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Extrait : BOUGNOL, lisant : Laure ! ma chère Laure !... Enfin, nous voilà seuls!... C'est un speech que j'apprends pour réciter ce soir à ma fiancée... quand sa maman sera partie... (Montrant le portrait.) Ça, c'est le portrait de ma grand-tante, mais je me persuade que c'est ma fiancée... (Reprenant son compliment. Lisant.)"
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN
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Seitenzahl: 68
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335055368
©Ligaran 2015
Un salon ; porte au fond ; portes latérales ; une fenêtre au fond ; table, chaises, fauteuils, etc.
BOUGNOL.
GAUDIN, son domestique.
ROTHANGER, rentier.
CHALANDAR, maréchal des logis.
CLAMPINAIS, idem.
EDMOND BALISSAN, professeur.
MADAME ROTUANGER.
LAURE, Sa fille.
Le premier acte, à Paris, chez Bougnol ; les deuxième et troisième, Montgeron, chez Rothanger.
Bougnol, puis Gaudin.
Au lever du rideau, Bougnol est debout devant un pot trait de vieille femme accroché au mur. Il tient un papier à la main et récite un compliment qu’il apprend par cœur.
« Laure ! ma chère Laure!… Enfin, nous voilà, seuls !… » C’est un speech que j’apprends pour réciter ce soir à ma fiancée… quand sa maman sera partie… (Montrant le portrait.) Ça, c’est le portrait de ma grand-tante, mais je me persuade que c’est ma fiancée… (Reprenant son compliment. Lisant.) « Ne tremble pas, enfant, je ne veux pas te faire de peine. Un mari n’est pas un maître, c’est un esclave soumis et tendre… Il se jette à genoux… » (Parlé.) Ah ! non, ça, c’est une indication… « Soumis et tendre ! » V’lan ! je me jette à genoux !… (Il fait mine de se jeter à genoux et s’arrête.) Ah ! bigre !… mon pantalon me serre trop. Pourvu qu’il n’aille pas me faire des farces… À « soumis et tendre, » je vais lâcher un peu la boucle…
Il la desserre.
Ce sont les dames de la halle qui viennent féliciter monsieur, à l’occasion de son mariage…
Je n’ai pas le temps !… Donne-leur dix francs et dis-leur qu’elles m’ennuient !
Non, monsieur…
Il va placer le bouquet sur la cheminée à gauche.
Comment, non !…
Si vous voulez me le permettre, je ne leur donnerai que cent sous… et une bonne parole !… Il faut savoir prendre les masses.
Fais comme tu voudras…
Ah dame ! tout le monde ne sait pas prendre les masses !…
Il disparaît.
Ça me serre encore… Reprenons mon compliment. « Laure, ma chère Laure !… Enfin, nous voilà seuls !… »
Monsieur !
Quoi ?
Ce sont les tambours de la garde nationale qui viennent féliciter monsieur, à l’occasion de son mariage…
Encore ?
Je leur ai donné quarante sous… et un verre de vin !… Il faut savoir prendre les tambours !… Ah çà ! c’est donc bien décidé ?… monsieur vase marier ?
Voilà une question, par exemple !… Oui, monsieur Gaudin, je me marie… aujourd’hui, à midi !
Certainement, il ne m’appartient pas de donner des conseils à monsieur… mais je ne vois pas ça d’un bon œil.
En vérité ?
Si monsieur savait ce que c’est qu’une femme !
Mais je te prie de croire que je ne suis pas arrivé à trente-quatre ans…
C’est nerveux, c’est capricieux… ça commande vingt courses à la minute, ça éreinte les domestiques !…
Ah ! je vois ton affaire !…
Voyons, monsieur, est-ce que nous ne sommes pas heureux comme ça, tous les deux ?
Mais non !
Qu’est-ce qui nous manque ?… Nous vivons ici comme deux rats dans un fromage… un fromage de quinze mille livres de rente !… Nous nous levons tard… Vous déjeunez à votre café… moi, au mien… Nous dînons en ville… chacun de son côté… car monsieur ne m’a jamais fait l’honneur…
De t’inviter ?… Il ne manquerait plus que ça !
Je ne vous le demande pas : j’ai ma fierté aussi !… Une bonne femme de ménage vient tous les matins faire l’appartement… brosser vos… nos habits, cirer nos bottes…
Eh bien, et toi ?
Moi ? je descends régulièrement votre bougeoir tous les soirs.
Ce n’est pas fatigant !
C’est quatre étages !… D’ailleurs, monsieur sait bien que je ne suis pas entré chez lui pour travailler.
Ça, je m’en rapporte à toi…
Je fais partie de l’héritage de votre oncle Corbenie, qui fous a laissé toute sa fortune… Je ne suis pas un domestique, je suis un legs… Article 3 de ses dernières volontés.
« Je lègue item à mon neveu Onésime Bougnol le nommé Gaudin, qui m’a très mal servi pendant sept ans… »
Drôle d’homme !
« Il est paresseux, égoïste, incapable de dévouement… »
Mais…
« Mais personne ne frictionne mieux que lui les rhumatismes… »
C’est vrai !… Je frictionne une demi-heure sans m’arrête !… Il y a des gens arrivés à une très haute position qui n’en feraient pas autant.
Joli talent de société !
Monsieur verra, quand il aura des rhumatismes.
Mais j’espère bien ne pas en avoir !
Oh ! monsieur, je ne vous donne pas trois ans… Ça vient de famille, ça, voyez-vous !
Allons, c’est bien ! (À part.) Il m’ennuie, cet animal-là !
Ainsi, monsieur persiste toujours à se marier malgré les rhumatismes… qu’il aura ?
Toujours !
Je crois que monsieur fera bien de réfléchir !… D’abord, êtes-vous bien sûr d’être né pour le mariage ?…
Comment, imbécile ?
Ah ! monsieur, c’est que j’ai eu des renseignements par mademoiselle Pausanias… cette petite marchande de tabac avec laquelle vous passiez de longues heures à choisir des cigares…
Eh bien ?
Elle prétend que vous êtes d’un caractère inégal… qu’un rien vous trouble, vous émeut… Enfin, que vous avez des vapeurs, des absences dans la conversation…
Moi ?
On a bien tort de se brouiller avec ces demoiselles-là… Ça les vexe… et alors, elles jasent… elles cancanent…
Je ne comprends pas !… Qu’a-t-elle pu dire ?…
Il paraît qu’un jour… à sa fête… vous lui aviez composé un petit compliment ?
Un quatrain… huit vers seulement…
Vous vous apprêtiez à les lui débiter… lorsque tout à coup… drelin dindin !… un coup de sonnette !
Très violent… je m’en souviens.
Et cela a suffi pour vous faire perdre la mémoire ! Vous avez pâli, vous vous êtes troublé… et vous avez bégayé toute la soirée.
C’est vrai : le moindre bruit, la moindre émotion me trouble ; ma langue s’embarrasse, et je bégaye…
Ah ! vous avez là un défaut bien désagréable dans un ménage ! Voulez-vous que je vous dise, monsieur… vous êtes de la nature de la sensitive !
La sensitive ?… qu’est-ce que c’est que cela ?
AIR : Restez, restez, trompe jolie.
(Parlé.) Eh bien, monsieur, les sensitives doivent rester célibataires, et si vous m’en croyez…
Quoi ?
Vous écrirez à M. Rothanger, votre beau-père, de ne plus compter sur vous.
Est-il bête, cet animal-là !… Mais puisque je l’attends, mon beau-père ; avec ma femme et ma fiancée, pour aller à la mairie !
Oh ! vous n’y êtes pas encore ! Le mariage n’est pas fait !
Puisque j’ai revêtu mon pantalon de noce, retenu trois remises et convoqué mon cousin Chalandard… un clerc de notaire qui doit me servir de témoin !
Ça ne fait rien… Il faut si peu de chose pour faire craquer un mariage… et c’est quand on s’y attend le moins…
Mais qui ? qui pourrait m’empêcher de me marier ?
La Providence, monsieur !
Eh ! tu m’ennuies !
Les mêmes, Chalandard, en costume de spahi.
M. Bougnol, s’il vous plaît ?
Un militaire !
Je ne me trompe pas… Chalandard