans y songer, Adolphe regarda Maria pendant qu’elle parlait ; il fut tout surpris de voir qu’elle baissa les yeux et qu’une rougeur soudaine envahit ses joues. Ces symptômes d’embarras ne durèrent que quelques secondes ; mais Halleck les avait surpris au passage ; cela lui avait mis en tête une idée qu’il voulut éclaircir.

— Il y a un piano chez l’oncle John, je suppose ? demanda-t-il.

— Oh oui ! Maggie n’aurait pu s’en passer. C’est un vrai bonheur pour elle.

— Naturellement… Ces deux enfants-là n’ont pas à se plaindre ; ils ont une belle existence en perspective. Will a-t-il l’intention de rester-là, et de suivre les traces de son père ?

— Je ne le sais pas.

— Il me semble qu’il a dû vous en parler.

Tout en parlant, il regarda Maria en face et la vit rougir, puis baisser les yeux. L’artiste en savait assez ; il releva les yeux sur le paysage, d’un air rêveur, et continua la conversation.

— Oui, le petit Brainerd est un beau garçon ; mais, à mon avis, il ne sera jamais un artiste. A-t-il fini son temps de collège ?

— Dans deux ans seulement.

— Quel beau soldat cela ferait ! notre armée a besoin de pareils hommes.

— Will a fait ses preuves. Il a passé bien près de la mort à la bataille de Bull-Run. La blessure qu’il a reçue en cette occasion est à peine guérie.

— Diable ! c’était sérieux ! quel était son commandant ; Stonewal, Jackson, ou Beauregard ?

— Adolphe Halleck ! !

L’artiste baissa la tête en riant, pour esquiver un coup de parasol que lui adressait sa cousine furieuse.

— Tenez, Maria, voici ma canne, vous pourriez casser votre ombrelle.

— Pourquoi m’avez-vous fait cette question ?

— Pour rien, je vous l’assure…

La jeune fille essaya de le regarder bravement, sans rire et sans rougir ; mais cette tentative était au-dessus de ses forces, elle baissa la tête d’un air mutin.

— Allons ! ne vous effarouchez pas, chère ! dit enfin le jeune homme avec un calme sourire. Ce petit garçon est tout à fait honorable, et je serais certainement la dernière personne qui voudrait en médire. Mais revenons à notre vieux thème, les sauvages. En verrai-je quelque peu, pendant mon séjour chez l’oncle John ?

— Cela dépend des quantités qu’il vous en faut pour vous satisfaire. Un seul, pour moi, c’est beaucoup trop. Ils rôdent sans cesse dans les environs ; vous ne pourrez faire une promenade sans les rencontrer.

— Alors, je pourrai en portraicturer deux ou trois ?

— Sur ce point, voici un renseignement précis. Prenez un des plus horribles vagabonds des rues de New York ; passez-lui sur le visage une teinte de bistre cuivré ; mettez-lui des cheveux blonds retroussés en plumet et liés par un cordon graisseux ; affublez-le d’une couverture en guenilles ; vous aurez un Indien Minnesota pur sang.

— Et les femmes, en est-il de même ?

— Les femmes !… des squaws, voulez-vous dire ! Leur portrait est exactement le même.

— Cependant nous sommes dans « la région des Dacotahs, le pays des Beautés », dont parle le poète Longfellow dans son ouvrage intitulé Hiawatha.

— Il est bien possible que ce soit le pays auquel vous faites allusion. Dans tous les cas, c’est pitoyable qu’il ne l’ait pas visité avant d’écrire son poème. – Néanmoins, poursuivit la jeune fille, pour être juste, je dois apporter une restriction à ce que je viens de vous dire ; les Indiens convertis au christianisme sont tout à fait différents. Ils ont laissé de côté, mœurs, allures et vêtements sauvages, pour adopter ceux de la civilisation ; ils sont devenus des créatures passables. J’en ai vu plusieurs, et, le contraste frappant qu’ils offrent en regard de leurs frères barbares, m’a porté à en dire du bien. Je pourrais vous en nommer : Chaskie, Paul, par exemple, qui seraient dignes de servir de modèles à beaucoup d’hommes blancs.

— Ainsi, vous admettrez qu’il se trouve parmi eux des êtres humains ?

— Très certainement. Il y en a un surtout qui vient parfois rendre visite à l’oncle John. Il est connu sous le nom de JimChrétien ; je peux dire que c’est un noble garçon. Je ne craindrais point de lui confier ma vie en toute circonstance,

— Mais enfin, Maria, parlant sérieusement, ne pensez-vous pas que ces mêmes hommes rouges dont vous faites si peu de cas, ne sont devenus pervers que par la fatale et détestable influence des Blancs. Ces trafiquants !... Ces agents !...

— Je ne puis vous le refuser. Il est tout à fait impossible aux missionnaires de lutter contre les machinations de ces vils intrigants. Pauvres, bons missionnaires ! voilà des hommes dévoués ! Je vous citerai le docteur Williamson qui a fourni une longue et noble carrière, au milieu de ces peuplades farouches, se heurtant sans cesse à la mort, à des périls pires que la mort ! tout cela pour leur ouvrir la voie qui mène au ciel ! Et le Père Riggs, qui, depuis trente-cinq ans, erre autour du Lac qui parle, ou Jyedan, comme les Indiens l’appellent. C’est un second apôtre saint Paul ; dans les bois, dans les eaux, dans le feu, en mille occasions sa vie a été en péril ; un jour sa misérable hutte brûla sur sa tête ; il ne pût s’échapper qu’à travers une pluie de charbons ardents. Eh bien ! il bénissait le ciel d’avoir la vie sauve, pour la consacrer encore au salut de ses chères ouailles.

— Je suppose que ces pauvres missionnaires sont relevés et secourus de temps en temps, dans ces postes périlleux ?

— Pas ceux-là, du moins ! Ils se croiraient indignes de l’apostolat s’ils faiblissaient un seul instant ; cette lutte admirable, ils la continueront jusqu’à la mort. Pour savoir ce que c’est que le sublime du dévouement, il faut avoir vu de près le missionnaire indien !

— Ah ! voici un changement de décor, à vue, dans le paysage ; regardez-moi ça ! s’écrie le jeune artiste en ouvrant son album et taillant ses crayons ; je vais croquer ce site enchanté.

— Vous n’aurez pas le temps, mon cousin. Regardez par-dessus la rive, à environ un quart de mille ; voyez-vous une voiture qui est proche d’un bouquet de sycomores ; elle est attelée d’un cheval : un jeune homme se tient debout à côté.

Adolphe implanta gravement son lorgnon dans l’œil droit, et inspecta les bords du fleuve pendant assez longtemps avant de répondre.

— J’ai quelque idée d’avoir aperçu ce dont vous me parlez. Quel est le propriétaire, est-ce l’oncle John ?… dit-il enfin.

— Oui ; et je pense que c’est Will qui m’attend. Un petit temps de galop à travers la prairie, et nous serons arrivés au terme de notre voyage.

Chapitre 2 Légendes du foyer

Chapitre 2Légendes du foyer

Après avoir fait des tours et des détours sans nombre, le petit steamer vira de bord, se rangea sur le rivage, mouilla son ancre, raidit une amarre, jeta son petit pont volant, et nos deux jeunes passagers débarquèrent.

— Ah ! Will ! c’est toi ?… Comment ça va, vieux gamin ?…

Cette exclamation d’Halleck s’adressait à un robuste et beau garçon, bronzé par le soleil et le hâle du désert, mais qui demeura tout interdit, ne reconnaissant pas son interlocuteur.

— Mais, Will ! vous ne voyez donc pas notre cousin Adolphe ? demanda Maria en riant.

— Ha ! ha ! le soleil me donnait donc dans l’œil de ce côté-là ! répondit sur-le-champ le jeune settler; ça va bien, Halleck ?… je suis ravi de vous voir ! vous êtes le bienvenu chez nous, croyez-le.

— Je vous crois, mon ami, répondit Halleck en échangeant une cordiale poignée de main ; sans cela, je ne serais point venu. Ah ! mais ! ah mais ! vous avez changé, Will ! Peste ! vous voilà un homme ! je vous ai tenu au bout de mon lorgnon pendant dix minutes, et, jamais je n’aurais soupçonné votre identité, n’eut été Maria qui n’a su me parler que de vous.