L'envie de vivre - Tome 3 - Licora L. - E-Book

L'envie de vivre - Tome 3 E-Book

Licora L.

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Beschreibung

« Rien n’est plus fort que l’amour. Pas même la mort »

Lorsque le destin nous condamne en nous offrant une porte de sortie, est-on prêt à en payer le prix ?
Mourir.
Vivre pour aimer.
Aimer pour vivre.
L’heure du choix a sonné.

Plongez-vous sans plus attendre dans le troisième tome de cette saga romantique, où l'amour et la mort livrent leur dernier combat.

EXTRAIT

Un bruit strident me ravage le crâne. L’agitation qui semble régner tout autour de moi me donne le vertige. J’entreprends d’ouvrir un œil, mais la lumière blanche et aveuglante qui me foudroie la rétine me dissuade d’ouvrir l’autre. J’essaye de me concentrer pour savoir ce qui se passe mais j’ai énormément de mal. A respirer, tant mes poumons sont en feu, à bouger, à réfléchir. Je perds la notion du temps. Où suis-je ? Que s’est-il passé ? Je n’entends plus rien que le bruit régulier d’un moteur. Quand j’émerge totalement du brouillard, j’observe ces murs devenus trop familiers qui m’entourent. Du blanc et encore du blanc, partout. Encore et toujours. Seul un tableau, face à moi, apporte un peu de gaieté. Il représente une rose d’un bleu intense, survolée par une colombe aux ailes déployées. Je pourrais presque le trouver beau, s’il ne me rappelait pas une personne…
— Lucie ! prononcé-je à voix haute sans m’en rendre compte, me redressant subitement.
Aïe, mauvaise idée !
Le claquement métallique qui résonne attire mon regard sur mon environnement. Je suis dans un lit, enfermé entre deux barrières, comme un putain d’animal en cage ! Par réflexe, je me tâte le torse pour savoir si je suis toujours en un seul morceau, ou si la faucheuse a déjà fait son job de me conduire jusqu’en enfer. Un morceau de plastique roule sous mes doigts. Je suis le tube des yeux pour arriver jusqu’à une poche de sang qui goutte tranquillement, reliée directement sur ma chambre implantable.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

À propos du tome 1 - Je suis encore chamboulée par le flot d'émotions qui m'a parcourue page après page, par les réactions qu'a provoquées chez moi cette lecture - Voluptueusement Vôtre

À propos du tome 2 - Licora L.manie son histoire avec finesse et nous offre une suite à la fois sombre et porteuse d'espoir. Reste à savoir ce qu'elle nous réserve et croiser les doigts pour le dénouement de cette saga. - Blog Voluptueusement Vôtre

À PROPOS DE L'AUTEUR

Licora L. - 30 ans, mariée et maman de deux petites filles, mais aussi infirmière dans un centre hospitalier de Saône et Loire, conseillère municipale et cogérante d'une association d'animation avec mon mari.
Passionnée de lecture depuis mon plus jeune âge, j'ai d’abord été happée par tout ce qui touchait au domaine du surnaturel. Les histoires réelles en particulier. Puis en grandissant, mes centres d’intérêt ont évolué. Romantique dans l’âme, les belles histoires d'amour m'ont toujours fait rêver. C’est un plaisir d’ouvrir un nouveau livre, de découvrir comment un sentiment aussi beau et aussi fort peut l’emporter sur tous les obstacles.

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L’envie de

vivre.

…Jusqu’à la fin.

 

Tome 3

Licora L.

 

 

Romance

Editions « Arts En Mots »Illustration graphique : © Val

 

 

1

 

Lucie.

 

Mes pas martèlent le sol de mon appartement, autant que l’étau qui me comprime le cerveau. Pendant ce temps, Gypsie est tranquillement en train de me regarder faire du coin de l’œil. Il doit probablement me prendre pour une cinglée. Oui, voilà ce que je suis. Folle de m’être embarquée dans une histoire pareille, folle de continuer à l'aimer malgré tout. Folle de… lui, tout simplement.

Il est six heures du matin. Impossible de fermer l’œil. Et pourtant, j’ai besoin de dormir. Je suis à bout de nerfs. J’ai envie de hurler et de tout casser, mais rien ne sort. Tout est bloqué. Je ressasse sans arrêt la soirée de la veille, me tourne en boucle ces mots infernaux sortis de sa bouche.

« Il faut que tu partes, maintenant. »

Inepties ! Conneries ! Quel con !

Je m’affale sur le canapé, épuisée. Marre de jouer au yoyo, au je-t’aime-mais-je-te-fuis. Marre qu’il décide à ma place ce que je peux supporter ou non. Je sais au fond de moi qu’il est très mal, qu’il ne pensait pas ce qu’il disait. Enfin, je l’espère. Mais merde ! Je veux être avec lui, à chaque instant. L’aider à se battre. Oui, je suis partie, exécutant avec lâcheté ce qu’il m’avait demandé. Je suis partie alors que j’aurais pu rester et lui tenir tête. Mais la violence de ses paroles inattendues m’a prise de court. Et la colère que je sentais gronder en moi, mélangée à la tristesse de voir son état peu glorieux, m’ont poussée à fuir. Il me fallait me réfugier pour prendre le temps de réfléchir. Davis a toujours soufflé le chaud et le froid sans transition, et j’ai parfois du mal à le suivre. Cependant, il ne se débarrassera pas de moi aussi facilement. Que ça lui plaise ou non !

Je vais chercher mon téléphone dans mon sac et le rallume avec fébrilité. J’appréhende de voir des appels de l’autre taré. Mais rien. Ni appels, ni messages. Pas même un seul petit mot de Davis.

Qu’il aille se faire foutre !

Alors, pourquoi des larmes inondent déjà mes joues quand je pense à lui ? Au diable, j’en ai ras-le-bol ! Je me relève et recommence ma ronde furieuse autour de la table basse. Le jour où je l’ai rencontré, j’aurais mieux fait d’écouter mes collègues, et rester boire un café avec eux après notre nuit merdique. Au lieu de ça, j’ai voulu rentrer me coucher. J’ai eu un putain d’accident, il a fallu que je tombe sur ce putain de mec qui s’amuse à casser et recoller les morceaux de mon cœur comme bon lui semble. Avec ce putain de sourire, il m’a envoûtée. Avec ce putain de regard, il m’a hypnotisée. Avec cette putain de bouche, il m’a fait sienne.

Putain !

Calme-toi Lucie, respire.

Il faut que je sorte m’aérer, mon cerveau est en surchauffe, entremêlé entre ce que je veux faire et ce que me dicte mon cœur. J’attrape ma veste, enfile des baskets, prends mes écouteurs avant de me diriger vers la sortie. Je suis très vite arrêtée dans mon élan en ouvrant la porte.

Bordel de merde ! Qu’est-ce que c’est ça ?

De mes doigts tremblants, j’attrape le petit papier jaune collé contre le bois. Un message manuscrit y est écrit maladroitement à l’encre noire.

« Si je ne peux pas t’avoir, personne d’autre ne le pourra. »

Ces quelques lignes me font trembler. Elles me rappellent étrangement la phrase prononcée par Vincent l’autre jour. Mais qu’est-ce que ça signifie ?

Furtivement, je jette un œil peu rassuré sur mon palier, mais personne. Pas un bruit, pas un mouvement. Je rebrousse chemin et claque la porte. Je froisse le papier à toute allure, comme si celui-ci me brûlait les mains, puis le fourre dans la poubelle. Mon escapade matinale est compromise, mieux vaut rester ici.

J’appelle Mélanie, j’ai besoin d’avoir un avis extérieur sur tout ça. Je me sens un peu perdue. Je compose son numéro, elle décroche à la cinquième sonnerie.

— Allô ? fait une petite voix ensommeillée.

— Mél, c’est moi. Écoute, je suis désolée de te réveiller mais… j’ai besoin de changer d’air. Au moins pour la journée. Je tourne en rond, je vais devenir folle seule dans mon appartement…

— Attends un peu.

J’entends un bruit de froissement un peu étrange et quelques autres indescriptibles, puis elle reprend :

— Tu n’étais pas censée être chez Davis ? Vous n’avez pas passé la nuit ensemble ?

— Euh… c'est compliqué, dis-je en ignorant l’émotion qui me submerge.

Elle soupire d’exaspération.

— Ouais, comme d’habitude quoi.

— Écoute, ce n’est pas grave, laisse tomber. Désolée de t’avoir dérangée.

— Lucie, attends...

Je raccroche et souffle un bon coup avant de m’écrouler sur les coussins usés mais moelleux de mon canapé, faisant fuir mon chat, qui y était confortablement installé.

 

***

 

— Lucie ! Lucie, on sait que tu es là, ouvre-nous !

Un vacarme me tire de mon sommeil sans rêve. Il me faut quelques secondes pour réaliser que je me suis endormie en plein milieu du salon, et que l’origine de ce boucan du diable se situe derrière la porte de l’entrée. Je me relève péniblement en ronchonnant pour aller ouvrir. Mélanie, suivie de Ryan, déboule sans crier gare. Leurs yeux scrutateurs me sondent de la tête aux pieds. Mais qu’est-ce qu’ils cherchent au juste ?

— Euh… salut, leur lancé-je, ne comprenant pas pourquoi ils prennent cet air mélodramatique.

— Lucie, est-ce que ça va ? demande Ryan. Mél m’a prévenu de ton coup de fil. Qu’est-ce qui se passe encore avec l’autre… euh, Davis ?

— Mais… rien. Rien du tout, pourquoi ?

J’ai dû mal à cerner leur affolement.

— Alors pourquoi m'avoir appelé si tôt et raccroché au nez ? s'écrie Mélanie. Ça ne te ressemble pas. Et franchement, tu as une tête de déterrée, ma belle. Par contre, si jamais tu m’appelles pour me dire que tu as passé la plus belle et la plus longue nuit de ta vie, je risque d’être furax d'avoir été arrachée aux bras de Mikael. Même si je veux en savoir tous les détails après. Je… oh, ma Lulu.

Face à mon amie, mes larmes se mettent à couler toutes seules, trop longtemps retenues. Ryan me prend dans ses bras, je me laisse aller à son câlin réconfortant. Mél file me préparer un chocolat chaud, qu’elle me tend aussitôt. Je suis émue de voir que mes amis me connaissent si bien.

En attendant que mes sanglots s’apaisent, Ryan et Mélanie restent silencieux à mes côtés. Je sais que des questions leur brûlent les lèvres, mais ils ont la décence de s’abstenir de demander le moindre renseignement, bien que Ryan s’agite nerveusement.

Le téléphone sonne, me tirant de cet état de léthargie dans lequel je me suis plongée quelques instants. C’est Sven. Je glisse mon doigt sur la touche rouge pour rejeter l’appel. Je n’ai aucune envie d’entendre parler de Davis. Pour l’instant. Je sais que je me mens à moi-même, car en réalité, je meurs d’envie de courir vers lui, de lui faire comprendre que jamais rien ne m’éloignera de lui. Que jamais rien ne me repoussera. Que quand on s’aime, on affronte les difficultés ensemble, main dans la main. Tout ça, j’ai la ferme intention de lui dire, et de lui montrer. Mais j’ai besoin d’un peu de recul. De quelques heures, peut-être quelques jours je ne sais pas. Le tourbillon d’émotions qu’il provoque en moi à chacune de ses paroles m’épuise, j’ai besoin de me ressourcer avant d’affronter la tempête.

Assise à mes côtés pendant que Ryan fait les cent pas dans la pièce en ruminant, Mél enveloppe ma main entre les siennes, m’encourageant silencieusement à me confier. Alors, je prends mon courage à bras-le-corps pour lui raconter toute la soirée de la veille, dans les moindres détails.

Pendant mon récit, j’observe Ryan du coin de l’œil. Il soupire, ricane, ou se tend en fonction de ce que je raconte. J’entends même un « putain, mais qu’est-ce qu’il est con ce mec ». Ignorant ses remarques, je continue.

— Voilà, vous savez tout.

— Moi j’ai juste une envie, c’est de lui éclater la gueule contre un mur pour qu’il ouvre les yeux et prenne conscience de la chance qu’il a de t’avoir à ses côtés, tonne Ryan.

— Je suis d’accord avec toi, ajoute ma rouquine.

Puis elle pose son regard sur moi et me demande :

— Et… tu comptes faire quoi maintenant ?

— Sortir pour prendre un peu l’air, je ne sais pas. Je suis un peu paumée en fait.

— Tiens, j’ai ce qu’il faut, lance Ryan.

Il dépose un sachet rempli de viennoiseries devant moi. Mon sourire revient aussitôt devant cet appel au péché de gourmandise. Rien de mieux que de se remplir l’estomac pour se mettre un peu de baume au cœur.

Nous nous installons tous les trois autour de la table pour un vrai petit-déjeuner entre amis, comme ça fait une éternité qu’on n'en a pas fait. Une petite touche de bonheur.

Ryan m’informe qu’il n’a aucune nouvelle de Vincent, et qu’il n’arrive pas à faire bloquer son numéro. Je sais que ça le tracasse, au vu de sa mine renfrognée quand on aborde le sujet. Quant à Mélanie, le seul élément qu’elle m’apporte, c’est qu’elle a trouvé un dossier médical, qu’elle ne peut hélas pas aller plus loin, du fait du secret médical. Du coup, j’hésite à leur parler du « gentil » mot laissé sur ma porte et dont la phrase laisse peu de place aux doutes quant à son auteur.

Posé à côté de moi, mon téléphone se remet à vibrer. Un rapide coup d’œil m’informe qu’il s’agit encore de Sven. Comme la première fois, je détourne l’appel vers mon répondeur.

— Pourquoi tu ne réponds pas ? m’interroge ma rousse préférée. C’est peut-être important.

— J’en ai pas envie, tout simplement, soupiré-je.

Je sais bien que Sven n’y est pour rien. Le pauvre, lui aussi est meurtri de voir son meilleur ami dans cet état, même s’il ne montre rien. De plus, il a été d’une patience d’ange avec moi. Il a respecté mon besoin de silence quand il m’a ramenée hier soir. Il m’a pris dans ses bras quand je suis sortie de la voiture, dans un réconfort silencieux et bienfaiteur, je l’avoue. Seuls ces quelques mots sont sortis de sa bouche : « Ne l’abandonne pas, il a besoin de toi. »

Une nouvelle vibration retentit contre le bois de la table. Un message ce coup-ci. Encore ce numéro inconnu. Putain, ça ne s’arrêtera donc jamais ! Je préfère ne pas l’ouvrir. Dans un accès de colère, je prends mon téléphone, l’éteint avant de le balancer d’un geste vif sur le canapé, sous le regard médusé de mes amis. Puis je me lève pour me diriger vers ma petite fenêtre. Dehors, les nuages assombrissent la faible luminosité de ce début de matinée. Comment conserver un moral d’acier, quand même le temps n’y met pas du sien ?

— Lucie… commence Mélanie qui m’a rejointe, je te propose une virée entre filles, ça te va ? Shopping, sauna, coiffeur, massages et repas.

— Je vous accompagne, lance Ryan en se levant brusquement.

— Pardon ? On a dit une journée entre filles. Rose t’aurait-elle déjà croqué les couilles ? le taquine Mél.

— Mes couilles se portent très bien, je te remercie de t’en soucier.

Sa réplique a au moins le don de me faire sourire.

— Mais avec ce guignol dans la nature, il vous faut un garde du corps. Et me voici, dit-il en se désignant avec fierté.

Je lève les yeux au ciel en réprimant un rire. Mélanie, elle, renonce à rajouter un commentaire. Je file à la douche pour me sortir la tête d’un brouillard épais et nous voici en route pour quelques heures entre amis. Avant de prendre mon poste ce soir.

Comme rien n’est encore ouvert à cette heure-ci, nous décidons de nous promener dans le parc Daumesnil. Avec Mélanie, nous parlons de tout et de rien, comme deux jeunes filles insouciantes. Je retrouve cette légèreté qui m’a tant manquée depuis qu’un brun aux yeux chocolat m’a percutée, faisant plus de dégâts au final sur mon cœur que sur ma voiture. Pendant ce temps Ryan, lui, s’amuse à jouer au garde du corps. Droit comme un i, le regard fureteur, il épie le moindre mouvement suspect aux alentours. Il marche à quelques pas derrière mais nous ne résistons pas à l’envie de nous retourner de temps en temps pour le regarder faire. Ce qui nous fait pouffer de rire.

La matinée passe à une vitesse folle. Malgré les températures encore fraîches, marcher m’a permis d’évacuer le trop plein d’émotions. Sans compter les crises de fous rires salvatrices. Nous avons fait exprès de nous attarder dans un magasin de sous-vêtements pour faire rager Ryan. Bien sûr, nous avons longuement fouiné entre les rayons, faisant mine de tester si la lingerie nous irait bien au teint. Il a fini par bougonner et nous attendre sur le trottoir, bras croisés. Mais en sortant, Mél et moi nous sommes approchées de lui pour lui déposer chacune un bisou sur la joue. Il n’en fallait pas plus pour qu’il retrouve sa bonne humeur.

Puis nous sommes allés faire un peu de lèche-vitrine avant de s’arrêter dans un centre esthétique. Le massage au chocolat et à la noix de coco était tout simplement divin, il m’a totalement relaxée. Et pour une fois, Ryan a su se tenir tranquille. Il n’a pas dragué l’esthéticienne. Depuis qu’il est en couple avec Rose, il s’est métamorphosé. Fini le dragueur invétéré des samedis soirs. Et j’en suis heureuse pour lui, même si je regrette de ne pas prendre plus de temps pour lui demander comment ça se passe. Et c’est comme ça depuis que Davis est entré dans ma vie. Il a tout chamboulé et continue encore.

Après le déjeuner, mes amis me raccompagnent jusque chez moi. Je suis détendue mais épuisée. Une sieste s’impose si je veux être en forme pour bosser ce soir. J’enfile un pyjama en vitesse avant de me blottir sous ma couette. Là, seule de nouveau, mes pensées me jouent des tours en s’envolant vers l’homme que j’aime. Mais ce coup-ci, mes paupières se ferment avec son visage en face de moi, souriant. Heureux.

2

 

Davis.

 

J’avance d’un pas tremblant, dans une démarche mal assurée. Un pied devant l’autre. Tel un funambule, je marche sur un fil. Le fil de ma vie, suspendu au-dessus du néant. Ne pas regarder en bas, où l’enfer me tend les bras. Je vois déjà d’ici ses flammes cruelles et tentantes. Elles dansent et me tournent autour. Leur crépitement m’attire comme le chant des sirènes. J’ai si froid que je répondrais bien à leur appel.

Je marche droit devant moi, le cœur battant. L’autre rive me semble si proche et si loin à la fois. Je n’y vois que soleil et verdure. Je n’y sens que le bonheur et la joie. Mais à quoi bon ? Cette vie-là n’est pas pour moi.

Encore un pas vacillant. La corde bouge, de plus en plus. Mon équilibre est précaire. Je suis soudain aveuglé par une forte lumière blanche. Un visage apparaît au milieu. Un ange. Un ange aux cheveux châtains et aux iris émeraude. Je tends la main pour la toucher. Son sourire magnifique est la cause de tout cet éclat. Je m’avance mais elle recule. Trop loin de moi. Et je me sens de nouveau sur la corde raide.

Un bruit strident me ravage le crâne. L’agitation qui semble régner tout autour de moi me donne le vertige. J’entreprends d’ouvrir un œil, mais la lumière blanche et aveuglante qui me foudroie la rétine me dissuade d’ouvrir l’autre. J’essaye de me concentrer pour savoir ce qui se passe mais j’ai énormément de mal. À respirer, tant mes poumons sont en feu, à bouger, à réfléchir. Je perds la notion du temps. Où suis-je ? Que s’est-il passé ? Je n’entends plus rien que le bruit régulier d’un moteur. Quand j’émerge totalement du brouillard, j’observe ces murs devenus trop familiers qui m’entourent. Du blanc et encore du blanc, partout. Encore et toujours. Seul un tableau, face à moi, apporte un peu de gaieté. Il représente une rose d’un bleu intense, survolée par une colombe aux ailes déployées. Je pourrais presque le trouver beau, s’il ne me rappelait pas une personne…

— Lucie ! prononcé-je à voix haute sans m’en rendre compte, me redressant subitement.

Aïe, mauvaise idée !

Le claquement métallique qui résonne attire mon regard sur mon environnement. Je suis dans un lit, enfermé entre deux barrières, comme un putain d’animal en cage ! Par réflexe, je me tâte le torse pour savoir si je suis toujours en un seul morceau, ou si la faucheuse a déjà fait son job de me conduire jusqu’en enfer. Un morceau de plastique roule sous mes doigts. Je suis le tube des yeux pour arriver jusqu’à une poche de sang qui goutte tranquillement, reliée directement sur ma chambre implantable.

Comme une impression de déjà-vu.

Comme une impression que tout recommence.

— Rraaahhhh !!!!

Un cri de colère enroué, mêlé aux douleurs multiples, surgit du fin fond de ma gorge. Je n’ai absolument aucun souvenir de mon transfert jusqu’ici. Putain, qu’est-ce qu’il s’est passé ? C’est un affreux cauchemar.

Encore un peu perdu, je me rallonge avec précaution. Je me sens si faible, chaque mouvement semble demander un effort surhumain. Et c’est quoi ce truc dans mon nez ?

— M. Preston, ne touchez pas à vos lunettes à oxygène, vous en avez besoin, gronde une voix féminine sur un ton peu gracieux.

Une femme d’une cinquantaine d’années vient de faire son apparition. Habillée en blanc plus jaune que les murs, elle vérifie mes perfusions, pendant qu’une autre m’apporte un plateau repas. Pourquoi portent-elles toutes les deux un masque ainsi que des gants ? Je ne suis pas contagieux à ce que je sache. Je m’installe puis fixe le bol et l’assiette posées devant moi. De la soupe à l’eau avec deux trois morceaux qui flottent, une tranche de jambon, une cuillère de purée. Le tout sous un plastique. Sympa. Ils m’ont refilé la bouffe du chien ou quoi ? Je n’ai déjà pas d’appétit, alors ce n’est pas avec cette vision que je vais avoir l’eau à la bouche, sauf pour vomir. D’ailleurs, même la simple odeur de cette nourriture me file une nausée violente qui me tord l’estomac. Je pousse la table hors de mon champ de vision en essayant de ne pas gerber partout.

Allongé sur le dos, les mains sur mon front frais, je prends de longues et profondes inspirations pour tenter de maîtriser les spasmes qui me nouent le ventre.

— Comment tu te sens, mec ?

Sven vient de rentrer dans ma chambre. Il porte lui aussi un masque, des gants ainsi qu’une blouse bleue et un bonnet sur la tête. C’est quoi ce délire ? C'est le carnaval de l’hôpital ou quoi ? J’ai l’impression d’être dans un mauvais rêve ou de… Et merde !

— J’ai connu des jours meilleurs, réponds-je d'une voix faiblarde.

Il prend place dans un vieux fauteuil proche du lit, tout en conservant une certaine distance, puis zieute mon repas resté intact en affichant une mine de dégoût.

— Ils comptent te requinquer avec ça ? demande-t-il en désignant mon bol du menton.

— Si c’est le cas, je signe mon testament tout de suite.

Nous sourions tous les deux, avant qu’une quinte de toux m’arrache les poumons, manquant de me faire suffoquer.

— Pourquoi t’es habillé comme un schtroumpf ?

Je m’en doute maintenant, mais je refuse pourtant d’y croire.

— J’en sais rien. J’ai pas tout pigé le pourquoi du comment, on m’a simplement dit de mettre ça pour ne pas risquer de te contaminer.

Putain, ça confirme mes craintes. Me revoilà quelques mois en arrière. Quand j’étais loin de tout, en train de crever à petit feu. Je soupire en me pinçant l’arête du nez.

— T’es pas mal non plus dans cette chemise avec vue sur la lune, plaisante Sven, me sortant de mes flashs douloureux. C’est Lucie qui serait...

Il laisse sa phrase en suspens. Comme un réflexe, je tourne aussitôt la tête vers la porte, dans l’espoir de la voir arriver. Mauvaise idée. Rien que ce simple mouvement me provoque des vertiges. Bon sang, c’est horrible !

— Davis, à propos... hésite Sven.

La porte s’ouvre et mon cœur fait une embardée dans ma poitrine. Mais ce n’est qu’une infirmière quelconque qui arrive avec un truc qui prend la tension. Pas de trace de ma Lucie. Je reste silencieux pendant qu’elle s’exécute. Sven en fait autant.

— Dix sur six. Bon, c’est mieux que tout à l’heure. Mais vous devez garder l’oxygène. La saturation est un peu limite. La transfusion est terminée, je vous l’enlève. Le médecin passera vous voir un peu plus tard.

Puis elle sort de la chambre.

— Elle est mignonne cette infirmière, t’as de la veine.

Je lui jette un regard sceptique.

— Si tu veux ma place, je te la laisse avec plaisir.

— Ok excuse-moi, c’est maladroit. Je suis désolé...

— Où est-elle ? le coupé-je.

J’ai besoin d’elle.

Il soupire puis baisse la tête. Si ma tension était basse, elle va vite monter en flèche.

— Sven, Où. Est. Lucie ?

Je prends bien soin d’articuler chaque mot pour qu’il comprenne qu’il me faut une réponse très vite.

— Je ne sais pas, je n’arrive pas à la joindre. Je suis passé chez elle, elle n'y était pas non plus.

— Comment ça ? Elle n’est pas au courant que je suis ici ? Qui m’a emmené là alors ?

Soudain, la peur qu’elle ne veuille plus de moi refait surface, venant m’enlever le peu d’oxygène qu’il me reste. Je sens déjà des gouttes de sueurs perler sur mon front.

— Tu ne te souviens pas ?

Me souvenir de quoi ? C’est insensé.

— Vous avez passé la soirée ensemble. Puis tu m’as appelé car tu n’allais pas bien. Quand je suis arrivé, Lucie était décomposée. Tu venais de lui dire que tu ne voulais plus la voir. Ensuite, je l'ai raccompagnée chez elle puis suis revenu te voir. Là, tu as fait un malaise et j'ai dû appeler les secours. Merde, mec, j'ai eu la peur de ma vie !

Mais pourquoi est-ce que j’ai fait ça ? Soudain, tout me revient en mémoire. Et j'ai comme l’impression qu’un gouffre est en train de m’aspirer. Ma respiration s’accélère en réalisant que j’ai, une fois de plus, rejeté la femme que j’aime, au moment où j’en ai le plus besoin.

— Et MERDE ! vociféré-je en tapant contre ces barrières qui me font sentir comme un taulard purgeant sa peine. Une peine de plus en plus lourde à porter.

— J’ai contacté Stacy et Mélanie. Elles se chargent de la prévenir.

Je me passe les mains dans les cheveux et tire dessus, comme si un geste aussi con pouvait faire des miracles. Mais qu’est-ce que… ? Putain ! Je regarde la fine touffe noire dans le creux de ma paume. Des cheveux. MES cheveux. Bordel !

— Service 212, chambre 1. OK, pas de soucis. À tout de suite… Tu vas être content, les filles arrivent… Merde, c’est quoi ça ? demande Sven en me voyant bloquer sur le contenu de ma main.

Je le regarde, sans un mot. Il se rend vite compte de la situation et en reste bouche bée. Les effets de la chimiothérapie se font sentir. Les médecins m’avaient prévenu. Je passe mes mains dans ma tignasse encore et encore, dans l’espoir que tout ceci ne soit qu’un putain de cauchemar ! Le résultat est le même à chaque fois. Mon drap est couvert de fil noir provenant de mon crâne. Mon cœur se met à palpiter de plus en plus vite. J’ai l’impression de me décomposer. Tout fout le camp. Mais ce n’est rien quand je m’aperçois qu’elle est là, dans l’embrasure de la porte.

Non, non ! Je ne veux pas qu’elle me voie comme ça. Je refuse !

Pour me couper de sa vue, j’attrape le coussin derrière moi, le fourre sur ma tête et ferme fort les yeux, en souhaitant disparaître.

Je t’en prie Lucie, ne me regarde pas…

3

 

Lucie.

 

Figée dans l'embrasure de la porte, je prends conscience de l'environnement dans lequel se trouve Davis. Tout est si… morne et stérile, dénué de vie pour quelqu’un qui se bat pour garder la sienne.

J’observe mon beau brun, sans oser un pas vers lui. Un nœud se forme dans ma gorge quand je le vois se mettre un coussin sur la tête pour se cacher. Pourquoi fait-il ça ? Stacy vient de finir de s'habiller pour entrer dans la chambre voir son demi-frère. Moi, j'hésite encore. Je suis habituée à ce genre de situation, c'est mon milieu. Mais de voir l'homme que j'aime aussi affaibli dans ce lit, dans cette chambre de ce service, c'est... difficile.

Quand Mélanie a tambouriné à ma porte pour m'annoncer que Davis a été emmené ici d'urgence, un sentiment de culpabilité et d'angoisse a pris place dans mes chairs. D'être partie, de ne pas avoir répondu à Sven. Alors, je suis aussitôt allée récupérer Stacy qui était morte d'inquiétude, pour l'emmener avec moi. Mélanie s'est proposée de se joindre à nous mais j'ai refusé. J'ai aussi dû appeler des collègues qui pourraient me remplacer pour travailler ce week-end à ma place. Par chance, je n'ai pas eu trop de difficultés à trouver. Je vais donc avoir du temps pour rester auprès de Davis. Qu'il veuille de moi ou non. Cette fois, je ne flancherai pas !

Sven vient rapidement à ma rencontre, m’attrape le bras et me force à sortir de ce sas. Je le suis comme une poupée de chiffon jusque dans le couloir.

— Putain, mais pourquoi tu ne répondais pas ? J'étais mort d'inquiétude. Entre Davis et toi, vous allez me rendre fou tous les deux !

Il est énervé et rouspète aussi fort que le couloir d'un hôpital puisse le permettre.

— Je suis désolée, je... j'avais éteint mon portable.

— Davis a besoin de toi, il dit n'importe quoi quand il n'est pas bien. Tu devrais le savoir pourtant !

Non, mais je rêve ! Il me réprimande !

— Je le sais, oui ! Sauf que j'avais besoin d'un peu de recul ! Et puis...

Je soupire en m'adossant contre le mur.

— ...Vincent n'arrête pas de m'envoyer des textos et ce qui ressemble à des menaces, je n’en peux plus...

— Quoi ? Quelles menaces ? se radoucit-il.

Bras croisés sur ma poitrine, je fixe mes pieds. La colère de Sven semble être retombée comme un soufflet.

— Ryan n'arrive pas à faire bloquer son numéro. Il me harcèle et...

Je ravale un sanglot, déglutis avec difficulté.

Ce n'est pas le moment, Lucie !

— Écoute Lucie, je suis désolé de m'être emporté. J'ai eu si peur pour mon pote. Excuse-moi, ma belle. Quant à ce fumier de Vincent, je te promets qu’on va trouver une solution.

Il me serre dans ses bras tout en me frottant le dos dans un signe de réconfort amical. Je me laisse volontiers bercer pendant que je tente de reprendre mes esprits avant de rejoindre Davis. Sven me dépose un baiser dans les cheveux puis s'écarte de moi.

— Prête à affronter monsieur ronchon ?

— Oui, prête, réponds-je déterminée et impatiente de retrouver l’homme que j’aime. Comment va-t-il ?

— Perturbé, paumé, effrayé. Tout comme moi... À part ça, je ne sais pas, je n'ai pas vu de médecin.

— OK, allons-y.

Avant que mes émotions ne prennent le dessus.

Sven s'habille dans le sas de la chambre et j'en fais autant. Bonnet, surblouse, masque et gants. Une panoplie que je ne connais que trop. Il rentre pendant que je reste un moment pensive en regardant Davis. Comment va-t-il m'accueillir ? Vu son comportement de tout à l’heure quand il a posé ses yeux sur moi, ça ne présage rien de bon.

Sven chuchote à l'oreille de Stacy, puis je les vois se diriger tous deux vers moi. Ils enlèvent leurs protections et m'encouragent du regard à m'approcher. La porte se referme derrière eux. Me voilà seule avec Davis, qui tourne la tête du côté opposé, vers la fenêtre.

D'accord, ça promet.

Je m'avance à pas de loup vers le lit. D'un œil discret, je regarde les perfusions en cours. Hydratation et antibiotiques coulent doucement dans ses veines. Ses bras sont tendus tandis que ses doigts se referment violemment sur les draps.

— Davis ? tenté-je d'une voix douce.

Aucune réaction. Alors, je fais le tour du lit pour venir me poster face à lui. Mais son regard m'évite délibérément et se tourne vers ses jambes. Sa mâchoire est crispée tandis que sa respiration prend un rythme plus rapide.

— Davis, regarde-moi.

Sa façon de m'ignorer me fait mal, mais je n'en montre rien. Il ne bouge pas d'un pouce. Je lui prends la main pour essayer de le connecter à moi, mais il garde sa posture lointaine. Je soupire en m'éloignant de lui. Quelle tête de mule ! Mon regard se perd vers l'extérieur quand une voix sèche me demande :

— Que fais-tu ici ? Et c'est quoi ce déguisement minable ? Je ne suis pas contagieux, merde !

Face à sa colère, je me retourne et revient vers lui. Mes mains calées furieusement sur mes hanches, je réplique d’un ton sec :

— Je suis ici parce que je m'inquiète pour toi. Et que ça te plaise ou non, je reste ! C'est non négociable ! Quant à cet accoutrement, c'est vrai que ce n’est pas très glamour mais... c'est nécessaire. Tu es en isolement protecteur. J'en déduis que tu es en aplasie. C'est-à-dire que ton corps ne fabrique pas assez de défenses immunitaires, et que le moindre germe qu'une personne te refile peut être très néfaste pour toi.

— Tant mieux, je crèverai plus vite comme ça.

Je hoquète de surprise en portant ma main devant ma bouche, pour étouffer de justesse un cri qui menaçait de s’échapper. Fichée face à mon beau brun, j'attends, hésitant sur la conduite à adopter. J’ai l’impression d’être face à un animal blessé et effrayé. Son regard perdu me fend le cœur. Je voudrais pouvoir le prendre dans mes bras, l'embrasser, le câliner. Mais je ne peux pas. Je risquerais d'aggraver son état.

D'un geste décidé, je baisse la barrière du lit pour m'asseoir près de lui. Il daigne enfin relever les yeux vers moi. Cette expression triste, teintée de colère, sur ce visage pâle me fait horriblement mal.

— Lucie... soupire-t-il.

— Mon amour, je suis là, je reste avec toi.

— Non, tu... tu ne devrais pas. Rentre chez toi.

— Hors de question, Davis !

— Mais...

— Il n’y a pas de mais, c’est comme ça, un point c’est tout.

Je glisse ma main sur ses doigts nerveux qui ne cessent de triturer et froisser les draps.

— Tu ne devais pas travailler ces deux nuits ?

— Si, mais je me suis arrangée avec mes collègues. J'ai donc tout mon temps.

Son regard s'éloigne à nouveau vers un point imaginaire. Je n'aime pas cette distance qui existe entre nous. Celle qu’il s’obstine à mettre dès qu’il est au plus mal. Ça m'effraie et m’angoisse au plus haut point. J'ai besoin d’un autre contact pour me rassurer.

J'approche ma main gantée de son visage, désireuse de recentrer son attention sur moi, sur nous. Mais il m'attrape fermement le poignet dans un geste brusque.

— Ne me touche pas ! proteste-t-il les dents serrées.

La vague d'émotion et de larmes qui m'assaille se veut de plus en plus forte et insistante. Je résiste mais je ne sais pas pour combien de temps encore. Il est en colère, affaibli, je ne dois pas me laisser toucher par son comportement vexant.

Tandis que je cherche comment l’apaiser, je prends conscience d'une chose. Je remarque que son cuir chevelu est clairsemé par endroits. Mes yeux dévient automatiquement sur les draps, où sont éparpillées quelques mèches brunes. Soudain, la réalité est là, en face de moi. Invisible mais pourtant bien présente. Brutale, elle me frappe de plein fouet. J’ai beau être au courant, être prête mentalement, cette manifestation cruelle et injuste me lamine l’esprit et le cœur.

— Davis, tu... tu perds tes cheveux.

— Quelle perspicacité, me lance-t-il avec un regard noir. Tu ferais une bonne infirmière.

J'ignore son sarcasme piquant. Et même si la tâche s'avère ardue, je vais rester près de lui un maximum, essayer de lui remonter le moral.

— Je t'en prie Lucie, je n'ai pas besoin de ta pitié. Alors cesse de me regarder comme ça.

Je romps le contact visuel et me dégage de sa prise pour m'éloigner de lui quelques secondes. Malgré tout, même si sa bouche lance des mots cruels, ses yeux expriment toute la tristesse qu'il ressent. Hors de question que je l'abandonne, même si je dois prendre sur moi pour ne pas fuir en courant à chaque salve verbale.

Je me dirige vers la sortie de la chambre, d’un pas hésitant. Je ne le vois pas, pourtant je sens son regard sur moi. Il n'essaye même pas de me retenir.

Respire Lucie, sois forte !

Je me déshabille dans le sas et m'en vais trouver le bureau des infirmières.

Quelques minutes après, je reviens avec un objet dans les mains. Bon, ça passe ou ça casse. Je m'habille de nouveau et souffle un bon coup avant de rentrer dans la chambre. Davis a la tête tournée vers la vitre, il me semble entendre un léger reniflement.

Oh, mon amour.