L'autre monde ou Le cadran stellaire - Maurice Maeterlinck - E-Book

L'autre monde ou Le cadran stellaire E-Book

Maurice Maeterlinck

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Beschreibung

Je crois en effet que les prodigieuses découvertes de ces cinquante ou soixante-quinze dernières années n'ont rien ajouté à ce que savait l'humaniste du seizième siècle sur les questions essentielles des destinées de l'homme. Seules les assises de la foi ont été sérieusement ébranlées. Pour le reste, qu'importe que l'univers soit des millions de fois plus vaste que l'univers d'il y a quatre cents ans, que des milliards d'étoiles soient sorties des abîmes célestes pour se joindre à celles qu'on connaissait, que l’infini de l'infiniment petit soit aussi infini, aussi tumultueusement vivant, aussi inexplorable que l'infini de l'infiniment grand ; nous en sommes toujours au même point quand il s'agit de savoir quelle est l'âme et l'idée de tout ce qui existe, ce que nous sommes venus faire sur cette terre, pourquoi nous y souffrons, d'où nous venons, où nous irons, et tant de questions angoissées que depuis tant de siècles nous posons à des cieux qui ne répondent pas.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Maurice Maeterlinck, né le 29 août 1862 à Gand (Belgique) et mort le 6 mai 1949 à Nice (France), est un écrivain francophone belge, prix Nobel de littérature en 1911.

Figure de proue du symbolisme belge, il reste aujourd'hui célèbre pour son mélodrame Pelléas et Mélisande (1892), sommet du théâtre symboliste mis en musique par Debussy en 1902, pour sa pièce pour enfants L’Oiseau bleu (1908), et pour son essai inspiré par la biologie La Vie des abeilles (1901), œuvre au centre du cycle d'essais La Vie de la nature, composé également de L'Intelligence des fleurs (1910), La Vie des termites (1926), La Vie de l’espace (1928) et La Vie des fourmis (1930).

Il est aussi l'auteur de treize essais mystiques inspirés par Ruysbroeck l'Admirable et réunis dans Le Trésor des humbles (1896), de poèmes recueillis dans Serres chaudes (1889), ou encore de Trois petits drames pour marionnettes (1894, trilogie formée par Alladine et Palomides, Intérieur, et La Mort de Tintagiles).

Son œuvre fait preuve d'un éclectisme littéraire et artistique (importance de la musique dans son œuvre théâtrale) propre à l'idéal symboliste.

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L'autre monde ou Le cadran stellaire

Maurice Maeterlinck

– 1946 –

 

 

 

 

 

 

A CELLE QUI

PROLONGE MA VIE

 

OUVERTURE

Ce livre est le sixième d'une série qu'un critique français a appelée ma série pascalienne. Je n'ai pas la fatuité de croire qu'il ait eu l'intention de me comparer à Pascal. Il a simplement voulu dire que mes notes offraient à l'œil, approximativement, la même forme que les immortelles Pensées du plus grand des prosateurs de France. Ce n'est qu'une question typographique.

Les cinq premiers volumes, édités, à Paris, par Fasquelle, ont pour titres : Avant le Grand Silence (1934), Le Sablier (1935), L'Ombre des Ailes (1936), Devant Dieu (1937), La Grande Porte (1938).

Ces notes ou ces pensées, si vous leur accordez un titre qu'elles ne réclament point, tournent autour de Dieu, de l'univers, de l'infini et de l'éternité, du néant et des autres mondes, des destinées humaines, de l'inconnaissable, de la vie d'avant la naissance et d'après la tombe, de ce qui s'agite en nous au-dessus ou au-dessous de la raison ou de la conscience pratique et quotidienne, du bonheur et du malheur, et en général de ce qu'on ne dit pas, de ce que l'on ne pense pas tous les jours, de ce qui atteint certaines régions que l’homme ne fréquente pas volontiers, de tout ce qu'on ne trouve pas dans les « best sellers » de l'industrie littéraire.

Il m'a semblé que dans les meilleurs romans, on rencontre des pensées qui appellent l'attention mais sont noyées dans le flot de récits relatant des événements sans grand intérêt, parce qu'ils sont presque toujours les mêmes depuis la naissance du théâtre et des livres. Négligeant le récit que j'aurais pu faire, je vous présente les réflexions qui en seraient probablement nées, nues et sans ornements empruntés, puisque vous. n'avez pas de temps à perdre.

Elles ont du moins l'avantage de ne pas s'attarder à des incidents malpropres futiles ou misérables. Elles posent plus de questions qu'elles n'apportent de réponses. Mais il faut se dire que si elles parvenaient à résoudre un seul des problèmes qu'elles soulèvent, l'univers n'aurait plus de secrets ; en effet tout se tient, et une solution sur un point essentiel anéantirait tous nos doutes.

Assurément elles vous apprendront peu de choses, mais éveilleront peut-être votre attention sur beaucoup d'autres. Il n'est pas mauvais d'agiter parfois les récipients endormis de l'esprit.

Elles se présentent sans ordre, telles qu'elles naissaient des hasards de la rêverie ou de l'entrechoc des idées. Elles frôlent les contradictions et les redites ; mais contradictions et redites attestent l'honnêteté, la sincérité et parfois aussi le flottement de la pensée.

Il eût été facile de les grouper plus méthodiquement, mais une classification trop rigoureuse engendre la monotonie, rebute le lecteur et sent le pédantisme. J'accorde que j'eusse pu sarcler plus soigneusement l'humble jardin ; mais j'ai bien des fois constaté dans mes divertissements horticoles qu'à trop sarcler, on enlève autant de promesses de fleurs que de mauvaises herbes, de sorte qu'en fin de compte il ne reste presque rien et qu'un silence préliminaire, total et sans prétentions, eût été préférable.

Henry Bidou, le plus pénétrant et le plus érudit des critiques français, parlant de mon dernier livre La Grande Porte, qui est aussi et avant tout une quête du divin, disait dans Le Journal des Débats :

«  L'auteur entrevoit au fond de sa conscience, un Dieu plus grand et ne paraît pas craindre l'objection qui vient aussitôt, que ce Dieu serait aussi une création de son esprit. »

Évidemment, ce serait une création de mon esprit. Comment serait-elle autre chose ? Elle ne serait acceptable que si elle était meilleure que les autres. A moi de la tenter, à vous de la choisir ou de l'améliorer. Nous n'avons aucune raison d'espérer que cette création nous vienne du dehors.

«  Mais, reprend Henry Bidou, comment définir ces problèmes autrement que par les moyens de la raison ? A quoi l'on peut répondre que depuis plus d'un demi-siècle l'univers s'est révélé si prodigieusement inhumain, par sa structure, par son étendue, par ses lois entrevues, que la raison a perdu beaucoup de son crédit comme principe d'explication universelle. De cela, Maeterlinck, malgré l'exploration qu'il a faite des domaines les plus lointains de la science, ne paraît pas se préoccuper. Il a encore confiance dans les vieilles armes de l'esprit pour maîtriser l'univers ; et, à peu de chose près, tout son livre pourrait être écrit par un humaniste du seizième siècle. »

Je crois en effet que les prodigieuses découvertes de ces cinquante ou soixante-quinze dernières années n'ont rien ajouté à ce que savait l'humaniste du seizième siècle sur les questions essentielles des destinées de l'homme. Seules les assises de la foi ont été sérieusement ébranlées. Pour le reste, qu'importe que l'univers soit des millions de fois plus vaste que l'univers d'il y a quatre cents ans, que des milliards d'étoiles soient sorties des abîmes célestes pour se joindre à celles qu'on connaissait, que l’infini de l'infiniment petit soit aussi infini, aussi tumultueusement vivant, aussi inexplorable que l'infini de l'infiniment grand ; nous en sommes toujours au même point quand il s'agit de savoir quelle est l'âme et l'idée de tout ce qui existe, ce que nous sommes venus faire sur cette terre, pourquoi nous y souffrons, d'où nous venons, où nous irons, et tant de questions angoissées que depuis tant de siècles nous posons à des cieux qui ne répondent pas.

J'ai encore confiance dans les vieilles armes, parce qu'il n'y en a pas d'autres. Nous sommes en retard de centaines d'années sur l'univers. C'est d'aujourd'hui que nous commençons d'apercevoir ce retard et que nous essayons de le rattraper.

Tous cela faute de mieux. Si vous trouvez autre chose, si vous espérez plus avant, je suis prêt à briser ces vieilles armes.

Toutes ces découvertes ont-elles élevé le plafond moral de l'homme, c’est-à-dire son caractère, ses sentiments, ses idées générales, ses pensées quotidiennes, son horizon spirituel ? Au contraire, il semble que plus les cieux s'étendaient dans l'infini, plus la mai-son où il passait sa vie rétrécissait ses murs et abaissait son toit. A mesure qu'il fouillait le séjour des astres, il descendait sous terre où prospéraient les taupes. A mesure qu'à l'exemple des insectes sociaux, ou poussé par le même instinct, il découvrait la puissance de l'État dont il se croyait le maître, il en faisait la plus inhabitable des prisons.

Lui et les siens s'imaginaient qu'en s'agglomérant dans l'ombre, ils créeraient de la lumière, apprendraient tout et qu'il suffisait de ne penser qu'aux choses de la terre pour avoir une idée complète de l'univers et occuper la place d'un Dieu qu'on ne-voyait jamais.

Ils oubliaient ou ne remarquaient pas qu'on peut être un grand électricien, un grand mathématicien et même un grand astronome tout en demeurant une parfaite et profiteuse crapule.

Il est vrai qu'il est difficile de trouver et de choisir ses chefs. Les chrétiens même qui devaient vivre au-dessus des autres hommes et n'écouter que le ciel, n'y ont pas réussi ; et dans la plupart des couvents vous rencontrerez toujours, à côté d'un ou deux saints, d'une ou deux saintes, une foule de moines ou de moniales, aussi sots, aussi égoïstes, aussi malveillants et plus hypocrites que dans n'importe quelle foule.

L'homme, jusqu'ici, est naturellement bas. Il l'a toujours été, ce qui ne veut pas dire qu'il le sera toujours. Il est difficile de trouver une force ou une idée qui le contraigne à regarder plus haut que ses pieds. Le chien aussi n'a que des idées basses, mais il a l'amour de son maître qui lui fait quitter le ruisseau boueux et la borne malodorante et l'oblige à lever les yeux. L'homme avait l'amour de son Dieu, mais il n'a plus de Dieu, ou plutôt son Dieu n'a plus de nom. Il faut lui en rendre un. Ce n'est pas impossible, car le chercher c'est presque le trouver.

Pourquoi le christianisme, par exemple, ne fournirait-il pas les éléments essentiels d'une religion acceptable ? Il suffirait de le débarrasser de l'abominable dogme d'un enfer éternel qui répugnera toujours à la raison et au cœur de tout homme. On le dé/crassera aussi d'un certain nombre de niaiseries et d'absurdités inexcusables qui se sont incrustées dans son culte, dans son histoire et dans sa morale, après quoi apparaîtra dans toute sa pureté, dans toute sa bonté, dans toute sa beauté le visage de l'homme-dieu, c'est-à-dire de l'homme le plus parfait et du Dieu le meilleur que nous ayons connu et que nous puissions espérer.

Qu'on donne à Dieu le nom qu'on voudra, pourvu qu'on lui laisse l'intelligence, le bon sens et les vertus d'un honnête homme.

Qu'importe que la religion rajeunie nous promette une survie scientifiquement improbable. Dès que cette survie ne sera plus menacée d'injustes et épouvantables représailles, elle sera parfaitement admissible, car quoi qu'il arrive et quoi que nous en pensions, il est irrévocablement certain que nous existerons encore après la mort, puisque rien ne peut disparaître ou être anéanti sur la : terre ou dans les cieux, ni, comme le disait déjà, il y a près de deux mille ans, Marc Aurèle, « tomber hors de l'univers ».

A tant faire que de choisir une religion nouvelle, pourquoi ne pas prendre le Védisme, qu'il ne faut pas confondre avec le brahmanisme et le bouddhisme. Le brahmanisme n'est que le védisme corrompu par les prêtres, et le bouddhisme, le même védisme désaxé par un homme ou un fou de génie.

Or le védisme, la plus ancienne déboutés les religions connues, proclame d'abord que l'homme, tant qu'il vivra, ne saura rien et que Dieu même ne sait pas, ce qu'il est.

C'est l'agnosticisme absolu ; et cet aveu d'ignorance totale et irrémédiable, sur tous les points essentiels de la vie et des destinées humaines, ne sera jamais accepté que par une élite qui voit plus loin que l'ignorance. Il ne saurait devenir la religion de ceux qui croient que l'aveu d'ignorance est l'aveu du néant.

En attendant, donnons à l'inconnaissable (car c'est toujours de lui qu'il s'agit dans les questions religieuses) un nom et un visage sympathiques et déjà éprouvés, préférables à l'aspect dur et sec d'une abstraction morte. Toutes les religions n'ont pas fait autre chose ; et jusqu'ici, il faut bien l'avouer, le christianisme excepté, leur choix fut assez malheureux.

Quant à l'inconnaissable, notre paresse intellectuelle nous conseille de ne pas nous en occuper, puisqu'il est entendu que nous ne le connaîtrons jamais. C'est possible mais peu probable. Le mot « Inconnaissable » n'est qu'un masque dont nous affublons notre ignorance provisoire. Toute la route de notre avenir s'étend du connu à l'inconnu et de l'inconnu à l'inconnaissable, ce n'est pas ailleurs que nous trouverons nos progrès et nos bonheurs humains ; et c'est en la suivant jusqu'au bout que nous deviendrons hommes.

Nous vivons dans un monde où l'éther est roi. Il y accomplit sans cesse les miracles récemment découverts. Nous n'avons pas la moindre idée de ce qu'il est. Nous croyons qu'il existe parce que rien ne serait explicable s'il n'existait point. Il est invisible, impondérable, sans saveur, sans odeur, silencieux et infatigable. Il est partout, pénètre tout, remplit tout, demeure inexpugnable et ne se laisse pas capter. On dirait qu'il est l'âme de l'univers, la présence ou la substance de Dieu dans l'infini de l'espace et du temps.

Rien ne serait explicable s'il n'existait pas ; mais lui-même est aussi inexplicable que Dieu. On ne sait pourquoi, il nous semble plus près de nous et moins redoutable. Il n'est qu'un nom encore tout nu que ne surcharge aucun préjugé. On peut l'héberger dans l'auberge du bord de la route, en attendant le grand palais de l'avenir.

NOTES

Et maintenant, passons aux notes syncopées et quotidiennes, petites abeilles d'une vieille ruche qui vont projeter leurs fugitives ombres sur le cadran stellaire.

Notre mort naît en même temps que nous, ne nous quitte jamais, veille sur nous comme une mère qui serait la sœur d'Ugolin, et attend son heure...

La vie et la mort sont aussi inséparables que l'eau.

Pourquoi ne saurions-nous pas un jour tout ce que sait la nature ? Il est même étonnant que nous ne l'ayons pas encore appris.

Les grands médecins, les grands chirurgiens croient tromper la mort, mais ne la trompent pas plus qu'ils ne trompent le destin qui n'est qu'un de ses noms. Ils ne trompent que leurs clients.

« Je veux vivre ma vie », proclament les jeunes filles et les jeunes gens ; et ils ne vivent que leur mort.

On dirait que certains enfants n'ont pas d'ange gardien. Les autres enfants le sentent et les délaissent...

Aimez tout ce qui vous dépasse, tout ce qui vous surpasse, et avant tout, ce qui est plus haut que vous.

Avant le Christ, pour excuser Dieu, on aurait pu dire qu'il ignorait ce qu'était la souffrance. Mais depuis le martyre de son fils, il doit savoir ce qu'elle représente.

Même les morts finiront par mourir à moins qu'ils n'aient jamais cessé de vivre.

Tout bonheur commence dans le ciel, continue dans le purgatoire et finit en enfer.

Comme le disait Isocrate, la plupart des hommes jouissent du malheur d'autrui plus que, de leur propre bonheur.

Le philosophe Aristypus, disciple de Socrate, appelait le bonheur « le plus grand des dieux ».

La mort est dure a ceux qui la font trop attendre ;

Qu'importent quelques heures, quelques années ou quelques siècles, dans cette éternité où nous vivons tous sans y penser jamais ?

Plaignez-vous la poignée de sel qu'on jette dans la mer ? Loin de s'y perdre, elle s'y retrouve.

Plaignez-vous la poignée de vie qu'on jette dans l'a mort ? Elle s'y retrouve aussi...

Dans notre vie de l'autre moi de, nous partirons du point le plus élevé que nous aurons atteint dans notre vie terrestre. Ils sont fiers de vivre. Ils sont insupportables, se disent les morts... Comme s'il était si difficile de respirer... Nous n'avons pas fait autre chose durant toute notre existence...

Ils doivent se dire aussi Plaignons ceux qui survivent !... Mais le pensent-ils ?

Puisque le passé est toujours triste, pourquoi l'avenir ne le serait-il pas ?

Vous demandez-vous parfois, comment ou sous quel aspect, Dieu me voit-il ?

Pourquoi le monde saurait-il où il va ? Qu'est-ce que savoir où l'on va ?

Où irait-il puisqu'il est partout ? Savez-vous où vous allez ? ,— Oui, à la mort. — Mais qu'est-ce que la mort ? Ce n'est pas un but, ce n'est pas une fin.

Nous vivons déjà dans l'ombre des événements futurs,

Nous plaignons les cancéreux. Mais nous , avons tous le même cancer. C'est la mort qui nous ronge. Elle est incurable...

Si Dieu savait ce qu'il fait, il ne le ferait plus...

Ma mère n'est pas morte, puisque je vis encore...

Quel âge avez-vous, demandait un prêtre à un pèlerin. — La mort m'épargne depuis ., cinquante ans, répondit-il.

On se dit : l'univers doit tout savoir puisqu'il connaît les causes, étant lui-même la cause sans cause, de toutes les causes.

Suffit-il d'être une cause pour connaître ce qu'elle est, ce qu'on est ?

Horreur de ne reconnaître en autrui que ce qu'on ne voudrait pas être...

Je n'ai jamais rien vu de miraculeux dans une vie, parce que tout y est miraculeux.

Que me serait-il arrivé si je n'étais pas né ?

La folie des hommes n'a d'égale que la folie des dieux qu'ils ont créés.

Le plus mort de tous n'est pas celui qu'on enterre.

Ceux qui ne sont pas nés sont-ils au cimetière ?

Y a-t-il des cimetières dans les cieux ? Mais ce qui n'est pas né, ne vit-il pas toujours ?

On n'a pas le droit de nier avant qu'on n'ait fait le tour de tout ce que l'on peut savoir.

Il vous tuera, nous dit-on, parce que vous êtes vivant et qu'il est mort.

Mourir c'est ne plus vivre sur terre ; mais ça ne prouve rien et ça n'engage à rien.

Rencontre de deux morts qui s'étaient donné rendez-vous dans l'autre monde. Que se diront-ils ?

On se sent tellement provisoire, tellement éphémère, qu'on ne s'intéresse plus qu'à son néant.

« Et toutes les îles s'enfuirent et les montagnes ne furent plus retrouvées », dit l'Apocalypse.

Si Dieu n'existait pas, il ne resterait rien du tout ; et du coup rien du tout deviendrait tout, c'est-à-dire Dieu.

La mort n'a jamais trompé personne.

Il n'y à plus rien à craindre, puisqu'il est mort, disent-ils ; Est-ce bien certain ? ,

« Je fermerai donc les yeux sur un monde où mon esprit a l'air d'un étranger », disait Villiers de l'Isle-Adam.