L'action de l'Armée Belge - Ligaran - E-Book

L'action de l'Armée Belge E-Book

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Extrait : "La première mesure d'ordre militaire que la Belgique décida à l'occasion du conflit diplomatique qui divisa l'Europe en juillet 1914, fut la mise de l'armée sur le pied de paix renforcé, c'est-à-dire le rappel de trois classes de milice. Cette décision constituait une simple mesure de précaution."

À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran :

Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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« Il y aurait une action concertée et commune,

… la Belgique assurera la défense des places fortes. »

(APPEL DE LA BELGIQUE AUX PUISSANCES GARANTES DE SA NEUTRALITÉ, LE 4 AOUT 1914.)

ILes préliminaires

29 Juillet : Mise de l’armée sur le pied de paix renforcé

La première mesure d’ordre militaire que la Belgique décida à l’occasion du conflit diplomatique qui divisa l’Europe en juillet 1914, fut la mise de l’armée sur le pied de paix renforcé, c’est-à-dire le rappel de trois classes de milice.

Cette décision constituait une simple mesure de précaution. En raison de sa neutralité, les dispositions que la Belgique pouvait être appelée à adopter étaient essentiellement des mesures de sauvegarde tendant à devancer toutes les éventualités.

Or, l’armée belge, sur le pied de paix ordinaire, ne comportait qu’une classe de milice sous les armes. Un tel effectif était manifestement trop faible en un moment de tension politique internationale : le territoire belge constitue, en effet, à cause de son peu d’étendue, une sorte de zone frontière et les corps de couverture que les Puissances voisines avaient disposés dans leurs zones frontières avaient un effectif de paix bien plus élevé. La mise sur le pied de paix renforcé donnait aux divisions de l’armée belge des effectifs analogues à ceux de ces corps.

Effectifs et armement n’atteignaient pas les chiffres qui avaient été prévus par la récente réorganisation militaire. Celle-ci venait à peine d’être commencée : elle devait donner une armée de 350 000 hommes. Mais comme ce total ne devait être réalisé qu’en 1918, le Gouvernement du Roi avait, établi le plan de réorganisation de telle sorte que, même pendant la période de transformation, l’armée pouvait être à tout moment mobilisée et rassemblée avec sûreté et facilité. Quant à l’armement, l’artillerie lourde faisait complètement défaut. Le pays était en pleine période de profondes transformations militaires.

31 Juillet : Mobilisation de l’armée et plan de défense du territoire.

 

Deux jours plus tard, le 31 Juillet à 19 heures, la mobilisation était décrétée, par suite du caractère d’exceptionnelle gravité que la situation générale venait de prendre.

 

En temps de paix, l’armée de campagne, qui comprenait en ordre principal six divisions d’armée et une division de cavalerie, avait ses quartiers généraux et ses garnisons localisés comme suit :

1e division : à Gand (garnisons de Gand, Bruges, Ostende et Ypres).

2e division : à Anvers (garnison d’Anvers).

3e division : à Liège (garnisons de Liège, Hasselt et Verviers).

4e division : à Namur (garnisons de Namur, Charleroi).

5e division : à Mons (garnisons de Mons, Tournai, Ath).

6e division : à Bruxelles (garnison de Bruxelles).

La division de cavalerie avait son quartier général à Bruxelles.

 

Les positions de concentration avaient été choisies en vue d’assurer la défense du territoire, tout en se conformant strictement aux obligations qu’imposait à la Belgique sa neutralité, définie par les traités de 1839.

En effet, les 1re, 3e, 4e et 5e divisions remplissaient le rôle de divisions d’avant-garde et se trouvaient placées respectivement dans chacune des directions d’où un péril pouvait menacer la Belgique :

la 1re division ou division des Flandres, regardait l’Angleterre ;

la 3e division ou division de Liège, regardait l’Allemagne ;

les 4e et 5e divisions regardaient la France, la 4e devant faire face à une attaque sur Namur, la 5e à une attaque qui déboucherait de Maubeuge-Lille.

Chacune de ces divisions d’avant-garde avait pour mission de fournir la première résistance et de donner par cette résistance même, le temps de transporter les cinq autres divisions dans la partie menacée du territoire.

Le système défensif de la Belgique comportait, en outre, trois places fortes : Anvers, constituant camp retranché et place de refuge, Liège et Namur servant de places d’arrêt, de têtes de pont et de points d’appui : l’armée devait donc être répartie en troupes de forteresse et troupes de campagne ; sur les 15 classes de milice appelées sous les armes, les 7 dernières furent réservées au service des forteresses, et les 8 premières furent affectées à l’armée de campagne.

L’ensemble de ces mesures n’avait d’autre but, comme l’écrivait le 1er Août le Ministre des Affaires étrangères aux Ministres du Roi à l’étranger, que « de mettre la Belgique en situation de remplir ses obligations internationales ; elles ne pouvaient être inspirées par un sentiment de défiance envers aucune puissance. »

2 Août : Note de l’Allemagne réclamant le passage de ses armées à travers la Belgique.

 

Le 2 Août, à 7 heures du soir, alors que la mobilisation se poursuivait, le Ministre d’Allemagne à Bruxelles remit au Gouvernement belge une note à laquelle celui-ci avait douze heures pour répondre.

Au point de vue militaire, cette note renfermait deux passages à retenir :

1°) Le Gouvernement allemand aurait reçu des informations sûres d’après lesquelles des forces françaises avaient l’intention de marcher sur la Meuse, par Givet et Namur ;

2°) En vue de prévenir cette attaque présumée menaçant la sécurité de l’Empire, le Gouvernement allemand comptait envoyer ses troupes à travers le territoire belge et demandait à la Belgique de ne pas s’opposer à leur passage, notamment de ne pas organiser de résistance sur les fortifications de la Meuse ni de détruire des routes, chemins de fer, tunnels ou autres ouvrages d’art.

La Note n’eut, il faut le remarquer, pas d’influence immédiate sur la concentration de l’armée, qui demeura disposée sur le territoire suivant les exigences militaires imposées par la neutralité du pays ; ordre était donné aux postes placés à toutes les frontières, d’ouvrir le feu sur toute troupe étrangère entrant en Belgique.

Cette attitude du haut commandement reflétait fidèlement l’attitude politique prise par le Gouvernement du Roi ; celui-ci avait, en effet répondu à la Note allemande, d’une part, « qu’il repousserait par tous les moyens en son pouvoir, toute atteinte portée par l’Allemagne au droit de la Belgique » ; d’autre part, que « si, contrairement à toute attente, une violation de la neutralité belge venait à être commise par la France, la Belgique remplirait tous ses devoirs Internationaux et que son armée opposerait à l’envahisseur la plus vigoureuse résistance. » En même temps, la Belgique avait décliné l’appui militaire qu’avait offert le Ministre de France, le Gouvernement n’ayant pas encore fait appel à la garantie des puissances, et s’étant réservé d’apprécier ultérieurement ce qu’il y aurait lieu de faire.

4 Août : Violation de la frontière par les troupes allemandes.

Dans la nuit du 3 au 4 Août, on acquiert la certitude que les troupes allemandes entendent traverser la Belgique de vive force.

Aussitôt le haut commandement fait exécuter les mesures qu’impose la situation nouvelle.

Ordre est donné de détruire les grands ouvrages d’art sur les voies de communications susceptibles d’être utilisées par les troupes allemandes. Les Gouverneurs militaires des provinces sont avertis de ne plus considérer les mouvements de troupes françaises sur le territoire belge comme des actes de violation de la neutralité.

Conformément au plan de défense, la 3e division doit résister à l’ennemi, appuyée sur la position fortifiée de Liège ; sous sa protection, les autres divisions doivent se transporter face à l’envahisseur, à l’exception, toutefois, de la division de Namur (la 4e) qui reçoit mission de garder cette place ; la 1re division est dirigée de Gand à Tirlemont, la 2e d’Anvers à Louvain ; la 5e, de Mons à Perwez ; la 6e, de Bruxelles à Wavre.

Ces transports doivent être couverts : 1°) par la division de cavalerie qui, concentrée à Gembloux, doit se porter sur Waremme ; 2°) par une brigade mixte de la 3e division, dirigée sur Tongres ; 3°) par une brigade mixte de la 4° division, envoyée à Huy.

Les mouvements de concentration, commencés le 4 Août, s’achèvent le lendemain ; ils s’exécutent avec rapidité et régularité, partie par route, partie par chemin de fer.

Le Roi prend, en vertu de la Constitution, le haut commandement de l’armée.

Le 6 Août, au matin, l’armée est prête à faire mouvement avec tous ses convois. À ce moment, chaque division de l’armée de campagne constitue une unité complète, pourvue de tous ses services et comprenant 3 ou 4 brigades mixtes, 1 régiment de cavalerie divisionnaire, 1 régiment d’artillerie divisionnaire, 1 bataillon de génie (2 compagnies), une section de télégraphistes de campagne, 1 corps divisionnaire de transports. Chaque brigade mixte est formée de 2 régiments à 3 bataillons, un groupe de 3 batteries, une compagnie de mitrailleurs, 1 peloton de gendarmerie.

Enfin, la division de cavalerie comprend 2 brigades, 1 bataillon cycliste, 1 groupe de 3 batteries, une compagnie de pionniers-pontonniers-cyclistes, 1 corps divisionnaire de transports.

Au total, l’armée de campagne représente un effectif de 117 000 hommes. Cet effectif sera complété ultérieurement par 18 500 volontaires versés à l’armée de campagne.

Dès que l’armée se trouve réunie, la défense du territoire peut être organisée.

Les idées maîtresses de l’organisation de la défense.

 

Dans l’appel que, le 4 Août, après la violation de la frontière, la Belgique a adressé aux puissances garantes de sa neutralité, elle a déterminé de quelle manière elle compte organiser la défense de son territoire :

« Il y aurait, disait dans cet appel le Gouvernement du Roi, une action concertée et commune ayant pour but de résister aux mesures de force employées par l’Allemagne contre la Belgique et en même temps de garantir le maintien de l’indépendance et de l’intégrité de la Belgique dans l’avenir.

La Belgique est heureuse de pouvoir déclarer qu’elle assurera la défense des places fortes. »

La Note allemande du 2 Août a déjà laissé deviner que si les armées allemandes doivent passer à travers le pays, la Meuse sera non pas la limite nord, mais l’axe de leur mouvement offensif vers la France : des forces très supérieures en nombre à l’armée belge vont donc traverser la Belgique.

Dès lors, la conduite des opérations sera dominée par les principes suivants :

I.– Toutes les fois que l’armée aura devant elle des forces très supérieures :

1°) Se maintenir le plus en avant possible sur de bonnes positions défensives barrant le chemin à l’envahisseur, de manière à soustraire la plus grande partie du territoire à l’invasion ;

2°) l’armée étant ainsi placée en avant-garde des armées françaises et anglaises, attendre sur ces positions que la réunion avec ces armées puisse s’opérer ;

3°) si cette jonction n’est pas faite au moment de l’arrivée des masses ennemies, ne pas exposer l’armée à une perte certaine qui entraînerait nécessairement l’occupation du territoire, et pour cela :

a) éviter que l’armée livre seule une bataille contre ces masses ;

b) éviter que l’armée se laisse envelopper et agir, au contraire, de façon à lui ménager toujours une ligne de retraite permettant sa réunion ultérieure avec les armées françaises et anglaises, en vue de L’ACTION COMMUNE avec celles-ci.

II.– Toutes les fois que l’armée n’aura devant elle que des forces égales :

Attaquer l’ennemi au moment le plus favorable, soit que ses positions soient trop étendues et insuffisamment organisées, soit qu’il se soit momentanément affaibli.

En outre, l’action de l’armée comportera la défense des positions fortifiées de Liège et de Namur, ainsi que du camp retranché d’Anvers.