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Extrait : "SOURCIER : Entrez !... Oh ! pardon !... que Monseigneur daigne prendre la peine d'entrer... LE PRINCE : Bonjour, monsieur Sourcier. SOURCIER : Bonjour, monseigneur. LE PRINCE : Que je ne vous dérange pas, surtout ! Continuez. Vous peignez en chantant ? SOURCIER : Oui, monseigneur, comme dans le bâtiment ! LE PRINCE : Indice d'une conscience pure. (Indiquant le tableau.) Paysage ? SOURCIER : Paysage. LE PRINCE : Charmant ! "
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Seitenzahl: 26
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335055818
©Ligaran 2015
COMÉDIE EN UN ACTE DE HENRI DUVERNOIS
REPRÉSENTÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DU GRAND GUIGNOL, LE 1er OCTOBRE 1921
À Monsieur Camille CHOISY.
SOURCIER.
PASSANDEAU.
LE PRINCE.
ALIQUE.
Mme SOURCIER.
Une chambre confortable, avec un petit lit de cuivre. M. Sourcier peint sur un chevalet en chantant. On frappe
M. Sourcier, le prince.
Entrez !… Oh ! pardon !… que Monseigneur daigne prendre la peine d’entrer…
Bonjour, monsieur Sourcier.
Bonjour, monseigneur.
Que je ne vous dérange pas, surtout ! Continuer. Vous peignez en chantant ?
Oui, monseigneur, comme dans le bâtiment !
Indice d’une conscience pure. (Indiquant le tableau.) Paysage ?
Paysage.
Charmant !
Monseigneur… tant de bienveillance me flatte et m’honore.
Charmant ! Ce sont des troènes en fleurs ?
Ce sont plutôt ces légères vapeurs qui traînent à l’aurore…
Parfaitement ! Excusez-moi…
Oh ! monseigneur, je peins de mon mieux ; après quoi chacun peut mettre sur mes tableaux ce qui lui fait plaisir : un amoureux trouvera dans ce nuage la forme de la femme aimée ; un philosophe y découvrira une pensée ; je laisse libre cours à toutes les interprétations et je renonce volontiers à mes vapeurs en faveur de vos troènes.
Voilà qui est tout à fait aimable et poétique. Le tableau est terminé ?
Il vous plaît ainsi ?
Beaucoup.
Alors, je n’ai plus qu’à signer.
Abordons la question délicate. Combien ?
Quatre mille.
Cinq, en chiffres ronds. J’achète. Est-ce sec ?
Pas tout à fait.
Fâcheux ! Je dois partir ce soir.
Vous êtes toujours décidé à nous quitter, monseigneur ?
Ma charge m’appelle. Mes secrétaires ont reçu les ordres. Les malles sont faites. L’auto est prête. Adieu, vacances !
Quel dommage ! Vous ne verrez pas le jardin au printemps… Une féerie, monseigneur.
Monsieur Sourcier, celui qui est appelé aux grandes affaires par le malheur de sa naissance doit laisser les petites joies pour les grands soucis. Vous avez la meilleure part. Les artistes vivent dans un Éden où je me suis interdit de pénétrer, bien que je touche assez délicatement du piano. Je suis voué aux soucis réalistes, hélas ! Et si vous m’avez vu crayonner parfois sur mon carnet, ce n’étaient ni des rimes ni des croquis, mais des chiffres affreux, de sombres statistiques et des budgets moroses. Allez ! il y aura bien des jours où, de là-bas, je vous envierai !
Oh ! monseigneur !…
Si, si, je vous assure.
Sourcier, le prince, Alique.
Je crois que monseigneur est attendu chez lui.
Nous partons ce soir ?
Oui.
Je n’ai que le temps. Monsieur Sourcier, au revoir.
Mes hommages, monseigneur.