La Cité Nouvelle - Philippe Agripnidis - E-Book

La Cité Nouvelle E-Book

Philippe AGRIPNIDIS

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Beschreibung

Dans un ancien monde qui cherche à nous faire croire qu’il n’y a que le pseudo dieu « argent » à vénérer et que seul lui existe, il est temps de démontrer que de nombreuses autres alternatives économiques, sociales, écologiques et technologiques peuvent et doivent exister.


Parmi ces possibilités se situe la nouvelle Cité. Plus qu’une utopie, c’est une ambition. Les sociétés humaines ne sont faites que de conventions et de choix. Pour définir ce qui est important de ce qui ne l’est pas. Et de réaliser ce qu’il convient de faire suivant ces priorités. Mais lorsque ces conventions n’ont plus de sens ni de pertinence ne convient-il pas d’imaginer puis de construire une autre réalité ?


C’est à cette aspiration que souhaite répondre cet ouvrage. Dans le cadre classique de l’exercice de style d’un nouveau lieu idéal, 9 thématiques essentielles sont développées. Ce sont les 9 clefs de l’ouverture des portes de cette nouvelle Cité.


De nouvelles formes d’organisations économiques seront ainsi proposées. Avec notamment un traitement spécifique pour l’acteur principal qui a permis l’existence de celles-ci, à savoir l’argent. Vous découvrirez la solution qui peut tout à la fois enlever les côtés néfastes de ce moyen tout en gardant ses capacités fondamentales. On présentera également une possibilité majeure d’évolution pour la civilisation Humaine, celle des brevets Universels. Les inventions façonnent nos vies au quotidien. Et elles conditionnent nos possibilités. Les améliorer constamment et les diffuser auprès de toutes et tous sont des leviers de transformation et de progrès qu’il nous faut activer au plus tôt.


Ces innovations pourront avoir lieu dans les nouveaux laboratoires. Ils créeront de nouveaux savoirs qui seront exprimés dans une langue Universelle. Qui permettra de les formaliser et de les enregistrer dans une bibliothèque également Universelle. Qui servira de support aux professeurs et formatrices qui exerceront l’art subtil de la nouvelle éducation et enseignement auprès de toutes les tranches d’âges. Cette transmission se fera sur le thème de l’expérience vécue et personnalisée. Il en sera de même dans les nouveaux lieux d’expression culturelles et artistiques.


Car il nous faut d’autres conceptions de l’Art et de la Culture. Notamment pour trouver des suppléants en forme de Biens Communs pour la diffusion des œuvres culturelles et remplacer les musées qui enferment dans un seul lieu restreint ce qui devrait être présent dans toute la nouvelle Cité.


 


Alors venez construire vous aussi votre nouvelle Cité.


 


Pour information, le thème des Brevets a été présenté et développé sous une autre forme dans l’ouvrage spécifique « Les inventions Universelles », paru dans la collection « ALPHAPOLIS » et également disponible dans votre librairie.

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AGRIPNIDIS Philippe

Édition SPHARIS

83 A rue des Alliés 42100 Saint-Étienne France

Copyright © Mai 2022 – AGRIPNIDIS Philippe

Tous droits de reproduction, par quelque procédé que ce soit, d’adaptation ou de traduction, réservés pour tous pays.

Du même auteur :

Les nouveaux Biens Communs. Papier : ISBN 978-2-918651-04-8. Numérique : ISBN 978-2-918651-03-1.

Les inventions Universelles. Papier : ISBN 978-2-918651-13-0. Numérique : ISBN 978-2-918651-12-3

LA CITÉ NOUVELLE

Un lieu singulier

www.alphapolis.org

[email protected]

Illustration de couverture.

Licence Elements ENVATO© par ConceptCafe

ISBN : 978-2-918651-07-9EAN : 978-2-918651-07-9

Propriété intellectuelle

Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L.122-5, 2° et 3°a), d'une part, que « les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayant droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

CONVENANCES GRAMMATICALES & CHOIX

Le présent ouvrage a été réalisé sur la base de choix et de préférences grammaticales. Il est préférable de les présenter avant d’aborder ses contenus.

Mixité :

Comme la lectrice et le lecteur s’en apercevront, il y a parfois un usage du même mot décliné en version féminine et masculine. Cela est volontaire afin de ne pas utiliser uniquement des mots d’un seul type, le masculin. De même, l’accord sur les pluriels, en cas de présence simultanée d’un mot masculin et d’un mot féminin, ne va pas systématiquement sur le masculin. Lorsqu’il y a plusieurs mots cités, c’est le genre qui a plus de représentants qui l’emporte.

Graphie des nombres :

Afin de faciliter la lecture et la compréhension, les nombres, à l’exception de ceux en dessous de 10, seront le plus souvent écrits en chiffres au lieu d’être présentés dans leur orthographe. Ainsi on lira 25 au lieu de vingt-cinq. Ceux en dessous de 10 seront écrits en mots à l’exception d’utilisation dans des pourcentages ou unités de mesure.

Usage du gras et capitales :

Pour mieux faire ressortir les points saillants et les articulations de certains textes, le gras ou les capitales seront utilisés pour les mettre en valeur.

Formulations

Certaines formes d’écritures ou de tournure de phrases sont déclarées incorrectes selon les canons de la bonne grammaire Française. Elles sont cependant utilisées, car l’usage de ce qui est déterminé comme adéquat, heurte les habitudes de lecture que la plupart d’entre nous ont prises. Ou ne facilitent pas la compréhension du texte et des arguments qui y sont déployés. C’est le cas notamment de l’usage du « qui » en début de phrase qui devrait toujours être suivi du singulier. Mais le respect strict de cette règle ne permet pas tout le temps d’identifier facilement quel est ce « qui » dont on parle.

Tels sont les choix qui ont été appliqués dans le texte. Même si l’auteur ne garantit pas d’erreur ou oubli dans l’application de ses choix. Et pour terminer sur ce point, n’oublions pas que la langue d’une nation ou de pays est un Bien Commun. Et que comme tout Bien Commun qui se respecte, elle doit évoluer dans le temps suivant les préférences de la communauté qui l’utilise.

INTRODUCTION

Pourquoi cet ouvrage ?

D’urgence en instabilité, de craquement en effondrement, de Charybde en Scylla, notre monde soi-disant moderne, semble constamment trimballé de problèmes en crises. On pourrait dire que les saisons funestes se suivent. Mais ne se ressemblent pas. Elles s’accélèrent et s’intensifient. Qu’elles soient crises climatique, écologique, énergétique, alimentaire, militaire, ou, tout simplement et tragiquement, humaine, elles s’enchaînent et aliènent l’Humanité. Croire que la répétition et l’intensification des actes économiques et sociaux pratiqués dans l’ancien monde nous permettront de surmonter les obstacles qui vont se multiplier devant nous revient à croire qu’augmenter la hauteur d’un château de sable dans la baie du Mont-Michel va suffire à arrêter la marée d’équinoxe. Les mêmes causes, dans un contexte identique, produisant les mêmes effets, ce n’est pas les recettes de l’ancien monde, qui se dissout et convulse, qui vont permettre de réaliser le nouveau gâteau symbolique à créer et à partager.

Il faut donc, en premier, prendre conscience que les fonctionnements actuels ne sont pas adaptés pour les changements et évolutions en cours. Puis, s’autoriser à souhaiter ce que nous voulons vraiment vivre comme rapports sociaux et humains. Viendra alors le temps des propositions de vrai Nouveau. C’est cette phase qui vous est présentée dans l’ouvrage. Concevoir et imaginer ce qui nous semble non seulement beau et bon à vivre, mais aussi juste et fructueux pour chacun d’entre nous. Enfin, après avoir choisi la gestion de geste au sens Latin, qui nous semble la plus intéressante, nous mettrons au diapason et en œuvre ce plan pour l’incarner dans ce qui sera notre choix libre et profond.

Une nouvelle Histoire

Car si on veut être sûr de vivre une merveilleuse histoire, avec toutes les belles aventures que l’on souhaite avoir dans celle-ci, quoi de mieux que de l’écrire à l’avance ? Quoi de mieux, tel un scénariste de l‘imaginer à l’avance, de trouver des productrices et financiers pour entreprendre la réalisation, de sélectionner les meilleurs acteurs et comédiennes ? Et puis comme lors d’un tournage, de meilleures idées viendront sur le terrain et au fil des évènements. Des connexions inattendues, des meilleurs dialogues, des cadrages et des mouvements de caméra inespérés, mais fructueux viendront enrichir, jour après jour, la trame prévue. Pour le plus grand bien de l’œuvre qui aura été vécue et créée par la communauté qui l’aura décidé.

C’est dans ce cadre que rentre la notion de la nouvelle Cité.

Une Cité Nouvelle

Lecteur et lectrice prendront l’acceptation du mot « Cité » dans son sens antique Grec. Celui d’une ville ; comprenant également des territoires agricoles, forestiers, aquatiques ; ayant une autonomie politique totale. Elle ne dépend d’aucun Royaume ou Empire. Et elle peut s’allier à sa convenance à d’autres Cités. À cette définition, on y ajoutera la notion de démocratie. À la mode Athénienne. Soit une véritable Démocratie qu’on ne confond pas avec un simple droit de vote. C’est voter non pas pour désigner les délégataires des pouvoirs des citoyens, mais pour choisir. Choisir ce qui est décidé. Et le faire appliquer. On retrouve ces notions dans les nombreuses formes de Magistrature ; juridique, militaire, financière… ; que pouvaient exercer les Athéniens. On ne peut espérer faire de nouveaux objets dans des moules anciens. Mais l’esprit et le savoir-faire du forgeron sont à garder. Ce sont eux qui se sont exercés dans ces temps anciens. Il faut les reprendre et les réappliquer à notre époque. La philosophie, si l’on peut dire, des cités Grecques était de permettre à chacun d’être l’acteur de sa Communauté. Pour le plus grand bien de tous *.

Chronologie et séquençage

Le présent ouvrage était originellement destiné à être la deuxième partie de « Les nouveaux Biens Communs ». Qui lui-même devait être le premier de la collection ALPHAPOLIS. Cependant il se trouve que c’est un des sujets de « La nouvelle Cité », en l’occurrence « Les inventions Universelles », qui est sorti en premier avec un développement différent et plus long que son équivalent ici, à savoir les brevets Universels. Cet ouvrage « La nouvelle Cité » étant au final d’ordre plus personnel, il n’est rattaché en aucune manière au site ALPHAPOLIS.org ni à l’organisation du même nom.

Graines et ivraies

Lecteur et lectrice comprendront qu'il se peut qu'il y ait quelques lubies et marottes de l’auteur qui soient présentes dans cet ouvrage. Ils les sépareront facilement des possibles bonnes graines que celui-ci contient en exerçant leurs habituels sens critiques.

Une Utopie ?

À première vue l’usage de ce mot semblerait péjoratif pour parler de l’ambition de la nouvelle Cité. Ne parle-t-on pas d’un objectif inatteignable, d’un rêve improbable, comme d’une utopie ? Comme quelque chose qui ne peut se réaliser ? Pourtant, à ce ressenti, nous pouvons opposer trois arguments.

Le premier, même si l’auteur ne se prétend pas dans les mêmes catégories d’esprits, est de rappeler, qu’après tout, nous cocréateurs et cocréatrices de ce futur souhaité, ne sommes pas en si mauvaise compagnie. PLATON, RABELAIS, Cyrano de BERGERAC (le vrai), VOLTAIRE et tant d’autres ont écrit des ouvrages qui ont montré la voie à cet exercice d’imagination.

Le deuxième point est de rappeler que nous vivons, pour une personne du XVIIIe siècle, du XIXe et même du début du XXe dans un monde complètement utopique. C’était pure folie et donc pure utopie que de croire possible il y a quelques siècles que nous pourrions avoir ; pour la grande majorité d’entre nous sur Terre (mais pas encore pour toutes et tous) ; de l’eau à volonté que l’on puisse boire sans autre traitement et en restant chez nous. Que l’on puisse vivre chez soi en pleines lumières, pour des coûts modiques et sans avoir à changer de chandelles toutes les quatre heures. Que l’on puisse réchauffer des aliments. Que l’on puisse les faire refroidir. Qu’on puisse les garder des semaines et des semaines sans craindre qu’ils ne soient dévorés par des animaux nuisibles. Que l’on puisse parler à des personnes sans être en face d’elles. Et même les voir à distance. Que l’on puisse avoir des moyens de déplacement individuels autres que le cheval. Ou collectif différent que le carrosse, pour être en quelques heures, dans une autre capitale que celle de son pays. Sans parler de l’exploration du fond des mers ou de la conquête spatiale. Tout ceci n’était qu’utopie d’hier. Mais est réalité d’aujourd’hui.

Il en sera de même pour la nouvelle Cité. Des pistes sont indiquées, des graines proposées à la plantation et un terrain favorable indiqué, celui d’un nouveau territoire symbolique où l’on part de zéro en ayant dans la tête et le cœur ce que l’on veut y vivre.

Et en troisième point, il convient de rappeler que l’ouvrage qui a donné le nom à ce type de vision sociale, économique et politique « L’Utopie » de Thomas MORE, n’a pas toutes les vertus que l’on pourrait lui prêter pour construire la nouvelle Cité. Pour deux considérations. Si « utopie » signifie « sans lieu, sans localisation, nulle part », l’aspiration de la nouvelle Cité est d’être en fait partout sur Terre. En plusieurs exemplaires. Ou que la Terre soit une gigantesque nouvelle Cité représentative et garante d’évolutions humaines et sociales. Et Thomas MORE, qu’il convient de ne pas blâmer, car tout créateur est aussi façonné par le contexte de son époque, avait inclus comme soutiens et piliers indispensables du fonctionnement de sa société parfaite, des… esclaves. Bien évidemment ceux-ci étaient chargés des pires et plus basses besognes pour le plus grand bien de leurs Maîtres qui pouvaient jouir des fruits d’un monde merveilleux. On ne serait être à même d’en faire autant…

Il faut replacer cette proposition dans le monde de MORE pour bien appréhender que cela lui semblait être, et de loin, la meilleure solution pour autoriser son idéal à pouvoir fonctionner. Or, dans la nouvelle Cité, il n’y aura que des êtres libres et créateurs. Et en tant que fruit du croisement de l’imagination et de la volonté, elle sera bien une « utopie » devenue concrète pour façonner une nouvelle réalité.

Viens, je t’emmène

Car croyez-vous que nous vivions dans le meilleur des mondes ? Ou qu’il n’y a qu’un seul ? Mais il a bien presque une infinité de variations possibles dans le social et l’économique ! Pour en avoir une petite idée, il suffit d’entrouvrir un livre d’Histoire sur n’importe quelle période avant la seconde moitié du XXe siècle. Que ce soit des régimes politiques, des modes de répartition des biens créés, des lois choisies ou décidées, malgré les absences actuelles d’éléments de mémoire (livres ou monuments) sur les temps très anciens de l’Humanité, il y a déjà sur les trois derniers milles années des multitudes formes d’organisations collectives autres que celle qui est dominante en ce moment. Et qui apportèrent de la prospérité, adaptée à l’époque, et du bonheur. Et surtout donnaient du sens à la vie humaine. Une telle ambition et esprit sont possibles d’atteindre à nouveau. Plusieurs autres mondes sont possibles. Il est nécessaire d’en choisir un. Et de le sculpter.

Comment le réaliser ? Et comment le trouver ? Nul besoin de terrier de lapin à franchir en rampant. La solution n’est pas en dessous de nous. Mais en nous. Dans notre cœur. Par nos souhaits, par nos volontés, par nos énergies, par nos imaginations.

Une nouvelle Cité ou des nouvelles Cités sont bien possibles. Et souhaitables.

Voire même, pour répondre harmonieusement aux soubresauts de l’ancien monde qui va enfanter du vrai Nouveau, elles sont peut-être inéluctables…

Mais juste avant de voir en quoi elles pourraient consister, nous allons présenter les liens existants entre Civilisations et Biens Communs.

* Note : Et hélas pas de toutes. Ni de même tout le monde. Car à l’époque, la démocratie Athénienne ne comptait pas comme citoyens ceux qui étaient des esclaves, ou des étrangers. Et encore moins les femmes, quelle que soit leur catégorie sociale. Cependant, ce qu’il faut retenir c’est le fond de l’esprit. Celui qui voulait le meilleur pour ceux qui étaient considérés comme le peuple et les citoyens. Même si cette définition était très restreinte.

SINGULARITÉS & CIVILISATION

QUELS SONT LES LIENS ENTRE BIENS COMMUNS ET CIVILISATION ?

Rappel synthétique des caractéristiques des Biens Communs

Ceux-ci vont constituer l’architecture des nouvelles Cités. Elles reposeront sur eux pour le meilleur fonctionnement possible pour l’ensemble des membres de la Communauté. À la fois fondations, premières pierres, murs, ogives, pierres de voûtes, ils seront les vaisseaux sanguins irriguant tout le corps social et économique de la Cité. Ils sont donc constitutifs et indispensables à celle-ci.

Dans l’ouvrage « Les nouveaux Biens Communs », les caractéristiques et capacités principales des Biens Communs ont été exposées. Et parfois développées plus en détail. Cependant, il est possible d’en résumer les points saillants en cinq formulations.

Une présence remontant au début de l’Humanité

Plus les prospections archéologiques dans le passé, lointain pour nous ; quatre à dix mille ans avant notre ère, mais très proche à l’échelle de l’Homo Sapiens ; se font et plus le faisceau croisé des découvertes qu’elles nous amènent nous éclairent sur les organisations sociales et économiques du passé. Plus on remonte dans le temps et plus le collectif semble avoir été la règle des comportements en sociétés humaines. La notion de mise en commun était non seulement la référence mais, sans doute, le « moteur » social qui a permis les innovations de tout type, qu’elles soient techniques ou de vie en société. Cette capacité d’accélérateur de niveau de vie des Biens Communs est une constante de leurs capacités. A toutes les époques.

Ils ont une présence Protéiforme

En tout premier il faut établir que les Biens Communs ne sont pas uniquement ce que l’on appelle des Biens naturels comme l’eau, l’air, de la terre, des ressources minières ou énergétiques. Si ces formes-là ont été les premières utilisées et reconnues par les communautés humaines, elles n’en sont pas les seules. Un Bien Commun peut être culturel comme une œuvre tombée dans le domaine public ou le patronyme de « grands » noms de femmes et d’hommes d’un pays. Mais ils peuvent aussi être juridiques comme des possessions d’équipements ou de structures économiques. Et, depuis une cinquantaine d’années, ils peuvent revêtir l’aspect de Biens numériques. Même si ce dernier état de capacité ne semble pas avoir encore été très intégré dans les réflexions des cercles politiques actuellement décideurs…

Ils sont sublimés par le Numérique

Comme on vient de le voir, non seulement, ils peuvent être sous cette forme. Mais ils peuvent même en tirer le meilleur parti. Et dans certains cas, le Numérique permet par ses ressources et pouvoirs de proposer des Biens Communs qui ne pouvaient pas exister sans cette technologie. Ou alors à des échelles moindres. On peut mettre dans cette catégorie le Bien Commun de la comptabilité numérique Nationale. Ou celui de la gestion des subventions aux entreprises tels qu’ils ont été décrits dans l’ouvrage « Les nouveaux Biens Communs ».

Adaptés au futur

Devant la perte de sens de la poursuite d’une croissance à tout prix ; et qui est grandi dans cette expansion ? ; sans considérations pour l’Humain, l’Humanité, le social et la Terre, il va falloir adopter d’autres systèmes de créations et de répartitions des biens et services. Les déséquilibres, les manques, les fuites en avant sont tels qu’ils ne peuvent être palliés et corrigés que par de nouveaux mécanismes. Ils seront à l’œuvre et l’œuvre des Biens Communs qui seront déployés dans les nouvelles Cités pour une meilleure civilisation. Car les deux sont, telles des particules quantiques, intriqués entre eux.

L’importance des Biens Communs pour une Civilisation

Car ce point a aussi été développé dans « Les nouveaux Biens Communs ». Mais si on devait synthétiser en deux concepts l’approche qui en a été proposée, ce serait d’affirmer, dans la droite ligne du premier point abordé plus avant sur la notion de vaisseau sanguin, que :

Sans Biens Communs il n’y a pas de Civilisation

Et plus une Civilisation a des Biens Communs développés, évolués, puissants, pertinents, plus cette même Civilisation, pour la majorité de sa population est d’un niveau développé.

On comprend bien ainsi l’imbrication entre les deux sujets. Et la logique, évidente, mais pas encore mise en œuvre, de développer au mieux et de partout, les Biens Communs. Et comme il convient de donner l’exemple, l’ouvrage a pour objectif de proposer un départ symbolique dans un endroit tout aussi symbolique, celui de la nouvelle Cité, à cette ambition d’implémenter les premières graines de nouvelles formes d’organisations économiques et sociales.

Mais alors qu'est-ce qu'une Civilisation ?

Puisque la création de la nouvelle Cité est par essence un travail collectif, il est important de décrire ce qu’est une civilisation pour avoir une définition partagée. Donc s’il faut un énoncé le plus court, le plus compréhensible et le plus large possible pour couvrir tous les types de civilisation, on peut proposer la structuration suivante :Une civilisation est un choix de valeurs humaines configurant un contexte social, économique, culturel, spirituel et éducatif.Ces valeurs sont basées sur des « croyances » ou des choix sur chacun des champs concernés, elles-mêmes conditionnées par les ressources et les connaissances disponibles. Ces croyances définissent des priorités et des hiérarchies de valeurs.

À ce stade, il convient de préciser que le mot « croyances » est pris au sens large du terme. Cela peut être des croyances économiques, sociales, religieuses, humaines, philosophiques, scientifiques. Même ne pas croire est croire en ne pas croire. Nous utilisons ainsi le mot « croyance », car tant que le stade de la connaissance ultime et absolue n'est pas atteint, il n'y a pas de certitude sur quoi que ce soit. Nous le constatons tous les jours avec les différentes évolutions ou théories scientifiques qui complètent souvent les anciens savoirs, mais parfois les contredisent totalement. Ce qui était vrai la veille ne l’est plus le jour même. Et ce qui est vrai en ce jour ne le sera pas forcément demain.

Les valeurs des Biens Communs influencent les Civilisations

Or, cette même notion de croyances s’applique également aux Biens Communs. Même si leurs « apports », économiques et sociaux, sont indéniables, la détermination de les mettre en application repose sur des choix de valeurs qu’ils sont censés contenir.

Ainsi, ils sont basés sur des « croyances » : Importance de l'humain, de l'acte de création, de partage, on récolte toujours ce que l'on sème, ne fait pas à autrui ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse, la possibilité d'abondance dans le respect de la nature, etc.

Car les Biens Communs sont un choix de valeurs humaines concernant la création et la répartition des ressources.

Ils hiérarchisent des valeurs humaines (la création va avec le partage, possession commune des ressources naturelles, etc.).

Ils sont aussi des savoirs sur un type d'organisation économique et sociale.

Et ils se transmettent par l'éducation. Et l'expérience.

Voyons maintenant la notion de singularité.

Qu'est-ce qu'une singularité civilisationnelle ?

Une singularité civilisationnelle est une invention, innovation, technologie, processus, fonctionnement permettant de dépasser un point, un seuil amenant cette même civilisation à un « niveau » supérieur. « L’outil » permettant cette rupture autorise et réalise comme un basculement dans une autre dimension économique, sociale, culturelle. Potentiellement, même si les vitesses d’appropriation et de possibilités d’usage de l'outil ne sont pas les mêmes pour tous les membres de la communauté, chacun est en mesure théorique de profiter des avantages de cette évolution. Une singularité civilisationnelle amène de nouvelles capacités et potentialités aux êtres humains de celle-ci. Ce qui augmente également les formes de « liberté » dont peuvent bénéficier ces personnes. On peut récolter plus pour la même quantité de travail. On peut récolter du meilleur. On peut plus produire. On peut produire plus résistant. On peut produire plus grand. Comme écrit plus avant, on peut voyager plus loin, plus rapidement ou on peut avoir de la lumière chez soi sans bougies. Et on peut avoir des appareils, des équipements qui font votre travail à votre place. La liste est sans fin des nouvelles possibilités qui sont offertes par ces « entrées » dans un nouvel espace créé par une singularité.

Ainsi en résumé, on peut donner une définition plus concise en formulant la phrase suivante :

Une singularité civilisationnelle est une invention, accessible à terme, à tous les habitants de la terre, qui fait passer leurs vies de tous les jours dans une autre dimension humaine, technologique, économique, sociale et culturelle.

Car une singularité civilisationnelle est fondamentalement une rupture, une avancée, une percée par rapport à ce qui existait précédemment. Non pas tant seulement au niveau des performances où celles-ci seraient soudainement accrues par la singularité, mais par la création, la découverte d'un nouveau champ de savoirs sur des domaines inconnus et/ou inexplorés qui apparaissent dans l'existence humaine. Champs qui viennent avec de nouveaux outils qui découlent de ces savoirs ou qui les ont engendrés.

Citons quelques exemples très simples, dans une courte liste volontairement tronquée, pour mieux faire comprendre et appréhender ce qu'est une singularité civilisationnelle.

Découverte de la reproduction à volonté du feu

Invention de la métallurgie

Invention de la poterie

Invention de la charrue.

Invention du bateau

Invention de la démocratie

Invention du système des actions

Invention de la machine à vapeur

Invention de l'électricité

Invention du moteur à explosion

Invention du télégraphe

Invention du téléphone

Invention de l'informatique

La caractéristique commune de ces singularités c'est qu'elles créent, potentiellement, une nouvelle qualité de vie des êtres humains. Le quotidien passe dans une nouvelle dimension.

Une singularité civilisationnelle entraîne vers le haut et le meilleur toute l'humanité avec elle.

On voit ainsi l'importance « stratégique » des singularités civilisationnelles.

Les conséquences de l'importance des singularités pour l'Humanité.

L'Humanité devrait s'organiser pour faciliter la multiplication et les éclosions de celles-ci. Cela pourrait être (et sera) un objectif partagé par toutes les nations du monde. Avec des discussions, des échanges et des propositions de méthodes, de tests, de recherche fondamentale, etc.

Car si le meilleur moyen de la faire progresser est de créer des singularités, alors organisons-nous pour les avoir au plus tôt. Dans des endroits spécifiques, comme les nouvelles Cités. Puis, après expérimentations et validations, en les répandant sur la surface du globe.

Pour ce faire, il faut apprendre à capitaliser, ce sera bien le mot, sur les conditions de succès de certaines singularités. Et ce afin de pouvoir les mettre en place pour faciliter l’apparition de nouvelles évolutions civilisationnelles. La partie lois et Droit joue un rôle décisif dans celles-ci.

Il faut trouver une singularité juridique pour mettre en place les autres singularités !

L'essor du capitalisme et du libéralisme est dû à différents ressorts et mécanismes. Parmi ceux-ci, deux des plus importants, deux des clefs de la réussite du capitalisme ont été d’une part l'irresponsabilité financière des entrepreneurs. Et d’autre part le soutien financier public, par les moyens de la collectivité, aux activités privées.

L’irresponsabilité en tant qu’avancée juridique a permis, à juste raison, en découplant (pour les actionnaires) la faillite économique de la faillite personnelle sur leurs propres biens, d'enlever tous les freins potentiels au montage d'une activité économique du type du marchand Vénitien du Moyen-âge qui perdait tous ses biens et possessions suite au naufrage de son navire de commerce. Cela a grandement facilité la vie des affaires. Et a permis la mise sur pied de plusieurs sociétés pour le même entrepreneur. Le fait pour la « société » au sens d'organisation d'une nation de ne plus sanctionner définitivement le « perdant » déstresse les potentiels entrepreneurs et permet, mécaniquement, une plus grande naissance de projets. Il faut obtenir ce découplage pour la mise en place de Biens Communs. En leur permettant, entre autres, d'être financés autant de fois qu’il soit nécessaire. Et de pouvoir être soutenu en permettant le test de plusieurs formules et approches différentes avant de trouver le bon réglage. Il a fallu plus de quatre-vingts ans entre la découverte du minerai d’aluminium et sa production vraiment industrielle. Alors que c’est le minerai le plus présent sur la surface du globe. Il en sera de même pour les nouveaux Biens Communs et la nouvelle Cité. Il faut donner du temps au temps. Et des moyens nécessaires aux découvertes et améliorations.

L’autre apport, souvent passé sous silence, c’est l’immense soutien, quasi constant et sans faille qui a été apporté aux entreprises privées par l’état ou les administrations de tout type de niveau de découpage territorial. Que ce soit par des aménagements d’infrastructures, notamment les routes, des cessions de terrains à prix « d’ami », des prêts dont le remboursement pouvait être délayé ou dissous, voire des subventions sans aucune contrepartie, les apports, soutiens, « cadeaux » par les détenteurs de la caisse commune obtenus par le paiement de taxes et impôts de la communauté de ceux qui les payent, ont représentés des centaines de milliards sur le siècle précédent. Centaines de milliards qui ont profité à une poignée de personnes. Dont parfois certaines ne sont même pas ressortissantes du pays qui a fourni le soutien. C’est cet accompagnement fervent et permanent qu’il faut aussi obtenir pour les Biens Communs. Les ressources du collectif doivent aller au collectif.

C'est ce type de mécanisme qu'il faut trouver pour créer et/ou accélérer les nouvelles singularités qui vont être les moteurs à fusion des nouvelles Cités.

On voit ainsi mieux les liens et intrications théoriques entre les Biens Communs et Civilisations. Et on comprend mieux la lente progression de la sophistication de ceux-ci. Comme indiqué précédemment, les Biens Communs les plus évidents, les Biens naturels, ont été mis en œuvre au début de la civilisation humaine. Comme pour l'exploitation du premier métal, le cuivre natif, présent à fleur de sol. Le plus facile est toujours exploité en premier. Et au fur et à mesure, on a su faire des métaux de plus en plus sophistiqués et compliqués (cf. aluminium). Il faudra faire pareil pour les Biens Communs. Jusqu’à arriver à créer ceux qui auront des capacités à faire basculer notre civilisation dans une dimension supérieure. Ce seront alors des singularités civilisationnelles. Qui peupleront et permettront le fonctionnement de nouvelle Cité.

Alors, avant de voir neuf propositions de singularités dans le chapitre intitulé « La Nouvelle Cité »., quels pourraient déjà être les équipements mis en Bien Commun qui auraient le potentiel d’être des précurseurs et facilitateurs de nouvelles formes de vie sociale et économique ?

LES NOUVEAUX ÉQUIPEMENTS

Le premier outil : les nouvelles et futures imprimantes 3D

Les nouveaux Biens Communs équipant la nouvelle Cité seront des outils collectifs puissants et partagés. Ce sont de ces instruments dont nous devons favoriser l'usage. Et pour ce faire, nous devons accélérer et faciliter leur invention, leur diffusion et l'augmentation de leurs capacités. La technologie dite d’imprimante 3D rentre tout à fait dans ce cadre. En quoi consiste-t-elle ? Sans rentrer dans une définition technique, ce type d’équipement produit des nouveaux objets, au sens large, par une addition de fines couches, les unes sur les autres, de matériaux chauffés ou quasi liquides par différents procédés, qui durcissent lors d’une phase dite de séchage. Au début du procédé, on parlait d’imprimante 3D pour des techniques de production qui consistaient à ajouter de fines couches de « poudres » sortant de têtes d’impression de type jet d’encre. Les couches se solidifiant peu à peu pour permettre le dépôt d’une couche supplémentaire au-dessus de la précédente. On emploie maintenant le mot « imprimante 3D » pour des méthodes de fabrication qui ont dépassé le stade de la simple utilisation de poudres. Voyons justement quelles sont quelques-unes des possibilités actuellement utilisées.

Quelques exemples de réalisation

La première utilisation avec les poudres a permis de tracer le chemin des possibles. Mais l’approche par des têtes d’impression basées sur des jets d’encre a montré quelques limites. Elles ont été dépassées, notamment par la technique des fils polymères de plastique. Maintenant, la vision d’une imprimante 3D évoque surtout, et presque exclusivement, une petite machine posée sur une table, capable de réaliser, à partir d’un fil plus ou moins chauffé, déposé couche par couche, une production d’un petit objet plastique. Mais les nouvelles perspectives de la technologie ne s’arrêtent pas à cette vision.

On peut désormais presque tout fabriquer avec une imprimante 3D. À des échelles bien plus grandes qu’un petit objet de décoration. Dans ce domaine, on est passé à l’impression de vases et même de chaise. On s’est affranchi depuis plus de 10 ans de la contrainte de procéder couche par couche, par l’utilisation de nouveaux thermopolymères pouvant plus se déformer et dépasser les contraintes d’empilement sur des géométries de type 2D plutôt que vraiment 3 D.

On a surtout pu utiliser d’autres matériaux que des dérivées plus ou moins proches du plastique. On a pu utiliser du métal (acier, cuivre, titane, aluminium…), de la céramique, de la résine, mais aussi du sable, du béton et même des… produits alimentaires.

Les autres équipements de production collective

Ces nouveaux équipements ne s’arrêtent pas à l’imprimante 3D. Il y a également l’équivalent de la fraiseuse numérique et d’une manière générale tout ce qui tient de la machine-outil à commande numérique dite CNC ou Computer Numerical Control en anglais. Quel est le principe de base du premier élément énoncé, la fraiseuse ? À l'inverse d'une machine à impression en 3D qui ajoute des couches lors de la réalisation de la pièce fabriquée, la fraiseuse numérique enlève plutôt de la manière pour permettre de créer des objets en travaillant divers matériaux comme le bois, le métal ou le plastique. Dans le même ordre d’idée, les équipements de type CNC peuvent trouer ou couper. D’autres vont pouvoir aussi prochainement souder des parties entre elles.

C’est par l’utilisation conjointe de ces nouveaux équipements que nous allons pouvoir réaliser des objets de tous les jours ou des réalisations exceptionnelles.

Les potentiels de la technologie

N’oublions pas que celle-ci repose, outre sur les composants permettant « d’imprimer », sur du numérique. Et tout ce qui est numérique peut donner lieu à des variations infinies. Capable de s’adapter à toute variation voulue ou recherchée. Dans le cadre de la personnalisation par un algorithme de production, citons la vision par François BRUMENT, initiée en 2008, d’un dispositif numérique couplant l’enregistrement d’une voix humaine et l’impression en 3D d’un vase correspondant à celle-ci. En donnant une largeur plus ou moins grande suivant la puissance du son émis par une personne et plus ou moins haute en fonction de sa tessiture, grave ou aiguë, chaque vase sera entièrement spécifique à chaque individu utilisant le dispositif. On n’est plus dans le cadre d’une production industrielle, mais artisanale, avec une personnalisation absolue. Ce qui démontre qu’un Bien Commun contrôlé par la communauté (l’imprimante 3D adéquate et le logiciel de transcription) peut servir à produire des objets adaptés à chaque membre de celle-ci.

Toujours par le numérique, l’imagination des concepteurs peut se réaliser concrètement en de nouvelles formes, inédites et surprenantes, que les machines 3D permettent par le biais de leur couplage à des fichiers de conception numériques également en 3 D.

Des principes d’utilisation d’imprimante 3D par l’angle des Biens Communs

Quels que soient la taille et le type de production à réaliser, on peut convenir que les méthodes d’utilisation des imprimantes 3D et équipements assimilés en mode Bien Commun, se feront toujours par les points suivants. En totalité ou partiellement :

Propriété par la communauté de l’équipement.

Mise à disposition aux utilisateurs suivant des règles établies, transparentes, formalisées et identiques pour tous. Que ce soit des créneaux horaires d‘utilisation, soit des demandes d’utilisation au gestionnaire (personne déléguée ou collectif). Les demandes pouvant être jugées sur différents critères comme le nombre de personnes impliquées et l’utilité économique, sociale, écologique de la création à imprimer.

Existence d’organisme de surveillance de l’utilisation. Que ce soit sur l’utilisation du matériel ; on ne casse rien, on nettoie, on rend après utilisation un outil productif ; ou que ce que soit pour la conformité de la production à la demande d’utilisation (on déclare un projet A, ce n’est pas pour faire le projet B).

Existence d’un organisme d’entretien de l’équipement.

Existence d’un organisme chargé de la planification du remplacement du Bien Commun. Et de la récupération d’un budget ou moyen financier permettant ce changement.

Suivant la taille et structure du Bien Commun, certains de ces postes peuvent être remplis par une même personne. Quitte à ce que cette fusion de fonctions change d’individu régulièrement. Les initiatives d’habitat participatif qui commencent à se développer sont tout à fait à même, et peut-être les plus adaptées, à utiliser ce type d’équipement commun pour concrétiser leurs projets. Et qui plus est dans des temps très courts entre les plans techniques et la mise en place sur le terrain.

Ainsi, les bases étant maintenant posées, nous pouvons aborder les potentiels d’utilisation de la technologie.

Donnons une nouvelle dimension aux imprimantes 3D

Dans ce type d'outil, les imprimantes 3D, au sens très large, comme vu précédemment, polymère, plastique, métal, béton, alimentaire, et autres à venir (textiles, biologiques…), sont les instruments CLEFS de la mise en place de la nouvelle civilisation. C'est pour cette raison que nous devons apporter à leur conception la plus grande concentration et énergie. Et dans la conception, la notion d'usage sous forme de Bien Commun doit devenir primordiale. Nous devons orienter et centrer ces usages dans la direction du collectif et de l'autonomie locale.

Car nous ne changerons pas de civilisation en continuant à développer des imprimantes, 3D ou assimilés, à usage principalement personnel dont l'objectif unique semble être que chacun puisse réimprimer en 3D le lego® manquant de son vaisseau spatial type faucon millénium® de collection. Nous devons sortir de l'idée où chacun d'entre nous s'équipe de sa propre imprimante pour en faire un joujou, qui, une fois tous les 36 du mois, sert à produire une vis perdue d'un meuble aux origines scandinaves.

Nous devons demander et soutenir le développement d'imprimante 3D servant d'outil stratégique à la mise en place de Biens Communs au niveau local. Ce qui implique que ces imprimantes 3D changent triplement d'échelle.

1. Une envergure supérieure. En quantité. En qualité.

L’équipement va devenir un usage pour un immeuble, une rue ou un quartier.

2. Un mode de propriété collective. 

L'imprimante étant réservée à des adhérents, membres d'associations, citoyens, etc. Elle est non dédiée au profit et personne ne contrôlera seul la propriété.

3. Des capacités plus larges dans les matériaux utilisables. 

Ces matériaux seront à terme de tous les types actuellement disponibles en industrie et en prototype de laboratoire. Et d’autres dont on n’a pas la moindre idée.

Pour ce faire, l'établissement de normes et de compatibilité pour que les plans, designs, fichiers soient partagés (avec une juste rémunération des auteurs, impliquant, si nécessaire des mécanismes de protection d'usage sans rétribution si les auteurs le décident) est aussi une priorité d'action.

Les modèles d'impressions doivent être créés et partagés à l'échelle mondiale. C’est l’approche globale. L'impression en elle-même doit être faite à l'échelle locale.

Ceci est typiquement représentatif de l'esprit des nouveaux Biens Communs implémentés dans une nouvelle Cité où les savoirs sont partagés entre tous, à une échelle universelle. Et où la réalisation se fait une échelle humaine, au niveau local, par des acteurs du territoire pour le bénéfice des personnes vivant sur place. Nous devons, dès maintenant, imaginer des Imprimantes 3D dans ces nouvelles échelles et dans cet esprit. Des imprimantes avec la capacité de créer les objets de notre futur monde moderne responsable avec une forte durabilité des objets et une capacité de totale de recyclage des éléments créés. Des imprimantes 3D pouvant produire des morceaux de carrosserie, quel que soit le matériau (carbone ou métal…) de nos futures voitures écologiques, les pièces de moteur qui propulseront celles-ci, les morceaux de nos réfrigérateurs, les fours, les meubles, les écrans de nos téléphones, nos vêtements, etc. Tout objet du quotidien devra être possiblement imprimable par ces outils partagés. Cette capacité est vitale pour la mise en place de cette nouvelle civilisation qui est possible si nous la souhaitons au fond de nos cœurs.

Il faut donc passer de la capacité à créer des pièces de lego® à travers sa propre petite imprimante, à dépasser l'ego, pour pouvoir aller au collectif puissant dont chacun tire avantage et bénéfice. Et quels seraient ces avantages ?

Les nouvelles utilisations mises au service des Biens Communs

La première de ces productions serait la réalisation de bâtiments, destinés aux logements, individuels ou collectifs, ou à des activités spécifiques. Tous les exemples actuels que l'on pourrait citer dans ce domaine, comme l’impression au Mozambique, en 2021 d’un hôtel de 22 bungalows imprimés par le biais de l’impression 3D, vont vite être obsolètes au fur et à mesure des améliorations techniques.

Il faut se projeter sur leurs évolutions et comprendre qu’à terme, une collectivité, une communauté pourra posséder un équipement de ce type qu’elle utilisera au fur et à mesure de besoins et choix pour créer de nouveaux logements ou en remplacer des anciens. On sera alors dans un autre mode de fonctionnement. Une fois l’équipement possédé, l’impression en 3D de maisons ou autres ; au sens de murs, planchers, plafonds, toits ; se fait par l’ajout de béton (ou autre matériau, existant ou à découvrir) et l’injection d’un fichier numérique comprenant les formes de la maison. Il restera encore l’aménagement intérieur de la structure, gaines, câbles, peintures et autres travaux, mais le gros œuvre aura été fait. En pouvant travailler sept jours sur sept et 24 heures sur 24, à condition d’avoir le matériau (béton ou assimilés) toujours à disposition pour l’impression.

On change d’échelle de capacité de production. Et d’échelle de temps nécessaire. D’autant plus que la pose des gaines et câblages peut se « préparer » dans la conception des murs. On peut alors les incruster dans des emplacements tout préparés. Il ne resterait plus alors que la pose d’éléments isolants et les surcouches décoratives par-dessus. Ce qui accentuerait cette « révolution » avec la création d'habitations imprimées en quelques semaines au lieu de mois. Tout ceci reposant, pour les plans d’architecture, sur des formats numériques ouverts et libres, pour être ; ce qui ne veut pas dire forcément gratuitement ; partagés et améliorés par tous.

Car dans l'optique des valeurs morales et éthiques des Biens Communs où l'humain est mis en avant et privilégié, il faut pour ce type de projet, laisser de la place à la liberté de design par les propriétaires. Et aussi ouvrir, par ces formats normalisés, la voie à des échanges de plans et de savoirs. Et de prévoir également la participation d'amis ou autres (communauté) lors de la mise en place de l'impression 3D. Il y aura ainsi une nouvelle forme de construction de sa maison où on retrouvera les valeurs de partage et d’entraide dans une communauté. Un peu à l’image du mouvement des castors, coopératives de construction en France avec son apogée dans les années 1950 et 1960. Chacun se donnant assistance mutuellement à tour de rôle pour réaliser sa propre maison. Maison qui pourrait aussi être un bâtiment d’habitation. Qui en se multipliant donne lieu à un quartier. Qui donnera lieu à une nouvelle Cité, une « ALPHAPOLIS », dans différents endroits de la Terre.

À table !

Une autre évolution est la production de nourriture par des imprimantes 3D, très spécialisées. Outre l’aspect qui peut sembler un peu ludique ou superfétatoire, après tout il y a le concept de cuisine et de ses instruments pour faire à manger, il y a un vrai double intérêt à utiliser à terme, mais pas forcément tout le temps, ce type d’équipement.

En premier, il y a la réalisation pour le collectif, une petite communauté, d’une quantité importante de plats à manger. Encore une fois, il faut sortir de sa tête que la notion d’imprimante 3D est égale à un petit équipement sur un bout de table. Les nouvelles imprimantes à venir vont avoir des tailles et des capacités très supérieures à celles que nous connaissons actuellement. Elles auront donc des capacités de création d’une ampleur qu’on peut difficilement imaginer au moment où ces lignes sont écrites. Et ces nouvelles capacités consisteront à pouvoir faire à manger à des centaines de personnes en un temps très condensé. Et avec, si ce n’est une qualité digne d’un restaurant trois étoiles, aux moins très correctes voire avec des petites saveurs. Et si le mot imprimante 3D vous semble peu ou pas adapté à cette notion de mécanisation de création de nourriture, vous pouvez utiliser le terme de « robots cuisiniers autoalimentés » à la place. Le fonctionnement et les impacts en sont les mêmes.

Outre la capacité de grande production, en deuxième point, ces nouvelles imprimantes ou robots pourront réaliser des plats ou nourritures suivant des cahiers des charges très particuliers et stricts sur l’absence et la présence de certains aliments. Pour les absences, il s’agira de s’assurer qu’aucun élément susceptible de créer un choc allergique dit anaphylactique (arachide, fruits de mer, fruits…), potentiellement mortel pour la personne, ne puisse être inclus dans le plat. Pour la présence, cela permettra d’incorporer certains aliments recommandés pour certaines situations sanitaires (que ton aliment soit ton premier médicament aurait dit HIPPOCRATE, précurseur de la médecine occidentale). Cela peut se concrétiser par la présence de certains éléments très précis, comme certains fruits ou légumes. Mais à terme, cela pourra aller jusqu’à l’injection de compléments alimentaires, assimilables, par le corps, comme des oligo-éléments (zinc, magnésium…) ou des vitamines directement dans les réalisations.

Il est bien entendu, mais il est toujours utile de le préciser, que ce type de préparation des repas n’est pas destiné à être l’unique ou le meilleur. Il est cité pour illustrer comment la propriété et l’utilisation collective de ces équipements peuvent amener de nouveaux services sociaux et économiques.

Enfin, un autre domaine qui commence à s’esquisser en ce début de décennie 2020 est la production par ce type d’imprimante, de tout ce qui concerne la biologie. Que ce soit des médicaments, des vaccins, voire carrément de la peau ou des organes. La première imprimante à tisser de la peau à partir de cellules d’une personne (pas de risque de rejet de greffe) existe déjà. Ce qui semblait ou semble encore science-fiction sera sans doute réalité dans peu de temps. Et déjà, en ce qui concerne la possession par une communauté d’une imprimante pouvant fabriquer des médicaments (encore une fois, dépassons la notion et vision de la petite imprimante 3D posée sur un coin de table), qui de plus pourront être très personnalisés, on voit à quel point cela changerait le fonctionnement actuel de la fabrication et délivrance de médicaments.

La réalisation d’imprimante à organes ou bouts d’organes sera plus compliquée à réaliser. Et cela nécessitera d’autres compétences. Ne serait-ce que pour l’implantation de ceux-ci dans un corps humain. Entre « imprimer » des médicaments à partir de plans numériques reçus depuis un réseau commun de partage. Et réaliser une transplantation chirurgicale, on n’est pas au même niveau de complexité. Néanmoins, de tels équipements doivent être tournés et destinés à la collectivité. Si celle-ci trouve leur production éthique et compatible avec leurs normes.

Il faut dès lors concevoir et avoir des machines pouvant avoir une grande envergure de capacités. Ces potentialités vont permettre des multi-usages où l’humain et la collaboration entre humains va non seulement être possible, mais en sera même recherchée comme une finalité. À terme, la combinaison de l’usage de plusieurs « nouvelles » imprimantes permettra tout à chacun de créer l’entièreté de tous les objets dont on a besoin au quotidien. Fourchette, assiette, chaise, meuble. Ainsi que tous les types d’équipements d’électroménagers. Tout sera entièrement productible à l’échelle locale à l’exception des objets qui sont vraiment les plus à la pointe de la recherche humaine et pour lesquelles la transmission de savoir-faire et d’équipement ne peut se réaliser à l’instant T. C’est le cas des microprocesseurs. Mais pour tout le reste, il n’y a aucune raison que chacun d’entre nous ne produise pas en local ce dont il a besoin.

On retombe sur le concept d’outil convivial, développé par Ivan ILLICH, au sens d’outil à vivre, à pratiquer avec d’autres personnes. Mais dans le cadre des Biens Communs, on peut aussi, et malgré tout, lui donner un sens d’ambiance agréable, sociable et aimable !

Tous ces nouveaux équipements et leurs capacités sont déjà en prémisses ou en émergences. Tout ceci va venir et nous devons orienter leurs usages dans des cadres collectifs pour redonner la priorité à l’humain. Mais cela ne suffira pas. Il nous faut, si ce n’est concevoir dès maintenant de A à Z des Biens Communs créateurs de singularités, imaginer au moins les champs d’apparition les plus féconds, et les plus stratégiques, de ceux-ci.

Quels pourraient-ils être ?

Note : La différence entre robots et équipements numériques.

Il serait assez possible et facile de confondre la nature et le but entre ces deux grands types de matériel, les équipements numériques et les robots. Après tout, ne sont-ils pas tous les deux au service de l’être humain ? Il y a cependant une très grande différence de fond. Les équipements n’ont pas d’autonomie, de décision, de production et d’actions. Ils ne décident pas par eux-mêmes de faire telle ou telle tâche en commençant par telle action concrète plutôt que telle autre. Ils suivent un plan, un fichier numérique. Le plan a été choisi par l’humain. Et l’équipement applique le plan. Alors que le robot, par rapport à une mission globale (assure-toi que le sol soit balayé, que tel colis arrive à tel endroit, etc.) à une double autonomie de choix et d’opérations.

Et c’est dans le cadre de cette différence que les équipements numériques sont, pour l’instant, bien plus appropriés et adaptés que les robots à la mise en place de Bien Commun. En effet les équipements vont réaliser des choix humains venant de la décision d’une communauté ou d’une délégation de la communauté (on te laisse libre d’utiliser l’imprimante 3D chaque semaine de telle heure à telle heure). C’est l’alliance de l’imagination voulue par l’être humain et de la souplesse de la machine. Que cette dernière soit simplement mise au service de la collectivité ou entièrement possédée par la collectivité.

RECONNAÎTRE LES BIENS COMMUNS AVANT DE LES FAIRE NAÎTRE

Ainsi il nous faut créer à terme de nouveaux Biens Communs capables de générer des singularités civilisationnelles. Ou de nous permettre de les atteindre. À l’image de la technologie du moteur à hélice qui ne permet pas d’arriver ou de dépasser le mur du son, il nous faut aborder une autre approche de la société humaine dans son sens large pour obtenir un ou des niveaux de vie « supérieures ». La véritable exaltation des potentiels de chacun ne passe que par de nouveaux types de « collectifs ». Et dans ces nouveaux types, il y a des Biens Communs totalement inédits. Et même impensables à l’heure actuelle. Si l’on veut prendre une autre analogie pour montrer le potentiel, attendu et nécessaire, des Biens Communs pour passer à un autre stade de civilisation, c’est comme lorsque la force d’un cheval s'est transformée en unité de mesure, le cheval-vapeur. La puissance animale, parfois humaine, a été remplacée, bonifiée, dépassée, amplifiée par de nouvelles formes d’énergie comme la vapeur et l’électricité. Il en sera de même avec les Biens Communs.

Une ascension symbolique

Mais avant de créer le futur, il faut bien connaître ce qu’a été le passé et ce qu’est ce présent en cours. Avant de faire naître de nouveaux Biens Communs, il faut reconnaître ce qu’ont été leurs apports.

Rappelons d’abord qu’à force de baigner dans eux dans notre vie quotidienne, on ne voit plus ou on n’apprécie plus leurs apports. On ne se rend même plus compte des bienfaits de l’eau courante ou de l’électricité que nous utilisons constamment et à tout propos. Et pourtant à combien d’inventions données librement (l’électricité) ou tombées dans le domaine public (systèmes de mécanismes de pompage et de filtrage de l’eau) devons-nous les bienfaits de notre qualité de vie ? C’est cette reconnaissance qu’il nous faut admettre et pratiquer. Au risque de voir les apports des Biens Communs niés ou récupérés qu’au profit de quelques-uns.

Prenons une analogie. Imaginons deux coureurs cyclistes chargés de gravir puis de redescendre le fameux Mont Ventoux, étape mythique du Tour de France®. L’un est chargé de faire la montée et d’atteindre le sommet, situé à 1 910 mètres et l’autre est chargé de redescendre jusqu’au pied du Mont en continuant la route qui traverse le point culminant. Si l'on utilise bien un vélo normal, sans assistance électrique, le premier participant va utiliser la force de ses jambes en appuyant sur le pédalier et en passant les vitesses sur le dérailleur du vélo suivant les nécessités des montées et des virages. Arrivé(e), à très grande peine, en haut du Mont, il passe le vélo au deuxième coureur qui va effectuer la descente. Comment va réagir ce coureur quand il va s’apercevoir qu’une fois propulsé par son coéquipier d’une poussette arrière, il n’a plus besoin de pédaler ? Emporté par cette impulsion, son propre poids et la pente, il n’a plus besoin de donner un seul coup de pédale pour avancer. À quoi lui serviraient le dérailleur, la chaîne, les systèmes de vitesse et même le pédalier ? Il peut très bien enlever les trois premiers et se contenter d’avoir juste des pédales pour poser, plus confortablement, ses pieds. Mais il pourrait aussi décider de les enlever puisque de toute façon, il n’en a pas vraiment besoin pour effectuer la descente qui même sans elles se fait à grande vitesse.

Nous sommes exactement dans la même situation avec les Biens Communs. Ils nous ont permis d’atteindre des sommets civilisationnels. Et une fois arrivés en haut, on se demande à quoi ils servent. Mais ce sont bien eux qui ont permis toute cette montée et progression. Alors de quels droits et sur quelle pertinence se base-t-on pour se proposer de les nier ou de les enlever ? Tout se passe actuellement comme si on glorifiait le deuxième coureur qui enlève ce qui a lui permis d'être en mesure de faire une descente. Inconscient des apports et des efforts faits par son coéquipier, il pourrait se délester des équipements qui ont été nécessaires à ce que lui-même puisse être en mesure de faire sa propre performance. On voit malheureusement cette tendance à l’œuvre dans la glorification de l’ultralibéralisme et des actions individuelles. Selon cette approche tout équipement collectif, sous quelque forme que ce soit, ne sert à rien. Ainsi que toute forme d’organisation collective autre que celles destinées aux bien-être de quelques actionnaires ou propriétaires.

Mais que se passera-t-il quand il faudra gravir une autre côte ? Voire même remonter la même pente