L’empire de l’impunité et de la corruption en RDC - Grâce Tshiunza Tantamika - E-Book

L’empire de l’impunité et de la corruption en RDC E-Book

Grâce Tshiunza Tantamika

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Beschreibung

L’impunité qui gangrène la République Démocratique du Congo puise ses racines bien avant les dérives contemporaines de l’État, s’enracinant dans les heures sombres de la colonisation. Dès le règne de Léopold II, le pays fut soumis à un régime de prédation où la loi n’existait que pour asseoir la domination des colons, laissant libre cours à l’exploitation sans limite des hommes et des richesses. De cette ère de brutalité sont nés les mécanismes insidieux de la corruption et de l’impunité, infiltrant jusqu’aux fondations mêmes de l’État et perpétuant, au fil des décennies, une culture de non-droit. Cet essai plonge au cœur de ces ténèbres pour en dénouer les fils, dévoiler les rouages d’un système qui perdure et ouvrir enfin la voie d’une libération tant attendue. Mais la question demeure : la RDC pourra-t-elle un jour briser ce cycle infernal, ou restera-t-elle prisonnière d’un passé qui refuse de s’effacer ?

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Grâce Tshiunza Tantamika, éminent praticien du droit, est un acteur clé dans la lutte contre l’impunité et la corruption en République Démocratique du Congo. À travers ses nombreuses initiatives, il œuvre pour la justice, la transparence et les droits fondamentaux. Cet ouvrage reflète son engagement constant pour éradiquer la corruption et défendre les plus vulnérables, dans sa vision d’une République Démocratique du Congo plus juste et honorable.

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Seitenzahl: 87

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Grâce Tshiunza Tantamika

L’empire de l’impunité

et de la corruption en RDC

Essai

© Lys Bleu Éditions – Grâce Tshiunza Tantamika

ISBN : 979-10-422-6005-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Introduction

J’ai écrit ce livre pour briser le silence, pour mettre en lumière ce que beaucoup savent, mais que peu osent dire à voix haute : l’impunité et la corruption sont les véritables maîtres de la République Démocratique du Congo. Ces fléaux gangrènent notre société depuis des décennies, infectant chaque aspect de la vie publique, chaque institution, chaque espoir de renouveau. Ils sont comme des poisons qui se faufilent dans les veines de notre nation, privant les Congolais de leur dignité et de leur droit à une vie meilleure. Pour comprendre l’ampleur du problème et pour proposer des solutions viables, il faut d’abord avoir le courage de regarder la réalité en face. C’est ce courage que j’ai voulu mobiliser en écrivant ce livre.

Je suis convaincu que la corruption et l’impunité ne sont pas de simples accidents de parcours dans l’histoire de la RDC. Elles sont profondément ancrées dans notre système, soutenues par une histoire coloniale brutale et des décennies d’un État postcolonial défaillant. Loin d’être des phénomènes isolés, elles se sont institutionnalisées, devenant des outils de contrôle politique et économique. Des pratiques d’un autre âge perdurent encore, donnant lieu à une injustice systémique qui se reproduit, génération après génération. Et pourtant, ce cycle de corruption et d’impunité n’est pas inévitable. Il peut être brisé, mais seulement si nous en comprenons les racines et les mécanismes.

Ce livre est une exploration méthodique de ce que nous sommes devenus en tant que société, non pour condamner sans appel, mais pour susciter une prise de conscience collective. En parcourant ses pages, vous découvrirez comment l’impunité a pris racine dans notre pays, alimentée par des décennies d’abus de pouvoir et d’inaction. Vous comprendrez que cette impunité n’est pas seulement le fait des autorités en place, mais qu’elle est perpétuée par un système bien plus vaste, où les intérêts individuels priment sur le bien commun. Des politiciens corrompus aux hommes d’affaires peu scrupuleux, en passant par les entreprises étrangères qui exploitent nos richesses sans se soucier des conséquences, chaque acteur de ce système joue son rôle dans cette tragédie nationale.

En lisant ce livre, vous vous plongerez dans une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : celle d’une économie où les ressources naturelles sont dilapidées au profit de quelques-uns, tandis que la majorité de la population vit dans la pauvreté. Vous verrez comment la corruption imprègne tous les secteurs économiques, minant les efforts de développement et condamnant des millions de Congolais à un avenir incertain. Mais vous verrez aussi que cette corruption n’est pas le fruit du hasard : elle est savamment entretenue par un système judiciaire gangrené, où la justice n’est qu’un mot vide de sens, manipulée par ceux qui devraient la protéger. Les juges, les magistrats, les procureurs, tous ont un rôle à jouer dans cette mécanique de l’injustice. L’indépendance de la justice est un mythe que l’on raconte aux enfants et aux naïfs, alors que dans les faits, la loi est devenue une marchandise que l’on peut acheter et vendre.

Ce livre vous conduira également à travers les méandres de la politique congolaise, où les élites captent les richesses nationales, détournent les fonds publics, et renforcent leur emprise sur les institutions. Ce pillage systématique des ressources n’est pas seulement un crime économique, c’est une véritable trahison envers le peuple congolais. Chaque décision prise par ces élites ne vise qu’un objectif : préserver leur pouvoir et leur richesse, peu importe le prix à payer pour le pays. Cette captation des richesses a un effet dévastateur sur l’État de droit, qui s’effondre sous le poids du clientélisme, du népotisme, et des trafics d’influence. Le citoyen lambda, celui qui aspire à une vie meilleure, se retrouve démuni face à un État qui ne le protège plus, un État qui s’est transformé en prédateur.

Mais ce livre n’est pas simplement une litanie de problèmes. Il s’intéresse aussi aux solutions, aux réformes indispensables pour sortir de ce bourbier. Il ne s’agit pas de simples réformes cosmétiques, mais de transformations en profondeur. Vous comprendrez que pour combattre la corruption et l’impunité, il ne suffit pas de promulguer de nouvelles lois ou de créer de nouvelles institutions. Il faut réformer de fond en comble les institutions existantes, en commençant par la justice, la police, et l’administration publique. Il faut aussi repenser le rôle des élites politiques et des entreprises étrangères dans notre pays, et mettre en place des mécanismes de contrôle rigoureux qui garantissent la transparence et la redevabilité.

Ce livre met également en avant le rôle crucial que peut jouer la population congolaise dans cette lutte. Je suis convaincu que le changement ne viendra pas seulement des dirigeants politiques ou des réformes institutionnelles, mais qu’il viendra avant tout d’une prise de conscience citoyenne. Le peuple congolais a une résilience extraordinaire, mais il doit aussi réaliser qu’il a le pouvoir de mettre fin à l’impunité et à la corruption. En éduquant les jeunes, en les sensibilisant aux valeurs de justice et de transparence, nous pouvons bâtir une société nouvelle, une société où l’intégrité n’est plus une exception, mais la norme. L’éducation est la clé de ce changement, et c’est pourquoi ce livre accorde une importance particulière à la formation des nouvelles générations, pour qu’elles puissent prendre en main l’avenir du pays.

En parcourant ces pages, vous verrez également que la communauté internationale a un rôle à jouer, mais qu’elle ne peut pas à elle seule résoudre les problèmes de la RDC. Les interventions extérieures, bien que parfois nécessaires, sont souvent limitées dans leur impact. C’est au peuple congolais de prendre les rênes de son propre destin. Ce livre vous montrera comment cela est possible, en s’appuyant sur des exemples concrets de réformes réussies dans d’autres pays, et en proposant des pistes de réflexion pour l’avenir.

J’ai écrit ce livre parce que je crois au potentiel de la République Démocratique du Congo. Je crois que nous avons les ressources, l’énergie, et la volonté nécessaires pour transformer notre pays. Mais pour cela, nous devons d’abord affronter nos démons : la corruption et l’impunité. Ce livre est un appel à l’action, un cri du cœur pour que nous ne restions plus passifs face à l’injustice. Ensemble, nous pouvons changer les choses. Mais ce changement ne viendra que si nous sommes prêts à regarder la vérité en face et à agir en conséquence. Vous avez entre les mains bien plus qu’un simple livre ; c’est une invitation à participer à la renaissance d’une nation.

Chapitre 1

Les racines historiques de l’impunité en RDC

Quand on parle de l’impunité en République Démocratique du Congo, on est souvent tenté de l’associer aux dérives actuelles de l’État et à la déliquescence des institutions. Mais l’histoire nous enseigne que l’impunité en RDC est bien plus ancienne et complexe qu’elle n’y paraît. Elle est profondément enracinée dans notre passé colonial et s’est consolidée au fil du temps, trouvant sa place dans les structures postcoloniales. Pour comprendre cette impunité institutionnalisée, il faut se replonger dans les premières heures du Congo, lorsque la colonisation a commencé à s’installer dans notre pays, imposant non seulement un modèle de domination, mais aussi un système de gouvernance corrompu et injuste.

La colonisation belge, sous l’autorité du roi Léopold II, a inauguré une période de terreur, de violence, et surtout d’injustice flagrante. Les colons, non seulement, exploitaient les ressources naturelles du pays, mais ils se comportaient en véritables maîtres, au-dessus de toute loi. Les Congolais étaient réduits à l’état de simples pions dans un vaste jeu économique et politique où leur vie, leur bien-être, et leurs droits ne comptaient guère. C’est à ce moment-là que la corruption et l’impunité ont commencé à prendre racine. Les colons, les administrateurs, et les soldats de Léopold agissaient en toute impunité, bénéficiant de la protection de l’État colonial. Les exactions commises, les pillages, et les violences infligées aux populations autochtones ne rencontraient aucune sanction. – C’est là que le mal s’est installé, créant une perception selon laquelle ceux qui détiennent le pouvoir ne sont pas redevables de leurs actions. –

Avec le temps, ce modèle de gouvernance s’est perfectionné. Après l’indépendance en 1960, beaucoup espéraient que le Congo romprait avec ce passé douloureux, mais il n’en fut rien. Les structures étatiques mises en place après l’indépendance ont repris de nombreux éléments de l’administration coloniale, notamment cette idée que les détenteurs de pouvoir pouvaient agir sans crainte de représailles. Les premières années de la République nouvellement indépendante furent marquées par une instabilité politique et une lutte intense pour le pouvoir. Dans ce contexte, ceux qui parvenaient à s’imposer utilisaient la corruption comme moyen de renforcer leur autorité, et l’impunité devenait un outil pour récompenser les loyautés et faire taire les opposants.

L’exemple le plus marquant de cette continuité est sans doute le règne de Mobutu Sese Seko, qui a incarné à lui seul cette culture de l’impunité. Mobutu a non seulement consolidé son pouvoir en accédant à la présidence, mais il a également institutionnalisé la corruption. Sous son règne, le détournement des fonds publics est devenu un mode de gouvernance. Il distribuait des postes et des ressources à ses proches alliés politiques et militaires, tout en les encourageant à piller les richesses nationales. L’impunité leur était garantie tant qu’ils restaient fidèles à Mobutu. Il a érigé ce que j’appelle une « corruption institutionnelle », où l’État lui-même devient complice de ses propres dérives. – Sous Mobutu, l’impunité n’était pas seulement une conséquence, c’était un pilier du pouvoir. – Toute tentative de remettre en cause ce système était réprimée violemment, et ceux qui tentaient de dénoncer ces pratiques étaient souvent réduits au silence.