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Une histoire vampirique au sein de laquelle les nuits d’un jeune prêtre, Romuald, sont hantées par l’esprit de Clairmonde, une jeune femme dont il est tombé éperdument amoureux.Qualifiée de "chef d’œuvre" par Baudelaire, la Morte Amoureuse est aujourd’hui considérée comme l’un des plus beaux contes d’amour et de mort.
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Veröffentlichungsjahr: 2016
Copyright
THÉOPHILE GAUTIER
LA MORTE AMOUREUSE
Copyright © 2012 par FV Éditions
Photographie utilisée pour la couverture :
«She loved him», Melodi [email protected]
ISBN 9791029900617
Tous Droits Réservés
Poète et romancier d’inspiration romantique, Théophile Gautier (1811-1872) met ici une fois de plus son génie littéraire au service d’une nouvelle fantastique au sein de laquelle les nuits d’un jeune prêtre, Romuald, sont hantées par l’esprit de Clairmonde, une jeune femme dont il est tombé éperdument amoureux.
Au-delà du registre fantastique affectionné par l’auteur, cette histoire aborde ainsi le thème du rapport de force qu’il existe chez les hommes d’Église entre la Foi et la passion amoureuse. L’utilisation du vampirisme au coeur de cette histoire permet aussi de mettre en scène, dans un style que Gautier maîtrise à la perfection, la tentation de la chair et le caractère souvent «bicéphale» de nos existences. Nous sommes en effet tous confrontés à la difficulté de faire des choix et nos conduites sont parfois contraires à nos pensées. Les psycho-sociologues parlent ici de dissonance cognitive, état de tension psychologique qu’illustre parfaitement le trouble vécu par le personnage principal.
La nouvelle, publiée pour la première fois dans la « Chronique de Paris », une revue littéraire créée par Balzac, suscita l’admiration de Baudelaire qui qualifia cette histoire de « chef d’œuvre ». La Morte Amoureuse est aujourd’hui considérée comme l’un des plus beaux contes d’amour et de mort.
FVE
Vous me demandez, frère, si j’ai aimé ; oui. C’est une histoire singulière et terrible, et, quoique j’aie soixante-six ans, j’ose à peine remuer la cendre de ce souvenir. Je ne veux rien vous refuser, mais je ne ferais pas à une âme moins éprouvée un pareil récit. Ce sont des événements si étranges, que je ne puis croire qu’ils me soient arrivés. J’ai été pendant plus de trois ans le jouet d’une illusion singulière et diabolique. Moi, pauvre prêtre de campagne, j’ai mené en rêve toutes les nuits (Dieu veuille que ce soit un rêve !) une vie de damné, une vie de mondain et de Sardanapale. Un seul regard trop plein de complaisance jeté sur une femme pensa causer la perte de mon âme ; mais enfin, avec l’aide de Dieu et de mon saint patron, je suis parvenu à chasser l’esprit malin qui s’était emparé de moi. Mon existence s’était compliquée d’une existence nocturne entièrement différente. Le jour, j’étais un prêtre du Seigneur, chaste, occupé de la prière et des choses saintes ; la nuit, dès que j’avais fermé les yeux, je devenais un jeune seigneur, fin connaisseur en femmes, en chiens et en chevaux, jouant aux dés, buvant et blasphémant ; et lorsqu’au lever de l’aube je me réveillais, il me semblait au contraire que je m’endormais et que je rêvais que j’étais prêtre. De cette vie somnambulique il m’est resté des souvenirs d’objets et de mots dont je ne puis pas me défendre, et, quoique je ne sois jamais sorti des murs de mon presbytère, on dirait plutôt, à m’entendre, un homme ayant usé de tout et revenu du monde, qui est entré en religion et qui veut finir dans le sein de Dieu des jours trop agités, qu’un humble séminariste qui a vieilli dans une cure ignorée, au fond d’un bois et sans aucun rapport avec les choses du siècle.