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"L’ivresse des maux oubliés" est une discussion sincère et intime sur des thèmes universels comme la vie, la mort, Dieu et la quête de sens. À travers un dialogue imaginaire empreint d’émotions, les contradictions humaines et les incertitudes existentielles y sont soulevées. L’auteur, Romain Faligot, invite à une conversation sur l’amour, le deuil, la liberté, et les instants fugaces qui rendent la vie unique. Cet ouvrage, à mi-chemin entre introspection, récit et poésie, célèbre l’imperfection de la condition humaine et propose un voyage au cœur de nos doutes, sans chercher à y répondre totalement.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Juriste en droit public et politiste de formation,
Romain Faligot est un homme engagé. S’intéressant également à la philosophie et à la théologie, ses expériences à la fois dans le secteur public, politique et dans le monde de l’entreprise lui ont permis d’avoir une réflexion profonde sur l’existence.
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Seitenzahl: 172
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Romain Faligot
L’ivresse des maux oubliés
Essai
© Lys Bleu Éditions – Romain Faligot
ISBN : 979-10-422-5983-9
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Je souhaite vous emmener dans un voyage à travers des questions qui hantent beaucoup d’entre nous : le sens de la vie et de la mort, l’existence ou non d’un Dieu, du mystère de nos origines et de la destination inconnue vers laquelle nous allons. Rien de très original, seulement des questions philosophiques, me direz-vous…
Oui, mais je réfléchis comme si, après quelques verres de whisky, je parlais à un vieil ami en quête de réponses. C’est une exploration brute et sincère, un miroir tendu à l’esprit humain. Parce qu’au fond, les questions que je me pose sont en nous tous, qu’on le veuille ou non.
Asseyons-nous donc dans un vieux fauteuil en cuir. Servons-nous un whisky ambré dans un verre épais à portée de main, allumons un cigare laissant échapper des volutes de fumée bleuâtre. Retrouvons-nous face à une conversation que nous avons repoussée trop longtemps. Ce n’est pas une discussion banale, c’est une rencontre avec moi-même, avec vous, entre-nous…
La fumée de mon cigare danse, les idées émergent. Nous parlons de la vie, de ce qu’elle a de plus incompréhensible, de plus pesant. La mort s’invite aussi, comme toujours, inévitable.
Et puis il y a cette question plus grande encore, celle du devenir de l’humanité, de notre rôle ici-bas, de ce que tout cela signifie. Si tant est que tout cela signifie quelque chose ?
Ce n’est pas un dialogue que l’on mène pour trouver des réponses, mais plutôt pour se poser les bonnes questions, pour explorer les méandres de notre existence sans prétendre en maîtriser les contours. Le whisky brûle doucement ma gorge, le cigare se consume lentement, et dans cette ambiance feutrée, les mots trouvent leur chemin.
Peut-être est-ce l’alcool qui délie les langues, ou bien la fumée qui clarifie l’esprit. Peu importe… Ce qui compte, c’est ce moment, cet échange, cette quête de sens dans un monde qui semble souvent en manquer. Alors, nous commençons. Avec simplicité, mais avec franchise. Nous parlons, nous écoutons, nous laissons les pensées se déployer. C’est ainsi que débute ce bavardage, intime et sincère, où l’on n’a rien à prouver, mais tout à partager.
Une question existentielle se pose souvent seul ou entre amis, est-ce que Dieu existe ?
Pour moi, Dieu est en un seul mot une question sans réponse. C’est une promesse murmurée dans l’obscurité, une sorte d’espoir pour nous tous qui cherchons quelque chose de plus. On en parle comme d’un ami invisible, un père aimant, ou parfois comme d’un juge implacable. Mais à mon sens, Dieu est plus complexe que cela. Il est dans le vent qui souffle sur les collines, dans les vagues qui s’écrasent contre les rochers, et dans le silence après la tempête. Il est omniprésent puisqu’il est source de tout ce qui est. Dieu est aussi pur esprit, une intelligence supérieure à la fois en nous et à l’extérieur de nous.
J’ai vu des hommes prier pour la première fois. Des hommes rudes, des hommes qui n’avaient jamais cru en rien d’autre que dans la force de l’argent qu’ils gagnaient chaque fin de mois, dans la profusion de leur richesse. Mais là, lorsqu’ils leur arrivaient d’être malheureux ou découragés, ils parlaient à Dieu. Pas par dévotion, mais par désespoir. Ils ne savaient pas si Dieu les écoutait, mais ils espéraient que oui. Parce que dans le chaos et la peur, l’idée de Dieu est une lueur dans la nuit noire. Une sorte de présence bienveillante, un amour maternel.
Les Hommes ont besoin de Dieu pour survivre, ou du moins pour donner un sens à tout ce qui n’en a pas. Ils cherchent Dieu dans les églises, dans les temples, dans les synagogues et même dans les mosquées. Ils le cherchent dans le regard d’une femme aimée, dans le sourire d’un enfant, dans la paix qui suit la guerre ou bien dans le soleil qui se lève tous les matins. Ils le cherchent dans la douleur et dans la joie, dans la vie et dans la mort. Et parfois, ils pensent l’avoir trouvé. Mais Dieu ne se laisse pas capturer si facilement.
J’ai un ami prêtre dominicain (Père Henri), un homme d’une grande sagesse et rempli de foi, qui m’a dit que Dieu n’était pas dans les prières ou les sermons, mais dans les actes. « Dieu est dans ce que vous faites, pas dans ce que vous dites, m’avait-il expliqué. Il est dans le courage de l’Homme qui se tient debout face à l’adversité, dans la main tendue de celui qui n’a rien, mais qui donne tout. » C’était une belle idée ! Elle avait du sens, parce que dans ce monde brutal, les actes comptent plus que les mots ou la simple communication.
Les Hommes veulent des réponses, mais Dieu ne les donne pas facilement. Il reste silencieux, mystérieux, voire inaccessible pour beaucoup d’entre nous. Peut-être parce qu’il sait que c’est dans le doute que l’on trouve la vérité, que c’est dans la recherche que l’on trouve la force. Et que la foi, si elle est réelle, ne dépend pas des preuves, mais de l’intime conviction.
Il y a ceux qui jurent que Dieu est partout, dans chaque brin d’herbe, chaque goutte de pluie. D’autres disent qu’il n’est nulle part, qu’il est une invention de l’être humain pour combler le vide de nos existences. Moi, je pense que Dieu, s’il est quelque part, est dans l’espoir. Dans ce besoin insatiable de croire en quelque chose de plus grand que nous, de plus fort que nous. Il est dans la quête elle-même, dans cette lutte constante pour comprendre l’incompréhensible. Il est aussi et surtout une réponse aux questions qu’on ne peut pas répondre uniquement par la raison.
Aussi, j’ai vu des Hommes perdre leur foi, et j’ai vu des Hommes la trouver. Parfois dans les moments les plus sombres, parfois dans les plus lumineux. La foi est une chose étrange. Elle peut naître d’un miracle, mais aussi d’une tragédie. Elle peut être forte comme le fer ou fragile comme un pot d’argile. Elle est toujours personnelle, toujours intime et se vit toujours seule dans son for intérieur. Elle n’a pas besoin de preuves, seulement d’une flamme, aussi petite soit-elle. À titre personnel, j’ai la foi ! Ce qui est bien plus fort que de dire « je crois », enfin, je pense…
Dieu n’est peut-être rien d’autre que cette étincelle. Ce petit feu qui brûle en nous, qui nous pousse à chercher et à continuer même quand tout semble perdu. Il est dans le courage de l’Homme qui se relève après chaque chute, dans l’espoir de l’enfant qui regarde les étoiles et rêve d’un monde meilleur. Il est dans le cœur de ceux qui croient, et même dans celui de ceux qui ne croient pas, parce qu’en effet, affirmer haut et fort qu’on ne croit pas en Dieu c’est déjà parler de lui.
En fin de compte, Dieu est peut-être juste une question. Une question que l’on se pose dans le silence de la nuit, quand on est seul face à soi-même. Une question qui n’a pas de réponse, ou peut-être une réponse qui change selon le moment, selon l’Homme. Parce que Dieu est tout à la fois. Il est l’éternel mystère, l’éternelle quête. Et c’est peut-être pour cela qu’il me fascine tant.
Alors, buvons un verre à l’incertitude, à la recherche, à la question qui n’a pas de réponse. Parce que c’est dans toute cette complexité, dans ce doute, que l’on trouve la Vie. Que l’on trouve ce qui compte vraiment. Et que l’on trouve, peut-être, à l’intérieur de nous, Dieu. Le cigare se consume lentement et les questions arrivent au fur et à mesure que la fumée assèche mes lèvres.
Après avoir évoqué la question de Dieu, recentrons-nous sur nous-même en nous demandant pourquoi nous naissons.
La naissance me semble être le début de tout. C’est le premier cri, la première lutte. Elle n’est pas douce. Elle est violente. Une rupture avec le silence du ventre de notre mère, une arrivée dans un monde inconnu, plein de lumière mais assourdissant. Les Hommes aiment à parler de la naissance comme d’un miracle, un acte de beauté, mais en vérité, c’est surtout un acte de survie.
Je me souviens de cette journée du 1er décembre passée dans une forêt de Sologne à la chasse. Le gibier passait à travers les bois… Je buvais alors un café dans le froid glacial de l’hiver, le fusil sur l’épaule et par téléphone ma sœur venait de m’annoncer que mon neveu Louis venait de naître.
Je ne la voyais pas, mais j’imagine qu’elle avait des larmes dans les yeux. Ce n’était pas seulement de la joie ! Ce devait être la peur aussi. La naissance n’apporte pas seulement la vie ; elle apporte aussi la responsabilité, le poids de l’avenir, les inquiétudes de la parentalité. Quand un enfant naît, il change tout. Il semble redéfinir le monde, déplace les priorités, fait naître des espoirs, mais aussi des appréhensions.
Les hommes et les femmes passent leur vie à se réinventer, à renaître sous différentes formes. On naît une première fois de notre mère, mais on renaît à chaque moment qui compte. Chaque défaite, chaque victoire, chaque perte est une nouvelle naissance. L’homme qui sort indemne d’un échec professionnel, la femme qui quitte un amour, l’enfant qui survit à sa première chute. Ce sont des renaissances, et elles font partie de nous autant que notre première arrivée dans ce monde. La naissance est ce moment après chaque imprévu de la vie.
Mais la vraie naissance, celle qui compte à mon sens, ce n’est pas celle de l’enfant. C’est celle de l’esprit. La naissance d’une idée, d’une volonté, d’un désir de faire mieux qui va avoir une conséquence sur nos actes, sur nos engagements, sur toute notre existence. Quand nous commençons à comprendre que la vie est plus que ce que l’on voit, plus que ce que l’on touche. Quand on réalise que chaque jour est une nouvelle chance, une nouvelle opportunité de devenir quelqu’un d’autre, quelqu’un de meilleur.
Dans un petit village d’Afrique de l’Ouest, dans une chaleur d’enfer, j’ai vu une femme donner naissance. C’était sous l’éclairage d’une bougie, et la pièce sentait le sang et la sueur. Elle criait, et l’homme à côté d’elle priait. Quand l’enfant est né, il y a eu un silence. Ce n’était pas le silence de la paix, mais celui de la gravité. La naissance était faite, mais la vie commençait, avec toutes ses incertitudes et ses promesses. C’est ça, la vérité de la naissance. Ce n’est pas la fin, mais le commencement. Un début qui ne promet rien, qui ne garantit rien, mais qui est là, brut et franc.
Les écrivains accouchent chaque fois qu’ils prennent la plume, les soldats chaque fois qu’ils s’embarquent pour une bataille, les amants chaque fois qu’ils se regardent dans les yeux et se promettent l’infini. La naissance n’est pas un moment unique. C’est une série d’instants, un enchaînement de secondes où l’on décide de vivre malgré tout, malgré la douleur, malgré les tracas.
Alors, pourquoi la naissance est-elle si importante ? Parce qu’elle nous rappelle que nous avons commencé quelque part, que nous étions une fois si petits, si vulnérables. Et cela, à chaque fois, nous ramène à l’essentiel : la vie n’est jamais simple, mais elle est pleine d’engagements. La naissance est la preuve que tout commence avec un cri, avec une souffrance, mais aussi avec un espoir.
Nous naissons pour vivre. Et chaque naissance, chaque renaissance, est une nouvelle chance d’être ce que nous devons et voulons être. Alors nous continuons d’éclore, encore et encore, jusqu’à ce que nous trouvions enfin ce qui nous motive.
Au premier abord, vivre est un verbe simple, mais il porte tout le poids de notre destin. On apprend à vivre comme on apprend à trottiner, en tombant d’abord, en se relevant ensuite, et en avançant malgré tout. Il n’y a pas de mode d’emploi pour la vie. Chacun trace son propre chemin, souvent à tâtons, cherchant quelque chose qui ressemble au bonheur, ou peut-être à la paix.
Je me souviens d’une nuit à Paris, dans un petit café enfumé où le vin coulait à flots et où les discussions étaient animées. Un vieil artiste de Saint-Germain-des-Prés, très marginal, se qualifiant lui-même « d’écrivain que personne ne lisait plus », m’a dit quelque chose que je n’ai jamais oublié : « Vivre, c’est tout risquer. C’est prendre des coups, et continuer quand même. C’est aimer, même quand ça fait mal. » Il avait raison. Être en vie, ce n’est pas rester assis à subir et regarder le temps qui défile. C’est se lever, affronter les obstacles de l’existence, et ne jamais laisser la peur dicter nos choix.
La vie est un combat de boxe de toute façon, parfois dur, parfois doux. C’est une corrida dans une arène, où le taureau et le torero dansent entre la vie et la mort. C’est un pêcheur qui lutte contre la mer pour ramener un gros poisson, et l’amant qui lutte contre lui-même pour aimer sans retenue. Vivre, c’est accepter cette hostilité, accepter que rien n’est jamais gagné d’avance, que chaque jour est un nouveau combat contre le monde.
J’ai vu des hommes vivre comme s’ils avaient mille ans devant eux, et j’ai vu d’autres respirer comme si chaque jour était le dernier. Ceux-là savaient quelque chose que les autres ignoraient. Ils savaient que la vie n’attend pas et que dans le sablier le temps file à pleine vitesse. La vie ne donne pas de seconde chance. Elle ne s’excuse pas. Elle est là, véhémente et magnifique, et elle nous force à choisir. Vivre ou se contenter de survivre.
Il y a ceux qui disent que vivre, c’est accumuler. De l’argent, des choses, des conquêtes. Mais moi, je crois que vivre, c’est perdre. Perdre ce qui ne compte pas pour trouver ce qui est essentiel. Accepter de perdre une élection politique avec violence par exemple, mais accepter d’avoir grandi et d’avoir rencontré des gens divers. Vivre c’est laisser tomber ses illusions, les faux-semblants, et se concentrer sur ce qui est essentiel. Un bon repas partagé avec des amis, une conversation qui dure jusqu’à l’aube, un regard échangé dans le silence du métro, un voyage à l’autre bout du monde avec une culture qui ne ressemble pas du tout à la nôtre. C’est ça, vivre.
J’ai appris à exister en regardant les Hommes dans les bars, les femmes dans les rues, les enfants qui jouent sans souci du lendemain. Ils vivent sans se poser de questions, sans chercher de raison. Ils vivent parce que c’est ce qu’ils savent faire de mieux. Parce que dans le fond, vivre, c’est simple. C’est mettre un pied devant l’autre, inspirer profondément un grand bol d’air, et continuer.
La vie n’a pas besoin d’être compliquée pour être belle. Elle n’a pas besoin d’être parfaite pour être vécue. Elle a juste besoin d’être. Elle a besoin de nos rires, de nos larmes, de nos échecs, de nos réussites. Elle a besoin que nous soyons présents, vraiment présents, à chaque instant. Parce que la vie ne se mesure pas en années, mais en moments. En ces moments qui nous coupent le souffle, qui nous font sentir vivaces à travers toutes nos émotions.
Alors, vivons. Prenons des risques. Aimons sans compter. Soyons courageux face à l’adversité. Parce que c’est ça, vivre. Ce n’est pas simplement exister, c’est se battre pour ce qui compte, se relever après chaque effondrement, et continuer à marcher. C’est regarder la vie en face, sans peur, sans regret, et dire : « Je suis là. Je vis. »
Et quand viendra le jour où il faudra partir, on pourra dire qu’on a vraiment vécu. Pas parfait, pas sans douleur, mais pleinement, intensément et qu’on aura tenté des choses. Parce que c’est tout ce que la vie nous demande. D’être là, d’être vrai, et de vivre jusqu’à la dernière goutte.
Commencer à vivre, avancer, grandir et voyager pour un jour que tout se termine. Pourquoi la mort ?
J’entrevois la mort comme une vieille amie que nous essayons d’éviter. On la connaît tous, même si on fait semblant de l’ignorer. Elle est là, toujours, au coin de la rue, à l’autre bout du monde, dans le regard de ceux qui ont trop vécu. On peut essayer de l’oublier avec du whisky, des femmes, ou des jeux, mais elle reste. Elle est le seul rendez-vous qu’on ne manque jamais. Elle est la seule amie de tous, je dirais même que c’est grâce (ou à cause d’elle) que les Hommes sont égaux. La mort nivelle tout le monde beau ou moche, riche ou pauvre.
La mort rôde partout, de près et de loin. Dans les tranchées, où elle prenait les hommes durant les différentes guerres comme on cueille des fleurs fanées. Dans les hôpitaux, où elle flotte dans l’air, invisible, mais présente. Elle ne fait pas de bruit, la mort. Elle arrive sur la pointe des pieds, parfois avec douceur, souvent avec brutalité. Elle ne se soucie pas de savoir si on est prêt, la mort. Elle vient quand elle veut, et elle prend ce qu’elle veut.
Il y a ceux qui craignent le décès, et ceux qui l’acceptent. Moi, je pense qu’il faut faire la paix avec elle, comme on ferait la paix avec un ennemi qu’on ne peut pas vaincre. Parce que la mort n’est pas une fin. C’est une partie du voyage, une étape que chacun doit franchir. On peut la redouter, la maudire, l’ignorer, mais elle est là, et elle nous attend tous.
Je connais un vieux pêcheur (Georges O.) qui parlait de la mort comme on parle d’un vieil amour perdu. Il me disait que trépasser n’était rien de plus qu’un retour à la mer. Que nous venons de l’eau, et que nous y retournons, un jour ou l’autre. Pour lui, la mort n’était pas une fin, mais un commencement, une chance de redevenir ce que nous étions avant que la vie ne nous prenne.
C’est peut-être ça, le secret. La mort n’est pas un monstre à craindre, mais une porte à franchir. Elle est dans le dernier souffle d’un homme usé, dans le silence après la bataille, dans le dernier battement d’un cœur harassé ou dans la surprise d’un événement inattendu. Elle est dans l’attente, dans l’inconnu, dans l’inévitable.
Autour de moi j’ai vu des hommes et des femmes mourir, et j’ai vu des hommes et des femmes vivre comme s’ils n’allaient jamais mourir. Ceux qui vivent comme s’ils étaient immortels sont souvent les plus effrayés. Ils courent après des chimères, essayant de repousser l’immanquable, de nier l’évidence. Mais la mort est patiente. Elle attend. Elle sait que, tôt ou tard, chacun d’entre nous doit se rendre comme un délinquant qui termine en prison.
Il y a une beauté dans la mort, aussi étrange que cela puisse paraître. C’est la beauté de la fin d’un voyage, de la dernière page d’un livre, du dernier rayon de soleil avant la nuit, de la dernière gorgée d’un excellent whisky malté. C’est la beauté d’un soldat qui meurt pour une cause, d’un vieil homme qui s’éteint entouré des siens, d’un héros qui fait face à son destin sans panique. Parce que la mort, c’est aussi ça : un acte de bravoure, le dernier acte d’intrépidité de la vie.