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EditorialLes Pères, qui ont mis en place les fêtes, en ont éga¬lement expliqué le sens, comme nous l’avons déjà vu pour Pâques (CPE n° 93), pour Noël (CPE n° 115), pour l’Épiphanie (CPE n° 80), pour la Transfiguration (CPE n° 135). Nous allons voir dans ce numéro comment ils ont envisagé la Pentecôte. Réinterprétant la fête juive de Chavouot qui commé¬morait le don de la Torah à Moïse, cinquante jours après la Pâque, la fête de la Pentecôte célèbre le don de l’Esprit Saint aux Apôtres, en achevant le temps pascal, le septième dimanche après Pâques. En ouverture, le P. Nicolas Egender nous introduit à la fête de la Pentecôte dans la liturgie byzantine. Il explique qu’elle est principalement la fête de la Trinité, montrant que le Christ envoyé par le Père donne l’Esprit Saint, ce qui explique peut-être aussi pourquoi la théologie trinitaire est restée plus vivante en Orient qu’en Occident. Il souligne à quel point les hymnes de la liturgie byzantine sont bibliques et théologiques. De manière convergente, Augustin, que présente Jaime García, com¬prend la Pentecôte comme la glorification du Christ. L’évêque d’Hippone va moins loin que les Orientaux dans la compréhension trinitaire de la fête, et il prend aussi une autre orientation en mettant l’accent sur l’unité de l’Église, réalisée à la Pentecôte. Dans le De causa de Pentecoste, Cyrus d’Édesse, que présente Colette Pasquet, s’attache à montrer comment la fête chrétienne de la Pentecôte accomplit la fête juive par l’envoi de l’Esprit Saint aux Apôtres, et par exten¬sion à tous les baptisés. En prêchant pour la Pentecôte, les Pères esquissent la théologie de l’Esprit Saint (cf. CPE n° 69), comme en témoigne Jean Chrysostome.
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« “Les Apôtres étaient là, assis, attendant la venue de l’Esprit.” Ils étaient là comme des flambeaux disposés et qui attendent d’être allumés par l’Esprit Saint pour illuminer toute la création par leur enseignement… Ils étaient là comme des cultivateurs portant leur semence dans le pan de leur manteau qui attendent le moment où ils reçoivent l’ordre de semer. Ils étaient là comme des marins dont la barque est liée au port du commandement du Fils et qui attendent d’avoir le doux vent de l’Esprit. Ils étaient là comme des bergers qui viennent de recevoir leur houlette des mains du Grand Pasteur de tout le bercail et qui attendent que leur soient répartis les troupeaux.
“Et ils commencèrent à parler en des langues diverses selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer.”
Ô cénacle, pétrin où fut jeté le levain qui fit lever l’univers tout entier. Cénacle, mère de toutes les Églises. Sein admirable qui mit au monde des temples pour la prière. Cénacle qui vit le miracle du buisson ! Cénacle qui étonna Jérusalem par un prodige bien plus grand que celui de la fournaise qui émerveilla les habitants de Babylone ! Le feu de la fournaise brûlait ceux qui étaient autour, mais protégeait ceux qui étaient au milieu de lui. Le feu du Cénacle rassemble ceux du dehors qui désirent le voir tandis qu’il réconforte ceux qui le reçoivent. Ô feu dont la venue est parole, dont le silence est lumière, Feu qui établis les cœurs purs dans l’action de grâces.
Il y avait, résidant à Jérusalem, des hommes pieux venus de toutes les nations qui sont sous le ciel, rassemblés par l’Esprit Saint. Ils entendaient parler dans leur propre langue et disaient : Ces gens-là ne sont-ils pas Galiléens ? Comment parlent-ils notre langue ? Et certains disaient : Ces gens-là ont bu du vin doux, ils sont ivres. Vraiment vous dites la vérité, mais ce n’est pas comme vous croyez. Ce n’est pas du vin des vignes qu’ils ont bu. C’est un vin nouveau qui coule du ciel C’est un vin nouvellement pressé sur le Golgotha. Les Apôtres le firent boire et enivrèrent ainsi toute la création. C’est un vin qui fut pressé à la croix par les bourreaux. Merveille que réalise l’Esprit Saint par sa venue ! Le prophète avait crié : “Voici que dans les derniers jours, je répandrai mon Esprit et ils prophétiseront” : le Père a promis, le Fils a exécuté et l’Esprit Saint a accompli. »
S. ÉPHREM, in J.-R. BOUCHET, Lectionnaire patristique dominicain, Paris, Cerf, 1994, pp. 243-244.
La Pentecôte
CPE n° 138
Éditorial — Marie-Anne VANNIER
La fête de la Pentecôte dans la liturgie byzantine — Nicolas EGENDER
La fête de la Pentecôte chez S. Augustin — Jaime GARCÍA
Le Causa de Pentecoste de Cyrus d’Édesse — Colette PASQUET
Homélie IV sur les Actes des Apôtres — JEAN CHRYSOSTOME
Actualité des Pères de l’Église
Les Pères, qui ont mis en place les fêtes, en ont également expliqué le sens, comme nous l’avons déjà vu pour Pâques (CPE n° 93), pour Noël (CPE n° 115), pour l’Épiphanie (CPE n° 80), pour la Transfiguration (CPE n° 135). Nous allons voir dans ce numéro comment ils ont envisagé la Pentecôte.
Réinterprétant la fête juive de Chavouot qui commémorait le don de la Torah à Moïse, cinquante jours après la Pâque, la fête de la Pentecôte célèbre le don de l’Esprit Saint aux Apôtres, en achevant le temps pascal, le septième dimanche après Pâques.
En ouverture, le P. Nicolas Egender nous introduit à la fête de la Pentecôte dans la liturgie byzantine. Il explique qu’elle est principalement la fête de la Trinité, montrant que le Christ envoyé par le Père donne l’Esprit Saint, ce qui explique peut-être aussi pourquoi la théologie trinitaire est restée plus vivante en Orient qu’en Occident. Il souligne à quel point les hymnes de la liturgie byzantine sont bibliques et théologiques.
De manière convergente, Augustin, que présente Jaime García, comprend la Pentecôte comme la glorification du Christ. L’évêque d’Hippone va moins loin que les Orientaux dans la compréhension trinitaire de la fête, et il prend aussi une autre orientation en mettant l’accent sur l’unité de l’Église, réalisée à la Pentecôte.
Dans le De causa de Pentecoste, Cyrus d’Édesse, que présente Colette Pasquet, s’attache à montrer comment la fête chrétienne de la Pentecôte accomplit la fête juive par l’envoi de l’Esprit Saint aux Apôtres, et par extension à tous les baptisés.
En prêchant pour la Pentecôte, les Pères esquissent la théologie de l’Esprit Saint (cf. CPE n° 69), comme en témoigne Jean Chrysostome.
Marie-Anne VANNIER
L’achèvement de la cinquantaine pascale, fête de la plénitude, le dimanche de la Pentecôte dans la liturgie byzantine, est ressenti, surtout en Russie, comme la Révélation de la Trinité, opérée par le Saint-Esprit, envoyé par le Christ ressuscité. À l’Esprit est consacré plus spécialement le lundi de Pentecôte. L’icône de l’hospitalité d’Abraham (Gn 18) en est le symbole. Celle d’Andreï Roublev (1360/1370-1427/30) est la plus célèbre[1]. Situons la célébration de la Pentecôte dans son cadre liturgique actuel. La fête de Pâques, limitée aux apparitions du Ressuscité, se clôture la veille de celle de l’Ascension. Dès cette fête, les allusions à l’envoi de l’Esprit Consolateur sont fréquentes, par référence à la promesse de Jésus : Le Défenseur, l’Esprit saint, qu’enverra le Père en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit (Jn 14, 26), paroles centrales, reprises continuellement par les hymnes de la fête. Le dimanche entre l’Ascension et la Pentecôte fait mémoire des « Pères du premier concile de Nicée » (325)[2] :
Ces mystiques chantres de l’Esprit
qui ont fait retentir au milieu de l’Église la divine harmonie,
proclament l’unique essence de la divine Trinité (334)[3].
Nous suivons leurs dogmes divins,
dans l’assurance de la foi nous adorons
avec le Père, le Fils et l’Esprit très-saint,
Trinité consubstantielle en une seule divinité (337).
Ces textes du dimanche des Pères constituent un petit traité poétique de la :
Consubstantielle Trinité et tripersonnelle Unité.
Triade de bonté et Monade au triple éclat (341).
La veille de la Pentecôte est consacrée à la commémoraison de tous les défunts, comme le samedi avant le dimanche de Carnaval. Le dimanche de la Pentecôte comprend une particularité : les vêpres de la génuflexion, office présent dans toutes les liturgies orientales. La fête se prolonge toute la semaine. Enfin, le dimanche suivant, la fête de tous les saints[4] clôture le Pentécostaire. Terre et ciel, vivants et morts participent à la Pentecôte, plénitude du dessein de salut de tous les hommes, dans l’attente de la Parousie.
Ô Christ, après ta Résurrection du tombeau
et ton Ascension au plus haut des cieux,
tu fis descendre ta gloire sur les voyants divins
et dans le cœur de tes disciples
tu renouvelas un Esprit de droiture.
C’est pourquoi, telle une harpe aux sons mélodieux,
mystiquement sous l’effet du plectre divin,
pour l’univers ils ont fait retentir, Sauveur,
ton enseignement et ton œuvre de salut (395).
I. Fondement scripturaire
L’événement de la descente de l’Esprit sur la communauté primitive a eu lieu le jour de la fête juive des Semaines (Schawot), fête de l’Alliance. Elle est décrite sous les traits de la Théophanie du Sinaï : coup de tonnerre, éclairs, la montagne était toute fumante, parce que le Seigneur y était descendu dans le feu (Ex 19, 16-20), mais avec un élément nouveau, l’apparition de langues de feu, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplisd’Esprit saint et ils se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer (Ac 2, 1-4). La comparaison avec la dispersion des langues, lors de la tour de Babel (Gn 11, 1-9), présente la Pentecôte comme la recomposition de l’unité perdue, œuvre de l’Esprit, répandu sur toute chair. Aux premières vêpres de la fête, les trois lectures annoncent la descente de l’Esprit. Il vient sur les soixante-dix hommes, rassemblés par Moïse auprès de la Tente de Réunion. Quand l’Esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent, mais ne recommencèrent pas. Il vient sur les deux, restés au camp. Et Moïse de s’écrier : Combien je voudrais que tout le peuple du Seigneur fût prophète et que le Seigneur leur donnât son Esprit ! (Nb 11, 16-17 ; 24-29). Je répandrai mon Esprit, dit le Seigneur, sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront des songes, vos jeunes gens des visions. Même sur les esclaves et les servantes en ces jours-là je répandrai mon Esprit (Jl 2, 23-32). Et Ézéchiel (36, 24-28) : Je vous tirerai d’entre les nations, je vous rassemblerai de tous les pays étrangers et vous ramènerai sur votre sol. Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés de toutes vos souillures, et de toutes vos idoles je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et vous donnerai un cœur de chair. En vous je mettrai mon Esprit et je ferai en sorte que vous marchiez selon mes lois, observant mes ordonnances et les mettant en pratique. L’évangile des matines présente le Christ, au soir de Pâques, toutes portes étant closes, soufflant sur les apôtres et disant : Recevez le Saint-Esprit (Jn 20, 23)[5]. À la liturgie eucharistique, après le récit de la Pentecôte (Ac 2, 1-11), l’évangile est celui de la fête des Tabernacles (Jn 7, 37-52 ; 8, 12) : Le dernier jour de la fête, le plus solennel, Jésus, debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ! Celui qui croit en moi, comme dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son sein[6]. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; car il n’y avait pas encore d’Esprit, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié. Et l’ajout final : Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie.
Nombreux sont les versets choisis de psaumes, selon la Septante ; dans les chants les allusions à eux sont fréquentes :
Une fumée s’éleva, quand éclata sa colère
et, devant sa face un feu flambait ;
Des charbons en furent embrasés.
De l’éclat fulgurant qui le précédait, des nuées s’élancèrent (Ps 17).
Les cieux racontent la gloire de Dieu
et le firmament annonce l’ouvrage de ses mains.
Le jour au jour proclame la parole
et la nuit à la nuit en transmet la connaissance.
Par toute la terre a retenti leur message,
leur parole jusqu’aux limites du monde.
La loi du Seigneur est irréprochable,
elle convertit les âmes.
Le témoignage du Seigneur est sûr,
il donne la sagesse aux petits (Ps 18).
Que le Seigneur t’exauce au jour de détresse,
que le nom du Dieu de Jacob te protège.
Du sanctuaire qu’il t’envoie le secours et de Sion le soutien.
Qu’il se souvienne de tous tes sacrifices,
ton holocauste lui soit agréable (Ps 19).
Seigneur, en ta force, se réjouit le roi ;
combien ton salut le comble d’allégresse.
tu lui as accordé le désir de son cœur,
tu l’as prévenu de bénédictions pleines de douceur,
tu as mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses.
Sois exalté, Seigneur, dans ta puissance,
nous chanterons et louerons tes œuvres (Ps 20).
Ils se souviendront et se tourneront vers le Seigneur,
tous les confins de la terre.
Elles se prosterneront devant lui,
toutes les familles des nations (Ps 21).
Par la parole du Seigneur les cieux ont été faits,
par le souffle de sa bouche, toute leur puissance.
Du haut des cieux, le Seigneur regarde,
il voit tous les fils des hommes (Ps 32).
Ô Dieu, crée en moi un cœur pur,
renouvelle en mon cœur un esprit de droiture.
ne me rejette pas loin de ta face,
Ne retire pas de moi ton Esprit saint.
Rends-moi la joie de ton salut
et que me soutienne un Esprit souverain (Ps 50).
La terre fut ébranlée et les cieux se fondirent
devant le Dieu du Sinaï.
Tu répandis une pluie bienfaisante,
Seigneur, sur ton héritage.
Il donne à son peuple force et puissance (Ps 67).
Quel Dieu est grand comme notre Dieu ?
Tu es le Dieu qui fait des merveilles.
Parmi les peuples tu as manifesté ta puissance,
je me souviens des œuvres du Seigneur (Ps 76).
Tu enverras ton Esprit, ils seront créés,
tu renouvelleras la face de la terre (Ps 103).
Ton Esprit de bonté me conduira sur une terre unie (Ps 142).
Ces textes bibliques ont inspiré les poètes liturgiques. Ils ont retenu la Théophanie dans son contexte de tempête, à l’instar de celle du Sinaï ; le contraste d’avec la dispersion de Babel ; l’effusion de l’Esprit, maintenant sur toute chair ; le renouvellement de la création ; la conversion (metanoia), la componction du cœur (katanyxis)[7], baptême et don du Saint-Esprit ; transformation de l’être humain, connaissance toujours plus grande des mystères et affermissement de la foi.
II. Origines hiérosolymitaines
L’Église de Jérusalem a développé une liturgie stationnale et processionnelle, dont nous sont parvenus des témoignages, dès le IVe siècle. L’Itinéraire d’Égérie avertit que « le cinquantième jour après Pâques, un dimanche, est une journée très chargée pour le peuple ». Après la liturgie matinale au Martyrium, une seconde eucharistie est célébrée à l’église de Sion, endroit de l’événement de la Pentecôte. Puis, « après le déjeuner, on monte au mont des Oliviers, […] d’abord à l’Imbomon, l’endroit d’où le Seigneur est monté aux cieux ». Il y a là une longue station ; « on lit le passage de l’évangile qui relate l’ascension du Seigneur ». Ensuite on passe à l’église toute proche de l’Éléona, où vers quatre heures on célèbre le lucernaire. Puis on descend « lentement, lentement […] » jusqu’à l’église majeure, le Martyrium, tout illuminé, puis à l’Anastasis et à la Croix et de là on remonte à Sion, où a lieu le renvoi, « vers minuit », toute une journée remplie de « lectures appropriées, de psaumes et d’hymnes »[8]. Le Lectionnaire arménien[9] est fidèle à cet itinéraire, mais il donne des précisions concernant les psaumes et les péricopes lues à chaque station, et surtout il mentionne la « génuflexion » lors de la station à l’Imbomon : « Et tout de suite après l’évangile, on fait la génuflexion et ce canon est répété trois fois » et il ajoute : « Et en tous les lieux de même[10] », donc à l’Éléona, au Martyrium et à l’Anastasis. Vers le VIIIe siècle, le parcours de l’après-midi est sensiblement raccourci : de l’Imbomon la procession descend directement à l’Anastasis[11]. On notera la présence du tropaire qui est repris aux vêpres byzantines actuelles et qui sera la prière après la communion à la liturgie eucharistique (en dehors du temps pascal) :
Nous avons vu la lumière véritable,
nous avons reçu l’Esprit céleste,
nous avons trouvé la vraie foi
en adorant l’indicible Trinité :
car c’est elle qui nous a sauvés (390).
La prière au Saint-Esprit, texte majeur de la fête, deviendra, en dehors du temps pascal, le début de tous les offices quotidiens durant toute l’année :
Roi céleste, Consolateur, Esprit de vérité,
partout présent et remplissant tout,
trésor de tout bien et Chorège[12] de la vie,
viens et demeure en nous,
purifie-nous de toute souillure