La Science du vrai - Ligaran - E-Book

La Science du vrai E-Book

Ligaran

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Extrait : "Le moyen de vivre heureux, Virgile l'a placé dans la connaissance des causes cachées des choses et, dans son discours sur la montagne, où il indique la source des béatitudes, le Christ rend la même pensée en proclamant que la lumière ne doit pas rester sous le boisseau. Nous venons donc aujourd'hui, en ôtant le boisseau qui couvre la lumière, éclairer les causes des choses".

À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran :

Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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La vraie lumière

Heureux celui qui peut connaître les causes des choses.

Félix qui potuit rerum cognoscere causas.

VIRGILE.

Plus un être est souffrant, plus je l’aime.

ESQUIROS.

Il y a près de trente ans que nous n’avons imprimé aucun nouvel ouvrage. Les motifs de ce long silence sont dans la résolution où nous étions, habitant la même chambre, sous les yeux de tout Paris, de montrer notre bonheur complet et notre santé parfaite, fruits de la doctrine que nous publions aujourd’hui.

Le moyen de vivre heureux, Virgile l’a placé dans la connaissance des causes cachées des choses et, dans son discours sur la montagne, où il indique la source des béatitudes, le Christ rend la même pensée en proclamant que la lumière ne doit pas rester sous le boisseau. Nous venons donc aujourd’hui, en ôtant le boisseau qui couvre la lumière, éclairer les causes des choses. Tous les faits qui se sont produits dans les sciences, n’ont fait que confirmer les doctrines contenues dans les livres que nous avons déjà publiés, et prouvé que nous étions dans la voie de la vérité.

Le moment pour écrire de nouveau nous paraît favorable, car le scepticisme, cette recherche ardente du vrai par le doute, règne en souverain et produit une tolérance générale que nous traduirons volontiers par ces mots : « La vérité n’importe par quelles lèvres, le bien n’importe par quelles mains. »

Nous venons aujourd’hui opérer la réconciliation du positivisme matérialiste avec le spiritualisme religieux, sur le terrain où la science finit et où Dieu commence.

Par notre famille, il nous appartenait plus qu’à personne de tenter cette alliance prédite par le comte Joseph de Maistre, car notre père était si versé dans la connaissance des choses divines, que le pape Grégoire XVI l’avait nommé membre de la commission chargée d’examiner les titres du fondateur des frères des écoles à la canonisation, et notre grand-père maternel était le savant Chaptal, membre de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine.

Les Latins avaient un même mot pour désigner livre et enfant : en effet, à l’heure présente, ce livre est contenu dans le sein de l’humanité, nous ne faisons que le mettre au jour. Le Christ disait aux malades qu’il guérissait : « Votre foi vous a sauvé. » Nous disons à nos lecteurs : « Votre lumière vous a éclairés. » Cette lumière est la lumière de vérité (dont parle saint Jean dans le dernier Évangile de la messe) qui éclaire tout homme venant en ce monde.

La vérité, suivant Vico, est cachée sous l’écorce des mots ; cette écorce est le boisseau dont parle Évangile. Si à l’aide de la science étymologique nous enlevons cette écorce, nous avons la vérité ; car étymologie signifie science du vrai : titre même de notre ouvrage.

Les livres sacrés, selon les Pères de l’Église, sont fermés par sept sceaux qui représentent les sept sens de la Bible, ces sens sont : le sens historique, allégorique, astrologique, physique, spirituel, hermétique et cabalistique ; ils s’entrecroisent d’une façon inextricable devant l’esprit du profane qu’ils déroutent continuellement. Ainsi s’entrecroisaient devant le pas du voyageur les sept routes du labyrinthe de Crète, et pour en sortir après y être entré il fallait avoir la précaution de se munir du fil d’Ariane : or, le fil d’Ariane, c’est l’étymologie.

Cette science du vrai existait au commencement du monde, quand l’âme était encore éclairée de la lumière divine. Adam nommait chaque chose suivant sa nature et son essence. Selon Socrate, les barbares qui l’avaient reçue des dieux, entre autres les Phéniciens, inventeurs de l’alphabet, qui fondèrent Thèbes, la transmirent aux Grecs. C’est à eux que nous l’emprunterons.

Nous avons, durant de longues années, rendu témoins les esprits les plus supérieurs de notre temps, des phénomènes merveilleux du somnambulisme et du magnétisme, car pour croire au surnaturel, il faut avoir vu ces expériences. Les plus lucides somnambules et les plus puissants médiums sont loin de reproduire les miracles des religions, mais ils aident la raison, cette faculté du cerveau qui saisit un rapport entre une chose connue et une chose inconnue, à les comprendre.

On raconte qu’un roi de Siam ayant entendu un ambassadeur de la France lui raconter que pendant l’hiver les fleuves devenaient solides et que les plaines et les montagnes se couvraient de neige, le chassa de sa présence comme un fou et un imposteur. Il est certain que si, à l’aide d’un procédé chimique, cet ambassadeur avait, dans un vase, produit de la glace factice, il aurait convaincu l’esprit du roi de la véracité de sa parole. Nous avons fait pour nos savants contemporains ce que, selon nous, aurait dû faire ce représentant de la France.

Il y a deux routes par lesquelles la vérité vient à l’homme : la tradition qui lui en faisait la transmission et l’initiait au vrai par les lèvres des mages et des hiérophantes, dans les sanctuaires d’Isis et de Mithra, et la recommunication de cette vérité, sous le voile de l’allégorie, du symbole, du mythe et du mystère, par les instituteurs du genre humain, les législateurs sacrés, les fondateurs de religions, les révélateurs qui, à l’aide de ce vêtement dont ils revoilaient sa nudité, entreprenaient de relier les peuples à Dieu et de les civiliser en cultivant en eux l’homme moral, spirituel et physique.

À la lettre qui tue, nous venons substituer l’esprit qui, selon l’admirable expression de saint Paul, vivifie et remplace la révélation par la tradition ; alors au lieu du symbole, on verra l’objet symbolisé ; dans les différents temples, il n’y aura qu’un seul et même Dieu. Si les peuples se sont entrégorgés, et si les guerres de religion ont rougi la terre de sang, c’est que les peuples ont confondu le temple avec la divinité. L’étymologie démontre le fait, puisque le mot fanatisme a pour racine fanum, qui en latin signifie temple.

Il y a un profond découragement chez ceux qui n’ont pas le sentiment de l’avenir en constatant le déclin des croyances et des sentiments religieux en ce siècle. Nous ne partageons pas ce sentiment, car la nuit qui se fait, présage pour nous l’aurore nouvelle de la vérité, qui après s’être dépouillée des voiles de la lettre et des symboles révélateurs, se lèvera plus radieuse et plus brillante. Alors à la fois aveugle succédera la science du vrai ; au lieu de croire en Dieu, on le connaîtra et le monde sera une famille où l’humanité s’aimera en lui.

Quand on lit l’histoire, on est surpris de voir les différentes croyances s’entre-déchirer avec sang et larmes, cela est aussi déraisonnable que si le presbyte brûlait le myope parce qu’il ne voit pas aussi loin que lui. Un morceau de verre taillé suffit pour égaliser leur vue. La science du vrai entre le croyant et l’incroyant fera la fonction du verre en forme de lentille.

Si nous ouvrons la carte du monde, et si nous étudions les diverses religions, nous trouvons qu’il y a un million d’individus qui les pratiquent. Sur la surface du globe, il y a 200 millions de bouddhistes, 100 millions de mahométans, 240 milliards de disciples de Confucius, 200 millions d’idolâtres et enfin 260 millions de chrétiens, en y comprenant 60 millions de schismatiques et 60 millions d’hérétiques. Non seulement la science du vrai est voilée sous les symboles allégoriques de ces diverses religions, mais même sous ceux de la franc-maçonnerie. Nous la retrouverons encore dans les amphithéâtres de médecine, sous le scalpel du vivisecteur, car, suivant la belle expression de saint Augustin, la vérité est de tous les temps et de tous les lieux.

Dans notre livre, étudiant toutes les superstitions, nous prouverons qu’elles sont toutes les superficies des hautes vérités.

Chaque être a ici-bas une destinée, un but pour lequel il a été créé ; la destinée du chien est de garder et de chasser, celle du cheval de traîner et de porter, celle de l’oiseau de voler dans l’air, celle de l’homme de connaître, d’aimer Dieu, enfin de servir à l’accomplissement de sa volonté sur la terre ; la plante est perfectible par la culture, l’animal par la domesticité, l’homme par la religion, car le progrès pour les races humaines est leur gravitation vers Dieu, centre aimé où les âmes s’animent, les cœurs s’unissent et les corps se supernaturalisent en se modelant sur les ineffables perfections de sa divine beauté.

Aucun membre de la Compagnie de Jésus ne peut publier un ouvrage sans l’avoir auparavant soumis à l’approbation de ses supérieurs. En conséquence, nous sommes en droit de considérer les Fondements de la foi du père de Boylesve comme contenant les doctrines des jésuites sur le sujet qui nous occupe. Nous y lisons que les mystères du catholicisme ne sont pas contraires à la raison, mais qu’ils lui sont supérieurs : c’est vrai si vous les révélez à vos lecteurs, car en présentant la vérité sous le voile du mystère, vous la faites connaître sans la faire comprendre ; mais c’est faux si vous la dévoilez, car dans ce cas vous la faites connaître et comprendre, alors les dogmes sont au niveau de la raison humaine, qui étant, comme nous l’avons déjà écrit, une faculté du cerveau qui saisit un rapport entre une chose connue et une chose inconnue, comprendra tous les mystères de la religion, après que nous lui aurons fait connaître les opérations invisibles de l’esprit de vie dans la création et dans la créature.

Nous venons de parler des jésuites, nous croirions nous déshonorer si nous ne profitions pas de cette occasion pour élever un cri de protestation indignée contre la mesure inique dont ils viennent d’être les victimes de la part du gouvernement, mentant à l’esprit de liberté, d’égalité, de fraternité révolutionnaire qui devrait être la vie de la république.

Pour nous, nous les considérons avec le respect attendri qu’éprouvait jadis Alexandre pour le grand roi Darius, couché sanglant sur un chariot après la bataille d’Arbelles, car en eux nous voyons les nobles représentants de l’humilité, de la discipline, de la science et de la vertu sur la terre.

Maintenant, nous ne faisons aucune difficulté pour reconnaître que leur ordre ne possède qu’une érudition de seconde main, et qu’ils sont par là même les adversaires de la révolution, car si au lieu de remonter seulement à Moïse, il avait, comme le législateur des Hébreux, été initié aux mystères de l’antique Égypte, ils comprendraient le vrai sens du mot révolution, qui est le mouvement circulaire de l’humanité qui, partie du paradis terrestre, y retourne. Le règne de Dieu sur la terre n’est pas seulement en arrière de nous, il est encore en avant.

Les révolutions sont comme la grêle dans la main du tout-puissant, elles détruisent, mais elles fécondent 1789 a donné à la France les droits de l’homme, 1830 lui a conquis la liberté de conscience, 1848 a inscrit dans son code le suffrage universel, enfin, 1871 a créé la solidarité internationale qui a sauvé le pays de la misère. En effet, la France, forcée de payer, après une série de défaites, une indemnité de guerre de cinq milliards, n’aurait jamais pu, par suite du renchérissement de la vie, lutter avec les autres pays, si les ouvriers étrangers, par un sentiment de confraternelle solidarité, n’avaient tous fait augmenter leur salaire, par la grève, de façon que leurs frères de France puissent de nouveau entrer en concurrence avec eux.

L’ère des révolutions sanglantes est à jamais fermée. Les charbons allumés dans les réchauds des carbonari sont éteints. Dans les sociétés secrètes, le poignard a été remplacé par le pellœcan, symbole de l’homme aimant son prochain plus que lui-même. Le progrès révolutionnaire s’opérera d’une manière pacifique. L’Évangile, ce livre divin, sera le code de l’ouvrier. Il y a des gens qui sont tout pâles d’épouvante, en entendant derrière eux le bruit des pas des générations, qui sortent, affranchies par la vérité, des ténèbres pour venir à la lumière, et par une incroyable inconséquence, eux qui disent soir et matin : adveniat regnum tuum et chantent aux vêpres : de stercorerigens pauperem ut collocet eum cum principibus populi sui, arrachant le pauvre à son fumier, lui donnera sa place parmi les princes de son peuple, n’admettent pas que le prolétaire ne soit pas toujours dans les ténèbres, où l’on ne laisse de vivant en lui que la partie animale, pour que l’intérêt et le plaisir puissent l’exploiter plus aisément.

Aujourd’hui que le suffrage universel a mis le sceptre du pouvoir dans les mains de tous, il faut que la lumière éclaire tout homme vivant en ce monde ; la plume étant aux mains des possesseurs de la vérité, l’imprimerie réparera les maux qu’elle a commis, en répandant désormais la science du vrai ; comme la lance d’Achille, elle guérira les blessures qu’elle a faites ; il est nécessaire que, par la régénération sociale, l’homme spirituel remplace l’homme animal. Sans cela, les magnifiques féeries de l’électricité, qui font de l’éclair le courrier de la pensée, auraient pour unique résultat, de permettre aux hommes d’échanger avec instantanéité leurs bêtises.

Pour guérir une maladie, il faut la connaître. Or, pour remplacer par l’harmonie primitive du paradis terrestre l’ordre faux et infernal que l’on nomme le monde, cet ordre que Jésus est venu combattre et qui n’en continue pas moins, bien que vaincu par sa croix, à avoir Satan pour prince, il faut connaître comment elle a été détruite.

Les lois divines uniront les hommes par les liens d’une solidarité respective, en sorte que les hommes deviendront une famille de frères, ayant au ciel un père commun qui sera Dieu.

Le mot diable signifie diviseur. Au lieu d’inspirer aux hommes des sentiments d’amour et de fraternité les uns pour les autres, il leur inspire des sentiments de haine et d’envie les uns contre les autres ; c’est par leur division qu’il règne sur le monde.

Il faut pour que cet ouvrage ait une vertu perfectibilisante, qu’après avoir énuméré les maux que la dégradation originelle a causés à la race humaine il donne les remèdes qui les guériront. Remontons donc à l’aurore de la création.

Au commencement était Dieu ; avant de se répandre au dehors par une création formelle et plastique, il vivait en lui-même, son éternité. Les premiers êtres créés furent les esprits ; ils reçurent le nom d’anges ce qui, en grec, veut dire messagers. Une partie, ayant refusé d’obéir à Dieu, fut chassée du ciel et prit le nom de démons, qui signifie mimes de Dieu. Quand les ténèbres couvraient la face de la terre, ils créèrent des animaux monstrueux, dont on retrouve les squelettes hideux dans les armoires du Muséum. Les Grecs appelèrent ce temps, règne de Typhon et enseignèrent que ces monstres furent anéantis par les dieux et les demi-dieux. Les Indiens racontent ainsi que les chrétiens qu’ils furent vaincus par les anges restés fidèles. C’est pour cela que l’on met un dragon sous les pieds de saint Michel Archange. La noblesse française, dans sa prétention de remonter jusque dans la nuit des temps, les a mis dans son blason. C’est une erreur de sa vanité, car l’homme n’était pas encore créé.

Dieu lança ensuite dans l’immensité les astres, ces globes d’or qui parcourent l’espace avec harmonie, et les unit les uns aux autres par les liens attractifs d’une solidarité respective, afin que leur course fût innocente et qu’ils ne se heurtassent pas dans un choc terrible.

Il tapissa la terre d’une luxuriante végétation qui, en aspirant l’acide carbonique de l’air et en exhalant l’oxygène, devait permettre au règne animal qui, dans le phénomène de la respiration, aspire l’oxygène et rejette l’acide carbonique, de vivre et de se nourrir. Dieu prit un peu de limon, le pétrit, et de son souffle divin, il insuffla en lui un être immatériel de la nature des anges et l’homme être indéfini, formé d’un corps matériel uni à une âme immatérielle, apparut comme médiateur entre Dieu et la terre. C’est en lui que la matière animale a le privilège de connaître, d’aimer et d’agir ; matière et esprit tout ensemble, il est le point d’intersection entre le fini et l’infini, le monde visible elle monde invisible ; car la série des êtres substantiels part du grain de poussière et s’élève progressivement jusqu’au corps de l’homme, la plus parfaite des créations matérielles où le règne substantiel est uni au règne spirituel qui part de l’âme et monte jusqu’au trône de l’Éternel, à travers une série innombrable d’esprits rangés par ordre de clarté.

Être de raison et d’intelligence, l’homme ne peut vivre sans une loi. Dieu lui donne la loi suivant laquelle il agit lui-même ; tant qu’il sera uni à lui, il sera pur et parfait comme son créateur.

Dieu avait laissé la liberté à l’homme. Satan en profita pour, à l’aide de la femme, le faire désobéir à Dieu. Cette désobéissance est connue sous le nom de péché originel, à cause de l’animalisation qui en résulta pour Adam et ses descendants. Le mot péché vient du mot peccatum, qui a pour racine le mot latin pecus, troupeau. On la nomme aussi chute, parce qu’elle précipita l’homme de l’état angélique dans l’état bestial. En vertu de la loi héréditaire que la science reconnaît et nomme atavisme, Adam, en s’animalisant, s’était laissé revêtir, lui et sa postérité future, d’organes matériels destinés à la mort, mot qui vient de morsu, et qui nous rappelle que c’est par la morsure au fruit défendu, que la mort est entrée dans le monde ; la matérialisation fut progressive, Adam vécut près de mille ans, mais quelques générations après lui, la vie humaine était réduite à soixante ans. Il perdit la souveraineté sur la nature et la chaleur brûla sa chair, le froid la gela et la douleur, mot qui a pour étymologie un mot grec qui signifie esclave, lui fit sentir qu’au lieu d’être souverain de la nature, il en était devenu l’esclave.

L’homme, en portant la vie en sa chair, a éveillé en lui la bête, il est devenu une bête féroce pour son semblable, bête qui rappelle les animaux monstrueux, créés par les démons, sous le règne de Typhon.

Cette bête représentée par l’hydre de Lerne vaincue par Hercule, a comme lui sept têtes nommées péchés capitaux ; toutes les fois que l’homme n’a pas tué le monstre, que depuis le péché originel il porte en lui, ce monstre pour repaître la gueule de son orgueil, d’honneurs, de son avarice d’or, de sa luxure de courtisanes, de son envie de sang, de sa gourmandise de vin, de sa colère de vengeance, de sa paresse du fruit du labeur des autres, le changera en une bête féroce pour son semblable, qu’il dévorera avec une barbare cruauté.

Tout ce que l’homme a perdu en rejetant la lumière, il le retrouve, quand la lumière de Dieu nommée grâce, à cause de l’attrait qu’elle répand sur lui, vient de nouveau éclairer son âme en l’unissant à Dieu.

Il retrouve la santé, car la maladie est le fruit de la rupture avec son créateur, il ressent le bonheur, car l’action de cette lumière de vérité est de créer en lui la béatitude, l’extase, le ravissement et l’enthousiasme ; cet esprit divin est source de la charité, cette opération invisible de la grâce en l’homme, lui apporte une si céleste félicité, qu’en vertu de cette loi de nature qui porte à rendre le mal pour le mal, le bien pour le bien, un soufflet par un soufflet, un baiser par un baiser, ne pouvant rendre à Dieu l’ineffable délice que sa grâce lui donne, il le rend aux pauvres, car Dieu a dit, par la bouche de son fils. Tout le bien que vous ferez aux pauvres, c’est à moi que vous le ferez.

Un grand chagrin peut arriver ; c’est après avoir retrouvé la grâce de la reperdre, cette tristesse intérieure de l’âme qui envahit alors le cœur se nomme remords, du mot remordre qui indique qu’après être rentré en grâce, on a remordu de nouveau au fruit défendu.

Maintenant pour ne pas être accusé de profaner la vérité en la donnant à ceux qui, comme l’indique le mot profane, sont devant le temple, nous allons leur ouvrir le sanctuaire et les faire entrer.

Initiation aux mystères de l’antique Orient

Savoir, pouvoir, oser, se taire.

ZOROASTRE.

Le fait de l’initiation est d’élever l’homme à Dieu.

SALLUSTE.

L’initiation sert à retirer l’âme de la vie matérielle en y répandant la lumière.

PROCLUS.

Moïse ayant été instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, était puissant en œuvres et en paroles.

(Actes des apôtres, ch. VII, v. 22.)

En Égypte, depuis quarante siècles, les pyramides révèlent par leur forme aux générations qui passent, le dogme éternellement immuable de la Trinité sainte. Ancien temple d’initiation, elles ont été traversées par tous les grands génies des temps antiques, elles ont donné des législateurs et des civilisateurs à tous les peuples, immobiles comme la tradition qui y était pieusement déposée, elles ont vu sans frémir les convulsions et les bouleversements des empires ; elles sont restées debout dans la majestueuse attitude de l’éternelle vérité. Aussi les âmes qui souffrent du scepticisme de ce siècle, se reportent avec bonheur au temps de foi ardente où les fondateurs de religion venaient y puiser l’eau vive de la vérité et la connaissance des destinées immortelles de l’homme, car suivant la remarque de saint Augustin, Moïse était versé dans toutes les sciences de l’initiation des Égyptiens. Nous allons considérer ces mystères à leur véritable point de vue : la régénération de l’âme. Aussi nous croyons du plus haut intérêt, pour tous les esprits sérieux d’étudier de quelle manière l’homme y était mis en état d’entrer en communication immédiate avec son Dieu.

On nous reprochera peut-être de venir ruiner l’influence du clergé, en datant plus haut que lui, qui ne remonte que jusqu’à Moïse ; tandis que nous, nous prenons ces sciences quatre cents ans avant son initiation. Pour répondre, nous affirmons que si un adversaire de la publicité, que nous donnons aujourd’hui, peut, comme les mages, supprimer l’imprimerie, quand elle leur a été offerte par des Phéniciens, nous livrons ce livre au feu.

Lorsqu’un homme sentait en son âme une soif ardente de la vérité, en son cœur le courage nécessaire pour braver les terribles épreuves de l’initiation, il gravissait jusqu’à la seizième assise de la grande pyramide de Memphis, où se trouvait une fenêtre taillée dans le granit qui jour et nuit restait ouverte. Cette ouverture, seule entrée du temple d’initiation, d’environ trois pieds carrés, était située au nord ; côté du froid, des ténèbres, de l’ignorance ; là s’ouvrait devant l’aspirant une galerie froide, humide, basse et voûtée comme un caveau funéraire, où une lampe à la main, il s’avançait en rampant péniblement ; après de longs détours, il atteignait enfin un puits à large orifice, enduit partout d’un asphalte très sombre et poli comme une glace. L’ouverture de ce gouffre d’où sortait une fumée noire et épaisse, semblait un des soupiraux de l’enfer ; aussi en présence de cet abîme béant, souvent le cœur défaillait à l’aspirant, qui, se glissant de nouveau sur le ventre, retournait sur ses pas, renonçant à sa périlleuse entreprise. L’homme, au contraire, qui avait le courage de persévérer, voyait alors l’initié qui l’accompagnait, mettre sur sa tête la lampe, puis disparaître dans ce ténébreux précipice à l’aide d’un escalier intérieur dont l’obscurité profonde dissimulait les échelons de fer ; le candidat l’y suivait en silence. Après avoir descendu environ soixante degrés, il rencontrait une ouverture qui servait d’entrée à un chemin taillé dans le roc, et descendait en spirale pendant un espace d’environ quarante mètres ; à l’extrémité se trouvait une porte d’airain à deux battants ; qui s’ouvrait devant lui sans efforts et sans bruit, mais qui, se refermant d’elle-même, produisait un son éclatant qui, répercuté par les échos de ces profonds souterrains, allait avertir les prêtres qu’un profane venait de s’engager dans la galerie qui menait aux épreuves.