La Nuit Vénitienne - Alfred de Musset - E-Book

La Nuit Vénitienne E-Book

Alfred De Musset

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Beschreibung

Extrait : "RAZETTA descend d'une gondole. LAURETTE paraît à un balcon. RAZETTA : Partez-vous, Laurette ? Est-il vrai que vous partiez ? LAURETTE : Je n'ai pu faire autrement. RAZETTA : Vous quittez Venise ! LAURETTE : Demain matin. RAZETTA : Ainsi cette funeste nouvelle qui courait la ville aujourd'hui n'est que trop vraie. On vous vend au prince d'Eysenach. Quelle fête ! votre orgueilleux tuteur n'en mourra-t-il pas de joie ! Lâche et vil courtisan ! "

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

● Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
● Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Seitenzahl: 34

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Personnages

LE PRINCE D’EYSENACH.

LE MARQUIS DELLA RONDA.

RAZETTA.

LE SECRÉTAIRE INTIME GRIMM.

LAURETTE.

MADAME BALBI.

(Venise.)

Scène I

Une rue ; il est nuit.

Razetta descend d’une gondole. Laurette paraît à un balcon.

RAZETTA

Partez-vous, Laurette ? Est-il vrai que vous partiez ?

LAURETTE

Je n’ai pu faire autrement.

RAZETTA

Vous quittez Venise !

LAURETTE

Demain matin.

RAZETTA

Ainsi cette funeste nouvelle qui courait la ville aujourd’hui n’est que trop vraie. On vous vend au prince d’Eysenach. Quelle fête ! votre orgueilleux tuteur n’en mourra-t-il pas de joie ! Lâche et vil courtisan !

LAURETTE

Je vous en supplie, Razetta, n’élevez pas la voix ; ma gouvernante est dans la salle voisine ; on m’attend ; je ne puis que vous dire adieu.

RAZETTA

Adieu pour toujours ?

LAURETTE

Pour toujours !

RAZETTA

Je suis assez riche pour vous suivre en Allemagne.

LAURETTE

Vous ne devez pas le faire. Ne nous opposons pas, mon ami, à la volonté du ciel.

RAZETTA

La volonté du ciel écoutera celle de l’homme. Bien que j’aie perdu au jeu la moitié de mon bien, je vous répète que j’en ai assez pour vous suivre, et que j’y suis déterminé.

LAURETTE

Vous nous perdrez tous deux par cette action.

RAZETTA

La générosité n’est plus de mode sur cette terre.

LAURETTE

Je le vois ; vous êtes au désespoir.

RAZETTA

Oui ; et l’on a agi prudemment en ne m’invitant pas à votre noce.

LAURETTE

Écoutez, Razetta ; vous savez que je vous ai beaucoup aimé. Si mon tuteur y avait consenti, je serais à vous depuis longtemps. Une fille ne dépend pas d’elle ici-bas. Voyez dans quelles mains est ma destinée ; vous-même ne pouvez-vous pas me perdre par le moindre éclat ? Je me suis soumise à mon sort. Je sais qu’il peut vous paraître brillant, heureux… Adieu ! adieu ! je ne puis en dire davantage… Tenez ! voici ma croix d’or que je vous prie de garder.

RAZETTA

Jette-la dans la mer ; j’irai la rejoindre.

LAURETTE

Mon Dieu ! revenez à vous.

RAZETTA

Pour qui, depuis tant de jours et tant de nuits, ai-je rôdé comme un assassin autour de ces murailles ? Pour qui ai-je tout quitté ? Je ne parle pas de mes devoirs, je les méprise ; je ne parle pas de mon pays, de ma famille, de mes amis ; avec de l’or, on en trouve partout. Mais l’héritage de mon père, où est-il ? J’ai perdu mes épaulettes ; il n’y a donc que vous au monde à qui je tienne. Non, non, celui qui a mis sa vie entière sur un coup de dé ne doit pas si vite abandonner la chance.

LAURETTE

Mais que voulez-vous de moi ?

RAZETTA

Je veux que vous veniez avec moi à Gênes.

LAURETTE

Comment le pourrais-je ? Ignorez-vous que celle à qui vous parlez ne s’appartient plus ? Hélas ! Razetta, je suis princesse d’Eysenach.

RAZETTA

Ah ! rusée Vénitienne, ce mot n’a pu passer sur tes lèvres sans leur arracher un sourire.

LAURETTE

Il faut que je me retire… Adieu, adieu, mon ami.

RAZETTA

Tu me quittes ? – Prends-y garde ; je n’ai pas été jusqu’à présent de ceux que la colère rend faibles. J’irai te demander à ton second père l’épée à la main.

LAURETTE

Je l’avais prévu, que cette nuit nous serait fatale. Ah ! pourquoi ai-je consenti à vous voir encore une fois !

RAZETTA

Es-tu donc une Française ? Le soleil du jour de ta naissance était-il donc si pâle que le sang soit glacé dans tes veines ?… ou ne m’aimes-tu pas ? Quelques bénédictions d’un prêtre, quelques paroles d’un roi ont-elles changé en un instant ce que deux mois de supplice… ou mon rival peut-être…

LAURETTE

Je ne l’ai pas vu.

RAZETTA

Comment ? tu es cependant princesse d’Eysenach.

LAURETTE

Vous ne connaissez pas l’usage de ces cours. Un envoyé du prince, le baron Grimm, son secrétaire intime, est arrivé ce matin.

RAZETTA