La diplomatie économique, plus que jamais nécessaire ! - Collectif - E-Book

La diplomatie économique, plus que jamais nécessaire ! E-Book

Collectif

0,0

Beschreibung

Un regard inédit sur la diplomatie économique.

La diplomatie économique joue depuis longtemps un rôle majeur dans les échanges commerciaux entre pays. Aujourd’hui, cependant, on assiste à des turbulences qui changent profondément la donne en matière d’accompagnement des exportateurs. Bouleversements géopolitiques, technologiques, militaires, sanitaires, culturels et religieux… Jamais notre monde n’a connu de telles ruptures à une si grande échelle, jamais aussi les innovations de toutes sortes n’ont autant pesé sur les flux de produits et services.

Faisant suite aux deux conférences de 2022 autour du thème de la diplomatie économique et du positionnement de notre pays sur ses marchés, organisées conjointement par la Fondation Prospective
et Innovation et le Club des Exportateurs de France avec le soutien de Business France, cet ouvrage présente de façon limpide et synthétique la transformation qui s’opère sous nos yeux. Associant étroitement témoignages d’entreprises et regards d’experts, il dévoile le nouveau paysage de cette diplomatie ambitieuse, dont dépend plus que jamais la compétitivité de nos entreprises.

Hors un état des lieux des atouts et faiblesses de la France dans ce domaine, l’objectif de cet ouvrage est de répondre aux préoccupations des PME/PMI et TPE qui souhaitent mieux s’informer sur ce sujet et n’ont pas la chance de disposer des moyens et ressources de grands groupes internationaux. Le lecteur y trouvera des exemples marquants de bonnes pratiques à l’international, depuis l’utilisation des réseaux diplomatiques jusqu’aux pièges à éviter sur le terrain. Un concentré d’idées et d’expériences pour oser exporter !


À PROPOS DE L'AUTEUR


La Fondation Prospective & Innovation. Créée en 1989 par René MONORY, ancien Président du Sénat et ancien ministre, et François DALLE, ancien Président de l’Oréal, reconnue d’utilité publique, la Fondation est aujourd’hui présidée par Jean-Pierre RAFFARIN, ancien Premier Ministre, Membre honoraire du Parlement.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 154

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



La diplomatie économique,plus que jamais nécessaire !

Club des Exportateurs de FranceFondation Prospective et Innovation

 

© Club des Exportateurs de France/Fondation Prospective et Innovation, avril 2023.

© Ginkgo Éditeur pour la présente édition

ISBN : 978 2 84679 546 3

 

Ginkgo Éditeur

33, boulevard Arago

75013 Paris

www.ginkgo-editeur.fr

 

À Michel DUGER

1935-2021

 

Cet ouvrage est dédié à notre ami disparu Michel Duger, spécialiste et ardent promoteur de la diplomatie économique.

Haut fonctionnaire du Commerce extérieur de la France au parcours exemplaire, Michel Duger fut également délégué général du Club des Exportateurs de France durant les vingt dernières années, vice-président honoraire de la Chambre de Commerce Franco-Slovaque et de l’Association pour le développement des relations franco-slovaques.

AVANT-PROPOS

Le Club des Exportateurs de France, avec le concours de la Fondation Prospective et Innovation et le soutien de Business France, organisait le 21 juin 2022 une grande réunion de réflexion sur le thème de la diplomatie économique, qualifiée de « plus que jamais nécessaire ». On trouvera en annexe le programme détaillé de l’événement.

Illustration de l’importance que le Club attache à ce sujet crucial, le colloque du 21 juin faisait suite à une première conférence tenue le 29 mars 2022. Celle-ci avait donné lieu à un premier échange de vues substantiel que le colloque est venu compléter et amplifier.

On sait que le Club a pour vocation d’encourager les entreprises à exporter. Certes, les grands groupes ne manquent ni de moyens ni de réseaux qui leur facilitent cette tâche. C’est donc tout particulièrement sur les PME et TPE que le Club dirige son action, c’est-à-dire les entreprises qui, a priori, ont des moyens beaucoup plus limités de se développer à l’international.

Le colloque du 21 juin concentrait donc son attention sur deux sujets d’intérêt majeurs pour les plus petites entreprises : le retour d’expérience qui était le leur par rapport à la diplomatie économique et le parti à tirer des nouvelles technologies pour développer encore davantage cette diplomatie économique.

Bruno Durieux, ancien Ministre délégué au Commerce extérieur et ancien Président du Comité National des Conseillers du Commerce Extérieur de la France, invité comme grand témoin à tirer les conclusions de ces échanges, n’a pas manqué de mettre en relation la diplomatie économique avec une dure réalité : le déficit persistant, et même croissant, de nos comptes extérieurs.

Car telle était la toile de fond sur laquelle se déroulait la réflexion et qui, finalement, donnait tout son sens aux débats : quel type de contribution attendre de la diplomatie économique pour redresser la dramatique dégradation de notre solde ?

C’est en ayant à l’esprit cette préoccupation pratique que le présent ouvrage a été rédigé. En rendant compte des principales idées échangées le 29 mars et le 21 juin 2022, il a aussi l’ambition de contribuer à faire progresser la réflexion sur la manière de résoudre le principal problème de notre commerce extérieur.

 

Krystyna de OBALDIA, Présidente nationale Club des Exportateurs de France

Emmanuelle PERES, Directrice générale Fondation Prospective et Innovation

PRÉFACES

Les entreprises dans les turbulences mondiales

 

Préface de Jean-Pierre RAFFARIN

Ancien Premier ministre,

Président de la Fondation Prospective et Innovation,

 

Durant longtemps, l’international fut porteur d’opportunités. Aujourd’hui le monde est devenu l’espace du changement, des ruptures mais aussi des innovations. La planète est ainsi notre espace commun. C’est aussi le lieu de toutes les turbulences géopolitiques, militaires, technologiques, sanitaires, culturelles, religieuses… Il va falloir savoir vivre dans ce monde. La Fondation Prospective et Innovation aide les managers qui veulent faire vivre leur « Entreprise dans l’Air du Temps ». (EAT) Nous élargissons ainsi nos travaux de l’exportation au management international (leadership, alliance, sobriété créative, mutations sociétales...).

Depuis bientôt dix ans, la Fondation Prospective et Innovation est partenaire du Club des Exportateurs de France et de Business France pour organiser des rencontres en présentiel et en ligne, rédiger et diffuser des publications sur le commerce international de la France. C’est l’occasion d’une réflexion commune sur les voies et moyens d’affermir nos échanges avec l’extérieur pour que notre pays en tire le maximum de bénéfices, en termes d’emplois, et de richesses créées, également pour maintenir la place de la France sur la scène mondiale car, sans poids économique, la voix de la France porte moins.

Après les outils de l’intelligence économique, le bon usage des réseaux à l’étranger, un livre blanc sur notre commerce extérieur, un webinaire sur l’appréciation portée par les autres pays sur les performances à l’export… il a été jugé utile de réfléchir en 2022 sur la diplomatie économique. Il n’est pas trop difficile de dater l’expression qui est relativement nouvelle et qui s’est traduite en France par des aménagements institutionnels longtemps débattus mais, dans sa pratique, elle paraît aussi vieille que le monde, en tout cas que le commerce. Les semi-conducteurs ont remplacé la soie, la myrrhe et l’encens mais l’influence reste un atout du commerce, un outil de marketing.

Économie et diplomatie ne doivent pas être confondues car les intérêts, les horizons de temps ne sont naturellement pas les mêmes. L’histoire contemporaine apporte maintes illustrations. La diplomatie ne peut être sacrifiée à l’économie, encore moins être oubliée ou reléguée au second rang en ces temps de concurrence et de rivalité géopolitique.

La diplomatie est importante, mais plus importante encore est la nécessité pour notre pays de retrouver une position extérieure saine et l’aggravation de notre déficit commercial observée ces dernières années doit être stoppée. Ses causes sont assurément conjoncturelles mais aussi pérennes, profondes car elles renvoient aux structures productives françaises.

La diplomatie économique ne peut donc pas tout mais la France est reconnue pour la qualité de la mise en valeur de ses produits et services qui vont des plus traditionnels aux plus technologiquement avancés.

La France est engagée aujourd’hui sur le chemin du redressement de son industrie et, avec l’Europe, redéfinit une feuille de route pour trouver un meilleur équilibre entre les dépendances croisées que crée le commerce et l’autonomie stratégique, fondée sur les intérêts nationaux, mais aussi sur un cadre européen et, multilatéral plus fort et mieux adapté aux temps présents.

Merci à tous ceux qui ont concouru à la rédaction de cet ouvrage qui se veut un révélateur de nos forces et faiblesses à l’exportation mais qui montre bien combien nos atouts sont réels pour corriger les déséquilibres actuels.

Une diplomatie économique sous le signe de trois grandes ruptures

 

Préface de Krystyna de OBALDIA

Présidente Nationale du Club des Exportateurs de France

 

L’histoire nous a souvent montré que plus le monde devient incertain et dangereux, plus la diplomatie économique revient sur le devant de la scène internationale. Mais au juste, à quoi ressemble aujourd’hui cette scène ? De la crise de la gouvernance mondiale et des difficultés de la transition énergétique jusqu’aux conséquences de la guerre en Ukraine sur les marchés, nous voyons que la diplomatie économique acquiert une toute nouvelle portée à travers trois grandes ruptures :

- Rupture géopolitique : la fin de la neutralité dans l’acte même d’exporter, auparavant dicté par les seules règles et techniques du commerce extérieur. De fait, quelle que soit la taille de leur société, les entrepreneurs deviennent les rouages de stratégies d’influence et de pouvoir qui nécessitent le plus souvent des appuis diplomatiques.

- Rupture industrielle : dans un environnement concurrentiel plus brutal et complexe, le diptyque traditionnel qualité/prix ne suffit plus. D’autres facteurs clés apparaissent, notamment la capacité à créer des réseaux de coopération et d’innovation de plus en plus étendus et diversifiés, pour lesquels la diplomatie économique joue un rôle moteur.

- Rupture numérique : la virtualisation des échanges internationaux conduit à de nouvelles manières de commercer. La diplomatie économique a ainsi toute sa place dans les relations contractuelles avec le client distant et les nouveaux modes de négociation, mais aussi dans la diffusion du soft power et de son emprise médiatique.

Nos exportateurs, particulièrement les ETI, PME et TPE, sont-ils suffisamment préparés à ces changements ? Comment faire en sorte qu’ils communiquent mieux avec les acteurs de la diplomatie économique ? Faut-il revoir les principes de cette dernière dans un contexte plus disruptif? Telles sont les questions centrales débattues dans cet ouvrage, révélatrices des forces et faiblesses de notre dispositif à l’export.

Un enjeu majeur pour la prospérité de notre pays

 

Préface de Christophe LECOURTIER

Ancien Directeur Général de Business France

Ambassadeur de France au Maroc

 

Longtemps les acteurs qui accompagnent les entreprises ont fait de la diplomatie économique comme Monsieur Jourdain faisait de la prose – sans le savoir. En effet, l’expression est apparue il y a plus d’un siècle, mais sa consécration est récente : en témoigne la création, le 1er janvier 2019, de la « Direction de la Diplomatie économique » au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Elle doit son succès à l’intensification de la mondialisation depuis trente ans, qui appelle à renforcer et à enrichir les dispositifs soutenant les entreprises dans leur conquête des marchés à l’export. Elle le doit aussi à son sens extensif, qui englobe les différents aspects de cet enjeu majeur pour la prospérité économique de notre pays. Sa vertu est plus particulièrement d’inciter à prendre en vue tous les moyens d’aider nos entreprises à se projeter à l’international, et de les considérer ensemble afin de les coordonner et d’atteindre ainsi la plus grande efficacité.

C’est dans cette logique que s’inscrit cet ouvrage, et pour contribuer à sa mise en œuvre, après avoir présenté de façon limpide et synthétique la situation et les enjeux du commerce extérieur français, il propose de nouvelles pistes visant à rendre nos entreprises plus compétitives à l’international.

Tout comme la prose n’est pas la poésie, la diplomatie économique n’est pas la politique économique : cette diplomatie est d’autant plus efficace que cette politique instaure un cadre favorable à son exercice. L’analyse et les pistes apportées ici appellent à l’améliorer encore : puissent-elles recevoir le plus large écho possible.

PREMIÈRE PARTIERegard d’expert

 

Comprendre les enjeux de la diplomatie économique française

 

par Philippe COSTE,

PRÉAMBULE

 

On a beaucoup daubé sur le « doux commerce » cher à Montesquieu, surtout ces derniers temps, lorsque le mot d’ordre de la politique à l’Est de l’Allemagne, Wandel durch Handel, le changement par le commerce, s’est fracassé sur la dure réalité de la guerre en Ukraine. La preuve paraissait administrée que les liens commerciaux étroits et multiformes tissés de longue date entre l’Allemagne et la Russie n’avaient nullement retenu Moscou d’entreprendre son agression. Et pourtant, gardons-nous de rejeter Montesquieu. Sa formule, si elle peut mériter des précautions d’emploi, recouvre toujours une vérité de bon sens: l’échange est extraversion, ouverture sur les autres. Pour commercer, il faut comprendre son partenaire, connaître, voire anticiper, ses besoins et adapter son offre en conséquence. Appliqué à l’échelle de la planète, le commerce, dans ses différentes dimensions, devient un formidable outil de brassage des hommes, donc des idées, des modes de raisonnement, des sensibilités. Même s’il est bien incapable à lui seul d’apaiser toutes les tensions, le commerce reste une « douce » activité et en fin de compte un puissant facteur de paix. Travailler à faciliter le commerce, c’est travailler à consolider la paix. C’est d’ailleurs l’une des grandes leçons que la génération d’après-guerre, celle d’après 1945, a tirée du conflit mondial. En établissant les règles du GATT et en travaillant continûment à démanteler droits de douane, contingents et barrières non tarifaires, les hommes de Bretton Woods et leurs successeurs avaient pleinement conscience de participer à une œuvre de paix. De même, les pères fondateurs de ce qui est devenu l’Union Européenne, en mettant en commun le charbon et l’acier des six États membres originaires, entendaient bien travailler à la réconciliation franco-allemande et au-delà, à la pacification de l’Europe.

D’autre part, sur le plan de l’intérêt national, le commerce extérieur est aussi une question d’indépendance et donc de souveraineté. Il est important de veiller à ce que nos approvisionnements essentiels ne puissent donner prise sur nous à nos fournisseurs. C’est tout l’enjeu de la diversification de nos sources et de s’assurer qu’elles sont entre les mains de pays amis, aussi sûrs que possible. Telle est la grande leçon des deux épreuves que nous traversons actuellement, la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Plus généralement, le commerce extérieur d’une nation détermine pour une large part la situation de ses comptes extérieurs. S’il se dégrade à l’excès, c’est bien souvent l’autorité du pays qui en souffre et, au bout du compte, sa souveraineté qui est menacée.

 

*

 

Autour des grands principes qui se sont imposés au monde tout au long de ces dernières décennies, s’est développée dans les grands ou moins grands pays commerçants et notamment en France ce qu’on appelle la « diplomatie économique ». Qu’est-ce que la diplomatie économique ?

Prise dans son sens le plus général et au risque de proposer une lapalissade, c’est la diplomatie appliquée aux questions économiques. Ce peut être la négociation d’accords de commerce, d’investissement ou de non double imposition. Ce peut être aussi la politique de sanctions que les Occidentaux, surtout les États-Unis, ont beaucoup pratiquée ou la diplomatie coercitive dans laquelle la Chine s’est lancée depuis quelques années. Ce que fait Vladimir Poutine lorsqu’il conclut un accord sur la livraison de blé ukrainien ou module les livraisons de gaz russe à ses partenaires européens pourrait également entrer dans la catégorie de la diplomatie économique.

Prise dans son sens technique, celui qui a été mis à l’honneur en France il y a une dizaine d’années, c’est un ensemble formé d’institutions, d’organisations, de pratiques qui ont pour objectif d’aider les entreprises à se lancer dans le grand large, à participer à l’échange international et à y réussir le mieux possible. On entend par là, au premier chef, les institutions publiques et bien sûr les ambassades avec l’ambassadeur, le conseiller commercial et l’ensemble de leurs collaborateurs à qui il revient de se mobiliser à l’appui des entreprises qui veulent travailler à l’étranger. Mais l’expression recouvre aussi plus généralement les

différentes organisations, semi-publiques ou privées, qui concourent de diverses manières à faciliter la tâche des exportateurs et leur implantation dans le pays ciblé. Dans son acception la plus large, elle peut même comprendre les différentes pratiques qui se sont répandues à la faveur du développement des nouvelles technologies telles que les réseaux sociaux, la communication ou la négociation « en distanciel », etc.

 

*

 

Cette diplomatie économique est maintenant bien établie, en particulier en France où son rôle est parfaitement compris et mis à profit. Mais si elle paraît aujourd’hui encore plus nécessaire que jamais, c’est que le monde ne cesse de changer. Il a déjà beaucoup changé avec le développement depuis une trentaine d’années des technologies de l’information et de la communication, dites 2.0, que l’on vient de mentionner. Avec le temps, elles sont en train de pénétrer en profondeur l’ensemble de nos sociétés et de nos manières de faire et font apparaître, pour toutes les activités liées à l’échange international, une série d’opportunités qu’il faut s’empresser de saisir. On pense ici à toutes les innovations liées à l’intelligence artificielle, à la monnaie virtuelle, à la robotique et à toutes celles qui vont découler du développement, qui s’accélère sous nos yeux, de la physique quantique. Dans le secteur des relations commerciales internationales aussi, celles-ci et bien d’autres ne vont pas manquer de provoquer un puissant renouvellement des manières d’opérer auquel nos entreprises, grandes et petites, doivent se préparer.

Plus récemment, le monde a encore beaucoup changé mais d’une autre manière, cette fois dans le mauvais sens. Car à côté de toutes les innovations porteuses d’opportunités nouvelles, force est de constater que, depuis une dizaine d’années, on a vu apparaître une inquiétante accumulation de menaces, venues de tous côtés. Cela va de l’aggravation accélérée du dérèglement climatique à la diffusion planétaire de la pandémie de Covid-19, en passant par la remise en cause des relations entre les États-Unis et la Chine qui structuraient et entraînaient depuis une quarantaine d’années toute la dynamique du commerce mondial. L’affaire du Brexit, sans atteindre les mêmes proportions, a tout de même ajouté aux difficultés rencontrées. Et dans ce contexte déjà très chargé, a éclaté le conflit en Ukraine avec toutes les conséquences qui en découlent - la fermeture quasi totale de la Russie comme marché et comme source d’approvisionnement - et toutes celles qu’il faut encore en attendre – le surplus d’inflation, la récession, la crise alimentaire mondiale etc., etc. - sans parler de toutes celles qu’il faut espérer ne pas voir advenir. Au point où nous en sommes, tous ces phénomènes, avec les conséquences en chaîne qui en découlent, aboutissent déjà à recloisonner le monde et, plus généralement, à créer une instabilité grandissante doublée d’un manque quasi complet de visibilité sur ce que l’avenir nous réserve.

 

*

 

Tout cela n’est certes pas complètement négatif. Les entreprises qui savent sentir le vent, qui ont suffisamment d’agilité pour s’adapter rapidement, peuvent être parfaitement capables de trouver dans ce bouillonnement le créneau sur lequel prospérer. Mais pour la majorité d’entre elles, ces incertitudes accumulées, l’imprévisibilité du futur, ajoutent encore leur poids à toutes les difficultés ordinaires qui font le quotidien du commerce international. Elles ne peuvent que détériorer le climat général des affaires. C’est en ce sens que la diplomatie économique est plus que jamais nécessaire: peut-être pas suffisante, mais certainement d’une utilité toute particulière dans la période présente.

Et la France dans tout cela ? Les exportations françaises représentent 30 % de notre PIB. Six millions d’emplois directs ou indirects, soit un quart de la population active, dépendent de l’accompagnement des entreprises françaises à l’international. Sans oublier que les marchés internationaux jouent un rôle essentiel pour amortir les coûts fixes de nos industries. Du point de vue qui nous intéresse, la France est un pays paradoxal. Elle a peut-être bien l’appareil de diplomatie économique le plus complet du monde et, en même temps, elle traîne un déficit de ses comptes extérieurs à la fois persistant et en augmentation à peu près constante depuis plus de vingt ans. Aussi bien, avant d’examiner en détail comment tirer le meilleur parti de nos instruments de diplomatie économique, il est indispensable de lever ce préalable.

 

LA DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE : UN ATOUT FRANÇAIS D’UNE QUALITÉ EXCEPTIONNELLE

 

La France a longtemps entretenu des relations ambiguës à l’égard du libre-échange, hésitant entre ouverture avec Napoléon III et fermeture, bientôt après, avec Méline. C’est peut-être la raison pour laquelle elle a développé à ce degré, probablement unique au monde, la diplomatie économique, qui n’est autre au bout du compte qu’un moyen de combiner deux objectifs contradictoires : inciter les entreprises à courir l’aventure tout en limitant les risques inévitablement liés à tout franchissement des frontières.