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Extrait : "CÉSARINE : Vous direz tout ce que vous voudrez, mais, moi, j'aime les jeunes gens de Bordeaux. ANGÈLE : Ils sont gentils, je ne dis pas le contraire. JULIE : D'abord ils sont bruns. ANGÈLE : C'est possible... mais les blonds épousent davantage... c'est une chose connue !"
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Seitenzahl: 44
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335055283
©Ligaran 2015
Le théâtre représente un salon de modiste. – Un guéridon, à droite ; chapeaux exposés aux deux fenêtres de fond. Porte au fond, portes latérales. Cheminée à gauche, premier plan. Au deuxième plan, petite table où sont des chapeaux sur des champignons. Sur le guéridon où travaillent les ouvrières, un chapeau sur son champignon. Chaises, fauteuils, etc., etc.
Angèle, Julie, Césarine, Mariton.
Au lever du rideau, les modistes travaillent assises derrière le guéridon ; Mariton est sur une chaise devant la cheminée et se chauffe les pieds.
Vous direz tout ce que vous voudrez, mais, moi, j’aime les jeunes gens de Bordeaux.
Ils sont gentils, je ne dis pas le contraire.
D’abord ils sont bruns.
C’est possible… mais les blonds épousent davantage… c’est une chose connue !
La voilà encore avec ses idées de mariage !
Je n’en rougis pas… si je rencontrais un blond… cendré, avec un beau nom, de l’éducation, une famille honorable…
Cinquante mille livres de rente.
Je n’hésiterais pas à lui faire le sacrifice de ma liberté.
Elle me fait suer, ma parole d’honneur !
Qu’est-ce que vous dites, monsieur Mariton ?
Moi, je ne m’occupe pas de vous… je me chauffe les pieds.
Quel joli butor !
Un bouquet de chardons !
Et d’une conversation !…
J’en ai peut-être plus que vous, de la conversation… seulement je n’aime pas à causer avec les femmes… ça n’est pas instructif… c’est du babillage…
Alors pourquoi êtes-vous entré dans un magasin de modes ?…
J’y suis entré… pour des raisons de santé.
Ah bah !
Avant, j’étais dans la droguerie… une belle partie, pour un jeune homme ! mais on me faisait piler à l’air, dans la cour, ça me donnait des engelures et des crevasses aux mains…
Ah ! quel dommage !
Chacun son goût… moi, je suis friand de mes mains. Alors j’ai lâché le mortier pour un état plus moelleux… je suis venu chez mademoiselle Clara, la patronne, en qualité de…
De trottin.
De premier commis ! je porte les chapeaux et je reçois les factures… je fais l’extérieur.
Heureusement !
Et vous êtes content, monsieur Mariton ?
Je gagne soixante francs par mois et je mets des gants quand il fait froid… je ne sais pas ce qu’un homme peut désirer de plus !
Mais le cœur, malheureux ! le cœur !
Mesdemoiselles, je ne vous dis pas de gaudrioles, moi… et je vous prie de me laisser tranquille !
Il cache son jeu… je parie qu’il est amoureux !
Oui ! oui ! il est amoureux !
Eh bien, il fera chaud quand vous verrez ça !
Une femme, ça ne vous dit donc rien ?
Je ne sais pas… je n’en ai jamais rencontré…
Il est poli !
Eh bien, et nous !
J’appelle femme l’être sublime qui raccommode son mari… qui a un domicile et beaucoup d’enfants.
La mère Gigogne !
Quant à vous… vous n’êtes que des voyageuses ! train d’Asnières.
Des voyageuses ?
Insolent !
Elles quittent leur ouvrage et marchent furieuses sur Mariton qui recule.
CHŒUR.
AIR de Biscotin.
Madame ! madame !
Les mêmes, Clara.
Qu’y a-t-il ? quel est ce bruit ?
Madame, c’est M. Mariton qui nous dit de vilaines choses…
Il nous propose de nous conduire dimanche à Asnières…
Moi ?
Oui ! oui ! oui !
Monsieur Mariton… depuis longtemps je m’aperçois de vos allures…
Mais, madame…
Laissez-moi parler… J’ai la prétention de n’admettre dans mes ateliers que des demoiselles irréprochables… je les choisis…
Quelle chance !
C’est assez vous dire, monsieur Mariton, que les débauchés n’ont pas d’avenir dans cette maison !
Mais, madame…
Laissez-moi parler !… que si une inclination… que je ne saurais blâmer, puisqu’elle est dans la nature, vous a fait distinguer une de ces demoiselles…
Moi ?
Que si vos vues sont honorables et légitimes… Parlez, monsieur Mariton… je ne suis point l’ennemie du mariage… je connais trop les luttes du célibat…
Mais, madame…
Orpheline à seize ans… belle comme l’Aurore… logée dans les environs de la caserne de la Nouvelle-France… avec des yeux et des cheveux… à faire rêver messieurs les militaires…
Qu’arriva-t-il ?
Rien ! absolument rien ! (Aux ouvrières.) Mais vous ne travaillez pas, mesdemoiselles ! vous êtes là à bavarder… vous savez combien nous sommes pressées… Voyons, à l’ouvrage ! à l’ouvrage !
Césarine et Julie se remettent à l’ouvrage.
Quel dommage ! la patronne allait nous raconter ses farces !
Eh bien, et vous, mademoiselle Angèle, qu’est-ce que vous faites là ?
Madame, je demande un jour de congé.
Pour aujourd’hui ? c’est impossible !
Madame, je déménage.
Ah bah !