L'Age d'or de l'enfance, histoires morales et amusantes - Ligaran - E-Book

L'Age d'or de l'enfance, histoires morales et amusantes E-Book

Ligaran

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Extrait : "Monsieur Fox était un fort honnête homme de chien, barbet de père en fils, qui faisait les délices d'une respectable bonne femme appelée la mère Beloiseau. Par exemple, monsieur Fox n'était pas joli, joli. Pour cela, non ! Mais il était bon. Et, ma foi, qu'on soit ou qu'on ne soit pas toutou, la seule bonté est toujours préférable à la beauté seule."

À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran

Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.

Ligaran propose des grands classiques dans les domaines suivants :

• Livres rares
• Livres libertins
• Livres d'Histoire
• Poésies
• Première guerre mondiale
• Jeunesse
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EAN : 9782335094848

©Ligaran 2015

Avis aux lecteurs

Mesdemoiselles les petites filles,

Messieurs les petits garçons,

L’Âge d’or, l’âge brillant et précieux par excellence, c’est la petite enfance.

C’est l’âge où vous êtes.

Les belles images qui ornent ce livre représentent les Jeux et les Plaisirs de l’âge d’or.

Vous les reconnaîtrez tous, et d’autant mieux que vous les savourez en ce moment.

Pour moi, je les regarde avec délices car ils me rappellent surtout les parfaits et indulgents parents qui, dans la mesure de leurs moyens, se chargeaient de lourdes besognes, en silence, sans jamais se plaindre, pour me les procurer et me les faire goûter lorsque j’étais petit.

Ce que je vous souhaite de meilleur et de plus doux, enfants, c’est de les contempler plus tard, quand vous serez grands, avec des yeux attendris et le cœur plein de reconnaissance, comme je le fais à cette heure.

Voyez-vous, mes bons petits amis, les parents, ce sont les doreurs exquis du premier âge.

Aussi, après avoir regardé ces gravures, images des Plaisirs et des Jeux de votre âge d’or personnel, allez doucement embrasser vos parents, vous qui avez encore le bonheur sans égal de les sentir à vos côtés.

Car c’est la plus grande joie des jours de l’âge d’or, que la joie d’embrasser tant qu’on peut son papa et sa maman !

Entre les joyeuses gravures qui ornent ce livre, il y a des histoires, qui ne sont pas du tout tristes non plus.

Ces histoires, elles sont contées pour vous, pour vous seuls.

Parce que nous sommes, vous et moi, des paires d’amis, et que je sais que vous ne serez pas très sévère pour moi.

Elles n’amuseraient pas du tout les personnes qui ne sont plus à l’âge d’or.

Mais elles ne vous ennuieront pas outre mesure, vous, mes enfants.

Du moins, je me flatte de ce gracieux espoir, et je l’émets modestement.

Ce que je demande à vos parents, en les priant d’agréer mes respects, c’est de vouloir bien, à l’occasion, me venir en aide, en vous expliquant, en vous traduisant, en commentant, sur votre demande, les mots et les expressions qui pourraient paraître obscurs à votre entendement naissant.

Je me suis mis à votre portée – qui n’est pas bien longue – avec autant de puérilité et de docilité que cela m’a été possible. Mais, cependant, j’ai pu rester parfois en deçà du but.

Que vos parents me secondent donc pour l’atteindre tout à fait.

Cela dit,

Messieurs les petits garçons,

Mesdemoiselles les petites filles,

Je vous embrasse affectueusement, si vous le permettez, et je commence.

Monsieur Fox

Monsieur Fox était un fort honnête homme de chien, barbet de père en fils, qui faisait les délices d’une respectable bonne femme appelée la mère Beloiseau.

Par exemple, monsieur Fox n’était pas joli, joli.

Pour cela, non !

Mais il était bon.

Et, ma foi, qu’on soit ou qu’on ne soit pas toutou, la seule bonté est toujours préférable à la beauté seule.

Si monsieur Fox avait su parler, il vous l’aurait dit lui-même, tout comme moi, mais d’après des expériences personnelles d’un autre ordre.

Car c’était un chien observateur et il avait remarqué, en rongeant les os les plus laids, qu’ils contiennent souvent une moelle excellente, tandis que les plus charmantes poupées, dont il avait essayé de goûter un peu dans son jeune âge, ne renferment jamais que du son bien fade.

Monsieur Fox était donc un bon petit chien, assez vilain et toujours plus ou moins crotté, mais il était patient, doux, fidèle.

Il n’avait qu’un défaut.

Il était gourmand.

Il ne se serait pas fait pendre, comme on dit, pour un morceau de sucre ; car il réfléchissait avec beaucoup de sagesse qu’une fois pendu, avec le morceau de sucre croqué, il ne lui resterait certes aucune chance d’attraper d’autres morceaux.

Mais, avouons-le, il aurait fait bien des choses pour une friandise quelconque.

*
**

Qu’on ne se hâte pas de l’en blâmer bien fort, cependant.

Ce n’était qu’un chien ; et il est des milliers d’hommes, doués d’une raison supérieure, qui sont capables de tout pour atteindre des résultats frivoles, qui ne valent certainement pas ce que peut valoir, pour un chien, un morceau de gâteau.

En outre, M. Fox n’employait que des moyens honnêtes, à la vue ou au su de tout le monde, pour se faire décerner l’objet de ses désirs.

Il n’était nullement fripon.

Il demandait, tout bonnement, mais avec obstination, la patte en l’air, en vous regardant fixement de ses yeux fins qui brillaient comme deux gouttes de café noir à travers les longs poils dont était voilée sa figure.

Les enfants, à qui les parents pensent toujours et sans cesse, ne doivent pas et n’ont pas besoin de demander, surtout à table, puisqu’il est certain qu’on ne les oubliera pas ; mais un pauvre petit chien, à qui on ne songe pas toujours, peut bien se permettre de temps à autre, ne pouvant parler, de gratter le genou de son maître, afin de se rappeler à son souvenir, n’est-ce pas ?

Monsieur Fox grattait donc, – et plus souvent qu’il n’aurait fallu, peut-être, hélas ! – le genou de la mère Beloiseau, quand il convoitait quelque petit os de poulet ou quelque bribe de canard.

Un canard qui ne va pas sur l’eau, comme vous le savez bien, mes amis, mais sur le café.

*
**

Or un jour que monsieur Fox, assis à côté de la mère Beloiseau, laquelle raccommodait ses bas, regardait par la fenêtre ce qui se passait et surtout ceux qui passaient dans la rue, hommes ou chiens, il aperçut un spectacle qui frappa vivement ses fins yeux de toutou curieux.

Il aperçut, derrière les vitres d’une croisée, dans la maison qui faisait face à celle de la mère Beloiseau, quatre jolies têtes de petits enfants.

Ces petites têtes, blondes et brunes, étaient rondelettes et lui souriaient amicalement.

Monsieur Fox connaissait fort bien, je dois le dire, les enfants de la maison d’en face.

Très souvent il les avait rencontrés dans la rue, quand leur bonne les conduisait au Luxembourg ou les ramenait du Jardin des Tuileries.

Et toujours les enfants avaient caressé monsieur Fox, en lui offrant des miettes de gâteau.

De son côté, monsieur Fox les remerciait de leurs gâteaux et de leurs caresses, soit en faisant le beau devant eux, sur le trottoir même, soit en aboyant comme un fou et en sautant autour d’eux.

Il est de ces politesses et de ces bons procédés, entre chiens et enfants, qui laissent d’excellents souvenirs dans les esprits.

Monsieur Fox reconnut donc des amis, tout de suite, dans les quatre jolies têtes qui appuyaient, très fort, leurs quatre petits bouts de nez sur les vitres d’une croisée, dans la maison d’en face, et, de leur côté, les quatre enfants aux quatre petits bouts de nez tout blancs, reconnurent le chien pour leur ami à quatre pattes de la rue.

*
**

Aussitôt, voilà les enfants qui se mirent à faire des signes très significatifs à leur voisin.

Ils faisaient, avec la main, des gestes télégraphiques.

On ne doit jamais faire de signes par les fenêtres aux gens qui passent dans la rue, ou qui sont aux fenêtres dans la rue.

Les petits enfants le savaient bien. On le leur avait bien souvent répété ; mais en reconnaissant monsieur Fox, leur joie fut si vive qu’ils oublièrent les recommandations de leurs parents, et, d’ailleurs, se dirent les plus grands, un chien, ce n’est pas des gens, et ce n’est peut-être pas défendu de lui dire bonjour.

Monsieur Fox comprenait très bien les gestes télégraphiques. Il agita sa queue en panache sur la chaise où il se tenait, près de la mère Beloiseau, et il se mit à faire le beau.

Madame Beloiseau, étonnée, s’arrêta dans son travail, et murmura :

– Eh bien ? Qu’est-ce que tu as-donc, toi, monsieur Fox ?

Naturellement, le chien ne répondit rien à sa maîtresse, mais il continua à agiter sa queue en panache et à faire le beau.

– Voyons, voyons, voyons ! s’écria la maman Beloiseau, voyons, voyons, voyons ! est-ce que nous avons une petite pupuce.

Il paraît que monsieur Fox avait, parfois, des petites pupuces dans ses longs poils.

– Maman Beloiseau le peignait pourtant, tous les matins, avec grand soin.

Et entre parenthèses, mes amis, vous saurez que monsieur Fox, bien qu’on le peignât longuement, en lui tirant parfois un peu fort les… cheveux… ne se plaignait jamais, et ne murmurait pas, comme font souvent beaucoup de petits enfants de ma connaissance.

*
**

Mais revenons à monsieur Fox, qui agitait de plus en plus follement sa queue en panache.

Ce n’était pas du tout une pupuce qui tourmentait si extraordinairement le bon chien, c’était ?…

Je vous le donne en dix à deviner.

C’était la vue d’un appétissant biscuit, un biscuit tout entier, que l’un des enfants, le plus grand, l’aîné, un gaillard tout de rouge vêtu, lui tendait, de loin, hélas ! derrière les vitres.

Oh ! que monsieur Fox aurait voulu croquer et savourer ce biscuit.

Car il était gourmand, vous savez, monsieur Fox.

Il regardait donc, de tous ses yeux, en tirant une grande langue, le biscuit tentateur qu’on lui montrait de la maison d’en face.

Et, tout en le regardant, il se remuait si imprudemment sur sa chaise, qu’il perdit l’équilibre, et tomba par terre, mais sans se faire de mal, fort heureusement.

Cette fois, la mère Beloiseau fut plus étonnée que jamais, et croyant que monsieur Fox avait besoin de faire un petit tour dehors, elle se leva et alla lui ouvrir la porte.

C’était tout ce que désirait le chien gourmand.

Il se précipita comme un trait hors de la chambre, descendit l’escalier au galop, traversa la rue, enfila la porte-cochère de la maison d’en face, et trois minutes après avoir quitté la mère Beloiseau, il grattait à la porte des quatre enfants.

Ceux-ci lui ouvrirent bien vite, en riant de toute leur force, car ils avaient réussi dans leur dessein, qui était de tenter le chien avec un biscuit pour l’emmener chez eux, afin de s’amuser et de faire une bonne partie avec lui.

*
**

En effet, comme on était au mois de mars, époque où les enfants attrapent souvent des rhumes de cerveau en courant au soleil nouveau, leurs parents les avaient consignés dans leur chambre.

De plus, il tombait de froides giboulées à chaque instant, et, par prudence, comme je viens de le dire, on leur avait fait comprendra qu’ils s’amuseraient tout aussi bien, pour une fois, à la maison que dans les jardins publics mouillés et glacés.

Ils avaient très bien pris la chose.

Ils avaient d’abord joué à tous les jeux possibles ou impossibles.

Mademoiselle Nini avait débarbouillé et habillé sa poupée, puis lui avait fait prendre un peu de chocolat pour la récompenser d’avoir été bien sage.

Charlot, qui était savant, s’était mis à regarder des images, après avoir joué au ballon et au volant, malgré la défense. Ces jeux-là sont bien dangereux, ma foi, dans une chambre, et on les leur avait bien défendus, car ils mettent en grand péril les potiches du Japon et les jolis objets placés sur la cheminée et sur les meubles.

Mais, par bonheur, on n’avait eu aucun accident à déplorer.

Pour Bébé, le plus petit, il s’était roulé sur les tapis, et avec tant de bruit que le perroquet de la maison en avait été tout troublé.

Il avait été même obligé, le pauvre perroquet, de croquer trois morceaux de sucre pour se remettre de son émotion.

À la fin, les enfants s’étaient lassés de ces jeux-là et on avait regardé dans la rue, pour se distraire.

C’est alors qu’on avait aperçu monsieur Fox et qu’on l’avait habilement tenté de loin avec un biscuit.

Et monsieur Fox, le gourmand, n’avait pu résister à la tentation, comme on sait, et avait réussi à venir retrouver les enfants.

*
**

Oui, mais voilà le revers de la médaille.

Monsieur Fox croqua en effet le biscuit, mais on le lui fit bien payer !

Les enfants, sous la direction de leur aîné, le gaillard vêtu de rouge, se mirent en devoir de faire la toilette de monsieur Fox.

Et cela, hélas ! sans les précautions que prenait la respectable maman Beloiseau.

On le lava, on le frotta, on l’épongea, on le savonna, on le nettoya tout le temps. On le graissa de pommade. On lui versa de l’odeur sur la tête. On voulut même lui mettre des papillottes, mais elles ne tinrent pas. Enfin, on le passa au peigne, puis à la brosse.

Le chien se laissa faire d’abord, pendant longtemps, avec beaucoup de patience, car il espérait avoir un autre biscuit.

Mais on le peignait et on le frottait sans cesse et le biscuit ne venait pas.

On lui attacha un tapis de table au cou pour lui faire un manteau de roi.

Il ne dit rien encore, bien que le manteau l’étranglât un peu.

Il était patient et bon ; il aimait tant les biscuits !

Mais à la fin, à la fin, oh ! dame, il en eut assez. Il en eut trop, et il se mit à se plaindre et à gronder aussi d’une façon si vive, que le perroquet eut très peur, et mangea encore un morceau de sucre pour se donner du courage.

À leur tour, les enfants ne se sentirent pas très rassurés, car monsieur Fox s’était mis tout à fait en colère et après avoir tiré la langue, il montrait les dents.

Je crois même qu’il repoussa avec tant de fureur Bébé, quand celui-ci voulut lui montrer dans un miroir combien il était joli, que Bébé tomba sur le derrière, très rudement. V’lan !

Tout à coup, la porte de la chambre des enfants s’ouvrit et monsieur Fox s’échappa en jurant qu’on ne l’y prendrait plus.

Il revint chez lui, tout d’un trait, très mécontent et encore plus honteux.

Maman Beloiseau le voyant si pommadé et sentant si bon pensa qu’il avait été se faufiler chez un coiffeur quelconque et commettre sans doute quelque méfait, ou quelque larcin.

Comme elle détestait les parfums, et aussi pour le punir de son escapade, elle ne voulut pas le garder à côté d’elle, et l’enferma dans un cabinet noir, au pain et à l’eau.

Et monsieur Fox, pendant toute la nuit, eut le loisir de déplorer sa curiosité et de maudire sa gourmandise.

Par exemple, je ne sais pas s’il s’en est bien sincèrement repenti, et s’il s’est bien promis de ne plus recommencer.

Herbard et Feuillard

On avait joué aux soldats.

Tout le monde avait pris les armes.

Mademoiselle Georgette aussi.

Mademoiselle Georgette, c’est l’aînée de tous les bambins.