L'Abbaye-aux-Bois - Ligaran - E-Book

L'Abbaye-aux-Bois E-Book

Ligaran

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Beschreibung

Extrait : "Il est des lieux favorisés dont le renom brave l'action du temps et résiste à toutes les secousses politiques, malgré l'anathème de destruction lancé contre eux. Il est de ces retraites amies, protégées par un souvenir de paix et de sainteté, qui ont vu s'éteindre devant elles la flamme prête à les consumer, et s'amollir la hache déjà levée pour briser leurs vieilles murailles par le maheustre du duc d'Aumale, comme par le soldat huguenot de Henri IV."

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Seitenzahl: 36

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335087246

©Ligaran 2015

L’Abbaye-aux-Bois

Il est des lieux favorisés dont le renom brave l’action du temps et résiste à toutes les secousses politiques, malgré l’anathème de destruction lancé contre eux. Il est de ces retraites amies, protégées par un souvenir de paix et de sainteté, qui ont vu s’éteindre devant elles la flamme prête à les consumer, et s’amollir la hache déjà levée pour briser leurs vieilles murailles par le maheustre du duc d’Aumale, comme par le soldat huguenot de Henri IV. La tourmente révolutionnaire est elle-même demeurée sans force à leurs portes, et le Cosaque du Borysthène n’a pas souillé leur enceinte bénite.

Paris renferme encore aujourd’hui quelques-uns de ces édifices privilégiés. Ce n’est cependant pas leur isolement qui fait maintenant leur sûreté. L’un d’eux, surtout, a vu depuis bien longtemps la cognée faire tomber les beaux arbres des vieilles futaies qui lui donnaient son nom. L’Abbaye-aux-Bois n’est plus abritée par une épaisse forêt. Des rues étroites, sombres, continuellement boueuses, remplies d’une population pauvre et criarde, ont remplacé les ombreuses et fraîches allées dans lesquelles on n’entendait pour répondre à la cloche du monastère, que le chant d’une foule d’oiseaux ou bien ce bruit du vent froissant les feuilles, brisant les jeunes branches ; ce murmure égal qui ressemble tant à une voix lorsqu’il se glisse sous la ramée. Mais le don de paix et de tranquillité avait été fait à l’Abbaye-aux-Bois, il ne pouvait lui être enlevé ; et, tandis que le bruit du monde se pressant autour de ses grilles semblait en chasser le repos, il franchissait ses hautes murailles, et se réfugiait lui-même dans l’intérieur de ses cloîtres.

En 1812 je fus obligée d’aller aux eaux d’Aix en Savoie. Ne voulant pas laisser mes filles sous la direction immédiate de leur institutrice, trop jeune elle-même pour leur servir de mentor unique, je me déterminai à les mettre au couvent pendant ma courte absence, et tout aussitôt je fus à la recherche de celui qui me conviendrait le mieux pour recevoir le trésor que je voulais lui confier.

J’en vis beaucoup. À cette époque l’empereur avait donné une grande étendue à la liberté de rétablir les maisons religieuses ; et, dans le voisinage de Sainte-Geneviève surtout, le nombre en était grand. Mais aucun ne me convenait ; j’allais me décourager, lorsque l’une de mes amies me conduisit devant une grande grille surmontée d’une croix, et me dit : – Ici vous trouverez ce que vous cherchez. – C’était l’Abbaye-aux-Bois. Nous traversâmes une grande cour, au fond de laquelle nous trouvâmes une petite porte qui nous fut ouverte par une femme dont la figure exprimait la bonne humeur, et que ma conductrice salua du nom de sœur Marie, en lui demandant madame de Navarre. La tourière ouvrit une seconde porte qui donnait sur de grands cloîtres entourant de beaux jardins alors déserts, parce que, nous dit-elle, les élèves étaient en classe, et nous introduisit dans un petit salon fort simple, dans lequel vint aussitôt nous joindre madame de Navarre, supérieure de la maison.

C’était une femme d’une haute taille, et dont la beauté avait dû être remarquable. Sa physionomie paraissait d’abord sévère, mais en la regardant avec plus d’attention, on trouvait ce calme sérieux du malheur, cette empreinte de la souffrance, stigmate ineffaçable de la douleur morale, incisé par l’âme si profondément dans les traits, que jamais ensuite, quelles que soient les joies de cette même âme, elles ne peuvent en voiler la trace.

J’avais vu en Espagne des religieuses dans tout le luxe de leur costume ; mais madame de Navarre me frappa par la manière aisée dont elle portait le sien. Sa longue robe d’étamine noire flottait autour d’elle, avec autant de grâce qu’une blouse à la La Vallière, enveloppant une élégante jeune femme. De fort belles mains sortaient parfois des larges manches de l’habit pour repousser son voile, et jouer avec un large ruban rouge moiré, auquel était attaché un grand cœur d’argent.