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Bien qu'il soit resté toute sa vie dans l'Église Anglicane, John Wesley est un des pères de la théologie évangélique contemporaine. A une époque ou le qualificatif d'Arminien était un terme injurieux, il fut un des premiers à rompre avec le dogme calviniste d'une prédestination divine absolue de l'homme au Ciel ou à l'Enfer. Âme essentiellement irénique Wesley eut pour ami fidèle et constant George Whitefield, l'autre grand prédicateur en Angleterre et en Amérique, qui lui, resta attaché aux fameux canons de Dordrecht. Malheureusement leurs disciples respectifs ne firent pas toujours preuve de la même amabilité les uns envers les autres, et aujourd'hui encore, le Méthodisme et son fondateur sont souvent considérés avec un zeste de mépris, dans certains milieux néo-réformés, trop imbus de leur orthodoxie. Cette attitude cache une ignorance de l'histoire des réveils religieux au dix-huitième siècle, suscités par Dieu de manière aussi certaine que la Réforme elle-même, ainsi que nous en persuade l'étude des faits. Le livre de M. Lelièvre, qui est en somme le deuxième volume de sa Vie de Wesley, permettra aux lecteurs impartiaux de saisir tout ce que leur liberté évangélique moderne doit au ministère d'un géant de l'histoire de l'Église. Quant à ceux qui estimeraient être déjà en possession d'un catéchisme transcendant et inaltérable, sans avoir besoin de s'instruire ailleurs, la lecture de la Théologie de Wesley leur donnera l'occasion d'expérimenter une célèbre formule, également due au héros méthodiste, et qui résume assez bien le principe de sa courtoisie chrétienne : We agree to disagree ! Cette numérisation ThéoTeX reproduit le texte de l'édition de 1924.
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Seitenzahl: 522
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Ce fichier au format EPUB, ou livre numérique, est édité par BoD (Books on Demand) — ISBN : 9782322483938
Auteur Matthieu Lelièvre. Les textes du domaine public contenus ne peuvent faire l'objet d'aucune exclusivité.Les notes, préfaces, descriptions, traductions éventuellement rajoutées restent sous la responsabilité de ThéoTEX, et ne peuvent pas être reproduites sans autorisation.ThéoTEX
site internet : theotex.orgcourriel : [email protected]Le volume que je publie aujourd'hui renferme la substance de leçons données, en 1904-1905, aux étudiants de l'École de théologie méthodiste dont M. le pasteur Onésime Prunier était le directeur. Le mode de composition de ces pages en explique les lacunes et les défauts. Ce n'est pas une étude approfondie de la théologie wesleyenne et des développements qu'elle a pris dans les diverses branches du Méthodisme. Pour accomplir cette tâche, il eût fallu d'autres forces physiques et intellectuelles que celles qui sont le lot d'un octogénaire, même privilégié. Tout ce que je pouvais faire, c'était d'ajouter, à mes leçons d'il y a vingt ans, quelques développements empruntés à des théologiens méthodistes français et anglais, la plupart peu connus, et quelques-uns fort dignes de l'être. Ces morceaux donneront peut-être à ce livre un cachet de modernité (je ne dis pas de modernisme) qui lui manquait un peu sous sa forme primitive ; ils lui donneront au moins plus de variété et le rendront plus accessible aux lecteurs non théologiens.
Au moment de me séparer de ce travail, on me permettra de jeter un coup d'œil d'ensemble sur la partie de l'œuvre de ma vie dont ce livre marque la conclusion.
Une part importante de ma vie studieuse a été consacrée à raconter l'histoire du réveil méthodiste, et tout d'abord à faire connaître ce que Wesley a fait et enseigné, si j'ose appliquer au disciple ce que saint Luc disait de son Maître (Actes.1.1).
Ce que Wesley a fait m'a occupé pendant une longue suite d'années et a inspiré le livre où j'ai essayé de faire connaître cet homme de Dieu, qui était peu connu et même fort méconnu dans nos pays de langue française. Ce livre, John Wesley, sa vie et son œuvre, a eu quatre éditions depuis l'année 1868 où il parut la première fois. La dernière édition, bien que lancée avec quelque timidité, à cause des prix énormes d'impression, s'est écoulée en moins d'un an et sera suivie, Dieu voulant, d'une cinquième, au cours de cette année.
Ce que Wesley a enseigné fait le sujet de ce nouveau volume. L'ouvrage, comme je l'écrivais à un ami, n'est pas ce que j'aurais pu le faire avec vingt ans de moins sur la tête et avec mon bonheur domestique intact. Tel qu'il est, c'est une œuvre qui n'existait pas et je remercie Dieu d'avoir pu la mener à bien. C'est la pierre du fronton de l'édifice que Dieu m'a permis d'élever, non à la gloire de Wesley, mais à la gloire de Celui dont il fut l'un des plus éminents serviteurs.
La théologie est la « science de Dieu ». On prétend que c'est une science comme une autre, une science qui a la sécheresse des mathématiques, sans en avoir la certitude. Blaise Pascal ne l'entendait pas ainsi, lui qui définissait la foi : « Dieu sensible au cœur, non à la raison. » Il ajoutait : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » Cela revient à dire qu'on ne connaît Dieu qu'en l'aimant, et que, pour étudier Dieu, il faut d'abord être entré dans ce rapport personnel et intime avec lui qu'on nomme conversion.
La conversion de Wesley est bien la clef de sa théologie. Elle fut lente et laborieuse. Il lui fallut plusieurs années pour arriver à saisir la doctrine centrale de la Réformation, le salut par la foi, et il n'y parvint qu'en faisant l'expérience personnelle de l'affranchissement spirituel, dont il devint ensuite le témoin auprès de milliers d'âmes. Indiquer les phases de cette crise sera l'introduction nécessaire à l'exposé des doctrines de Wesley.
Rappelons que John et Charles Wesley, les deux principaux ouvriers du Réveil connu sous le nom de Méthodisme, naquirent à Epworth, dans le comté de Lincoln, en Angleterre, John en 1703, et son frère Charles en 1708. Ils étaient fils du recteur, ou ministre anglican de cette paroisse rurale. Leur père, Samuel Wesley, était un homme distingué par ses talents et par sa piété, quoique celle-ci fût peu éclairée. Sa femme, Suzanne Wesley, fut une femme hors ligne, une mère admirable et une éducatrice tout à fait supérieure. L'un et l'autre étaient nés dans le puritanisme et étaient les enfants de pasteurs non-conformistes, qui avaient lutté et souffert pour leurs convictions. Et l'un et l'autre s'étaient détachés des principes ecclésiastiques de leurs parents pour s'unir à l'Église anglicane. De telles défections étaient fréquentes à cette époque, le Dissent étant en pleine décadence, et l'Église d'Angleterre ayant pour elle, à défaut d'une vie religieuse supérieure, le prestige de l'officialité, ou, comme on disait, de l'Establishment.
Ce milieu familial, malgré ses lacunes, était mieux adapté qu'aucun autre à la formation des futurs chefs du Méthodisme. Ils y trouvèrent ces solides vertus que rien n'eût pu remplacer : indépendance de caractère, rectitude morale et ferveur religieuse. Ils y puisèrent aussi un vif attachement pour l'Église d'Angleterre, attachement qui ne les empêcha pas de désobéir aux règlements de cette Église toutes les fois qu'ils tentèrent d'entraver l'œuvre de Dieu. Chez John Wesley, et sans doute à son insu, le conformiste et le non-conformiste furent perpétuellement en lutte, comme les deux hommes dont parle saint Paul. Ce singulier état d'âme répondait, on peut l'affirmer, à une nécessité historique. Le Réveil pour atteindre les masses profondes de la nation, devait se produire au sein de l'Église établie ; mais, d'un autre côté, il fallait qu'il empruntât au puritanisme sa sève religieuse et ses allures indépendantes. En faisant naître les deux Wesley dans un presbytère anglican et d'ancêtres puritains, la Providence semblait donc les avoir mis dans les meilleures conditions pour la tâche qui les attendait.
Ce fut surtout à leur mère que John et Charles Wesley furent immensément redevables. « La mère des Wesley, a dit Isaac Taylor, a été la mère du Méthodisme, au sens religieux et moral. En effet, son courage, son respect de l'autorité, l'élévation de son esprit, son indépendance, son contrôle sur elle-même, la ferveur de ses sentiments de piété et la direction pratique qu'elle leur donna, se reproduisirent d'une façon très frappante dans le caractère et la conduite de ses filsa. » A cette énumération des qualités de Suzanne Wesley qui se retrouvèrent plus spécialement chez son fils John, il faut ajouter l'esprit d'ordre et de méthode et l'esprit de gouvernement.
Il semble qu'elle ait, de bonne heure, pressenti que son fils John était destiné à une œuvre spéciale et devait être l'objet de ses soins les plus attentifs. Après l'incendie du presbytère, où le petit John n'échappa que par miracle à la mort, elle écrivait dans son journal : « Je suis décidée à donner une attention plus particulière que par le passé à l'âme de cet enfant, sur lequel Dieu a si merveilleusement veillé ; je veux m'efforcer de faire pénétrer dans son esprit les principes de la vraie religion et de la vertu. Seigneur, donne-moi ta grâce pour le faire sincèrement et avec prudence, et accorde le succès à mes efforts. »
Suzanne Wesley, chargée d'une très nombreuse famille, trouvait moyen d'avoir un entretien religieux particulier avec chacun de ses enfants une fois par semaine. Le tour de John revenait le jeudi soir, et, plus tard, lorsqu'il fut à l'Université d'Oxford, il rappelait à sa mère ces bons moments d'entretiens intimes et lui demandait de se souvenir de lui à la même heure, dans ses prières.
La piété précoce de l'enfant décida son père à l'admettre à la sainte Cène, dès l'âge de huit ans. Wesley disait plus tard à ce sujet : « Je crois que, jusqu'à l'âge de dix ans, je n'avais pas effacé par mes péchés la grâce reçue à mon baptême. »
A onze ans, il entra au collège de Charterhouse, à Londres, où il passa six ans. Au milieu de jeunes gens turbulents, il fut exposé aux souffrances et aux épreuves qui attendent, dans les écoles publiques, les enfants élevés dans l'atmosphère douce et paisible d'une famille chrétienne. « Pendant cette période, dit-il, je me laissai aller à négliger mes devoirs et à me permettre presque continuellement des péchés, que je savais être tels, mais que le monde ne jugeait pas scandaleux. J'espérais pourtant être sauvé, d'abord parce que j'estimais valoir mieux que beaucoup d'autres ; ensuite, parce que je respectais la religion ; et enfin parce que je lisais la Bible, j'allais à l'église et je faisais, matin et soir, mes prièresb. » Il résulte de cet aveu que, pendant ces années critiques, où l'enfant devient un adolescent, le jeune Wesley perdit l'innocence de ses premières années et s'habitua au péché, sans abandonner toutefois les habitudes de piété contractées au foyer de la famille. Un jeune collégien, qui lit la Bible matin et soir, n'est sûrement pas en voie de perdition. Le malheur pour lui, à cette époque, fut que personne, ni parmi ses maîtres, ni parmi ses parents, n'était en état de lui montrer le chemin du salut. Tous, même l'excellente Suzanne Wesley, en étaient encore à chercher le salut dans les pratiques extérieures et dans les bonnes œuvres.
John Wesley entra, en 1720, au collège de Christ Church, à l'Université d'Oxford, où il obtint de grands succès par ses aptitudes intellectuelles remarquables, qui lui valurent honneurs et diplômes. Mais les premières années de son séjour à Oxford le laissèrent, au point de vue spirituel, dans le même état qu'à Charter-house. Voici comment il décrit lui-même son état à ce moment : « Pendant les cinq premières années que je passai à l'Université, je continuai à faire mes prières, tant en public qu'en particulier, et à lire les Écritures et plusieurs autres livres de religion, surtout des commentaires sur le Nouveau Testament. Mais je n'avais alors aucune idée de ce qu'est la sainteté intérieure ; je péchais souvent, et même avec plaisir. Il est vrai qu'aux approches de la Communion, à laquelle j'étais tenu de participer trois fois par an, je me surveillais davantage et ressentais de petites agitations intérieures. J'aurais de la peine à dire comment j'espérais être sauvé, en un temps où je péchais habituellement contre la faible lumière que je possédais, à moins que ce ne fût par ces mouvements passagers que je décorais du nom de repentancec. »
Il traversa alors une crise que l'on a pu appeler une première conversiond. C'était en 1725, et il avait vingt-deux ans. Sa mère, qui pressentait chez lui une vocation pastorale, l'encourageait discrètement à rompre avec la vie mondaine.
« Ah ! mon cher fils, lui écrivait-elle, si, comme moi, vous touchiez à l'extrême bord de la vie et si vous aviez sous les yeux une vaste étendue, une durée illimitée d'une existence, où vous seriez sur le point d'entrer d'un moment à l'autre, vous ne sauriez concevoir quel aspect prendraient devant vous toutes les inadvertances, les erreurs et les péchés de la jeunesse, ni combien les plaisirs des sens, l'attrait des sexes et les pernicieuses amitiés du monde vous produiraient un effet différent de ce qu'ils vous font aujourd'hui où votre santé est intacte et semble promettre de nombreuses années de viee. »
Le 25 février 1725, elle se réjouit du changement survenu dans les dispositions de son fils :
« Moi qui suis volontiers optimiste, j'espère que ce changement procède du Saint-Esprit, qui, en vous délivrant de votre goût pour les plaisirs sensuels, peut préparer et disposer votre esprit à s'appliquer plus sérieusement et de plus près à des objets d'une nature plus sublime et plus spirituelle. S'il en est ainsi, heureux êtes-vous si vous cultivez ces dispositions et si, dès maintenant, vous êtes sérieusement résolu à faire de la religion l'affaire de votre vie ; car, après tout, c'est la seule chose qui, à parler strictement, soit nécessaire, et toutes les autres choses sont comparativement de peu d'importance, si l'on considère les buts de la vie. Je souhaite ardemment que vous vous livriez maintenant à un sérieux examen de vous-même, pour connaître si vous avez un espoir raisonnable de salut, c'est-à-dire si vous êtes ou non, dans un état de foi et de repentance, qui, vous le savez, sont les conditions du salut que réclame de nous l'alliance de l'Évangile (gospel covenant). Si vous êtes dans cet état, la satisfaction d'en être assuré vous dédommagera amplement de vos peines ; mais s'il n'en était pas ainsi, il y aurait là, pour vous, un sujet de larmes plus légitimes que celles que peut vous arracher une tragédie.
J'en viens à la lettre que vous avez écrite à votre père au sujet de votre entrée dans les ordres sacrés. J'en ai été très satisfaite ; j'approuve votre dessein, et je pense que le plus tôt vous serez diacref, le mieux ce sera, parce que cela pourra vous porter à une application plus grande à l'étude de la théologie pratique, qui, dans mon humble opinion, est la meilleure étude pour de futurs ministres. M. Wesley est d'un autre avis, et veut vous engager, je crois, à cultiver la science critique qui, bien qu'elle puisse être accidentellement utile, ne peut pas être comparée à l'autre. Je demande instamment à Dieu de vous garder de vous livrer à des études frivoles, en négligeant celles qui vous sont absolument nécessaires. Je ne vous donne pas de conseil ; que le Dieu Tout-puissant vous dirige et vous bénisseg ! »
M. Léger, dans sa jeunesse de Wesleyh, dit que le goût pour les plaisirs des sens, est comme un démon que Suzanne Wesley exorcise fréquemment dans sa correspondance avec son fils, et il cite ce passage d'une de ses lettres :
« Je suis intimement persuadée que, si tant de gens cherchent inutilement à entrer dans le royaume des cieux, c'est qu'il y a une Dalila, un vice chéri dont ils ne veulent pas se défaire, se flattant qu'une stricte observance de leur devoir sur d'autres points leur fera pardonner cette faute particulière. Mais ils se trompent misérablement. La voie qui conduit au ciel est si étroite, la porte que nous avons à franchir est si resserrée, qu'elle ne laissera passer personne à qui s'attache un seul péché connu et non mortifié. »
Wesley parle avec assez de sévérité de ses cinq premières années d'Oxford, et des péchés auxquels il se livrait avec plaisir, pour que nous puissions conclure que, s'il a été gai et mondain, il ne fut ni débauché ni buveur. Si sa conversion rappelle celle de saint Augustin, elle ne fut pas précédée par les égarements qui ont inspiré les Confessions de l'évêque d'Hippone.
Le docteur Rigg dit, avec raison, de Suzanne Wesley : « Cette remarquable femme fut le principal professeur de théologie de John Wesleyi. » Cela est parfaitement exact, et c'était d'autant plus nécessaire que l'enseignement théologique était fort négligé à Oxford. On assure que cet état de choses n'a guère changé depuis lorsj. N'ayant pas de directeur d'études religieuses dans l'Université, Wesley dut se tourner vers sa mère, en qui il avait pleine confiance. On a remarqué dans les extraits de ses lettres cités plus haut, que, tout en se réjouissant de la décision prise par lui d'entrer dans le ministère, elle se préoccupait surtout de l'état de son âme. C'était déjà là une préoccupation qui suffirait à justifier le mot d'Isaac Taylor, cité plus haut, qui appelle Suzanne Wesley « la mère du Méthodisme ». Leur correspondance porta sur les livres à lire. La lecture de l'Imitation de Jésus-Christ, par Thomas a Kempis, l'occupa tout d'abord.
« Ce fut, dit-il, la Providence de Dieu qui me dirigea vers ce livre. Je commençai à voir que la vraie religion a son siège dans le cœur, et que la loi de Dieu s'étend à toutes nos pensées, aussi bien qu'à nos paroles et à nos actions. J'en voulais pourtant à Kempis d'être trop strict, quoique je ne le connusse que par la traduction du Doyen Stanhope. Je trouvai toutefois à le lire un très sensible profit, d'autant qu'il m'était tout à fait étranger auparavant. Je fis connaissance aussi à cette époque d'un ami pieux comme je n'en avais pas eu jusqu'alors, et je commençai à changer la forme de ma conduite et de prendre à cœur un changement de vie. Je mis à part une ou deux heures par jour pour une retraite religieuse. Je communiai toutes les semaines. Je veillai contre tout péché en parole ou en action. Je commençai à aspirer à une sainteté intérieure et à prier pour l'obtenir. En sorte que, avec tout ce que je faisais, et menant une vie si bonne, je ne doutais pas que je ne fusse un bon chrétienk. »
On n'a peut-être pas assez reconnu l'influence considérable qu'eut l'Imitation de Jésus-Christ, de Kempis, sur la « première conversion » de Wesley. Il écrivait à sa mère : « J'ai reçu dernièrement le conseil de lire l'Imitation, que j'avais aperçue fréquemment, mais où je n'avais jamais beaucoup jeté les yeux. » Cette personne de bon conseil n'était-elle pas, comme M. Léger le suppose, Sarah Kirkham, l'une des filles du recteur de Stanton, et des jeunes personnes dont Mme Wesley était peut-être un peu jalouse ? Nous l'ignorons. Quoi qu'il en soit, l'avis était bon, et Wesley fit bien de le suivre. Il y avait pour lui beaucoup à apprendre auprès de ce vieux maître du christianisme intérieur. Toutefois, l'ascétisme de Kempis lui répugnait, et aussi ses idées sur la prédestination. Sa mère, à laquelle il communiqua ses réflexions, lui écrit :
« Je possède ce livre, que je n'ai pas encore lu. Mais je crois que vous avez raison, et j'estime qu'il est extrêmement dans l'erreur en soutenant cette doctrine presque blasphématoire d'après laquelle Dieu aurait décidé par un décret irrévocable, qu'un homme sera livré à une perpétuelle misère, même dans ce monde. Nos misères, ici et ailleurs, procèdent de nous-mêmes. »
Jérémie Taylor fut le second auteur de théologie pratique qu'étudia Wesley. Il avait été évêque en Irlande au xviie siècle, par la faveur de Charles II, qui l'éleva aussi à la dignité de vice-chancelier de l'Université de Dublin. Comme Wesley le raconte lui- mêmel, Les règles et les exercices pour vivre et mourir saintement, tombèrent entre ses mains en 1725, dans sa 23e année.
« En lisant diverses parties de ce livre, dit-il, je fus extrêmement ému, en particulier de ce qui se rapporte à la pureté d'intention. Je me décidai aussitôt à consacrer à Dieu toute ma vie, toutes mes pensées, toutes mes paroles et toutes mes actions. Je compris qu'il n'y a pas de milieu, et que toutes les parties de ma vie devaient être un sacrifice à Dieu ou à moi-même, c'est-à-dire, en définitive, au diable. »
« Nous avons là, dit Tyerman, le point tournant de l'histoire de Wesley. Ce ne fut que treize ans plus tard qu'il reçut l'assurance qu'il était sauvé par la foi en Christ ; mais, dès ce moment, son but suprême fut de servir Dieu et ses semblables, et de parvenir au ciel. Nul n'aurait pu être plus sincère, plus diligent, plus porté au renoncement ; et pourtant, pendant cette longue période, il vécut et travailla en plein brouillard. »
C'était un livre à la fois curieux et admirable que ces Règles pour vivre et mourir saintement, de Jérémie Taylor. « La table des matières annonce une série de recettes mesquines : 23 règles pour l'emploi du temps ; 5 bienfaits qui dérivent de cet exercice ; 10 règles d'intention ; 8 signes de la pureté d'intention ; 3 considérations connexes, etc. Lisez pourtant, et vous serez ravis par le flot de cette prose puissante et somptueuse qui, tour à tour, par l'ampleur des périodes, par la profusion et la splendeur des images, par la vigueur du réalisme, rappelle Bossuet. Wesley subit le charme. Et, derechef, il recourut à sa mère qui, malgré une foule de tracas et d'infirmités, s'offrait allègrement à l'aider de tout son pouvoir dans ses difficultés religieusesm. »
Il est certain, lui écrit-elle, qu'il n'y a qu'une vraie repentance, car la repentance n'est pas un acte passager ; et cet état commence par un changement de tout notre être moral de mal en bien et contient, en un sens, toutes les parties d'une vie sainte. La repentance, dans l'Écriture, signifie toute l'obéissance, comme la foi inclut souvent la repentance et tous les autres actes de religion. Repens-toi et tes péchés seront pardonnés. Crois et tu seras sauvé… Je ne comprends pas bien ce que Taylor veut dire quand il déclare que si Dieu nous a pardonné ou non, nous n'en pouvons rien savoir. S'il entend une certitude du pardon, qui ne laisse pas place au moindre doute ou scrupule, il a parfaitement raison ; nous n'aurons une telle certitude que quand nous arriverons au ciel. Mais il est sûrement dans l'erreur s'il ne se contente pas de cette persuasion raisonnable du pardon de nos péchés, que tout vrai pénitent éprouve lorsqu'il réfléchit sur les preuves qu'il a de sa sincérité ; car une telle persuasion est certainement le partage de l'homme en cette vie.
Les vertus que nous avons acquises par la grâce de Dieu, ne sont pas de si petite force, que cet auteur le suppose ; car nous pouvons les constater pour peu que nous les possédions si peu que ce soit. Mais quand notre amour pour Dieu et notre foi au Seigneur Jésus sont faibles, (car il y a dans nos vies de grandes inégalités) ; quand, bien que luttant contre nos péchés, nous ne les avons pas encore vaincus, mais que nous retombons quelquefois encore sous leur empire, alors nous doutons de notre état. Mais quand, avec l'aide du Saint-Esprit, nous avons fait un progrès considérable dans la religion, quand nos habitudes vertueuses sont confirmées ; quand nous ne sommes plus vaincus par nos appétits sensuels et savons nous maintenir dans des habitudes de vie sages, nous sommes à l'aise et libres de doutes troublants ou de craintes au sujet de notre bonheur futur ; car l'amour parfait bannit la crainte…
Si vous voulez être à l'abri de craintes et de doutes concernant votre bonheur futur, chaque matin et chaque soir, confiez votre âme à Jésus-Christ, avec une foi entière qu'il peut et veut vous sauver. Si vous faites cela sérieusement et constamment, il vous prendra sous sa conduite, il vous guidera, par son Saint-Esprit, dans la voie de la vérité et vous donnera la force pour y marcher. Dieu dispose les événements pour votre profit spirituel ; et si, pour vous garder dans l'humilité et vous faire sentir combien vous dépendez de lui, il permet que vous succombiez à de petits péchés, ne vous découragez pas ; car il vous donnera sûrement la repentance et vous conduira, à travers toutes les tentations de ce monde, et à la fin il vous recevra près de lui dans sa gloire. »
Les vues de la mère de Wesley n'avaient pas toute la clarté désirable. Elles représentaient toutefois un sursum corda bienfaisant, au moment où son fils était arrivé. Voici un extrait de la réponse de Wesley :
« Je crois fermement que nous ne pouvons jamais être tellement sûrs du pardon de nos péchés que nous puissions être assurés qu'ils ne se lèveront jamais contre nous. Nous savons que tel sera le cas infailliblement, si nous apostasions, et je ne vois pas que nous puissions être certains de notre persévérance finale, jusqu'à ce que notre course soit terminée. Mais je suis persuadé que nous pouvons connaître si nous sommes maintenant en état de salut, que cela est expressément promis dans les Saintes Écritures à nos sincères efforts, et que nous sommes sûrement capables de juger de notre propre sincérité. »
Dans cette même lettre à sa mère, Wesley se déclarait d'accord avec elle sur la question de la prédestination :
« Un dessein éternel de Dieu de délivrer quelques hommes de la damnation exclut, je suppose, de cette délivrance ceux qui ne sont pas élus. Et s'il est décrété de toute éternité qu'une partie déterminée de l'humanité sera sauvée, et qu'une grande majorité de cette même humanité est née pour être éternellement perdue, sans aucune possibilité d'éviter son sort, comment concilier cela avec la justice et la miséricorde de Dieu ? Est-il miséricordieux de destiner une créature à une misère éternelle ? Est-il juste de punir un homme pour des crimes qu'il ne pouvait pas ne pas commettre ? Admettre que Dieu soit l'auteur du péché (ce qui me paraît être la conséquence de cette opinion), c'est là une contradiction aux idées les plus claires que nous ayons de la nature de Dieu et de ses perfectionsn. »
Il est intéressant de placer en face de l'opinion de Wesley, sur la prédestination, celle de sa mère :
« J'ai souvent été surprise, lui écrit-elle, que des hommes soient assez vains pour s'amuser à fouiller dans les décrets de Dieu, qu'aucune sagesse humaine ne peut scruter, et n'emploient pas plutôt leur temps et leurs facultés à travailler à leur propre salut et à assurer leur vocation et leur élection. De telles études tendent plus à confondre notre intelligence qu'à l'instruire. Les jeunes gens doivent laisser de côté de telles recherches… La doctrine de la prédestination, telle que la professent de rigides calvinistes, est très choquante (very shocking) et doit être entièrement repoussée (abhorred), parce qu'elle accuse le Dieu très saint d'être l'auteur du péché. Et je pense que vous avez absolument raison de la repousser, car il est certainement incompatible avec la justice et la bonté de Dieu, de mettre un homme, quel qu'il soit, sous la nécessité physique ou morale de commettre la péché, et de le punir ensuite de l'avoir commis. Le Juge de toute la terre ne fera-t-il pas justice ?
Je crois fermement que Dieu, de toute éternité, a élu certains hommes à la vie éternelle ; mais je conçois, en toute humilité, que cette élection est fondée sur la préconnaissance de Dieu, comme cela résulte du chapitre 8 de l'épître aux Romains : Ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils. Il les appelle par la prédication de son Évangile et intérieurement par son Saint-Esprit ; et, obéissant, se repentant de leurs péchés et croyant au Seigneur Jésus, Il les justifie, les absout de la culpabilité de tous leurs péchés, et Il les reconnaît comme justes, par les mérites et la médiation de Jésus-Christ. Et les ayant ainsi justifiés, Il les reçoit dans la gloire du cielo. »
Citons encore quelques lignes remarquables de John Wesley à sa mère, dans cette même année 1725 :
« Si nous demeurons en Christ et si Christ demeure en nous (ce qui ne peut avoir lieu à moins que nous ne soyons régénérés), nous devons certainement en avoir conscience. Si nous ne pouvions jamais être assurés que nous sommes en état de salut, nous aurions sujet d'être tout le temps, non dans la joie, mais dans la crainte et le tremblement ; et de tous les hommes, nous serions les plus misérables. »
« Nous avons là, comme le fait remarquer le docteur Rigg, malgré les vues de Wesley, sur la Haute-Église, empruntées à Taylor, nous avons là, dès 1725, l'une des doctrines caractéristiques du Méthodisme, celle d'un salut actuel qui nous affranchit du sentiment de la culpabilité et de la crainte, par la présence de Christ en nous. Il est vrai que Wesley n'avait pas encore fait l'expérience de la foi évangélique et de la vie qui en découle, comme fondement de son enseignement spécial, au sujet de la conversion et du témoignage de l'Esprit. Mais il avait déjà pris position entre le Calvinisme et la Haute-Église. Il est clair aussi, par les mots que nous avons soulignés, qu'il n'avait pas embrassé la doctrine de l'anglicanisme moderne sur la régénération baptismalep. »
Wesley reçut l'ordination de diacre des mains de l'évêque Potter, en septembre 1725. Peu après, en mars 1726, il fut élu fellow (agrégé) du Lincoln Collège d'Oxford, ce qui lui donnait droit à une pension annuelle assez considérable, et déchargeait d'autant son père, qui, toujours obéré, avait pourtant aidé financièrement les études de son fils.
Ce changement de milieu permit à John Wesley de s'affranchir de certaines camaraderies qui avaient nui à sa piété dans le collège de Christ Church. Il avait été un étudiant plus ou moins mondain ; ses lectures pieuses et l'influence maternelle firent de lui un homme nouveau, et l'engagèrent dans une vie renouvelée et essentiellement laborieuse. « Le loisir et moi, écrivait-il à son frère aîné, nous avons pris congé l'un de l'autre. Je me propose de travailler aussi longtemps que je vivrai, pourvu que ma santé me le permette. »
Il se donna des règles de conduite qu'il inscrivit en tête du registre quotidien, où, selon le conseil de l'évêque Jérémie Taylor, il se décida à résumer l'emploi de son temps. Le premier de ces petits cahiers s'ouvrait le 5 avril 1725, et le dernier ne se ferma qu'en 1791, à la veille de sa mort.
Il n'est pas inutile de donner ici ces règles d'action.
« Vendredi 26 mars. — J'ai été assailli par un grand nombre de pensées impures pendant mes prières et mes dévotions, et j'ai découvert que ces tentations venaient : (a) de la légèreté de conduite à laquelle je suis trop adonné en tout temps ; (b) de ce que je me prête à trop de propos inutiles, et que je lis trop de pièces ou de livres frivoles ; (c) de mon désœuvrement, et, en dernier lieu, de mon manque de recueillement, et de ce que j'oublie que je suis en présence de Dieu.
D'où il me paraît qu'il est nécessaire : (a) de m'efforcer de me comporter avec gravité et modestie ; (b) d'éviter toute compagnie légère et frivole ; (c) de me pénétrer d'un sentiment respectueux de la présence de Dieu ; (d) d'éviter le désœuvrement, toute familiarité avec les femmes et toute nourriture trop épicée ; (e) de combattre les premiers mouvements de la convoitise non pas en raisonnant, mais en cessant d'y penser ou en me rendant immédiatement en société, et enfin, de recourir à des prières fréquentes et ferventesq. »
Ces règles comportaient des examens de conscience fréquents, souvent hebdomadaires. En réussissant à lire l'écriture cryptique et la sténographie des petits registres de Wesley, restés secrets pendant plus d'un siècle, et en publiant les résultats de cette violation des secrets du fondateur du Méthodisme, les éditeurs de la Standard Edition de son Journal nous ont fait connaître le fond de l'âme de leur héros, et on peut affirmer qu'il n'a rien perdu à cette publication. Son effort vers la sainteté semble toutefois aboutir le plus souvent à un échec. Et sa confession se termine par le cri de repentance poussé vers Dieu en deux lettres grecques κ ε (Kyrie Eleison, Seigneur, aie pitié !).
Après Kempis, et après Jérémie Taylor, John Wesley eut un troisième conducteur spirituel, William Law, qui publia, en 1726, un Traité pratique de perfection chrétienne. Cet ouvrage fit la plus vive impression sur Wesley.
« Bien qu'offensé par maint passage, dit-il, j'en retirai plus que jamais la conviction de l'extrême hauteur, largeur et profondeur de la loi divine. La lumière envahit mon âme si puissamment que tout m'apparut sous un nouveau jour. Je criai à Dieu, résolu comme je ne l'avais jamais été auparavant, de ne plus différer de lui obéir. Par mon effort constant d'observer toute sa loi, intérieure et extérieure, jusqu'à la limite extrême de mon pouvoir, je me persuadai que je serais agréable à Dieu, et que j'étais en état de salut. »
Ce livre, et le Sérieux Appel, du même auteur, paru en 1730, exercèrent la plus grande et la plus durable influence sur John Wesley. « Law devint pour moi, dit-il, une sorte d'oracle. » Et son frère Charles, même parvenu à un âge avancé, disait de Law : « Il fut notre Jean-Baptiste. » Ces ouvrages étaient admirablement écrits par un homme qui, lui aussi, avait cherché la voie du salut et croyait l'avoir trouvée dans le mysticisme. Wesley faillit s'y égarer à sa suiter ; il se plongea dans la lecture des Mystiques allemands et français, aussi bien qu'anglaiss. Seulement, tandis que Law accentuait toujours plus sa tendance mystique, jusqu'à se plonger dans les rêveries théosophiques de Jacques Bœhme, John Wesley s'en détachait et écrivait, le 23 novembre 1736, à son frère Samuel :
« Je crois que les écrits des mystiques sont le rocher sur lequel j'ai été le plus près de faire naufrage quant à la foi. Je parle des mystiques qui font bon marché des moyens de grâce. » Il citait, parmi les mystiques qu'il avait consultés (sur le conseil de Law), Tauler, Molinos et l'auteur de la Theologia Germanica. Il demanda à son frère son opinion sur leurs doctrines. Et il ajouta cette phrase significative : « Vos conseils pourront avoir une action qui s'étendra, non seulement à cette province (la Géorgie), mais à des nations de chrétiens encore à naître. » Wesley, arrivé depuis peu en Géorgie, était prêt à se vouer à l'évangélisation des païens, Indiens et autres, et il cherchait encore les bases de son propre salut.
Ce qui l'éloignait du système de W. Law, c'était le dédain de celui-ci pour les moyens (means), formes religieuses, cérémonies, sacrements, etc. Il cherchait à combiner le mysticisme de Law avec ses goûts personnels pour le traditionalisme de la Haute-Église. Pendant quelques années (surtout pendant son séjour en Amérique) ses opinions et ses pratiques furent un singulier amalgame de ritualisme et de mysticisme, dans lequel ses goûts pour une piété contemplative se mêlaient à la pratique des rites et des bonnes œuvres ; l'ascétisme monacal et sa soif très évangélique de sainteté cohabitaient dans cette âme éprise de perfection. Dans son église de Savannah, on pratiquait la communion quotidienne, la confession, le baptême par immersion, l'exclusion des dissidents de la Cène, et autres pratiques dévotes et formalistes, que le puseyisme de nos jours a remises à la mode.
Cette tentative de restaurer l'Église avec les formes et les cérémonies romaines ne fut qu'une fantaisie de jeunes théologiens épris du passé. Elle échoua dans la mission de Géorgie, comme elle avait échoué dans les années précédentes où naquit le mouvement méthodiste d'Oxfordt.
Voici, résumées par Wesley lui-même, les grandes lignes de cette histoire douloureuse :
« De 1725 à 1729, je prêchai beaucoup, mais sans apercevoir aucun fruit de mes travaux, et comment aurais-je pu en recueillir, puisque je ne possédais point le fondement de la repentance et de la foi à l'Évangile, considérant tous mes auditeurs comme chrétiens, et beaucoup d'entre eux comme n'ayant pas besoin de repentance ? De 1729 à 1734, je vis quelques résultats de mes efforts, parce que je posais un fondement plus profond de repentance, mais ce n'était que peu de chose, et cela se conçoit ; je ne prêchais pas encore la foi au sang de la nouvelle alliance. De 1734 à 1738, parlant davantage de la foi en Christ, ma prédication, mes visites de maison en maison produisirent plus d'effets que je n'en avais encore vus ; mais je ne sais si ceux qui se réformaient extérieurement étaient intérieurement et entièrement convertis à Dieu. Enfin, de 1738 jusqu'à ce jour, parlant continuellement de Jésus-Christ, Le posant comme la base de tout l'édifice, Le faisant tout pour tous, la Parole de Dieu a couru comme le feu dans le chaume, elle a été de plus en plus glorifiée, des multitudes se sont écriées : Que faut-il faire pour être sauvé ?, ont ensuite rendu témoignage qu'elles étaient sauvées par grâce au moyen de la foiu. »
Ce long effort de Wesley pour parvenir à une expérience qui apportât la paix à son âme et la pleine lumière à son intelligence, cet effort fut douloureux et émouvant. On a le sentiment qu'il ne lutte pas pour lui-même seulement, mais, comme il l'écrivait à son frère aîné, pour des « nations encore à naître »v.
Sa rupture avec William Law amena un échange de lettres, où Wesley se montra irrité et même injuste pour son ancien maître ; et elle lui arracha ce cri de colère : « Tous les autres ennemis du christianisme sont de simples farceurs [triflers] ; mais les mystiques sont les plus dangereux. Ils le frappent dans les parties vitales ; et plusieurs de ses meilleurs fidèles ont succombé sous leurs atteintes. Je rends grâce à Celui qui m'a arraché à ce feu d'enfer, et je voudrais empêcher les autres d'y tomberw. »
En arrivant en Angleterre, le 1er janvier 1738, au retour de sa mission en Amérique, John Wesley écrivit dans son Journal la confession suivante, que nous croyons devoir donner en entier :
« Il y a maintenant deux ans et presque quatre mois que j'ai quitté mon pays natal, en vue d'enseigner aux Indiens de la Géorgie la nature du christianisme. Mais qu'ai-je appris moi-même pendant ce temps ? J'ai appris ce dont je me doutais le moins, que moi qui étais allé en Amérique pour convertir les autres, je n'ai jamais été moi-même converti à Dieua. Je ne suis pas insensé, quoique je parle ainsi ; mais je dis des paroles de vérité et de bon sens. Si peut-être quelques-uns de ceux qui rêvent encore pouvaient se réveiller et voir qu'ils sont tels que je suis !
Sont-ils versés en philosophie ? Moi aussi. Dans les langues anciennes et modernes ? Moi aussi. Sont-ils versés dans la science théologique ? Moi aussi, je l'ai étudiée pendant plusieurs années. Peuvent-ils discourir à l'aise sur les choses spirituelles ? Je puis en faire autant. Font-ils beaucoup d'aumônes ? Je donne tous mes biens pour nourrir les pauvres. Donnent-ils leur travail aussi bien que leur argent ? J'ai travaillé plus qu'eux tous. Sont-ils prêts à souffrir pour leurs frères ? J'ai sacrifié mes amis, ma réputation, mes aises, mon pays ; j'ai mis ma vie dans mes mains, errant dans les pays étrangers ; j'ai livré mon corps pour être englouti dans la mer, brûlé par le soleil, consumé par le travail et la fatigue, ou tout ce qu'il plaisait à Dieu de m'envoyer. Mais tout cela (il importe peu qu'il y en ait plus ou moins) m'a-t-il rendu agréable à Dieu ? Est-ce que tout ce que j'ai fait, ou tout ce que j'ai appris, dit ou souffert, me justifie à ses yeux ? Et l'usage constant de tous les moyens de grâce (si utiles et obligatoires qu'ils puissent être) ? Ou, autant que je puis juger de moi-même, que je sois sans reproche, en ce qui concerne la justice morale ? Ou, pour pénétrer plus avant, le fait que j'adhère intellectuellement à toutes les vérités du christianisme ? Est-ce que tout cela me confère le caractère saint, céleste, divin, d'un chrétien ? En aucune façon. Si les oracles de Dieu sont vrais, si nous devons encore nous en tenir à la loi et au témoignage : toutes ces choses, si justes et bonnes qu'elles soient, quand elles sont ennoblies par la foi en Christ, ne sont que du fumier et des scories, qui méritent d'être jetés au feu de la géhenneb.
Voici donc ce que j'ai été apprendre, aux extrémités de la terre, que je suis privé de la gloire de Dieu, que mon cœur entier, et, par conséquent, ma vie, sont corrompus et abominables, puisque un mauvais arbre ne peut porter de bons fruits. J'ai appris que, privé de la vie de Dieu, je suis un enfant de colèrec, un héritier de l'enfer. J'ai appris que mes œuvres, mes souffrances, ma justice, loin de me réconcilier avec un Dieu offensé et de servir à expier le moindre de mes péchés (plus nombreux que les cheveux de ma tête), ne sauraient soutenir le regard de la justice divine, à moins d'être elles-mêmes expiées. J'ai appris que, portant écrite sur mon cœur ma sentence de mort, et n'ayant en moi aucune excuse à alléguer, il ne me reste aucune espérance, si ce n'est d'être justifié gratuitement par la rédemption qui est en Jésus ; aucune espérance, si ce n'est qu'en cherchant Christ, je Le trouverai, et que je serai trouvé en lui, ayant, non la justice qui me venait de la loi, mais celle qui vient de la foi en Christ, savoir la justice qui vient de Dieu par la foi (Phil.3.9).
Si l'on me dit que j'avais la foi (car plusieurs misérables consolateurs ont voulu me l'affirmer), je réponds : Les démons aussi ont une sorte de foi ; mais ils sont étrangers à l'alliance de la promesse. Ainsi, les apôtres, aux noces de Cana, en Galilée, lorsque Jésus manifesta sa gloire une première fois, crurent en lui, mais non encore de cette foi qui est victorieuse du monde. La foi qui me manque (la foi d'un fils), est une confiance assurée en Dieu que, par les mérites de Christ, mes péchés sont pardonnés et que je suis réconcilié à la faveur de Dieu. J'ai besoin de cette foi que saint Paul recommande à tout le monde, spécialement dans son épître aux Romains : cette foi, qui rend capable ceux qui la possèdent de s'écrier : Je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi, et la vie que je vis maintenant, je la vis par la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé, et s'est donné lui-même pour moi (Gal.2.20). J'ai besoin de cette foi que nul ne peut avoir sans savoir qu'il la possède (quoique plus d'un s'imagine la posséder sans l'avoir), car quiconque la possède est affranchi du péché, le corps du péché est détruit en lui : il est affranchi de la crainte, ayant la paix avec Dieu par Christ, et joyeux dans l'espérance de la gloire de Dieu. Et il est affranchi du doute, ayant l'amour de Dieu répandu dans son cœur par le Saint-Esprit qui lui a été donné ; et cet Esprit lui-même témoigne à son esprit qu'il est enfant de Dieud. »
Dans ce long morceau, à la fois confession de péchés et exposé doctrinal, il règne quelque obscurité, mais c'est celle du matin qui annonce le lever du jour. Pendant ces longues années de recherches douloureuses, dont le terme approche enfin, on éprouve quelque surprise à voir l'homme qui va devenir, pendant un demi-siècle, un pasteur d'hommes, plutôt à la recherche d'une direction et d'un directeur. C'est d'abord sa mère, dont il réclame les avis avec une touchante docilité ; puis c'est le vieux moine qui a composé, dans un couvent, le livre immortel de l'Imitation de Jésus-Christ ; puis l'évêque Jérémie Taylor ; puis le doux mystique William Law, en attendant les Moraves représentés surtout par l'humble Bœhler, qui sera une sorte d'Ananias, appelé à ouvrir les yeux à ce nouveau Saul de Tarse. Et, si l'on demande : Pourquoi tous ces conseillers et pourquoi tous ces livres ? N'avait-il pas ce Nouveau Testament grec qu'il expliquait à ses élèves d'Oxford ? La doctrine de saint Paul, qui fit le réveil du xviiie siècle, après avoir fait la réformation du xvie, n'eût-elle pas pu lui parvenir directement, sans tous ces intermédiaires qui faillirent l'étouffer en chemin ? Ce sont là des questions perplexes, dont la solution nous échappe. Qu'il nous suffise de reconnaître, dans l'histoire de Wesley, la vérité profonde de cette parole qu'on attribue à Bossuet : L'homme s'agite, et Dieu le mène.
L'action des Moraves sur Wesley commença sur le navire qui le conduisait en Géorgie, et qui portait aussi un certain nombre d'émigrants allemands. Elle continua, pendant son séjour à Savannah, constamment contrariée par ce qu'on pourrait appeler un accès de ritualisme aigu. Attiré par la simplicité apostolique de la petite colonie morave, et en même temps rêvant de fonder sur une terre vierge une Église conforme au rituel qui flottait vaguement devant son esprit, il n'aboutit qu'à un échec pitoyable, et dut quitter la colonie en fugitif. Cet échec et cette humiliation avaient brisé son orgueil et lui avaient arraché les cris de repentance que nous venons d'entendre. « C'était, comme dit le docteur Rigg, le temps des semailles faites dans les larmes, qui allaient être suivies par une joyeuse moisson destinée à durer pendant une longue viee. »
Au moment où Wesley débarquait à Deal, celui que Dieu lui destinait comme moniteur, était sur le point de débarquer en Angleterre, en route pour la Caroline du Sud. C'était un ministre morave, nommé Pierre Bœhler. Elève de l'Université d'Iéna, converti à une foi vivante par les Moraves, il s'était senti appelé à aller en mission auprès de Wesley. Leur première rencontre eut lieu à Londres, une semaine après le débarquement de Wesley à Deal. Bœhler, dans une lettre à Zinzendorf, lui rendit ainsi compte de cette entrevue : « C'est un homme bien disposé, qui reconnaît qu'il n'a pas encore la vraie foi au Sauveur et qui demande à se laisser instruire. »
Il ajoutait : « Notre façon de croire au Sauveur paraît si aisée aux Anglais, qu'ils ont bien de la peine à l'accepter ; si elle était un peu plus compliquée, ils s'en accommoderaient mieux. Ils se justifient eux-mêmes, et se persuadent aisément qu'ils croient déjà et veulent prouver leur foi par leurs œuvres. Et voilà comment il se fait qu'ils se détournent et sont dans un état fort misérable. »
Cet extrait explique le sens de la phrase latine que Bœhler adressa à Wesley, dans une de leurs conversations, où le théologien d'Oxford soumettait ses doutes à son nouvel ami :
Mi frater, mi frater, excoquenda est ista tua philosophia. (Mon frère, mon frère, il faut vous débarrasser de cette philosophie-là.) Il s'en débarrassa si bien qu'il reconnut qu'il s'était mépris jusqu'alors sur la nature de la vraie foi, en prenant pour elle une adhésion tout intellectuelle aux vérités révélées. Son ami lui montra que partout où la foi vivante existe, elle produit la paix de l'âme et la sainteté, et que cette foi elle-même n'est autre chose qu'une « confiance ferme que l'âme place en Dieu, et qui l'assure que ses péchés lui sont pardonnés par les mérites de Christ et qu'elle est réconciliée avec Dieu ». Ces idées étaient nouvelles pour Wesley, et soulevaient certaines objections dans son esprit ; mais Bœhler, qui ne demandait pas à être cru sur parole, le renvoyait à l'Écriture. Il se mit, en effet, à étudier avec plus de soin son Nouveau Testament grec, que les mystiques lui avaient un peu fait négliger, et il n'eut pas de peine à y découvrir la confirmation des idées de son ami ; ses objections tombèrent l'une après l'autre, en face de déclarations telles que celles-ci : « L'Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. — Celui qui croit a le témoignage en lui-même. — Celui qui est né de Dieu ne pèche point. » Il hésitait cependant à admettre que la foi puisse être une opération subite de Dieu en nous, et que la conversion puisse être instantanée ; mais ses doutes à cet égard disparurent par une étude consciencieuse de l'Écriture, et par ses conversations avec des chrétiens moraves qui lui racontèrent comment, en quelques instants, la paix avait succédé dans leur âme au sentiment de la condamnation.
Wesley n'avait possédé jusqu'alors, comme il le reconnaît, que la foi d'un serviteur ; il n'avait pas encore celle de l'enfant. Oppressé par cette conviction, il voulait discontinuer de prêcher ; Bœhler s'y opposa vivement. « Prêchez, lui dit-il, en attendant que vous l'ayez ; vous la prêcherez ensuite parce que vous l'aurez. » C'est ce qu'il fit dès lors, avec une grande fidélité, non seulement du haut de la chaire, mais dans les relations ordinaires de la vie, dans ses visites, dans ses voyages, à table d'hôte, partout où une occasion se présentait. A mesure que ses besoins spirituels se précisaient, il sentit la nécessité de renoncer, pour son culte particulier, aux formulaires de prières dont il se servait habituellement, et il se mit à prier d'abondance. Les formes de piété auxquelles il s'était astreint avec superstition ne lui suffisaient plus. Une prière improvisée, qu'il avait entendu un prédicateur presbytérien prononcer, en Amérique, l'avait scandalisé. Maintenant, toutes choses allaient être faites nouvelles. Wesley n'allait pas devenir un révolutionnaire, mais il obéissait aux directions de la Providence, à mesure qu'elles se manifestaient. Le jour de la crise spirituelle qu'il attendait vint enfin. Il convient de reproduire ce récit mémorable :
« Le mercredi 24 mai 1738, vers cinq heures du matin, j'ouvris mon Nouveau Testament sur ces paroles :
Nous avons reçu les grandes et précieuses promesses, afin que, par leur moyen, nous devenions participants de la nature divine (2Pi.1.4). Au moment de sortir, je tombai sur ces mots : Tu n'es pas loin du royaume de Dieu. Dans l'après-midi, on m'invita à aller à la cathédrale de Saint-Paul. L'antienne était : O Éternel ! je t'invoque du fond de l'abîme ; Seigneur, écoute ma voix ! que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications ! O Éternel ! si tu considères les iniquités, Seigneur, qui est-ce qui subsistera ? Mais le pardon se trouve auprès de toi, afin qu'on te craigne. Israël, attends-toi à l'Éternel ; car la miséricorde est avec l'Éternel, et la rédemption se trouve auprès de lui. Et lui-même rachètera Israël de toutes ses iniquités.
Dans la soirée, je me rendis à contre-cœur à une société, dans Aldersgate Street, où j'entendis lire la préface de Luther à l'épître aux Romains. Vers neuf heures moins un quart, en entendant la description qu'il fait du changement que Dieu opère dans le cœur par la foi en Christ, je sentis que mon cœur se réchauffait étrangement. Je sentis que je me confiais en Christ, en Christ seul pour mon salut ; et je reçus l'assurance qu'il avait ôté mes péchés, et qu'il me sauvait de la loi du péché et de la mort.
Je me suis mis alors à prier de toutes mes forces pour ceux qui m'avaient le plus outragé et persécuté. Puis je rendis témoignage ouvertement, devant les personnes présentes, de ce que j'éprouvais en mon cœur pour la première fois. L'ennemi me suggéra bientôt : Ceci ne peut être la foi ; car où est ta joie ? Mais j'appris bientôt que, si la paix et la victoire sur le péché sont étroitement liées à la foi au Chef de notre salut, il n'en est pas ainsi de ces transports de joie qui l'accompagnent ordinairement, surtout chez ceux qui ont passé par une angoisse profonde, mais que Dieu se réserve de dispenser ou de refuser, selon son bon plaisir. »
Nous ne voulons pas voir une simple coïncidence due au hasard dans le fait que ce fut en entendant lire une page de Luther, commentant un texte de saint Paul, que la lumière se fit complètement dans l'âme de Wesley, comme pour marquer que le Réveil du xviiie siècle allait se rattacher à l'âge apostolique et à la réformation. Il devait faire revivre ces deux grandes époques, non seulement par l'affirmation de la doctrine du salut par la foi, mais par l'expérience personnelle de cette grâce divine par des hommes chargés de l'enseigner aux autres. Wesley, comme Luther, et Luther comme saint Paul, purent dire : J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé !
« La comparaison entre Wesley et Luther, dit le docteur Stoughton, est très instructive. Dans les deux cas, nous trouvons qu'une période prolongée de leur vie est marquée par des confessions qui, pour des personnes qui ne sont pas en parfaite sympathie spirituelle avec de tels hommes, indiquent des modifications et des progrès en apparence incohérents et extrêmement embarrassants. Toutefois, il existe une différence fondamentale dans le caractère de ces deux esprits. Luther a l'esprit éminemment intuitif, regardant, avec la fixité du regard de l'aigle, la vérité partout où elle se lève devant lui ; Wesley a un esprit éminemment logique, qui arrive à ses conclusions par voie d'argumentation. Il en résulte que la théologie de Luther a jailli de son expérience, de ses besoins profondément sentis et pleinement satisfaits, tandis que l'expérience de Wesley a jailli de sa théologie. D'abord convaincu de certaines vérités, il les appliqua ensuite. Il apprit la doctrine de la justification par la foi avant d'exercer la foi qui le mit dans un état de justificationf. »
Nous sommes ici au cœur même de la théologie expérimentale de Wesley. Jusqu'au moment où il fit l'expérience du salut par la foi, il fut un ritualiste, comme on en trouve par milliers dans l'Église anglicane, et dans d'autres aussi. Après avoir longtemps cru que le salut est le résultat de la conformité morale et rituelle à ce que l'Église réclame, il crut et enseigna que le salut est une création nouvelle par la foi en Christ et en Christ crucifié, qui nous unit à lui par son Esprit, lequel introduit l'âme dans une vie nouvelle, en sorte que le croyant devient un enfant de Dieu, cohéritier avec Christ. Il allait prêcher dès lors la foi comme principe et source de la Vie divine dans l'âme humaine. Mais ce changement révolutionna entièrement le caractère et la teneur de son ministère. Sa vocation avait jusqu'alors consisté à contraindre, par l'autorité de Christ et de son Église, par la vertu de la loi et de la discipline ecclésiastiques, hommes et femmes, à se soumettre aux exigences de l'Église ; il avait été un magistrat ecclésiastique, un officier de discipline, une sentinelle de morale et de rites, au service de l'Église. Mais maintenant, il allait être quelque chose de tout différent.
« Sa seule affaire allait être de prêcher le salut par Jésus-Christ à tous les hommes. Il ne devait pas être un prêtre, observant un rituel et le faisant observer ; mais comme Jean-Baptiste, dont l'office sacerdotal fut submergé dans sa grande fonction prophétique, il allait être un héraut et un témoin dont l'unique vocation fut de conduire les pécheurs, non à lui-même, non à l'Église, mais uniquement à l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Sa foi allait être sa doctrine, et sa prédication allait consister à annoncer aux hommes qu'ils sont sauvés par la foi. Mais la foi vient de ce que l'on entend ; et l'on entend lorsque la parole de Christ est prêchée (Rom.10.17). Dès cette heure donc, ce prêtre ritualiste, ce rigoriste ecclésiastique allait se transformer en un prédicateur enflammé de la Bonne Nouvelle du salut et de la vie chrétienne, dans toute la richesse et la variété de ses branches » (Docteur Rigg).
Son frère Charles et son ami Whitefield étaient arrivés, eux aussi, par des voies diverses, à l'affranchissement spirituel. Ainsi se trouvèrent préparés pour leur œuvre les trois principaux ouvriers du réveil.