L'expédition du Mexique - Edgar Quinet - E-Book

L'expédition du Mexique E-Book

Edgar Quinet

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Beschreibung

Au moment de l'écriture de ce texte Napoléon III vient de lancer la campagne du Mexique. Décidée pour des raisons politiques et financières, celle-ci devait s'achever six ans plus tard par un pitoyable fiasco et la mort tragique de l'empereur Maximilien. Dès le lancement des opérations, l'auteur avait jugé clairement et durement la folie de l'entreprise. Sa belle hauteur de vue universalise la problématique et la rend intemporelle. Les mots frappent aujourd'hui avec la force du recul comme certainement ils n'ont pas frappé à l'époque. À la limite du pamphlet, ce texte court et percutant force à la réflexion. (Édition annotée.)

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L’expédition du Mexique

Edgar Quinet

Édition annotée

Fait par Mon Autre Librairie

À partir de l’édition W. Jeffs, Londres, 1862.

Les notes entre crochets ont été ajoutées pour la présente édition.

https://monautrelibrairie.com

__________

© 2021, Mon Autre Librairie

ISBN : 978-2-38371-020-2

Table des matières

1 – Les prétextes.

2 – Le deux-décembre en Amérique. – Plan de l’entreprise.

3 – Suite. Nouveaux principes de ’89.

4 – Les républiques espagnoles. – Une monarchie austro-bonapartiste.

5 – La race latine.

6 – Amérique du Nord. – La monarchie bonapartiste et les États-Unis.

7 – Vraies causes de l’entreprise. – Que la fausse démocratie ne peut souffrir la démocratie vraie.

8 – Exécution du plan. – Première illusion.

9 – Seconde illusion.

10 – Les résultats. – Que l’Amérique ne veut pas être décembrisée.

11 – Le droit. – Les nationalités.

12 – Abus des grands mots. – Un dommage pour la France.

13 – L’expédition romaine et l’expédition mexicaine. – Conclusion.

1 – Les prétextes.

Qu’est-ce que cette expédition ? Que veut-elle ? Que cache-t-elle ? Est-elle dans l’intérêt public, ou dans l’intérêt d’un seul ? Où peut-elle aboutir ? Le pays qui est lancé dans cette entreprise est celui qui serait le plus embarrassé de répondre à ces questions. Il ne sait pourquoi il fait cette guerre, ni comment il y a été engagé. Il verse son sang et celui d’autrui, et ne peut dire pour quelle cause.

J’essaierai de répondre à sa place.

Il fallait, disait-on d’abord, envahir le Mexique parce qu’il nous appelait ; maintenant, il faut l’envahir pour le châtier de ne nous avoir pas appelés. C’est la première raison.

La seconde se tire de la situation politique de cette société. Elle s’agite et préfère l’agitation à la servitude. Cela nous inquiète ! C’est là un état de choses que nous ne devons pas souffrir. Nous ne pouvons endurer la liberté même à travers l’Océan. Nous nous faisons un devoir d’imposer à ce petit peuple le silence que nous avons accepté chez nous. Il parle trop haut, il nous déplaît qu’il se croie libre. Nous ferons volontiers deux mille lieues et dépenserons, s’il le faut, nos meilleures troupes pour lui apprendre le contraire.

On parle aussi d’une créance de trois millions, transformée frauduleusement en une créance de soixante-quinze millions ; et c’est pour prélever ce bénéfice honnête que nous envoyons une armée intrépide sommer le peuple mexicain d’avoir à vider sur l’heure ses villes, ses villages, sa capitale, livrer son indépendance, ses institutions, sa liberté, sa tradition, choses suspectes qu’il tient de son histoire ; le tout devant être remplacé par une monarchie autrichienne ; faute de quoi, la dite nation sera appréhendée au corps et incarcérée de père en fils, dans telle geôle ou tel Spielberg1 transatlantique qu’il nous plaira lui choisir.

Voilà les premières raisons qu’on allègue pour chercher si loin une occasion d’opprimer.

Ces raisons je ne les discute pas. Je dis seulement qu’elles en cachent d’autres, dont personne ne parle. Ce sont ces motifs cachés qui sont les vrais. Je vais chercher à les montrer.

En 1781, la France a mis le pied en Amérique ; ce fut pour l’aider à s’affranchir ; expédition qui ouvrit l’époque nouvelle et rapporta la liberté dans le vieux monde.

En 1862, la France débarque de nouveau, mais cette fois il ne s’agit plus d’affranchir ; il s’agit de faire violence. Dans les deux cas, la question renferme les intérêts de tout un monde. Le Mexique n’est qu’un point, d’où l’on espère rayonner sur un hémisphère. En 1781, la petite expédition de Lafayette et de Rochambeau devait laisser après elle tout un continent libre. En 1862, l’expédition du Mexique, si elle se développait, telle qu’elle a été conçue, aurait pour résultat tout un continent esclave, ou du moins asservi.

Entrez dans l’esprit bonapartiste, et ce que vous appelez ses mystères politiques se dissipera à vos yeux. C’est parce que vous ne pénétrez jamais dans cet esprit que tout vous reste obscur dans ses projets et dans ses actes. Vous vous résignez à ne rien comprendre de ce qu’il veut, de ce qu’il fait, et vous vous remettez à l’avenir inconnu d’expliquer ce que vous désespérez de concevoir de votre vivant. Vous voyez le maître agir et vous ne vous demandez plus même pourquoi il agit dans ce sens, plutôt que dans tel autre.

Pourtant il n’exige pas de vous une si complète démission de vous-même ! Il ne s’oppose pas à ce que vous le compreniez. Osez donc pénétrer un moment dans son système d’idées. Faites-vous pour quelques instants semblable à lui ; cette énigme du Mexique se dénouera d’elle-même.

2 – Le deux-décembre en Amérique. – Plan de l’entreprise.

On vient de vous le répéter ces jours-ci. Le Bonapartisme n’est pas simplement une opinion politique ; c’est un culte, une adoration, une superstition. Le principal de ces dogmes superstitieux, c’est qu’il doit réaliser la chimère du grand Empire napoléonien. Et puisque l’Europe est assez mal avisée pour ne pas se prêter à cette félicité, il est naturel, il est inévitable, que l’on se retourne vers l’Amérique. Là doivent se trouver ces vastes espaces et les peuples soumis qu’on désespère de s’annexer en Europe. On ne parle plus de la frontière du Rhin, il faut aller chercher un Rhin dans le nouveau monde.

Vous ne saurez jamais avec quelle rapidité s’éveillent les ambitions démesurées de pouvoir, les visions de domination dans un esprit rempli de ce que l’on a appelé