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Extrait : "...ELLE, après un très long silence : Et... alors ? LUI, tressaillant, sortant de sa rêverie : Hein ? ELLE : Depuis un grand quart d'heure, au moins, vous êtes là, immobile et muet. (Sur un mouvement qu'il fait, se levant et venant derrière la table.) Non, je ne vous demande pas d'excuses.. je ne vous fais pas de reproches... À quoi pensiez-vous ? LUI : Mon Dieu, je pensais... ELLE : À rien... Non, à quelque chose ?"
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.
LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants :
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• Jeunesse
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Seitenzahl: 26
Veröffentlichungsjahr: 2015
Saynètes et monologues, édité par Tresse de 1877 à 1882, regroupe six volumes de textes courts en vogue dans le Paris des cercles littéraires d’avant-garde comme dans les soirées mondaines. Un répertoire de dialogues, monologues, saynètes, comédies et opérettes portés à un art véritable, dont la modernité apparaît avec évidence, et dans lequel se côtoient Charles Cros, Paul Arène, Nina de Villard, Charles de Sivry, Théodore de Banville, Eugène Labiche, Charles Monselet ou encore Villiers de L’Isle Adam.
Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Saynètes et monologues. De nombreux titres de cette fresque sont disponibles auprès de la majorité des librairies en ligne.
Comédie en un acte
de M. Jules de Marthold
À Mlle J. Thénard.
Salon chez madame de Vauvray.
Personnages
HENRI D’ARTIGNY : M. BAILLET, de la Comédie-Française.
HORTENSE DE VAUVRAY : Mlle THÉNARD.
D’Artigny, madame de Vauvray.
Lui, assis à gauche de la cheminée, face au public, les pincettes à la main, regarde vaguement danser la flamme, immobile et l’esprit très loin. – Elle, assise à gauche du guéridon, travaille au métier à un écran fond bleu avec couronne de fleurs et écusson au milieu.
Et… alors ?
Hein ?
Depuis un grand quart d’heure, au moins, vous êtes là, immobile et muet. (Sur un mouvement qu’il fait, se levant et venant derrière la table.) Non, je ne vous demande pas d’excuses… je ne vous fais pas de reproches… À quoi pensiez-vous ?
Mon Dieu, je pensais…
À rien… Non, à quelque chose ?
Oui, mais c’est difficile à dire, ou plutôt, peut-être, à comprendre.
Merci.
À… faire comprendre : c’est si vague et si précis tout à la fois, la pensée… (Elle lui sourit en signe de pardon. Lui, très sincère et avec une grande bonhomie.) Je réfléchissais… à toutes les choses… (Il s’assied à droite près de la table.) charmantes… que je vais pouvoir me rappeler cet hiver.
Quelles… choses ?
Eh bien mais… ces deux mois, passés ici, avec vos amis, à la campagne.
Vous la détestez, la campagne.
C’est vrai mais, d’abord, n’est-ce pas vous qui m’avez invité à y venir et le devoir d’un galant homme, n’est-il pas, avant tout…
D’être poli ?… Êtes-vous assez malhonnête !… Ensuite… ?
Ensuite, comme j’adore Paris, vous le savez, et comme, à un moment donné, on se fatigue toujours un peu de ce qu’on aime le plus et le mieux, je n’ai pas été fâché, je l’avoue, d’y venir quelque temps, à cette campagne, pour y retremper d’autant mon amour de la ville.
C’est du Machiavel. Mais, quel plaisir, alors, pourrez-vous prendre, une fois que vous y serez réinstallé, dans votre ville, à vous retracer des tableaux champêtres ?
C’est bien simple : je ne les aurai plus.
Oh ! oh ! Mais non, ce n’est pas simple, c’est très compliqué, au contraire, votre… système. (Elle se lève, va à la cheminée prendre une pelote de soie qu’elle a d’abord cherchée sur la table, puis se chauffe les pieds, debout.)