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Extrait : "MARIE, fermant les rideaux de l'alcôve avec humeur : À la fin des fins, elle dort... c'est pas malheureux !... Quelle scie que les enfants !... celle-là surtout... elle est gâtée !... (S'adressant au lit.) Si t'étais à moi, va !... je t'en flanquerais de la docilité... LA BARONNE, sortant de sa chambre en toilette de bal : Marie, vous avez couché la petite ?... MARIE, gracieuse : Oui, madame... (Soulevant un coin du rideau de l'alcôve. ) Elle dort comme..."
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Seitenzahl: 48
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335055016
©Ligaran 2015
COMÉDIE-VAUDEVILLE
EN UN ACTE
Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du PALAIS-ROYAL, Le 6 septembre 1850.
Une chambre richement décorée et meublée ; au fond, au milieu, une alcôve dont les rideaux sont fermés ; au fond, à droite, la porte principale, ouvrant sur une antichambre, portes latérales, à droite et à gauche, au deuxième plan : celle de droite conduisant à la chambre de la baronne ; celle de gauche, à la chambre de Marie ; à droite, premier plan, une fenêtre, près de laquelle sont un guéridon et un fauteuil ; à gauche, premier plan, une cheminée avec une glace ; près de la cheminée, une toilette et un fauteuil ; à droite et à gauche, troisième plan, un petit meuble, tapis, fleurs, flambeau allumés.
SAINT-GERMAIN, chasseur de la baronne.
ROCAMBOLE, carabinier.
LA BARONNE DE FLASQUEMONT.
BERTHE, sa fille (sept ans).
MARIE, femme de chambre.
À Paris, dans l’hôtel de la baronne.
Marie, puis la baronne, puis Saint-Germain.
À la fin des fins, elle dort… c’est pas malheureux !… Quelle scie que les enfants !… celle-là surtout… elle est gâtée !… (S’adressant au lit.) Si t’étais à moi, va !… je t’en flanquerais de la docilité…
Marie, vous avez couché la petite ?…
Oui, madame… (Soulevant un coin du rideau de l’alcôve.) Elle dort comme un petit ange… voyez.
Pauvre chérubin !… est-elle jolie comme ça !…
Ah ! et bonne ! et douce ! je le disais encore tout à l’heure…
Dors, chère enfant !… dors bien, ma petite Berthe !…
Oui, dors bien, pauvre petit agneau !
Elle est un peu souffrante aujourd’hui… Ah ! je suis contrariée… Cette soirée à laquelle je ne puis me dispenser d’aller… quel ennui !
Madame la baronne est attelée !…
Il tousse.
Comment, je suis attelée ?
Pardon, je veux dire : la voiture… (Il tousse.) de madame la baronne est… (Il tousse, à part.) Cré nom !
Toussez donc plus bas !… vous allez réveiller mademoiselle…
En effet, qu’avez-vous donc, Saint-Germain ?…
Madame la baronne m’honore… c’est les bronches.
Et vous restez là, entre deux airs ?…
Elle va à sa toilette.
Madame m’honore.
On entend sous la fenêtre la musique bruyante d’un quadrille.
Hein ?
C’est encore la musique de ce vilain bal public…
Ça fait trois airs.
La musique continue, Marie et Saint-Germain marquent machinalement la mesure du quadrille par un mouvement de tête et de hanches.
Ah ! oui… n’appelle-t-on pas ça le bal Mabille ?… charmant établissement, qui est venu se placer juste sous les fenêtres de mon hôtel… et qui me forcera à déménager. (À Saint-Germain, qui s’arrête tout à coup dans sa cadence.) Mais, Saint-Germain, fermez donc cette fenêtre…
Marie court à la fenêtre.
J’y songeais…
Ah ! mon Dieu ! et la perruche que j’ai oublié de rentrer !…
Elle donne la cage à Saint-Germain et ferme la fenêtre.
Me sera-t-il permis de donner un conseil à madame la baronne, relativement à cet oiseau des salons ?
Qu’est-ce que c’est ?
Si j’étais madame la baronne, je ne suspendrais plus ma perruche au-dessus de cet établissement public…
Pourquoi ?…
Elle y apprend des locutions… à faire rougir Cambronne… qui pourtant n’était pas chipie !…
Comment !…
AIR : Depuis longtemps j’aimais Adèle.
Quel mot ? parlez…
Oh ! jamais !
Je l’ordonne !
Oh ! l’horreur !
Demain, nous lui chercherons une autre place (saint-Germain la pose à gauche sur un meuble.) Pauvre petite bête ! j’y tiens ! je ne la donnerais pas pour dix louis… c’est le dernier présent de mon mari, feu M. le baron de Flasque-mont (Saint-Germain soulève son chapeau.), chevalier de Saint-Louis (Même jeu.), commandeur de l’ordre de Ferdinand (Même jeu.), grand cordon de Westphalie.
C’est ça qui use les chapeaux.
Et marguillier honoraire de Saint-Jean-de-Latran… à Rome !
Oh !…
Il se découvre tout à fait et s’incline.
Très bien… j’aime ces témoignages de respect…
Quand il s’agit de rendre hommage… (Il tousse, à part.) Cré nom !…
Ce pauvre Saint-Germain !… Vous avez là une bien mauvaise toux.
Madame, m’honore… ça se passera cette nuit…
Cette nuit ! en restant jusqu’à quatre ou cinq heures du matin dans un vestibule ouvert à tous les vents !… il n’en faudrait pas davantage pour attraper une bonne fluxion de poitrine…
C’est madame qui l’est, bonne… de poitrine…
Je me passerai de vous ce soir… Joseph vous remplacera. Quant à vous, Marie… Comment ! vous voilà encore à coudre, à l’heure qu’il est ?
Madame sait bien que je n’aime pas à me croiser les bras…
Saint-Germain décroise vivement ses bras et se jette après un fauteuil qu’il frotte avec acharnement.
Vous aussi, Saint-Germain ? laissez cela…
Non, madame ! non, madame !
Assez !… je le veux !… Allez vous reposer tout de suite…
Ah ! madame, quand on ne travaille pas, le pain qu’on mange est bien amer !…
Pauvre garçon ! quelle noblesse de sentiments ! (Haut.) Marie… rentrez aussi… je l’exige…
C’est pour obéir à madame la baronne.