La réalité des élections en milieu rural en RDC - Aimé Gata-Kambundi - E-Book

La réalité des élections en milieu rural en RDC E-Book

Aimé Gata-Kambundi

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Beschreibung

Candidat pour la circonscription de Popokabaka dans la nouvelle province du Kwango, Aimé Gata-Kambundi met à profit son expérience politique et humaine dans La réalité des élections en milieu rural en RDC. À travers cet ouvrage, il expose avec lucidité les dérives observées durant sa campagne électorale, tout en dévoilant les entraves majeures à la démocratie et au développement en République démocratique du Congo. Avec une plume sincère et engagée, il dénonce les pratiques corruptrices et propose des réformes indispensables pour garantir des élections plus transparentes et équitables. Cette œuvre se veut un cri du cœur, une incitation à agir pour consolider les fondements d’un système démocratique juste et construire un avenir prometteur pour le pays.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Juriste spécialisé en droit public et cadre influent du Parti Vent d’Avenir, Aimé Gata-Kambundi est le fondateur du premier think tank juridique en République démocratique du Congo, le Village Juridique Congolais. Auteur de nombreux articles analysant la situation politico-juridique de son pays, il contribue également en tant que consultant et analyste pour AFRIDESK, le Desk africain d’analyses stratégiques.

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Seitenzahl: 267

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Aimé Gata-Kambundi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La réalité des élections

en milieu rural en RDC

Témoignage d’un candidat

aux Législatives 2023

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Aimé Gata-Kambundi

ISBN 979-10-422-6223-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À mes enfants,

Heaven-Aimé, Enzo-Bonaventure, Marie et Maddie.

Pourvu que j’arrive à contribuer pour un Congo meilleur, prospère et développé, afin que vous n’ayez pas

un jour honte de la terre de vos ancêtres.

 

 

Au président de mon parti politique, Vent d’Avenir,

Maître Justin Kiela Ngoie, pour la confiance

qu’il a placée en ma personne en acceptant ma candidature

aux élections législatives de décembre 2023.

 

 

À toutes les Congolaises et tous les Congolais du Kwango que j’ai,

d’ailleurs, eu le privilège de rencontrer ces dernières années,

en les remerciant de cette chaleur humaine

et patriotique qu’ils m’ont apportée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Préface

 

 

 

Ce livre d’Aimé Gata-Kambundi est un témoignage de première main. Écrit dans un style romanesque et très accessible, ce livre est un témoignage poignant et percutant venu d’un homme de droit qui connaît bien le terrain – son terrain – qu’il a observé pendant la campagne électorale de décembre 2023 jusqu’au moment de la mise des bulletins dans l’urne. Il rapporte ici, sans intermédiaire, et avec sa subjection poignante, ce qu’il a lui-même vu et vécu.

 

La période électorale, pendant laquelle les citoyens ordinaires sont invités à participer directement au choix de chaque prétendant au pouvoir, en glissant, au moment du scrutin, le bulletin dans l’urne, constitue non seulement une phase cruciale dans le développement politique d’une nation, mais aussi un moment exceptionnel dans la cohésion des membres d’une nation. C’est l’unique occasion, dans la vie publique où les citoyens, devenus des électeurs venant de tous les horizons, se rencontrent pour se choisir librement ceux à qui ils remettront le destin de la nation. C’est la participation directe la plus importante des citoyens ordinaires au processus électif, voire décisionnel, dans la mesure où ce sont eux qui choisissent directement et sans intermédiaire (dans des pays qui respectent leurs citoyens-électeurs) les nouveaux gouvernants du pays.

 

Par les élections, il devient possible de changer l’histoire politique de chaque pays, mais pour y parvenir, les organisateurs doivent s’écarter impérativement de toutes les maladresses afin de placer, dans la transparence, des femmes et des hommes intègres, probes et sobres au sommet de l’État et des institutions. Voilà pourquoi ceux-ci doivent s’habiller des habits neufs de la gouvernance en s’inspirant des systèmes démocratiques pratiqués par certains pays, notamment la Suisse et la Suède, dans la mesure où ces pays peuvent servir de référence dans l’organisation des élections transparentes et crédibles au suffrage universel. Tout en reconnaissant qu’il n’existe pas de système politique parfait, car chaque système a ses avantages et ses inconvénients ou ses insuffisances, il faut dire que le système le plus acceptable est celui qui privilégie l’intérêt général et qui se soucie du bien-être collectif.

 

Aujourd’hui, la définition de l’intérêt général tend à devenir le résultat de la compétition entre intérêts égoïstes des acteurs en interaction et c’est souvent, sinon toujours, les plus puissants ou les plus riches sinon les plus rusés qui l’emportent au détriment des plus faibles ; parfois, cette interaction devient une lutte entre celui qui est au pouvoir qui tient à garder à tout prix son poste, quelle que soit son impopularité, et ceux qui sont dans l’opposition, qui ne peuvent bénéficier d’aucun soutien des organisateurs des élections (CENI), quelle que soit leur popularité auprès des électeurs ou du peuple. Cette lutte pour le pouvoir est à l’origine des dépenses faramineuses et surtout des fraudes électorales insoupçonnées qui déchirent les relations humaines entre les citoyens d’une même République, alors que, comme nous dit l’auteur, « le droit de vote, cet acte éminemment citoyen, ne fonde pas seulement la légitimité des élus, mais il est aussi le pouvoir par excellence de choisir les élus qui ont des projets et des stratégies à même de développer leurs territoires et plus globalement le pays tout entier ».

 

Les bonnes élections, qui tendent vers la perfection en mettant le recours à la transparence au milieu du village pour éviter toute contestation, manquent cruellement dans les pays africains, particulièrement dans ceux d’Afrique centrale. Pour le démontrer, l’auteur a décidé de partager son immersion dans la campagne électorale en milieu rural pendant les élections législatives de décembre 2023 en République démocratique du Congo dans le but de permettre, à ceux qui n’ont jamais su comment les fraudes électorales se concoctent et comment elles se concrétisent pendant le vote, de vivre par la lecture la réalité des faits dont ils ont entendu parler. Aimé Gata-Kambundi dit sans fioriture que son seul but est de remonter les éléments de terrain et mettre en lumière les différents comportements déviants qu’il a observés dans le chef de certains candidats et auprès des populations pendant sa campagne électorale, lesquels comportements nuisent à la démocratie électorale de notre pays et constituent un frein considérable à tout espoir de développement. Il a donc écrit ce livre pour dénoncer ces comportements et proposer des changements.

 

J’espère que les électeurs et les lecteurs trouveront dans ce livre des informations utiles sur l’importance de recourir aux valeurs morales – c’est-à-dire à l’éthique – pour un meilleur fonctionnement de la République. À la place des fraudes électorales, il est temps de recourir à l’usage de la gouvernance qui entraîne de profondes transformations dans la réforme de la gestion publique, dans le développement du partenariat entre les secteurs public, privé et les milieux associatifs ainsi que dans la diffusion des autorités indépendantes de régulation et dans le recours à la transparence et la perception du rôle de citoyens (émergence de la société civile). La société civile est généralement vue comme une sphère d’interaction sociale, comme le lieu des associations, des mouvements sociaux et des formes de communication publique. Ses acteurs sont appelés à jouer un rôle actif dans l’amélioration des conditions de déroulement des élections et dans la proclamation des résultats afin qu’il y ait plus de transparence.

Fweley Diangitukwa,

Professeur de science politique

 

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

 

La République démocratique du Congo (RDC) va mal, on le sait. Elle va mal à cause de ses richesses du sol et du sous-sol qui créent de la convoitise chez d’autres États voisins, dont le Rwanda et l’Ouganda, qui soutiennent des rébellions locales et étrangères dans le but d’exploiter illégalement les minerais congolais, au grand dam des drames humanitaires et socio-économiques que ces conflits engendrent.

 

La RDC va mal aussi à cause de sa classe politique et ses dirigeants qui brillent par une forme d’irresponsabilité et qui bloquent tout élan de développement du pays par leurs actes anti-patrie, dont notamment la corruption qui est tolérée et institutionnalisée, le détournement des deniers publics, l’enrichissement illicite, le népotisme, l’insouciance, la patrimonialisation personnelle et l’accaparement des richesses collectives ainsi que le manque de stratégies à long terme pour protéger les intérêts du Congo et des Congolais.

 

Pourtant, à chaque processus électoral, pour demander les suffrages à la population, ces mêmes dirigeants et membres de la classe politique congolaise disent systématiquement « vouloir contribuer au développement du pays et au bien-être de leurs concitoyens ». C’est la phrase magique qu’ils débitent tous, comme des magnétophones enregistrés, à toutes les échéances électorales.

 

Des candidats Président de la République aux conseillers municipaux, en passant par les candidats députés nationaux et provinciaux, je ne connais pas un seul politicien congolais qui ne présente pas le bien-être de la population et sa contribution au développement comme motivation première de la demande des voix à ses électeurs. Et pourtant, quand ils obtiennent leurs mandats et qu’ils exercent le pouvoir, ils peinent à faire avancer ce pays qui ne fait que patauger dans la mare des échecs dans presque tous les domaines de la vie publique.

 

Au vu de l’échec du développement et de la situation chaotique que ce pays traverse depuis maintenant plus de cinq décennies, tout porte à croire que la plupart d’hommes et de femmes qui dirigent ce pays ne prennent nullement la politique comme la vocation de servir la communauté, mais plutôt comme un moyen d’enrichissement rapide et facile. De ce fait, leurs promesses électorales disant qu’ils veulent travailler pour le développement et contribuer au bien-être de la population ne sont que des manigances pour endormir leurs concitoyens et avoir le pouvoir en vue de satisfaire leurs avantages personnels.

 

En outre, dans cet échec du développement et dans cette situation chaotique que traverse le Congo, les hommes politiques et la classe dirigeante ne sont pas les seuls en cause. Bien que leur responsabilité paraisse d’autant plus lourde que c’est en eux que tous les espoirs avaient été fondés depuis l’indépendance en 1960 pour redresser le Congo, il n’en demeure pas moins que les hommes politiques partagent la responsabilité de l’échec de ce pays avec les peuples du Congo eux-mêmes. Parce qu’en réalité : « chaque peuple mérite ses dirigeants ».

 

Cet axiome, certes sévère pour des peuples mal gouvernés, illustre bien la situation des Congolais. Malgré la misère sociale intolérable dans laquelle ils vivent ; malgré les guerres incessantes qui sévissent dans leur pays et qui ont fait à l’heure actuelle plusieurs millions de morts, les Congolais semblent avoir fait le choix de vivre dans l’attentisme, la passivité et l’indifférence devant les événements qui agitent leur pays. Pourtant, ils ont eu plusieurs fois l’occasion – par les élections ou par voie de la pression – de changer les paysages sociopolitiques de leur pays en élisant et/ou en mettant au sein des institutions politiques des personnes qui ont réellement la vision et l’ambition de développer le pays mais ils ne l’ont pas fait.

 

Bien au contraire, à chaque échéance électorale, les Congolais votent avec complaisance, en s’appuyant sur des critères claniques, ethniques, tribaux, provinciaux, voire pécuniaires, sans prendre en compte les qualités intrinsèques des candidats qui se présentent devant eux ainsi que les idées politiques et philosophiques que ces derniers portent pour l’évolution du pays. Voilà qui pousse à dire que les Congolais eux-mêmes sont aussi responsables de leurs malheurs. Ils sont distraits quant aux exigences à avoir pour impulser le développement de leur pays.

 

De plus, comment les Congolais définissent-ils leur développement et leur bien-être ? Se donnent-ils au moins la peine d’être vigilants vis-à-vis des politiciens qu’ils soutiennent et qu’ils placent au sein et à la tête des institutions de l’État ? Dans ce pays multiethnique où plusieurs peuples, identités et cultures se juxtaposent, les Congolais ont-ils une vision commune du développement et de leur bien-être ? Mettent-ils le choix des animateurs des institutions en lien avec une vision profonde du développement de leur pays ? Les Congolais ont-ils conscience que leur droit de vote, cet acte éminemment citoyen, ne fonde pas seulement l’élection des élus, mais qu’il est aussi le pouvoir par excellence de choisir des animateurs qui ont des projets et des stratégies à même de développer leurs territoires et plus globalement le pays tout entier ? Comprennent-ils le pouvoir que leur confère la Constitution à travers ce droit de vote ? Les Congolais savent-ils qu’ils ont le pouvoir de changer les choses et leur quotidien à travers les élections et leur droit de vote ?

 

Voilà une série de questions qui défilaient dans mon esprit pendant que je battais ma campagne électorale et surtout à chaque fois que j’interagissais avec mes électeurs et les Congolais que je rencontrais sur le terrain. Certains, je les trouvais fatigués, démotivés et déconnectés de la politique de leur pays. D’autres, par contre, se montraient plutôt véreux et préoccupés à l’idée d’utiliser tous les artifices possibles pour soutirer quelques billets de franc congolais à n’importe quel candidat, et ce, quel que soit son bord politique.

 

Sans en éprouver une quelconque honte, une bonne partie d’électeurs que j’ai croisés m’ont semblé rouler pour leurs propres intérêts et pour le besoin de remplir leur besoin du quotidien. Leur soutien (grand ou faible) à un candidat était mesuré à la hauteur de l’argent que ce dernier pouvait leur donner. Changer leur sort à travers le choix des bons animateurs n’était pas du tout leur préoccupation. Très peu d’électeurs, en tout cas, étaient intéressés par la défense des idéaux et par les réflexions politiques sur le développement de la cité.

 

En même temps, comment condamner uniquement cette attitude des électeurs congolais alors que le pays entier vit dans un système d’inversion des valeurs et de la corruption généralisée dû à la pauvreté ?

On ne peut pas le nier, il est difficile de construire une démocratie électorale et représentative avec un peuple aussi pauvre matériellement et qui a un niveau d’éducation parmi les plus faibles du monde. Dans ce pays où les adultes analphabètes sont nombreux (et leurs rangs continueront de grossir à l’avenir, car la majorité des Congolais n’ont pas accès au système éducatif dès leur enfance), comment emmener les électeurs à comprendre une pensée et une idéologie politique ? Comment faire pour que le peuple ait la lucidité de promouvoir et de choisir les hommes et les femmes politiques qui ont la vision, l’ambition, l’intelligence et le caractère suffisant pour contribuer au développement du pays et au bien-être de la population ?

 

Voilà une autre série de questions et d’inquiétudes qui tournaient dans ma tête pendant cette période électorale.

 

Qu’à cela ne tienne, c’est dans ce contexte aussi particulier qu’atypique que j’ai choisi d’être candidat. Après tout, je ne pouvais plus continuer à attendre que les eaux soient favorables pour me jeter à l’eau. J’ai choisi surtout d’être candidat dans ce contexte parce que le pays avait connu un changement de régime depuis janvier 2019. L’arrivée d’un ancien opposant, monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à la tête de l’État, était pour moi une lueur d’espoir que j’avais bien voulu accompagner en mettant en contribution les idées que j’ai toujours eues pour mon pays. Mais, j’ai compris très vite que nous avons encore un long chemin à faire pour impulser ce changement tant souhaité.

 

Est-il nécessaire pour moi de me présenter ?

Je suis monsieur Aimé Gata-Kambundi. Citoyen congolais, résidant précisément en France depuis le 9 octobre 2009, d’abord pour parfaire mes études de droit et ensuite pour des raisons personnelles, professionnelles et familiales.

 

Pour le compte du regroupement politique Les Progressistes et aligné par mon parti, Vent d’Avenir, j’ai été candidat aux élections législatives nationales et provinciales dans le cadre du scrutin organisé le 20 décembre 2023 en RDC. J’étais candidat pour la circonscription de Popokabaka dans la nouvelle province du Kwango qui a vu le jour en 2015, à la suite de l’éclatement de la grande province de Bandundu1.

 

La nouvelle province du Kwango a une superficie de 89 974 km² et son chef-lieu est la ville de Kenge. Elle est bordée au nord par la province de Kwilu, au nord-ouest par Kinshasa, la capitale et la province du Kongo-central, à l’est, au sud et à l’ouest par la République d’Angola.

 

Concernant les élections auxquelles j’ai participé, bien que je n’aie pas été élu, je ne regrette nullement d’avoir concouru à ce jeu électoral qui m’a crédité d’une expérience politique et humaine très riche que j’ai décidé de raconter dans le cadre de ce récit. En réalité, ce livre ne se préoccupe nullement des styles ou des exigences des techniques littéraires. Certains écrivains professionnels pourraient même penser que je l’ai écrit dans un style un peu baroque. Je l’assume complètement. Pour moi, plus qu’une question de forme et de style, ces lignes n’ont qu’un seul but : remonter les éléments de terrain et mettre en lumière ces différents comportements déviants que j’ai observés pendant ma campagne électorale dans ma propre équipe, dans le chef de certains candidats et auprès des populations, lesquels comportements nuisent, selon moi, à la démocratie électorale de notre pays et constituent un frein considérable à tout espoir de développement. J’ai donc écrit pour les dénoncer et proposer des changements.

 

Selon ma compréhension des choses, une société ne se transforme jamais si elle n’a pas des hommes et des femmes capables d’observer et de dénoncer un certain nombre de déviations afin de proposer de nouvelles approches dans le but de réorienter la vie dans la communauté.

 

Ces gens sont ce qu’on appelle habituellement des « influenceurs », des « intellectuels », l’« élite ». Ils sont généralement de deux types. D’un côté, il y a ceux qui sont désintéressés, apolitiques, voire déconnectés du réel, ce qui leur permet de ne pas avoir la tête sur le guidon, mais plutôt une bonne hauteur de vue pour scanner la société, l’observer, l’étudier drastiquement et sans compromis afin de faire des propositions pour l’orienter. D’un autre côté, il y a aussi des intellectuels de terrain. Ces derniers sont eux-mêmes des acteurs, des sujets et des objets à l’expérimentation sociale. C’est donc en agissant qu’ils comprennent les tendances et les déviations de la société, ce qui leur permet de proposer des éléments transformationnels à partir des données empiriques et plus concrètes.

 

Sans vouloir paraître prétentieux, c’est dans cette deuxième catégorie que je pense me trouver actuellement.

 

En effet, depuis quelque temps, j’aime me voir comme un intellectuel de terrain. Celui qui peut concilier action et hauteur de vue. C’est dans cette optique que j’ai fait un effort d’observer drastiquement ma propre campagne électorale. En tout cas, j’ai eu cette capacité de me déconnecter de temps en temps de ma campagne pour analyser le sens des actions que je posais.

 

Au vu de ce que j’observais, j’avais vite compris qu’à la fin de cette campagne électorale, j’allais écrire pour raconter tout ce que j’ai fait et vu. Je savais surtout que j’allais critiquer tout ce que j’avais pu constater de déviant d’abord chez moi-même, ensuite chez d’autres candidats, voire dans le chef de la population, afin de poser des éléments de réflexion qui nous emmèneront vers des réformes qui pousseront à entrevoir différemment la campagne électorale ainsi que les élections qui sont des moments cruciaux dans la vie d’un peuple.

 

J’ai aussi écrit parce que j’estime avoir acquis une expérience non moins importante à raconter, car elle vient du terrain. Je me sens surtout légitime à le faire dès lors que ce sont des situations que j’ai vécues. Ce livre étale donc une série de témoignages, de dialogues, de confessions, des échanges publics et privés, souvent de caractère intime. J’ai tenu un cahier de campagne où j’écrivais jour après jour, situation après situation, tout ce que j’ai vécu depuis mon engagement politique et la rédaction de mon programme de campagne jusqu’au jour du scrutin, en passant par le moment le plus fort : la campagne électorale. Ces différentes étapes sont également les chapitres qui constituent cet ouvrage.

 

Mais, je dois quand même rappeler, sauf pour ceux qui trouveront que mon récit est similaire à d’autres territoires du pays, moi je n’expose que sur les situations vécues dans ma circonscription de Popokabaka, située dans la province du Kwango. De toute évidence, dans ce Congo immense et comportant 145 territoires avec des réalités multiples, je ne peux pas prendre le risque de penser que tous les coins du pays ont le même contexte social et ont vécu les mêmes réalités électorales. Cela n’exclut pas néanmoins que la situation de Popokabaka soit mutatis mutandis similaire à d’autres territoires et provinces du pays.

 

 

 

 

 

 

 

I

Les raisons de mon engagement politique :

l’envie de servir mon pays envers et contre tout

 

 

 

Une seule chose m’a poussé à m’engager en politique et à présenter ma candidature à la députation nationale et provinciale aux élections de décembre 2023 : c’est le besoin de m’engager et de servir mon pays. Pour autant, s’il faut considérer l’engagement politique comme un ensemble de formes d’activités que les individus peuvent réaliser pour exercer une influence sur les décisions des pouvoirs publics, il sied de dire que je suis engagé politiquement depuis l’année 2016.

 

En effet, c’est au mois de mars de l’année 2016 que j’ai créé, avec le concours d’autres compatriotes congolais de la diaspora, le mouvement associatif Alternance-243. Avec mes amis Platini Tshimpumpu, Junior Kande Mutshipayi, Flavien Katende, Jeannot Kabuya, Clément Beya Kabengele et tant d’autres, nous nous sommes donné comme objectif de lutter contre les velléités de la révision constitutionnelle par le régime de l’ancien Président Joseph Kabila dont les soutiens lançaient des signaux2 allant dans le sens de réviser quelques articles de la Constitution pour lui permettre de briguer un troisième mandat présidentiel. Pourtant, l’article 70 (al.1) de la Constitution congolaise est clair à ce sujet. Il proclame que : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. »

En même temps, l’article 220 de ce texte proclame entre autres que : « … le nombre et la durée des mandats du Président de la République… ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle », rendant ainsi intangible les dispositions prévues dans l’article 70 de la Constitution.

 

Malgré la clarté de ces dernières dispositions constitutionnelles, peu avant les élections qui devraient se tenir normalement en décembre 2016, il y a eu un débat politico-juridique très passionné et très animé. Cela opposait, d’un côté, les constitutionnalistes, les communicants et certains membres influents de l’ancienne majorité présidentielle qui ne cachaient plus leur volonté de réviser les dispositions intangibles3 de la Constitution et de faire passer en force4 la candidature de Joseph Kabila à l’élection présidentielle. De l’autre côté, il y avait tous ceux qui s’y opposaient et qui considéraient qu’un autre mandat de l’ancien Président de la République allait être une violation de la lettre et de l’esprit de la Constitution du 18 février 2006 telle modifiée à ce jour.

 

En ce qui nous concerne, notre association, Alternance-243, avait été parmi les mouvements pionniers qui ont mobilisé et porté la voix des Congolais de la diaspora contre cette tentative de violation de la Constitution concernant cet éventuel « troisième mandat prohibé ». Pour ce faire, nous avions organisé des colloques, des réunions de sensibilisations ainsi qu’un grand travail de lobbying.

 

De gauche à droite : Maître Michel Tamba, Aimé Gata-K,

Platini Tshimpumpu et Jeannot Kabuya,

lors de la conférence organisée par Alternance 243 en avril 2016 contre les velléités de la révision de certaines

dispositions de la Constitution par le régime Kabila

 

 

Personnellement, j’ai surtout beaucoup contribué sur le terrain des idées et de la production scientifique5 pour démontrer que l’ancien Président Joseph Kabila n’était plus éligible pour exercer un troisième mandat selon la Constitution de la RDC. J’ai écrit pas moins de cinq articles6 que je pense, très modestement, ont influencé autant que faire se peut, les débats publics dans mon pays.

 

Il faut dire que le peuple congolais avait gagné ce combat et je suis content d’y avoir contribué activement. Non seulement que la Constitution n’avait pas été modifiée, le Président Joseph Kabila n’avait pas pu se représenter lors des élections de décembre 2018, bien que celles-ci avaient été organisées avec un retard de deux ans suite à un accord du 31 décembre 2016 entre les principaux acteurs politiques du pays qui avaient accepté de repousser la date du scrutin en faveur d’une petite période de transition pour mieux préparer les élections.

 

Après ce combat que nous avons mené dans le cadre de ce mouvement associatif, j’étais à la croisée des chemins : soit je continuais à œuvrer dans le cadre de la société civile, soit j’apportais mes idées au débat public à travers un mouvement politique.

 

Si certains de mes proches me conseillaient de m’engager de manière pleine et entière dans la politique active, d’autres y étaient farouchement opposés. Pour ces derniers, il fallait attendre que souffle un nouveau vent du changement, pour éviter de me faire corrompre par la classe politique de notre pays qui, selon eux, est réputée pour être égoïste, cupide et insensible aux intérêts de la population.

 

Connaissant ma vision et ma sincérité pour la cause congolaise, une grande partie de mes proches estimaient que ce n’était pas encore le moment pour moi de m’engager en politique. D’autres aussi avaient peur pour ma sécurité. Ils pensaient, à tort ou à raison, que mes idées, mes valeurs, ma vision et mes positions en faveur des populations congolaises pouvaient me mettre en porte-à-faux avec un certain nombre d’acteurs politiques congolais, m’exposant aux risques de représailles ou des dangers multiples et multiformes.

Je me rappellerai toujours les discussions interminables que j’ai eues avec certains de mes proches qui me dissuadaient de rentrer au pays à l’approche des élections générales de 2018 pour m’engager en politique. Ceci dit, j’étais quand même sollicité par quelques partis. Malheureusement, la plupart de ces formations politiques ne m’inspiraient pas confiance, compte tenu des faiblesses idéologiques que j’y décelais, juste après quelques échanges de prise de contact.

 

Personnellement, j’ai horreur des mouvements politiques qui ne mettent en avant que la personne du Président du Parti, en négligeant les valeurs, le travail de réflexion et l’idéologie qui doivent être la boussole qui conduit et qui influence les décisions, les priorités et les actions du Parti pour la recherche du développement du pays. Ayant donc constaté que la plupart des partis politiques congolais sont des mallettes personnelles et familiales des certains acteurs, j’ai dû lever l’option de participer autrement au débat public.

 

Bien que j’eusse soutenu la candidature présidentielle de monsieur Martin Fayulu Madidi pour les élections de 2018 parce qu’il était présenté comme le candidat commun de l’opposition choisi par le processus de Genval7, il ne m’était pas traversé l’idée d’intégrer officiellement son parti politique, l’ECIDE. Pendant cette période, je me contentais de donner mes contributions à la politique de mon pays en tant qu’analyste des questions politiques et juridiques au sein du think tank de Sécurité et défense, Afridesk, dirigé par l’expert militaire et politique, Jean-Jacques Wondo Omanyundu.

 

Dans le cadre de ce think tank, qui se préoccupe essentiellement des questions congolaises, j’étais en charge de décortiquer et de critiquer l’actualité politique sous le prisme du droit, non sans faire quelques propositions de réformes dans chacune de mes analyses produites sous forme d’articles et des notes d’analyses. Ainsi, j’ai à mon actif plusieurs écrits qui sont encore disponibles sur le site d’Afridesk.8

 

Bien que ce travail intellectuel et d’analyste des questions politiques et juridiques me plaisait bien, j’ai compris quelque temps après qu’il était limité. Faire des analyses en dehors du champ de pouvoir commençait à me paraître inefficace. Je me rendais de plus en plus compte que si on a une vision pour son pays et qu’on veut un jour l’implémenter, s’impliquer soi-même comme acteur reste le seul moyen de changer réellement les choses et de contribuer utilement et efficacement au débat public et politique. Je ne sais pas dire si j’avais raison, mais c’est ce que je pensais en ce temps.

 

Ainsi, pendant un bon moment, je réfléchissais et j’hésitais à l’idée de m’engager dans la politique active. Le déclic m’est venu quand j’ai été contacté par un ami qui est bien positionné dans la classe politique congolaise. Parlementaire à l’époque des faits, cet ami m’a confié vouloir créer un parti politique, mais avec des membres de qualité et qui ont surtout la volonté de ne se laisser guider que l’envie de voir le Congo redécollé. C’est dans cette optique qu’il m’avait approché ainsi que d’autres personnes avec qui nous avions longuement échangé, le soir du 13 mai 2019, dans une réunion privée qui s’était tenue dans un restaurant du 16e arrondissement de Paris.

 

Lors de cet échange, nous avons réfléchi à la possibilité de mettre en commun nos talents et nos savoirs respectifs pour créer un mouvement politique qui va se démarquer des autres partis qui existaient déjà dans l’arène politique congolaise. L’ami voulait surtout jouer un rôle important dans la politique de notre pays et lors des élections de décembre 2023. Il ne cachait pas ses ambitions et nous non plus d’ailleurs. Sinon, pourquoi nous étions là ?

Selon ses dires, il fallait qu’on travaille pour la création d’un parti politique qui va s’implanter partout en RDC et commencer à s’organiser pour préparer les élections de décembre 2023. Il nous avait clairement demandé de travailler pour que nous ayons au moins une cinquantaine des députés nationaux, ce qui allait nous donner à peser dans l’échiquier politique et avoir la capacité de négocier quelques postes ministériels et entrevoir un avenir politique beaucoup plus reluisant. Il fallait maintenant qu’on écrive nos statuts ainsi que les documents qui détaillent notre vision pour le Congo, l’Afrique et le monde.

 

Jusque-là, le projet me plaisait bien. Ce qui le rendait encore plus excitant, c’est le fait que j’étais parmi les cadres de première heure. Tout était à faire et à construire par nous-mêmes. C’était donc l’occasion pour moi de faire prévaloir mes idées et de les mettre au service d’une cause qui touche notre pays dans son ensemble et qui privilégie l’intérêt général et le bien-être collectif.

 

Certes, ma contribution en tant qu’analyste au sein d’Afridesk me donnait à penser que je jouais déjà un rôle important, mais cela ne pouvait combler mon envie de servir le pays en tant qu’acteur à part entière de la scène politique congolaise. Et, c’est à travers cette discussion avec mon ami, que je me suis projeté pour la première fois dans ce rôle d’acteur politique.

 

Lors de cette même discussion, notre interlocuteur m’avait proposé de travailler sur ma province d’origine pour s’y imposer comme un des jeunes leaders qui devraient impacter la communauté dans ce coin de la République. C’est là que m’est venue, pour la première fois, l’ambition d’être candidat député national dans une des circonscriptions de la province du Kwango. J’ai résolu d’écrire ce passage pour rendre à la vérité son droit d’aînesse et aussi pour rendre hommage à cet ami qui, sans peut-être s’en rendre compte, a fait naître en moi de façon claire, entière et concrète une ambition politique dont seul le destin renferme encore le mystère de son achèvement.

 

Aussitôt rentré chez moi après cette réunion, j’ai commencé à me renseigner sur les défis qui touchent ma province d’origine du Kwango, ses atouts, ses faiblesses afin de mettre en place un programme cohérent et chiffré au cas où je serais candidat député national, provincial ou gouverneur dans le cadre du parti que l’on se proposait de créer.

 

Dès mars 2020, j’ai commencé à griffonner les premières propositions de mon programme. Cependant, pour plusieurs raisons et après un temps de réflexion, je me suis servi de cette flamme qui s’était allumée en moi pour mener différemment la politique. En clair, je ne vais plus embarquer dans ce projet politique avec mon ami parlementaire, qui est devenu, entre-temps, ministre au premier Gouvernement de Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge après que la coalition FCC-CACH9 soit dissoute. Néanmoins, nous avons gardé de bonnes relations.