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Extrait : "LA MARQUISE : Ah ! vous voilà, Saint-Alban ! Où sont donc mes gens ? Il n'y a là personne pour annoncer ? SAINT-ALBAN : Non, madame. LA MARQUISE, en souriant. Il faut qu'il vous soit arrivé quelque grand malheur ; car, Dieu merci, je ne vous vois plus que lorsque vous êtes chagrin."
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Seitenzahl: 16
EAN : 9782335001457
©Ligaran 2015
LA MARQUISE DE CLAYE, LE COMTE DE SAINT-ALBAN.
La marquise est dans sa chambre à travailler ; elle voit entrer Saint-Alban d’un air rêveur.
Ah ! vous voilà, Saint-Alban ! Où sont donc mes gens ? Il n’y a là personne pour annoncer ?
Non, madame.
Il faut qu’il vous soit arrivé quelque grand malheur ; car, Dieu merci, je ne vous vois plus que lorsque vous êtes chagrin.
Ah ! madame !
Eh bien, qu’est-ce que c’est ? vous avez l’air soucieux. (Saint-Alban soupire et se tait.) Mais parlez donc, Saint-Alban, vous m’inquiétez. (Elle quitte son ouvrage.)
Que vous dirai-je, madame ?
Tout ce que vous avez dans l’âme. (Il se promène ; la marquise se lève et le suit.) Ne suis-je plus votre amie ? (Il fait un geste de tête pour marquer sa reconnaissance.) Ne vous ai-je pas toujours regardé comme mon enfant ?(Vivement.) Ah çà, parlez donc.
Madame… Adieu.
Eh ! mais, où allez-vous donc ?
Me noyer.
Vous noyer ! C’est un parti bien violent : dites-m’en au moins la raison.
Ah ! elle est toute simple : la vie m’est insupportable ; je ne peux plus y tenir.
À qui le dites-vous ? Je sais vraiment bien qu’il est cruel de vivre ; quand vous aurez mon expérience, vous en serez bien autrement dégoûté.
Ah ! je défie…
Pas un moment de tranquillité !
Des maîtresses froides…
Ou infidèles, n’est-ce pas ?
Des amis sans foi.
Point de bonheur durable.
Nulle indulgence pour la jeunesse.
Point de crédit sans nom.
Ou sans argent.
Le mérite perpétuellement bafoué.
Du matin au soir la sottise encensée.
En bonne foi, cela peut-il se supporter ?