La maison dans les proverbes espagnols du Siècle d'Or - Françoise Cazal - E-Book

La maison dans les proverbes espagnols du Siècle d'Or E-Book

Françoise Cazal

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Beschreibung

Les proverbes et autres expressions populaires sur le thème de la maison réunis dans cet ouvrage permettent d'entrer de plain pied dans la vie des Espagnols, au XVIe et au XVIIe siècle. L'oralité concise et directe des proverbes, perfectionnée et polie par l'usage au fil des générations, condense, en quelques mots, coutumes, comportements, attitudes, et nous immerge directement dans la vie quotidienne de l'Espagne classique. Ouvrez la porte de la maison du Siècle d'Or, vous irez de découvertes en découvertes...

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¡A estudio!, que enseñan de balde...

Venez apprendre ! C'est gratis...

Pues comenzastes el cantar,

habéisle de acabar.

Puisque vous avez commencé la chanson, il vous faut la terminer.

Merci à Robert Jammes, André Gallego, Michel Moner, Claude Chauchadis, et tout spécialement au groupe PAREFRAS

Bartolomé Murillo, Les femmes à la fenêtreWashington, National Gallery © Cliché Françoise Cazal

Table des matières

Introduction

Les proverbes

Maison (

casa

)

Les expressions

a casa

,

en casa

,

de casa

,

de su casa

Maison-richesse

Maison-autorité

Maison-protection

Abri (

abrigo

)

Nid (

nido

)

Foyer (

hogar

)

Feu (

fuego

)

Cheminée (

chimenea

)

Brasero (

brasero

)

Terrasse (

azotea

)

Cour exposée au soleil (

solana

)

Tuile (

teja

)

Toit (

tejado

)

Vestibule (

zaguán

)

Toit, plafond (

techo

)

Escalier (

escalera

)

Porte (

puerta

)

Fenêtre (

ventana

). Femme à la fenêtre (

mujer ventanera

)

Serrure (

cerradura

)

Cadenas (

candado

)

Clef (

llave

)

Lit (

cama

,

lecho

)

Chevet de lit (

cabecera

), têtière (

cabezal

)

Table (

mesa

)

Estrade où les femmes recevaient (

estrado

)

Chaise (

silla

)

Escabeau, banc (

escaño

)

Placard (

almario

,

alacena

)

Coffre (

arca

)

Vaisselier (

vasar

)

La bonne maîtresse de maison (

la mujer casera

)

Visite (

visita

)

Voisin / voisine (

vecino

/

vecina

)

Conclusion

Index alphabétique des proverbes et expressions familières

Hommage à Robert Jammes

Introduction

Le Vocabulario de refranes y frases proverbiales de Correas1 (1627) est une mine inépuisable pour connaître la civilisation espagnole. Après avoir exploré, dans deux volumes antérieurs, des sujets aussi différents que le monde des aliments, puis la « figure du saint », dans les proverbes du Siècle d'Or, la curiosité nous conduit à un nouveau terrain d'observation, aussi riche que les précédents : les proverbes sur le thème de la maison. Certainement l'une des meilleurs clés possibles pour pénétrer dans les arcanes d'une société ! La maison et ses composantes matérielles (porte, fenêtre, terrasse, etc.), mais aussi le ressenti que l'on avait de la maison, la maison-refuge, la maison-accueil, les comportements humains qui y sont liés, par exemple, les formules et les plaisanteries traditionnelles quand on allait en visite, etc.

Afin de permettre au lecteur français d'accéder directement au trésor des proverbes, chacun d'entre eux sera précédé par un bref titre suggestif destiné à donner une première orientation sur le sens, et sera suivi de sa traduction. Comme pour toute traduction, se pose la question de savoir à quel point elle peut être littérale. Les traductions étant là pour rendre accessible la nature concrète des proverbes, on tendra vers le plus de littéralité possible. Par exemple, pour traduire E 55 f-« Echar la llave. / Lo que: "echar el fallo, el sello", dar conclusión. », on pourrait hésiter entre « Mettre un point final », « Conclure », ce qui est le sens, mais on préférera traduire près du texte par « Fermer à clé », en indiquant le sens par un petit titre avant-coureur « Mettre un point final, parachever, boucler un discours ».

Chaque fois que les commentaires de Correas présentaient un intérêt spécifique, c'est-à-dire très souvent, ils ont été traduits en note, pour que le lecteur non-hispaniste puisse profiter des explications éclairantes et parfois pittoresques données par le compilateur.

Mais que pensaient et que disaient, à propos de la maison, les hommes et les femmes du Siècle d'Or espagnol ? Le plus simple est de prêter oreille aux conversations de ces temps passés ; d'accéder à ces époques lointaines non par le truchement de l'histoire ou de la littérature, mais directement ; d'entendre ce que disaient les gens en privé ou sur la place publique, à la campagne ou en ville, à la taverne, dans les commerces, au travail, à l'école, dans toutes les classes sociales ; ce qu'on chantait, les histoires qu'on racontait à la veillée, les blagues qu'on débitait, les moqueries, les insultes, les malédictions, les compliments, les formules de politesse, les salutations, les adages, sentences, dictons et proverbes. Par le truchement de Correas, on dispose d'un accès privilégié à la langue orale comme si on y était et, qui plus est, guidé par les explications d'un contemporain de ces textes, spécialiste de l'étude de la langue, érudit, collectionneur passionné de toutes les manifestations les plus variées de la verve populaire… C'est cette exploration que permet le Vocabulario de refranes y frases proverbiales, immense recueil de proverbes et autres expressions populaires, pas moins de 25 000 énoncés patiemment réunis pendant toute une vie de collectionneur, une formidable fenêtre ouverte sur l'oralité au Siècle d'Or.

Aujourd'hui, les proverbes et autres manifestations de la culture populaire et de la vie quotidienne sont redevenus un champ très fréquenté par les universitaires, et apprécié du grand public. Les proverbes, à défaut d'être pratiqués avec la fréquence qui était la leur autrefois dans la conversation, sont revenus en faveur dans les travaux des spécialistes d'histoire et de littérature. Le Vocabulario de refranes… de Gonzalo Correas, qui était lui-même professeur dans un collège universitaire de Salamanque, est un trésor que de nombreux chercheurs consultent ou même étudient spécifiquement. Mais il serait dommage de laisser cela uniquement aux spécialistes. Pourquoi ne pas essayer de partager avec de nouveaux lecteurs la fascination qui se dégage de ce recueil, en se limitant, vu la surabondance du matériau qui pourrait décourager, à des thèmes bien choisis et, pour une meilleure accessibilité, en proposant des traductions de ces proverbes ? Car, même pour des hispanistes confirmés, certains proverbes ou expressions, désormais privés de leur contexte et de la gestuelle qui parfois les accompagnait, ne sont pas toujours faciles à comprendre.

Cette foisonnante collection de 25 000 énoncés comprend, comme nous l'avons dit, non seulement des dictons, adages, sentences, proverbes et maximes, mais aussi des expressions populaires, des phrases toutes faites2, des jurons, malédictions, plaisanteries, tournures pittoresques, fragments de comptines, bribes de chansons ou d'historiettes, le tout appliqué à des situations et des thèmes si variés, et rédigé avec une telle richesse de procédés, que la seule formule pouvant décrire vraiment cet ensemble chatoyant et disparate serait « les choses que les gens disaient ». La variété de tons et le double ou triple sens de certains énoncés ajoutent encore à l'attrait de ces « proverbes », et ont tenu sous leur charme bien des écrivains et érudits. Le Vocabulario de refranes y frases proverbiales se présente comme un dictionnaire, mais se lit « comme un roman » et plonge son lecteur directement dans la vie quotidienne du Siècle d'Or, reflétant dans mille détails quotidiens les manières de vivre, de penser, et surtout de parler de cette époque. Certains de nos intellectuels contemporains, détracteurs des proverbes qu'ils considèrent comme la quintessence de la bêtise (Roland Barthes, ou encore le philosophe Alain Roger), récusent la non-pensée stéréotypée qu'ils croient y voir. Loin de là ! Le lecteur sans préjugés, dans ce maremagnum de proverbes, trouvera tout sauf une pensée rigide. Les proverbes disent joyeusement tout et son contraire, mais surtout jouent avec la langue de mille façons.

Autre richesse, celle des nombreux commentaires ajoutés par Correas, qui ne servent pas seulement à éclairer le sens d'énoncés devenus, déjà au XVIIe siècle, obscurs, mais à informer le lecteur, lorsque la nécessité s'en fait sentir, du contexte d'emploi des proverbes présentés. Ainsi, accédant à la fois aux énoncés et à leur environnement, avons-nous une vue encore plus complète des comportements verbaux et sociaux en Espagne au Siècle d'Or, comportements qui, il faut le reconnaître, sont devenus parfois surprenants pour notre sensibilité, voire exotiques.

On ne peut rester insensible devant l'amour passionné de l'étude manifesté jusqu'au bout de son existence par le vieux professeur Correas, jamais lassé de travailler.

Mais d'où viennent ces innombrables énoncés recueillis par Correas dans son Vocabulario de refranes ? Beaucoup furent collectés oralement par enquêtes linguistiques menées in vivo à Salamanque par Correas en personne. Mais, en bon universitaire, il n'a pas manqué d'inclure d'abord dans son vaste répertoire tous les proverbes déjà réunis dans les nombreuses collections érudites préexistantes publiées à son époque, y adjoignant y compris le contenu d'au moins un recueil non publié et non identifié, désigné par lui comme « el de mano » (« le manuscrit ») ou « el de Plazencia » (« celui de Placencia »). Citons ces recueils de proverbes antérieurs, certains très connus, d'autres moins : le Libro de refranes de Pedro Vallés (1549) ; les Refranes o Proverbios en romance de Hernán Núñez, dit « el Comendador » (1555) ; la Philosophia vulgar de Juan de Mal Lara (1568) ; la Floresta española de Melchor de Santa Cruz (1574), le Diccionario de vocablos castellanos de Sánchez de la Ballesta (1587). Certains proverbes ou expressions sont aussi tirés d'œuvres littéraires.

Le choix fait par Correas d'une présentation des proverbes par ordre alphabétique éloigne les uns des autres des énoncés qui seraient proches par le sens, ce qui ajoute peut-être encore au charme de cette visite aléatoire du fonds parémiologique et conversationnel espagnol. Toutefois, l'approche thématique qui est ici la nôtre conduit à regrouper des proverbes qui, dans le Vocabulario, sont séparés. Ce travail peut se faire « à la main », au prix d'une patiente lecture, mais se trouve grandement facilité par l'utilisation de la version digitale de cet ouvrage due à l'Université de Navarre.

Le moment est venu de donner quelques éclaircissements sur le cheminement par lequel nous est parvenue cette extraordinaire collection réunie par Gonzalo Correas, intellectuel à l'esprit original, qui avait choisi de transcrire les proverbes en employant une orthographe personnelle (ipókrita au lieu de hipócrita, eszelente au lieu de excelente, Érkules au lieu de Hércules, etc.) ainsi qu'un ordre alphabétique qui lui était propre (a, e, i, o, u, r, l, n, s…), et qui avait aussi inventé un cryptage numérique pour voiler les énoncés jugés par lui trop malsonnants.

Correas n'ayant pas eu le temps d'éditer avant sa mort (survenue en 1631) ce manuscrit en gestation depuis 1608 et prêt à publier en 1627, la collection était restée longtemps, jusqu'à la moitié du XVIIIe siècle, oubliée dans les archives du Colegio Trilingüe de Salamanque, où Correas avait enseigné le grec et l'hébreu. C'est alors que la Real Academia Española, au courant de l'existence de ce recueil hors normes, et consciente de son immense apport linguistique, eut la bonne idée d'inclure ce trésor parémiologique dans les pages de la nouvelle édition de son Diccionario et, dans cette intention, commanda une copie (malheureusement catastrophique) du Vocabulario, qui fut déposée dans les archives de l'Académie. On appelle cette copie le « manuscrit de 1780 ». Il est difficile de savoir dans quelle mesure l'édition du Diccionario de la Real Academia de 1783, incomplète, intégra ce matériel parémiologique. Mais, lorsqu'au début du XXe siècle, la Real Academia décida enfin de publier le Vocabulario de refranes en tant que tel, on constata qu'entre temps le manuscrit original de Salamanque était devenu introuvable (perdu de vue depuis 1835), et l'on utilisa donc, à défaut, le « manuscrit de 1780 », avec toutes les erreurs qui s'y trouvaient, et ceci pour les deux éditions successives de 1906 et de 1924 du Vocabulario de refranes. La première édition de l'ouvrage de Correas par la Real Academia adopta une modernisation de l'orthographe, tout en respectant l'ordre alphabétique particulier initial, alors que la réédition suivante, de 1924, modernisait non seulement l'orthographe, mais aussi l'ordre alphabétique. Par bonheur, le manuscrit original fut retrouvé, bien plus tard, en 1960, par Robert Jammes, dans les fonds de la Bibliothèque Nationale de Madrid. Mais l'illustre spécialiste de Gongora, trop occupé par ses propres travaux sur le poète cordouan, ne put s'y consacrer, malgré son vif intérêt pour les proverbes, et fit profiter de la redécouverte du manuscrit un autre hispaniste, son ami Louis Combet, qui réalisa une remarquable édition critique du Vocabulario, publiée en 1967. Une fois celle-ci épuisée, un éditeur madrilène publia, en 1992, une édition en fac-similé du Vocabulario de refranes tel qu'il avait été édité initialement par la Real Academia Española, diffusant à nouveau les erreurs qui s'y trouvaient et qui rendaient parfois incompréhensibles ou absurdes certains dictons. Les éditions de la Real Academia allaient malheureusement servir de base aussi à l'édition digitale de 2000 élaborée à l'université de Pampelune par Ricardo Zafra3, répandant encore plus les multiples erreurs qui pourtant avaient été corrigées de longue date par l'édition de Louis Combet, respectueuse du manuscrit original, erreurs qui sont loin d'être marginales, car elles affectent près d'un proverbe sur dix. Un exemple des difficultés créées par le mauvais copiste du manuscrit de 1780 : « Mi vecino cayó de la oliva; su cara en el lodo, que no la mía. »4 (M 984 r) était transcrit par lui de façon incompréhensible « Mi vecino cayó de la oliva; su casa en el lodo, que no la mía5.» Ou encore « Ni con toda sed al cántaro, ni con toda hambre al almario. »6 (N 129 r) était transcrit : « Ni con toda sal el cántaro, ni con toda hambre el almario7. »

Ainsi, pour pouvoir travailler de nos jours de façon rigoureuse sur ces proverbes et échapper à ces énoncés pleins d'inexactitudes, se faisait donc ressentir la nécessité de mettre à la disposition du public et des universitaires une nouvelle édition qui présentât les qualités scientifiques de celle de Louis Combet (épuisée), mais qui, de surcroît, fût si possible plus aisément consultable que cette dernière8, en offrant au lecteur le classement orthographique qui lui est de nos jours familier et une orthographe normalisée, faute de quoi ce magnifique corpus restait encore trop inaccessible. C'est à nouveau Robert Jammes qui eut cette initiative. Correas lui doit beaucoup ! Pour que cette version modernisée conserve sa valeur philologique, les seules modifications qui furent apportées ont consisté à faire abstraction des initiatives orthographiques de Correas, tout en respectant scrupuleusement par ailleurs l'orthographe d'époque du manuscrit, et à redistribuer les proverbes selon l'ordre alphabétique actuel. Au soin qu'avait pris Correas de transcrire très exactement ces proverbes et expressions sous leur forme orale, qui s'éloigne parfois notablement de ce qu'aurait été une forme canonique écrite, fait écho le perfectionnisme de Louis Combet et, trente ans après, celui de Robert Jammes, le premier redécouvreur du manuscrit. Celui-ci, aidé de Maïté Mir-Andreu, alors ingénieur CNRS au Laboratoire FRAMESPA9 de l'université de Toulouse II, entreprit pendant trois longues années de mener à bien cette cure de jouvence du Vocabulario de refranes, qui aboutit à l'édition sur papier, dite « de Louis Combet, révisée par Robert Jammes et Maïté Mir-Andreu », publiée à Madrid, chez Castalia, en 2000. À la fin de son introduction à cette édition de 2000, Robert Jammes soulignait l'importance que revêtait cette collection de proverbes, non seulement comme instrument de travail pour les chercheurs espagnols et hispanistes, mais comme objet d'étude en soi.

On pourrait penser qu'avec l'aboutissement que représente l'édition Jammes-Mir de 2000, les proverbes du Vocabulario de refranes en avaient enfin terminé avec leurs tribulations éditoriales. Mais il n'en est rien, car (paresse ou imprudence ?), cédant à la facilité de consultation que représentait l'édition digitale navarraise publiée également en 2000, divers chercheurs (par exemple, Martínez de Carnero, de l'université Sapienza de Rome, en 2008) se sont fiés uniquement à celle-ci et aux innombrables inexactitudes provenant de la copie défectueuse dont elle était, en début de chaîne, inspirée, et ont eux-mêmes contribué, en publiant à leur tour sur la Toile leurs bases de données de proverbes et leurs travaux, à dupliquer à l'infini des versions altérées ou absurdes de ces énoncés. Bien sûr, l'édition digitale est irremplaçable pour repérer facilement des proverbes au moyen de mots-clés, mais elle est à manier avec précaution et de façon distanciée, et surtout, il ne faut pas s'en contenter : aucun travail universitaire digne de ce nom ne devrait être réalisé sans consulter soigneusement l'édition de Madrid, Castalia, 2000, de Louis Combet, révisée par Robert Jammes et Maïté Mir-Andreu, édition qui, elle seule, reflète le manuscrit original et apporte, outre un libellé exact des énoncés, de nouvelles notes explicatives ou philologiques dues à la plume de Robert Jammes, qui s'ajoutent à celles de Louis Combet, notes toutes très utiles à la bonne compréhension de ces proverbes.

Mais c'est mission impossible de lutter contre l'engendrement automatique des versions altérées des proverbes de Correas sur les moteurs de recherche d'Internet. Pour l'éternité ? Ce sont les dégâts collatéraux de l'informatique…

N'étant pas conçu dans une perspective universitaire, le travail ici présenté n'est pas exhaustif, tous les proverbes sur le thème de la maison ne sont pas cités. Mais tout de même une immense majorité, y compris les variantes. Loin d'être redondantes, celles-ci donnent une idée de la popularité d'un proverbe et dévoilent in vivo les processus d'évolution et de formation de ces énoncés. De nombreuses notes de bas de page apportent des précisions rendues parfois nécessaires par la concision des proverbes ou par l'évolution de la langue, et renvoient parfois à des définitions et commentaires tirés de dictionnaires dont certains sont plus anciens que le Vocabulario..., d'autres légèrement postérieurs.

Notre souci a été de rendre agréable à lire ce qui aurait pu n'être qu'une indigeste liste de proverbes. Le ton adopté se veut familier, pour amuser le lecteur et s'éloigner d'une présentation universitaire. Cette étude doit être reçue comme à la fois sérieuse et pas sérieuse !

On a tenté de regrouper par affinité les proverbes. Affinité de sens et de forme. On peut même, en organisant les proverbes en séquences, raconter une histoire, comme celle des servantes ou des valets, renvoyés ou gardés par leur maîtres. Mais il aurait été trop artificiel de classer systématiquement par thèmes. Par exemple, pour le thème de la visite, on aurait pu réunir des proverbes comprenant le terme « vecino », l'expression « a casa de », des expressions de salutation, etc. Mais nous avons privilégié une présentation par mots-clés, qui reflète d'ailleurs le mode de collecte digital de ce corpus : casa, choza, heredad, abrigo, nido, hogar, fuego, chimenea, brasero, azotea, solana, teja, tejado, zaguán, techo, escalera, puerta, ventana, mujer ventanera, cerradura, candado, llave, cama, cabecera, mesa, estrado, silla, escaño, almario, alacena, visita, vecino, mujer casera10. Cette présentation entraîne un certain désordre thématique, en partie compensé en utilisant, pour le mot-clé principal « casa », quatre zones de classement, celle des expressions (comme en casa de, a casa de, etc.), celle des proverbes évoquant la richesse, puis l'autorité, et enfin la protection, et en ouvrant trois chapitres particuliers pour des thèmes intimement liés à celui de la maison : la « mujer casera » (la femme qui gouverne bien sa maison), la visite, le voisin.

S'il subsiste malgré tout un certain désordre thématique, celui-ci se révèle finalement plutôt agréable et permet d'éviter la monotonie d'un classement trop reconstruit. Par ailleurs, tous les proverbes étant précédés de la référence qui est la leur dans le classement alphabétique moderne adopté par l'édition Jammes-Mir, on peut les retrouver aisément dans l'une ou l'autre des deux grandes parties de cet ouvrage de référence. Cela nous a dispensé de choisir, pour ce petit livre, un classement proprement alphabétique, qui était certes une option possible, mais écartée car encore plus « dispersante » sur le plan thématique que celle qui a été finalement retenue. De plus, un index alphabétique final facilite les repérages.

Les proverbes nous montrent-ils la société du Siècle d'Or telle qu'elle était ? Que l'on ne s'imagine pas avoir nécessairement, par leur biais, un accès direct aux mentalités du Siècle d'Or, comme certains, et même d'éminents spécialistes, aimeraient à le croire. Et il ne faut pas toujours prendre les proverbes au pied de la lettre... Dans cette flânerie à travers les proverbes de Correas, ne cherchons pas forcément à reconstruire un monde exact, mais prêtons plutôt une oreille curieuse à ces expressions, bons mots, devinettes, historiettes et proverbes que l'on employait dans la conversation. Ce qui est certain, c'est que tous ces énoncés reflètent bien ce que l'on aimait dire au Siècle d'Or. Pouvoir écouter, tout simplement, ce que les gens disaient, pouvoir s'immiscer dans la bande sonore, ô combien pittoresque, des Espagnols du XVIIe siècle, c'est déjà bien !

N. B. :

La référence qui précède les proverbes renvoie à leur numérotation dans l'édition de Louis Combet révisée par Robert Jammes et Maïté Mir-Andreu, Madrid, Castalia, 2000, de la façon suivante : la lettre est la première lettre du proverbe. Le numéro est celui du proverbe dans chacun de ces chapitres alphabétiques. Les lettres « r » et « f », dans ces références, signifient respectivement « refrán » ('proverbe') et « frase » ('phrase ou expression' [familière]), le Vocabulario de refranes de Correas étant divisé en ces deux grandes catégories.

Les commentaires de Correas sont présentés après un « / », immédiatement à la suite du proverbe.

Le lecteur constatera que l'orthographe des proverbes diffère parfois de l'orthographe actuelle.

Les notes linguistiques en bas de page permettent de bénéficier de quelques définitions éclairantes tirées, pour la plupart, du Diccionario de Autoridades (1726, abrégé ici en « Aut. »), et du Tesoro de la lengua castellana o española (1764) de Sebastián de Covarrubias (abrégé en « Covarr. »). Mais d'autres dictionnaires ou répertoires sont cités, comme celui de César Oudin (Refranes o proverbios castellanos traduzidos en lengua Francesa, 1605), ou, plus rarement, comme le Sobrino aumentado (1776), de Francisco Cormón, ou encore les proverbes traduits par Juan de Iriarte : Refranes castellanos traducidos en verso latino (1776).

Marius Borgeaud (1861-1924), Vue de la fenêtre © Coll. Pinard-Jacob, Suisse

1 'Lexique de proverbes et expressions proverbiales'.

2 Le titre complet, dans l'orthographe particulière originelle propre à Correas, est : « Vokabulario de Rrefranes i Frases Proverbiales, i otras Fórmulas komunes de la lengua Kastellana, En ke van todos los inpresos antes, i otra gran kopia ke xuntó el Maestro Gonzalo Korreas, Kratedático (sic) de Griego i Hebreo en la Universidad de Salamanka ».

3 Éd. Reichenberger.

4 'Mon voisin est tombé de l'olivier ; son visage dans la boue, pas le mien.'

5 'Mon voisin est tombé de l'olivier ; sa maison dans la boue, pas la mienne.'

6 'Ni quand on a très soif à la cruche, ni quand on a très faim au placard.'

7 'Ni avec tout le sel la cruche, ni quand on a très faim le placard.'

8 Louis Combet avait conservé l'orthographe et l'ordre alphabétique propres à Correas, ce qui rendait la consultation de l'ouvrage très difficile pour le grand public.

9 Le laboratoire FRAMESPA (France, Amériques, Espagne – Sociétés, pouvoirs, acteurs), UMR 5136, Université de Toulouse – Jean Jaurès et CNRS, rassemble des historiens médiévistes, modernistes et contemporanéistes, des archéologues, des historiens de l’art, et des littéraires.

10 Pour le vocabulaire plus spécifique de la cuisine (ajuar, plato, fuente, olla, puchero, vaso, mantel, aparador, quesera, encella, cedaz, estaca), nous renvoyons au chapitre « mesa », dans Françoise Cazal, L'Espagne du Siècle d'Or racontée par les proverbes. Les aliments dans le Vocabulario de refranes y frases proverbiales de Gonzalo Correas (1627), Paris, BoD–Books on Demand, 3e édition, 2019.

Les proverbes

Un rapide coup d'œil sur l'emblématique Diccionario de Autoridades, de l'Académie Espagnole, montre la complexité des sens du terme « casa », directement reflétée dans les proverbes. « Casa » : édifice destiné à l'habitation, monastère, abri ou repaire des animaux, ensemble des domestiques d'une maisonnée, descendance d'une lignée, « maisons » en astrologie, cases de l'échiquier, « Casa de Dios » (l'église), Casa del Rey ou Casa Real (l'administration royale), Casa de Moneda (Hôtel de la Monnaie). Le nombre des proverbes comportant ce mot est, de plus, accru par rapport au français, en raison des locutions fréquentes « en casa » ou « a casa » ('chez'). Sub verbo « casa », le Diccionario de Autoridades ne manque pas de citer quelques proverbes, que nous retrouverons tous sauf un dans ces pages : « No tener casa ni hogar », « Parece casa de esgrimidor », « Vuelve a casa, pan perdido », « Casa reñida, casa regida » (celui qui n'est pas chez Correas), « A casa vieja, puertas nuevas », « A quien Dios quiere, la casa le sabe », « En casa de tía, mas no cada día », « En casa de tu hermano, mas no cada verano », « En casa llena, presto se guisa la cena », « Justicia, mas no por mi casa », « La casa hecha, y el huerco a la puerta », « Más sabe el necio en su casa, que el cuerdo en la ajena », « Mi comadre la andadora, si no es en su casa, en todas las otras mora », « Mientras en mi casa me estoy, rey me soy », « Por mejoría, mi casa dexaría », « Qual es Olalla, tal casa manda », « Toma casa con hogar y muger que sepa hilar », soit dix-sept proverbes, ce qui est déjà beaucoup pour une seule entrée de dictionnaire11, mais permet de mesurer, par comparaison, l'incomparable richesse de la récolte de Correas, sur ce thème comme sur tous les autres.

11 De nombreux autres proverbes concernant la maison figurent bien entendu dans des entrées différentes de ce même dictionnaire.

1 Maison (casa)

Les expressions a casa, en casa, de casa, de su casa...

Célèbre malédiction

A 1609 r- Allá darás, rayo, en cas de Tamayo;

[o] Allá darás, rayo, en casa de Ana Gómez;

[o] Allá darás, rayo, en casa de Ana Díaz.

Va donc tomber là-bas, foudre, sur la maison de Tamayo. Va donc tomber là-bas, foudre, sur la maison d'Ana Gomez. Va donc tomber là-bas, foudre, sur la maison d'Ana Diaz12.

Se méfier des curés : vertu en danger

A 89 r- A casa del cura, ni por lumbre vas segura13.

Chez le curé, même pour du feu, c'est risqué.

Façon plaisante de dire que quelque chose est très loin

A 1066 r- Ahí es, junto a casa. / Ironía cuando es muy lejos.

C'est là, tout juste à deux pas de la maison.

Maison-refuge

A 1863 r- Ande y ande, y a mi casa me torne.

Bourlinguer, bourlinguer, et chez moi retourner.

I 41 r- Iré, iré, y a mi casa me tornaré. / Del que va a buscar a casa de otros, y vuelve vacío; y por los que se van por el mundo y a ver tierras por valer, y al fin vuelven a su tierra, que no hallan en otra tanta comodidad y reposo14.

J'irai, j'irai, et chez moi m'en retournerai.

C'est dur de partir

L 412 r- La mayor jornada, es hasta salir de casa.

La plus longue étape, c'est pour sortir de la maison.

H 264 r- Hasta salir de casa es la mayor jornada; o la peor [jornada].

Jusqu'à la sortie de la maison, c'est la plus longue étape ; ou « la pire [étape] ».

Retour

M 96 r- Mal huye quien a casa torna.

Bien mal fuit qui retourne chez lui.

N 907 r - No huye quien a casa torna.

Point ne fuit, qui retourne chez lui.

Concerne ceux qui voyagent à pied en été, ou les jeunes gens qui sortent la nuit

A 1846 r- Andar toda la noche y amanecer en casa; o en la posada. / Quien camina en verano; y los mozos que rondan la noche y se acuestan a la madrugada, que se recojan con tiempo15.

Toute la nuit marcher et à l'aube à la maison arriver ; ou « à l'auberge ».

Ils n'ont guère avancé

M 35 r- Madrugar, madrugar, y amanecer al Jejo. / Propusieron esto, y amanecióles en casa, y salieron tarde. El Jejo es junto a Ledesma. Es de los sayagueses que vienen al mercado a Salamanca16.

Se lever tôt, se lever tôt, et voir le jour se lever au Jejo.

Date où les métayers déménagent et les valets sont embauchés

H 167 f- Hacer san Miguel. / Lo que «Hacer san Juan», o «...san Pedro»; mudar casa, y despedirse el mozo; y: despedille. En Salamanca y parte de Aragón, se cumple por san Miguel17.

Faire la Saint-Michel.

Souhait des paysans à la recherche d'un métayage

B 245 r- Bienaventurado es quien por San Andrés en casa es.

Heureux qui, à la Saint-André, dans maison est.

P 880 r- Por San Juan veremos quién tiene casa. / Porque entonces se ahucian y desahucian las casas de alquiler18.

À la Saint-Jean, nous verrons qui maison a.

Jour de changements

D 402 f- Día de San Juan, tres costumbres: mudar casa, mudar amo o mozo, coger hierbas y bañarse, por su bautismo.

Le jour de la Saint-Jean19 trois coutumes : changer de maison, changer de maître ou de valet, cueillir des herbes et s'immerger, pour se baptiser.

Effervescence amoureuse

M 233 r- Mañana de San Juan, mozas, a mi casa todas.

Le matin de la Saint-Jean, jeunes filles, allez, toutes chez moi.

Confidence

A 2435 r- Ayer me echó descontenta doña Elvira de su casa. —¿Qué me cuenta? —Lo que pasa. —Bien lo cuenta, y mal lo pasa20.

Hier, Doña Elvira, courroucée, à la porte de sa maison m'a jeté. —Que m'avez-vous là conté ? —La pure vérité. —Beau récit, mais mal fini.

Bien nulle part

A 1436 r Al ruin falta posada, que fuera, que en casa.

Mauvais homme jamais ne trouve abri, tant dehors que chez lui.

Le mardi ne portait pas chance

B 289 r- Boda buena, boda mala: el martes en tu casa.

Bon mariage, mauvais mariage21 : le mardi, à la maison.

E 1815 r- En martes, ni tu casa mudes, ni tu hija cases, ni tu ropa tajes. / «Tajes» es: «cortes».

Le mardi, ni déménager ni ta fille marier ni tes vêtements couper22.

Un tailleur qui n'avait pas le sens des affaires

E 127 r- El alfayate de la encrucijada23, que ponía el hilo de su casa. / Es: el sastre.

Le tailleur du coin de la rue, qui fournissait le fil de son cru24.

E 1289 r- El sastre de Piedras Albas, que ponía el hilo de su casa.

Le tailleur de Piedras Albas, qui fournissait le fil de sa poche.

Quelque chose d'impossible

P 183 r- Puerco en casa de judío.

Porc en maison de juif.

Servante vertueuse reste à la maison

A 334 r- A la moza mala, la campana la llama; que a la buena, en casa la halla.

La mauvaise servante, c'est la cloche qui

l'appelle ; la bonne servante, elle la trouve à la maison.

La maison ne protège pas de tout

A 338 r- A las veces, lleva el hombre a su casa con que llore.

Bien souvent, homme ramène chez lui tourments25.

Une chose au moins est certaine

A 401 r- A la una, que bien, que mal, en cada casa comido han. / Esto es lo ordinario, y es manera de consolarse los que tienen poco con que proveerse26.

À une heure, peu ou prou, dans chaque maison on a mangé.

Pour souligner la violence d'un acte

A 1925 r- Ansí te echen de tu casa./Comparación de violencia; y puede ser ironía.

Qu'on te mette ainsi à la porte de chez toi27 !

Protestation pour se défendre

A 430 f- Ansí me quieren en mi casa. Ansí le quieren en casa. / Respuesta que dan en defensa28.

C'est comme ça qu'on m'aime chez moi. C'est comme ça qu'on l'aime chez lui.

Les calamités domestiques font fuir les hommes

E 692 r- El humo, y la gotera, y la mujer brava echan al hombre de casa; [o] El humo, y la mujer, y la gotera, echan al hombre de su casa fuera.

Fumée et gouttière, et femme de mauvais caractère, boutent l'homme hors de chez lui ; [ou] « Fumée, et femme, et gouttière, boutent l'homme hors de chez lui. »

H 616 r- Humo y gotera, y mujer brava, echan al hombre de su casa.

Fumée et gouttière, et femme de mauvais caractère, chassent l'homme de chez lui.

Q 29 r- ¿Qué echa al hombre de casa?

—Humo y mujer brava.

Qu'est-ce qui chasse l'homme de chez lui ?

— Fumée et femme pleine d'acrimonie.

H 615 r- Humo y gotera, y la mujer parlera, echan al hombre de su casa fuera.

Fumée et gouttière, et femme bavarde, chassent l'homme de chez lui.

T 665 r- Tres cosas echan al hombre de su casa: el humo, la gotera, y la mujer brava.

Trois choses éloignent un homme de sa maison : fumée, gouttière et femme de mauvais caractère.

T 666 r- Tres cosas echan al hombre de su casa fuera: el humo y la gotera, y la mujer vocinglera.

Trois choses éloignent l'homme de son logis : fumée, gouttière, et harpie.

C'est mieux à la maison

H 122 r- Hacer la nada en casa. / Cuando el padre halla fuera de casa al hijo o criada, y dice «¿Qué hacéis ahí?» y le responden: «Nonada», él añade: «Hacer la nada en casa».

Allez donc faire « rien du tout » à la maison29.

Pauvre Gonzalo !

E 1507 r- En casa de Gonzalo, más puede la gallina que el gallo.

Chez Gonzalo, la poule a plus de pouvoir que le coq.

Prérogative

T 715 r- Triste de la casa, donde la gallina canta y el gallo calla.

Triste maison, que celle où poule chante et coq se tait.

Doublement malheureux

E 1525 r- En casa del mezquino, más manda la mujer que el marido.

Chez l'homme démuni, plus commande femme que mari.

Elle régente tout

E 1528 r- En casa del ruin, la mujer es alguacil.

Chez le misérable, femme fait la loi.

E 1513 r- En casa de mujer rica, ella manda y él calla; o suplica; [o] En casa de mujer rica, ella manda siempre, y él nunca; o y él obedece.

Chez femme riche, elle commande et lui se tait ; ou « supplie » ; [ou] « Chez femme riche, c'est toujours elle qui commande, et lui, jamais » ; ou « et lui, il obéit ».

Personnalités troquées

E 1512 r- En casa de Miguel, él es ella y ella es él. En casa de Mari Miguel, ella es él.

Chez Michel, elle, c'est lui, et lui, c'est elle30.

L'épée et la quenouille

C 944 r- Con mal anda la casa donde la rueca manda a la espada.

Mauvais pour la maisonnée, quand la quenouille commande à l'épée.

Le jeu, le pire des vices

E 1529 r- En casa del tahur, poco dura el alegría31. / Porque presto vuelve a perder lo que ganado había32.

Dans la maison du joueur, bien peu dure le bonheur.

Les femmes sont un facteur de conciliation

E 1514 r- En casa de tu enemigo, la mujer ten por amigo.

Dans la maison de ton ennemi, tiens sa femme pour amie.

Tact

E 1515 r- En casa del ahorcado, no se ha de nombrar la soga; [o] ni mentar...

Dans la maison du pendu, point ne faut parler de corde ; [ou] « point ne faut mentionner... »

E 1526 r- En casa del moro, no hables algarabía.

Chez le Maure, ne parle pas dans son idiome.

S 755 r- Siempre en casa del moro se habla algarabía.

Toujours, dans la maison du Maure, on parle son idiome.

Générosité de cœur

E 1517 r- En casa del bueno, el ruin cabe el fuego; o el ruin tras el fuego.

Chez l'homme vertueux, le miséreux a sa place au coin du feu : ou « près du feu ».

Bonne adresse

E 1508 r- En casa de la de Clemente, vino eminente. / Fue en Nájera, en el barrio de San Miguel y del Cucharón, donde hay bodegas de buen vino33.

Chez la femme de Clément, vin éminent.

Il y a toujours pire que soi

E 1518 r- En casa del ciego, el tuerto es rey.

Chez l'aveugle, le borgne est roi.

E 1767 r- En la tierra de los ciegos, el tuerto es rey; o En la casa, o ciudad, de los ciegos, al tuerto llaman rey.

En terre d'aveugles, le borgne est roi ; ou

« Dans la maison, ou la ville, des aveugles, le borgne, on l'appelle roi ».

Pourquoi se donner de la peine pour qui ne verra rien ?

P 199 r- ¿Para qué quiere el ciego la casa enjalbegada, si no ve nada?

Qu'aurait à faire l'aveugle de maison chaulée, lui qui n'y voit mais ?

Ils chassent de race !

E 1530 r- En casa del tamborilero, los hijos son bailadores.

Chez le tambourineur, les enfants sont danseurs.

E 1531 r- En casa del tañedor, cada cual es danzador.

Chez qui musique sait jouer, chacun sait danser.

Comme le cordonnier mal chaussé

E 1520 r- En casa del herrero, asador de palo; o [de] madero.

Chez le forgeron, la broche à rôtir est en bois ; ou « de bois ».

E 1521 r- En casa del herrero, badil de madero.

Chez forgeron, pelle à feu en bois.

E 1522 r- En casa del herrero, el cuchillo mangorrero; o de madero.

Chez ferronnier, couteau mal emmanché ; ou « couteau en bois ».

E 1523 r- En casa del herrero, el más ruin apero. En casa del herrero, el peor apero.

Chez le ferronnier, l'outil le plus mal fait. Chez le ferronnier, l'outil de pire qualité.

Talents familiaux

E 1524 r- En casa del herrero, todos aprenden a machar hierro.

Chez le ferronnier, tous apprennent à forger.

E 1516 r- En casa del alboguero todos son albogueros34.

Chez le joueur de flûte, tous jouent de la flûte.

Les chiens ont les oreilles trop sensibles

N 1436 r- Nunca perro en casa de herrero. / Entra. Por miedo de los martillos35.

Jamais chien chez forgeron.

Maison-richesse

Pouvoir et abondance

D 429 r- Dios te dé poder en villa, y en tu casa harina.

Dieu te donne pouvoir en ville, et en ta maison farine.

Bienfaits divins

D 439 r- Dios te dé salud y gozo, casa con corral y pozo.

Dieu te donne santé et plaisir, maison avec cour et puits.

Maladie ruine maison

L 115 r- La casa del doliente, quémase y no se siente.

La maison du malade se consume sans qu'on le sente.

E 1519 r- En casa del doliente, quémase la casa y no se siente.

Chez homme souffrant, la maison brûle, et point ne se sent.

L'alcool est cause de ruine

L 116 r- La casa envinada, medio empeñada.

Maison de vin remplie, hypothéquée à demi.

Hypocrisie

L 114 r- La casa de Celestina36, todos la saben y nadie la atina.

La maison de la Célestine, tout le monde la connaît, mais personne ne sait où elle est.

Patrimoine en danger

D 437 r- Dios te guarde de ladrón de casa, y de loco de fuera de casa./Dios me guarde...

Dieu te garde du larron au sein de ta maison, et du fou hors de ta maison37.

L 53 f- Ladrón de casa. / Déste nadie se puede guardar, hasta que se conoce38.

Larron de la maison.

N 821 r- No hay peor ladrón que el de casa y tu mansión39.

Il n'y a pire voleur qu'au sein de ta demeure.

Troisième colonne

N 822 r - No hay peor mal que el enemigo de casa para dañar.

Il n'y a mal pire qu'ennemi de l'intérieur pour te nuire.

Voleur bien organisé

E 270 r- El buen ladrón, en la casa, primero mira la salida que la entrada.

Bon voleur, dans une maison, avant que de chercher l'entrée cherche la sortie.

Un conte de voleurs

M 235 r- Mañana llorarán. / Unos ladrones sacaban a deshora la ropa y ajuar de una casa. Llegó la justicia de ronda, y preguntó: «¿Qué gente?». Respondieron: «Hase muerto aquí un vecino y pasamos el hato de la viuda a otra casa». Dijo la justicia: «¿Pues cómo no lloran?». A esto dijeron: «Mañana llorarán»40. Demain, ils pleureront.

Flegme

A 2298 r- Aún no dormimos. / Unos ladrones desquiciaban una puerta para robar la casa; sintiólo el dueño, y asomóse a una ventana, y dijo: «Vuelvan después, que aún no dormimos». / Nota41a los que se anticipan42.

Nous ne dormons pas encore.

Standing assorti à la fortune

B 465 r- Buenos dineros son casa con pucheros43. / «Quien tiene dineros lo tiene todo, y casa con pucheros». Vida con que pasar, y quietud, vale por buenos y grandes dineros.

Belle somme d'argent signifie maison bien pourvue en marmites.

L'amour a son prix

A 1757 r- Amores nuevos, casa con pucheros. / Que son costosos como mantener casa44.

Nouvelles amours, [coûtent aussi cher que] maison à grand train de vie.

C'est un combat quotidien de nourrir sa maisonnée

C 344 r- Casa de sustentar, castillo de guerrear.

Maison à nourrir, château à combattre45.

Avoir du patrimoine avant d'envisager le mariage

A 1945 r- Antes de casar, ten casas en que morar, y tierras en que labrar, y viñas que podar.

Avant de convoler, aie maisons où résider, terres à labourer, et vignes à tailler.

A 1983 r- Antes que te cases, ten casas que vivas, y viñas que caves y labres.

Avant de te marier, aie maisons où habiter, et vignes à bêcher et à travailler46.

Dot alléchante

P 669 r- Por casar tus hijas, promete casas y viñas.

Pour tes filles marier, maisons et vignes promets.

On pourra toujours se dédire

P 668 r- Por casar mi hija, mandé mi viña; casé mi hija y negué mi viña.

Pour marier ma fille, j'ai promis ma vigne ; ma fille j'ai marié et ma vigne j'ai refusé.

Dot virtuelle

P 149 r- Para casar mis hijas, mandé mis casas y mis viñas; después de casadas, ni hubo viñas ni casas.

Pour marier mes filles, j'ai promis mes maisons et mes vignes ; une fois mariées, plus question de vignes ni de maisons.

Le mariage intéressé à des limites

P 667 r- Por casa ni por viña, no tomes mujer parida.

Pour [avoir] maison ou vigne, ne prends pas femme accouchée.

Méfiance

E 1933 r- En Toledo no te cases, compañero; no te darán casa ni viña, mas darte han mujer preñada o parida.

À Tolède point ne te marie, mon ami ; on ne te donnera ni maison ni vigne, mais femme grosse ou déjà accouchée.

Garder juste mesure dans ses possessions

C 404 r- Casas, cuantas mores; viñas, cuantas podes, etc.

Maisons, autant que tu pourras y résider ; vignes, autant que tu pourras en tailler, etc.

C 405 r- Casas, cuanto quepas; viñas, cuanto bebas, etc.

Maisons, autant que tu pourras les occuper ; vignes, autant que tu pourras boire, etc.

C 403 r- Casas, cuantas vivas; viñas, cuantas bebas; tierras, cuantas veas, olivares, cerros y valles.

Maisons, autant que tu pourras les habiter ; vignes, autant que tu pourras boire ; terres, autant que tu pourras les embrasser du regard, oliveraies, collines et vallées.

Contenu et contenant

D 422 r- Dios te dé bien, y casa en que lo tener; o en que lo meter.

Que Dieu te donne du bien, et une maison où l'avoir, ou « et où le mettre ».

D 423 r- Dios te dé bienes, y casa en que los eches. Dios te dé qué tengas, y casa en que lo metas.

Dieu te donne des biens, et une maison où les garder. Dieu te donne possessions, et pour les garder, maison.

Savoir jeter

D 116 r- De alhajas y hadas malas, presto se hinchen las casas. / Hase de entender: alhajas ruines o trastos47.

D'objets et de mauvaises fées, bien vite maisons sont encombrées.

Ce qu'on dit pour excuser un achat sans nécessité immédiate

P 56 f- Para no menester48/ Cuando se compra algo sin necesidad, por si fuere alguna vez menester. Donosa manera de frase; y tiene fundamento: para no haber menester buscarlo otra vez49.

Sans nécessité50.

P 190 r- Para no menester. / Responde esto y dícelo el que trae alguna alhaja a casa, que no ha menester, y la guarda para cuando se ofrezca ser menester, para que no sea menester entonces buscalla prestada. Es manera de hablar estraordinaria y que parece suena lo contrario de lo que siente, esto es: para algún menester, o que se esté de sobra51. Sans besoin particulier.

Ça peut toujours servir

R 75 r- Renga, renga, y a casa venga. / Del que pone tacha a la cosa, y la desea y quiere; y que no se deje perdido lo que en algo puede aprovechar52.

Bancal, bancal, mais [quand même] on le prend à la maison.

On en a pour son argent

C 61 r- Cada casa, por su alquiler.

Chaque maison, pour son loyer.

Maison en location, mal entretenue

E 1506 r- En casa de alquiler, do se cae un terrón meten un cagajón.

Dans maison en location, là où tombe une motte53, on met une crotte.

Les Aragonais, des locataires peu soigneux

A 2153 r- Aragonés, ¡ay de la casa que está un mes; y si está un año, ése con daño!

L'Aragonais, malheur à la maison où il reste un mois ; et s'il reste un an, bonjour les dégâts !

Proverbe pour « colocataires »

C 811 r- Compañero de casa, campana de ñublado. / Por disgustos54.

Cohabiter dans maison, ça sent l'orage.

Dans certaines contrées, on néglige les abords des églises

C 342 r- Casa de Dios, corral derribado. / Lo de Dios todo es común, y así el corral donde todos pueden entrar; también parece reprender el descuido de adornar y reparar las iglesias, como sucede fuera de España55.

Maison de Dieu, enclos démoli.

Paiement fractionné

D 45 r- Dalo por sus tercios56como alquiler de casa.

Donne-le par tiers, comme loyer de maison.

Se disait d'un écervelé

P 10 f- Pagar la casa de vacío. / Para notar de vano de cabeza. Con negación: «No pagar la casa de vacío», se dice de la que busca ayuntamiento de varón57.

Louer en vide.

Au diable les commérages !

P 34 r- Pague la casa y venga de día. / De las que por el interés no reparan en lo que dirán las gentes; dicho al amigo, recado58.

Payez la maison, et venez en plein jour.

Limiter les dépenses

B 103 r- Bendita aquella casa que no tiene más de uno que gasta.

Bénie soit la maison où un seul tient de la bourse les cordons.

Il est toujours bon d'avoir un tonsuré dans la famille

B 104 r- Bendita aquella casa que tiene corona rapada. / Clérigo que ayuda. Otros dicen: «Bendita aquella casa que tiene corona rapada», y entenderáse que no tiene perdida la hacienda, ni está despojada; y mejor, que el clérigo que tiene no está sin beneficio y renta59.

Bénie la maisonnée qui a tête tonsurée.

L 149 r- La corona rasa, bien está en casa. / Que medra la casa donde hay clérigo con renta de Iglesia; también que sea recogido el clérigo.

Crâne tonsuré, à la maison sa place est toute trouvée60.

N 694 r- No hay casa harta, sino donde hay corona rapada.

Point de maison bien approvisionnée, à moins qu'il n'y habite tête tonsurée.

Le curé, un nanti

A 2428 r- ¡Ay, Señor, y tú lo ves, en cuál casa hay más dinero: en casa del crego!

Ah, Seigneur, toi, tu le vois bien, dans quelle maison il y a le plus d'argent : dans celle du curé !

Plainte d'un curé impécunieux

E 1743 r- En la iglesia, cantar; y en casa, llorar. / Que se alabe y ore a Dios en la iglesia, y en casa se trabaje y gane la vida, y se giman los pecados; y es queja de clérigo pobre y sacristán61.

À l'église, chanter ; et à la maison pleurer.

Un signe extérieur de richesse paysanne

N 693 r- No hay casa harta, do recua no anda. Point de maison bien approvisionnée, qui ne possède train de mulets.

C'est la ruine !

A 685 r- A quien hace casa, o hija casa, la bolsa le queda rasa.

Qui maison construit, ou fille marie, se retrouve avec bourse aplatie.

Budget plus élevé que ce à quoi on s'attendait

Q 383 r- Quien hace casa, o cuba, más gasta que cuida.

Qui construit maison, ou cuve, dépense plus qu'il ne pense.

Dépenses incommensurables

C 351 r- Casa hecha, y viña puesta, ninguno sabe cuánto ella cuesta.

Maison édifiée, et vigne installée, personne n'en mesure le prix payé.

Onéreux de construire

C 350 r- Casa hecha, bolsa deshecha. Casa hecha, posesión deshecha. / Que se gastó en ella la hacienda, por lo que cuesta62.

Maison finie, bourse aplatie. Maison terminée, richesse envolée.

Déception au moment de la vente

C 352 r- Casa hecha, y viña puesta, no se paga cuanto cuesta. / Si se vende63.

Maison construite, et vigne installée, ne se payent pas le prix qu'elles ont coûté.

L'expérience s'acquiert souvent bien tard

L 36 r- La bolsa vacía y la casa acabada hace al hombre sesudo, mas tarde y en zaga. / Contra los que emprenden grandes edificios, y se arrepienten de haber gastado mucho cuando no hay remedio64.

Une fois la bourse vide et la maison finie, chacun devient sage, mais bien tard pour lui.

Laisser aux autres la peine de commencer

C 825 r- Compra casa hecha y viña do nazca hierba.

Achète maison toute faite et vigne où pousse l'herbe65.

Seule une descendance peut justifier le souci de construire

C 358 r- Casa no hará quien hijos no ha. / Porque el gasto es mucho, y no se goza66. Point maison ne construira qui enfants n'a.

On n'en voit jamais le bout

O 66 r- Obra saca obra67. / Las obras buenas obligan a la correspondencia; también, comenzando aderezos de casas, sale más obra que piensan.

Travaux entraînent travaux68.

Une vie n'y suffirait pas

C 341 r- Casa cumplida, en la otra vida.

Une maison réellement finie, dans l'autre vie.

Au propre et au figuré

P 1005 r- Poste entero, tiene la casa en peso.

Pilier robuste supporte poids de maison.

Bien faire les choses dès le début

C 355 r- Casa mal avenida, presto es recidida. / «Recidida» por: caída, o desbaratada. Duran en refranes palabras viejas69.

Maison mal conçue, bientôt écroulée.

Façon de plaisanter

N 766 r- No hay más mal en él que en una casa caída. / Ironía deshecha con gracia70.

Il n'y a pas plus de mal chez lui que dans maison démolie.

N 766 r- No parece que hay más mal en él que en una casa que se va a caer.

Cela semble chez lui aussi bien aller que dans maison prête à tomber.

Prestige d'un beau portail

P 770 r- Por la portada se compra la casa; [o] se conoce.

C'est pour son portail qu'on achète maison ; [ou] « C'est à son portail que l'on connaît maison ».

S'applique aussi à ceux qui ont une grande bouche

L 62 r- La buena portada honra la casa. / Es verdad, y los que tienen gran boca se escudan y defienden con este refrán71.

Beau portail honore maison.

L'un n'empêche pas l'autre

B 447 r- Bueno es misa misar, y casa guardar.

Il est bon de messe écouter, et de maison garder.

M 1064 r- Misa misar, y casa guardar.

Messe écouter, et maison garder.

M 1066 r- Misar y rezar, y casa guardar.