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Extrait : "Voyez-vous cet homme qui passe, là, de ce côté, marchant d'un pas ferme, portant la tête un peu haute, rasant cependant, d'aussi près qu'il peut, les maisons, comme s'il craignait d'être rencontré ? Il a la taille élevée, n'est-il pas vrai ; la démarche libre, le maintien décent, une physionomie qui ne manque point d'expression ? Il n'est déjà plus jeune, et ne se donne point pour tel, quoiqu'il le pût encore sans invraisemblance."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN
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Seitenzahl: 30
Veröffentlichungsjahr: 2015
Paris, ou le Livre des Cent-et-Un publié en quinze volumes chez Ladvocat de 1831 à 1834, constitue une des premières initiatives éditoriales majeures de la « littérature panoramique », selon l’expression du philosophe Walter Benjamin, très en vogue au XIXe siècle. Cent un contributeurs, célèbres pour certains, moins connus pour d’autres, appartenant tous au paysage littéraire et mondain de l’époque, ont écrit ces textes pour venir en aide à leur éditeur qui faisait face à d'importantes difficultés financières… Ainsi ont-ils constitué une fresque unique qui offre un véritable « Paris kaléidoscopique ».
Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Paris ou le Livre des Cent-et-Un. De nombreux titres de cette fresque sont disponibles auprès de la majorité des librairies en ligne.
« J’évite par là d’être repoussé à une porte par la foule innombrable de clients ou de courtisans dont la maison du ministre se dégorge plusieurs fois le jour ; de languir dans sa salle d’audience ; de lui demander, en tremblant et balbutiant, une chose juste ; d’essuyer sa gravité, son ris amer et son laconisme. Alors, je ne le hais plus, je ne lui porte plus envie ; il ne me fait aucune prière, je ne lui en fais pas : nous sommes égaux ; si ce n’est peut-être qu’il n’est pas tranquille, et que je le suis. »
(LA. BRUYÈRE, chap. IX.)
Voyez-vous cet homme qui passe, là, de ce côté, marchant d’un pas ferme, portant la tête un peu haute, rasant cependant, d’aussi près qu’il peut, les maisons, comme s’il craignait d’être rencontré ? Il a la taille élevée, n’est-il pas vrai ; la démarche libre, le maintien décent, une physionomie qui ne manque point d’expression ? Il n’est déjà plus jeune, et ne se donne point pour tel, quoiqu’il le pût encore sans invraisemblance. On assure qu’il a eu des succès dans le monde : je ne puis dire si c’est modestie ou sincérité, mais il s’en défend. Il semble qu’il ne se croie pas encore incapable d’en obtenir ; ce qui est certain, c’est qu’il les évite avec le même soin que s’il les craignait. Si vous l’écoutiez, son langage est vif ; ses phrases, correctes ; le son de sa voix, flatteur et bien cadencé. On prétend qu’il aime les arts, et maudit souvent les affaires qui l’empêchent de les cultiver. On lui attribue du courage, qualité vulgaire, et des sentiments peu mobiles, vice ou vertu qui ne se rencontre pas si communément. Ses ennemis voulaient faire douter de son esprit, même de son cœur. Il y a eu un temps où ils avaient presque réussi ; mais que sais-je ? peut-être que cela passe. Cet homme est un personnage, je vous en avertis ; c’est un ministre.