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Voici un essai polémique qui critique radicalement les politiques contemporaines, affirmant que le socialisme des origines a perdu ses fondamentaux, remplacés par une approche sociétale. Cet ouvrage met en lumière l’idée des phénomènes de wokisme, d’omniprésence des violences faites aux femmes et de transgenrisme comme révélation d’une idéologie dangereuse et indigente, dissimulant « le trouble de penser et la peine de vivre » sous une épaisse couche de bien-pensance. Il appelle à un éloge du pas de côté, une prise de distance vis-à-vis des injonctions contemporaines, et conclut par une défense de l’Amour, menacé par les mutations sociétales en cours
À PROPOS DE L'AUTRICE
Françoise Monnier, agrégée de Lettres classiques, a enseigné à l’Université de Bourgogne dans le domaine des métiers de la Culture. Elle se consacre désormais à l’étude des mutations majeures de la société contemporaine, en se penchant particulièrement sur la dérive de la gauche originelle qui, en recentrant ses priorités sur les réformes sociétales, soulève des questions cruciales sur l’identité et l’avenir de la gauche.
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Seitenzahl: 108
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Françoise Monnier
La trahison de la gauche
Du socialisme au sociétalisme
Essai
© Lys Bleu Éditions – Françoise Monnier
ISBN : 979-10-422-4756-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Françoise Monnier nous offre ici sa version du Meilleur des mondes, à ceci près que le sien n’est plus une fiction, mais une réalité quotidiennement vécue.
Sa référence au socialisme peut surprendre. La libre circulation ultralibérale de toute chose est pourtant une caractéristique essentielle de ce monde-là. Certes, si l’on substitue « sociétal » à « social », comme le fait l’auteur (pardon, l’autrice), on s’y retrouve aussi… Dépassés la « social-démocratie », le « libéralisme social », sans parler du « socialisme réel », le socialisme irréel est arrivé. Et du reste, la liberté, valeur cardinale du libéralisme politique, régresse chaque jour, à commencer par la liberté d’expression : si bien qu’on peut craindre que le propos de Françoise Monnier, s’il rencontre l’audience qu’on lui souhaite, ne s’expose à l’opprobre des petits inquisiteurs.
Une remarque m’a accroché : « on pourrait souvent terminer les phrases de ses interlocuteurs ». Bien vu. Dans un monde qui enjoint la « diversité », l’« être soi-même », le think different… on sait d’avance ce qu’« ils » vont dire… Il est vrai que la diversité, dans les médias, ne vise pas l’information ou l’opinion, mais la couleur de peau, le genre ou les mœurs du/de la journaliste. La bouillie, elle, est toujours la même.
Au temps du socialisme réel, on parlait la « langue de bois », rigide ; de nos jours, la « langue de poix », visqueuse, celle qui vous colle à la bouche… En même temps, la novlangue orwellienne (« la guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage… ») s’enrichit chaque jour : le loisir c’est le travail, la dissidence, le conformisme, le marginal c’est tout le monde, la révolte est obligatoire, la copie c’est l’original ; au ministère de la dépendance s’installe un ministre de l’autonomie ; et l’économie de l’interruption se nomme évidemment économie de l’attention. Au libéralisme autoritaire (sic), répond une gauche déboussolée, dont Marx dirait qu’elle ne renverse le capitalisme que pour le remettre sur ses pieds.
Plus près de nous (juillet 2024), on qualifie de « populaire » le parti d’une certaine bourgeoisie progressiste, et de « front républicain » une coalition bourgeoise qui nous a valu un vote de classe presque chimiquement pur ; inutile de convoquer à nouveau Marx (l’histoire ne se répète que sous forme de farce), Lénine (les « idiots utiles ») et la sociologie électorale, le simple examen des prénoms suffit : d’un côté les rejetons de la télé, les Kevin et les Jordan (et les Kylian !) ; de l’autre les upper class bac + 12, les Célestine et les Aymeric : de quoi ce prénom est-il le nom ?
Le sociétalisme, donc, ne serait « ni de gauche ni de droite ». Disons alors « et de gauche et de droite », qui réunit en effet le pire de l’une et l’autre ; au point de retourner les idéaux de notre devise républicaine : servitude volontaire (mieux, désirée) ; inégalités obscènes ; inimitié (haïr son prochain comme soi-même).
L’inquisition dont nous entretient Françoise Monnier est une Inquisition ubérisée, la guerre de tous contre tous et de chacun contre chacun ; et même de chacun contre soi, une jolie névrose d’époqueen somme, qui en réunit les traits cliniques bien connus : schizo (déni de réalité), parano (complotisme, victimisme), hystéro (maladie de l’identité), et bipolarité (gauche-droite). Si bien qu’on pourrait lire l’ouvrage comme une sorte de DSM (Manuel de référence des troubles mentaux) dont l’austérité se trouverait heureusement tempérée par un humour… désespéré ? Rassurez-vous, on nous prépare une bonne petite thérapie inclusive : après nous avoir forcés à être libres, on nous forcera encore à être frères et sœurs…
Une préface doit ménager quelques critiques pour ne pas tomber dans la complaisance.
Sachez, Françoise, que je réprouve vos sarcasmes contre la parité, hommage du vice (la théorie du genre) à la vertu (la différenciation sexuelle). Et pourquoi pas le « matrimoine » ? J’aime assez pour ma part la mertinence et le mercolateur ; et plus encore le meroxyde de benzoyle, souverain contre l’acné qui affecte paritairement les garçons et les filles. Je veux bien qu’on dise, à la rigueur, « quel temps fait-il ? », mais pourquoi alors ne pas accorder le genre et dire « quelle heure est-elle » ? De même, vous faites un sort à la mégère, mais vous oubliez la pimbêche, qui n’a pas de masculin non plus, alors qu’un certain BHL, mâle de son genre, en présente la figure sans doute la plus accomplie ! De grâce, ne faites pas le jeu de l’ennemi, ça fait mauvais genre.
Sachez enfin, pour finir, que je vous tiens rancune… d’avoir trouvé avant moi que « le poil à gratter doit toujours gratter dans le sens du poil » et que les « sans-dents ne sauraient mâcher leurs mots ». Ça, pour le coup, je ne suis pas près de vous le pardonner ; l’histoire s’achève, je vous le concède, mais pas la guerre des sexes : continuons le combat !
Paul Soriano
Pour saisir les enjeux de la perversion du socialisme en « sociétalisme », il convient d’en esquisser une présentation simplifiée.
Le socialisme originel avec au 19e siècle des figures telles que Proudhon, Rosa Luxemburg ou d’autres anarchistes se centrait sur le combat contre l’exploitation de l’homme par l’homme et pour l’égalité au nom de l’accès à une vie commune et décente pour les gens ordinaires. Il rêvait d’une société fondée sur les valeurs du don, de l’échange et du partage démocratique.
Mais la réconciliation de la gauche avec le capitalisme libéral en a faussé les perspectives. Elle a abandonné la lutte des classes au profit d’une lutte contre les conservatismes. Cette frontière entre « progressistes » et « réactionnaires » a permis de nier tout en l’exacerbant le clivage entre « ceux d’en haut » et « ceux d’en bas », entre les « élites » et le « peuple ».
La lutte pour l’égalité s’est pervertie en égalitarisme, le combat contre l’injustice en combat contre les discriminations.
Les problèmes sociétaux ont relégué les problèmes sociaux à une place secondaire et le peuple a été destitué de sa souveraineté au profit d’une oligarchie libérale.
Le désaveu du sens commun ou tout simplement du bon sens par les élites a provoqué une fracture sociale. Le libéralisme des mœurs a masqué le libéralisme économique et son système destructeur. Or les problèmes sociétaux ne peuvent se résoudre avec les seuls outils du droit libéral axiologiquement neutre. Il est effectivement réduit à la liberté du « chacun fait ce qui lui plaît »dans les seules limites du consentement réciproque, sans référence au bien collectif ou à la décence commune. Ils ne sont pas non plus solubles dans l’extension des droits de tous à tout et n’importe quoi.
Pour aborder ces questions sociétales, il est nécessaire d’adopter une posture critique, et d’opérer une remise en cause de l’idéologie ambiante qui fausse les termes du débat à partir de prémisses erronées. D’où l’éloge du pas de côté…
Le wokisme est l’illustration de ce symptôme idéologique qui établit un climat délétère. C’est la trahison des idéaux des intellectuels de gauche qui défendaient autrefois la liberté d’expression et les divergences d’opinions. Aujourd’hui c’est la dénonciation des contrevenants de la bien-pensance avec des mesures de rétorsion dont la cancel culture donne de multiples occurrences.
Le néologisme de féminicide marque le primat accordé désormaisaux violences faites aux femmes. Il repose sur le malentendu du supposé patriarcat censément toujours virulent dans notre société. Or la loi du Père a pratiquement disparu et laisse la place à la puissance de la Mère qui se présente sous une forme moins facile à repérer, mais plus étouffante. Le pouvoir patriarcal imposait la soumission du sujet à une autorité extérieure. La puissance matriarcale agit de l’intérieur, par le chantage affectif qui amène le sujet à céder sur son désir. L’emprise patriarcale est facile à identifier, car elle impose une loi tyrannique de manière frontale et claire. Celle de la mère, qui se fait au nom du bien et de l’amour, est plus difficile à repérer, car elle fonctionne comme une forme de dévouement sacrificiel provoquant culpabilité et autocensure. « Il est ainsi inévitable que la main visible de la domination patriarcale finisse par laisser dans l’ombre la main invisible de la domination matriarcale. » (J.-C. Michéa). La violence des femmes est souvent plus insidieuse, donc plus susceptible d’être niée. D’où ce climat de victimisation abusive entretenu par les néoféministes.
Enfin la question du genre est le symptôme le plus marquant de ce déni de réalité qui confine au délire dans une société égarée et qui menace jusqu’aux liens amoureux.
« L’espoir de retrouver une gauche de gauche, un socialisme qui retrouve ses fondamentaux, à commencer par le social et non le sociétal. »
R. Debray
À la suite de quelques escarmouches en soirée, et de nombreux mouvements d’humeur suscités par la fréquentation des médias, je ne vais pas prendre la plume (il m’en manque quelques-unes et le plumitif est devenu ringard) ni la poudre d’escampette, mais, loin de jeter de la poudre aux yeux, je vais m’approcher de la poudrière sociétale de l’univers contemporain, dans ce qu’il a d’inédit et d’impossible à rabattre sur le nihil novi sub sole. Je reste passionnée par ce qui est sans précédent dans l’Histoire, ce qui ne pouvait pas exister il y a seulement quelques décennies, comme le pronom iel et autres balivernes.
Le premier symptôme en est que le débat, même amical, provoque un évitement effrayé des discordes inévitables sur tous les sujets d’actualité : le féminisme, l’islamisme, les élections, l’Ukraine et récemment encore, la vaccination et le pass sanitaire. Cette division de la société en deux camps provoque une violence qui s’assortit de termes aussi approximatifs qu’insultants, tels que les 3 R honnis et vomis : ringard, réac, raciste… et tous les phobes dont la liste s’allonge plus vite que le nez de Pinocchio porteur d’un handicap de l’appendice nasal, car il ne s’agirait pas de réduire ce personnage à son identité de long nez ! Ni de discriminer le pauvre Cyrano ! Les individus perdent leur statut d’interlocuteurs et sont réduits à quia par un jugement sans appel empreint de moraline surdosée et de vertuisme outré : toute opinion dissidente est réduite à une provocation abjecte ou à un « dérapage » inconvenant. Assimiler un argument à une provocation, c’est se dispenser de la réflexion. Provoquer, c’est pourtant juste appeler à secouer le prêt-à-penser.
La première personne autorise la subjectivité désinhibée, mais ne devrait pas pour autant invalider le propos : soit on en réduit la portée sous le prétexte de la tolérance, cette vertu cardinale et paradoxale : (toutes les opinions se vaudraient… sauf bien entendu celles qui ne rentrent pas dans le moule) et celui du « chacun fait ce qui lui plaît » ; soit, pire, on le disqualifie par la psychologisation de l’autre perçu comme déviant, et donc qualifié de complotiste infâme, de facho, et même plus récemment de poutinien, ce qui, par les temps qui courent, ne sonne pas comme un compliment !
Je me permets donc la première personne, à l’instar d’A. Finkielkraut désigné comme réactionnaire notoire, à éviter par des gestes barrières qui consistent d’abord à ne pas le lire ! Telle est sa démarche : « Je m’efforce de progresser dans l’intelligence des choses. Et je ne me risque pas tout seul sur ce chemin difficile. J’ai besoin de guides. » Les miens sont effectivement des auteurs a priori décriés comme « néoréacs » listés par le journaliste D. Lindenberg dans son Enquête sur les nouveaux réactionnaires et vilipendés par R. Glücksman dans son Manuel de lutte contre les réacs. Figure en début de liste l’inclassable P. Muray, qui a eu l’