La vie inconsciente et les mouvements - Théodule Ribot - E-Book

La vie inconsciente et les mouvements E-Book

Théodule Ribot

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Beschreibung

Jusqu’en ces derniers temps, l’étude des mouvements et de leur rôle dans la vie de l’esprit, sans être complètement oubliée, n’était guère en faveur. Les psychologues s’occupaient avec une préférence marquée des phénomènes intellectuels ou des états affectifs.
Le but de ce livre est d’appeler l’attention sur le rôle prépondérant des éléments moteurs dans l’activité inconsciente de l’esprit, et nos remarques préliminaires n’auront d’autre fin que d’y préparer.
Tout d’abord, le mouvement s’impose à l’observateur par deux caractères fondamentaux : primordialité, généralité.
En venant au monde, le nouveau-né est muni d’aptitudes motrices qui entrent d’elles-mêmes en exercice : mouvements automatiques (de la respiration, de la digestion, etc.), mouvements réflexes (sucer, crier, etc.), mouvements instinctifs. Il est une machine qui produit des mouvements, mais leur apparition est primaire. Comme ils dépendent des centres inférieurs de l’encéphale, ils sont vides de conscience ou tout au moins de connaissance. Plus tard, avec le développement des centres supérieurs de l’écorce corticale, l’organisation du système moteur sera achevée.
Mais un fait plus important pour la psychologie et pour notre sujet en particulier, c’est la diffusion ou généralisation des mouvements.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Théodule Ribot, né à Guingamp le 18 décembre 1839 et mort à Paris (5ème) le 9 décembre 19161, est un philosophe et professeur au Collège de France. Il est généralement considéré comme le fondateur de la psychologie comme science autonome en France2. Il crée en 1876 la "Revue philosophique" dont il devient directeur.

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La vie inconsciente et les mouvements

La vie inconsciente et les mouvements

Préface

Jusqu’en ces derniers temps, l’étude des mouvements et de leur rôle dans la vie de l’esprit, sans être complètement oubliée, n’était guère en faveur. Les psychologues s’occupaient avec une préférence marquée des phénomènes intellectuels ou des états affectifs.

Il y a plus de trente ans, dans un article sur « Le rôle et l’importance des mouvements en psychologie », j’avais essayé de signaler cette lacune. Mes remarques, sur ce sujet, me semblent aujourd’hui bien timides et bien insuffisantes. Beaucoup a été fait depuis dans cette direction.

Plusieurs fois je me suis demandé s’il n’y aurait pas lieu d’écrire un livre qui, sous le titre de « Psychologie des mouvements, » étudierait isolément et exclusivement les éléments de nature motrice dans toutes les manifestations de la conscience. Tous les traités didactiques de psychologie consacrent des chapitres aux instincts, aux tendances, à l’activité volontaire, aux mouvements qui expriment les émotions : dans notre livre supposé, on ferait davantage. On aurait à étudier les mouvements dans les perceptions, les images, les concepts, les opérations logiques, dans la genèse des sentiments, dans les formes multiples de la « facultas signatrix », car le mouvement est dans tout, partout, et peut être la base de tout.

Ce serait une œuvre de longue haleine, et les Essais qui suivent ne visent pas si haut. Ils se concentrent sur une question unique : les rapports de l’activité inconsciente avec les mouvements.

En m’appuyant sur des faits et des raisons, j’ai proposé une hypothèse qui me paraît ressortir des explorations dues à des auteurs nombreux et bien connus, dans le monde souterrain de l’esprit, notamment aux études récentes désignées depuis Freud sous le nom de « Psycho-analyse ». Cette hypothèse, c’est que le fond, la nature intime de l’inconscient ne doivent pas être déduits de la conscience — qui ne peut l’expliquer —, qu’ils doivent être cherchés dans l’activité motrice, actuelle ou conservée à l’état latent.

Chapitre I

LE RÔLE LATENT DES IMAGES MOTRICES

I

Le but de cet Essai n’est pas une étude complète des représentations motrices. Même réduite à l’essentiel, elle serait très longue, car l’activité motrice pénètre la psychologie tout entière. De plus, comme elle a été faite partiellement ou en totalité par des auteurs très compétents, elle serait assez superflue. Notre unique but est d’appeler l’attention sur le rôle prépondérant des éléments moteurs dans l’activité inconsciente de l’esprit, et nos remarques préliminaires n’auront d’autre fin que d’y préparer.

« Nul ne contestera, écrit un auteur récent, que le progrès le plus important dans la psychologie théorique, durant ces dernières années, est la valeur toujours croissante attribuée au mouvement dans l’explication des processus mentaux. Ce développement a été remarquable surtout en Amérique. Dans ce pays, l’explication en termes de mouvement a été poussée systématiquement et jusqu’à l’extrême. »

Tout d’abord, le mouvement s’impose à l’observateur par deux caractères fondamentaux : primordialité, généralité.

En venant au monde, le nouveau-né est muni d’aptitudes motrices qui entrent d’elles-mêmes en exercice : mouvements automatiques (de la respiration, de la digestion, etc.), mouvements réflexes (sucer, crier, etc.), mouvements instinctifs. Il est une machine qui produit des mouvements, mais leur apparition est primaire. Comme ils dépendent des centres inférieurs de l’encéphale, ils sont vides de conscience ou tout au moins de connaissance. Plus tard, avec le développement des centres supérieurs de l’écorce corticale, l’organisation du système moteur sera achevée.

Mais un fait plus important pour la psychologie et pour notre sujet en particulier, c’est la diffusion ou généralisation des mouvements. W. James n’hésite pas à écrire : « Si l’on veut bien ne pas tenir compte des exceptions possibles, on peut formuler cette loi : “Tout fait de conscience détermine un mouvement et ce mouvement irradie dans tout le corps et dans chacune de ses parties. Une explosion nous fait tressaillir des pieds à la tête. La moindre sensation nous donne une secousse identique quoique invisible : si nous ne la sentons pas toujours, cela tient à ce qu’elle est trop fine ou que notre sensibilité ne l’est pas assez.” » Il y a déjà longtemps que Bain a remarqué ce phénomène de décharge générale et l’a exprimé dans la loi de diffusion : « Toutes les fois qu’une impression est accompagnée de conscience, les courants excités se diffusent dans le cerveau tout entier et vont ébranler tous les organes du mouvement et jusqu’aux viscères eux-mêmes. » Il y a donc une irradiation de mouvements qui s’étend à toute notre vie psychique : dans la vie affective, elle éclate avec évidence ; dans la vie intellectuelle, elle n’est pas moindre. L’origine de notre connaissance est dans nos sensations et il n’y en a aucune, quelle que soit son espèce, qui ne suppose et n’implique des mouvements. Nous reviendrons plus tard sur ce point important.

On a proposé plusieurs classifications des mouvements. Je crois inutile de les relater ici. Il sera plus profitable de rappeler leur diversité d’origine. Au terme ancien de sens musculaire — trop étroit et par suite inexact — on a substitué celui de sens kinesthétique qui n’est lui-même qu’un terme général qu’il faut résoudre en sens kinesthétiques particuliers. Ce procédé est celui qui maintenant prévaut dans l’étude de la kinesthésie. Titchener (cf Psychology, § 44-55) en donne une énumération qui me semble la plus complète. Je la présente en résumé.

La sensation musculaire proprement dite, c’est-à-dire restreinte aux muscles, est assez difficile à étudier isolément. Par divers procédés, on a réussi à éliminer l’action des articulations et des tendons et aussi celle de la peau à l’aide des anesthésiques. Le résultat de ces expériences est de réduire le sens musculaire à une sensation obtuse, qui prolongée devient fatigue. Cette sensation est attribuée à des corpuscules qui entrent dans la constitution du tissu musculaire.

Le sens tendineux est impossible à isoler par voie expérimentale, le tendon étant en continuité avec la peau et le périoste. Comme après un fort travail la fatigue se produit, on suppose que la sensation d’effort résulte des tendons. Il paraît avoir son origine dans les noyaux de Golgi.

Le sens articulaire est important entre tous. Par lui, nous avons la connaissance de nos attitudes, du poids, de la résistance. — Les observations pathologiques et les expériences du Dr Goldscheider montrent que les surfaces articulaires et elles seules sont le siège des impressions qui nous donnent la perception immédiate des mouvements de notre corps, et que la conscience de leur position ne vient ni des muscles ni des tendons. — La sensation de poids est celle d’une lutte contre la gravitation ; la sensation de résistance, celle d’une lutte contre des forces paraissant mécaniques agissant en sens inverse ; les deux semblent de même ordre. Aux sensations articulaires s’ajoutent celles des tendons et des muscles.

Le sens ampoulaire ou vestibulaire doit être compris dans notre énumération. Les canaux semi-circulaires (qui sont placés approximativement selon les trois directions de l’espace) et leurs annexes sont les organes de ce sens. On lui attribue la perception des mouvements de rotation et de translation dans l’espace, celle de la position de notre tête et peut-être de tout notre corps.

D’après cet aperçu analytique, on voit combien la kinesthésie est complexe. Elle est la résultante de groupes de sensations de diverses espèces, ayant chacune son organe et sa fonction particulière. Par suite, elle varie suivant les facteurs qui la composent à un moment donné. Dans la pratique, le plus souvent, ces facteurs que l’analyse sépare, agissent conjointement. On comprend que notre sensibilité motrice, quoiqu’elle ne soit pas localisée comme les sens spéciaux (vision, audition, etc.), mais disséminée, est assez riche pour suffire à des associations et combinaisons nombreuses, dont nous essayerons plus loin de montrer l’importance dans notre mécanisme mental.

II.

Avant d’en venir aux images motrices, il est nécessaire de dire quelques mots des sensations de mouvements dont elles tirent leur origine, pour signaler les caractères qui les distinguent d’une part des sensations organiques, d’autre part, des sensations spéciales.

Comparés aux sens spéciaux, les sens kinestéthiques ont une marque propre : ils ne nous informent guère que de certaines modifications de notre corps. Ces sensations prises en elles-mêmes, — abstraction faite de celles de la peau avec lesquelles on les a si longtemps confondues — ne nous apprennent rien ou presque rien du monde extérieur. De plus leur mécanisme est particulier. Tandis que pour les sens spéciaux l’excitation vient du monde extérieur, agit sur les terminaisons nerveuses, et est transmise par voie afférente jusqu’au cerveau ; pour les sensations kinesthétiques, l’excitation part des centres moteurs, supérieurs ou inférieurs, agit par voie efférente, puis le mouvement produit est transmis au cerveau par les nerfs sensitifs et détermine une sensation. Comparée aux sensations dites organiques (ou internes), la kinesthésie offre beaucoup d’analogie avec elles ; mais elle s’en distingue par un caractère important. On a émis l’opinion (Angell, Judd) que les sensations organiques seraient, par nature, affectives plutôt que cognitives. Je n’examinerai pas cette assertion qui ne me paraît pas sans valeur. Elle est certainement inapplicable aux sensations kinesthétiques qui nous donnent une connaissance positive de certains états. De plus, on s’est demandé si les sensations organiques peuvent survivre et revivre sous la forme d’images. Cette question obscure a été peu étudiée et par suite n’est pas tranchée. Or, pour les sensations kinesthétiques, le doute n’est pas possible sur ce point.

En somme, les sensations de mouvement occupent une position intermédiaire entre les sens spéciaux et les sensations purement organiques.

Si l’on excepte les sensations de poids et de résistance qui sont de nature mixte, parce qu’elles impliquent les sensations cutanées ; si l’on excepte encore les individus du type moteur chez qui la conscience des mouvements et de leurs images est d’un ordre supérieur, chez la moyenne des hommes, cette conscience est assez vague et ressemble à une sensation plutôt qu’à une perception proprement dite, c’est-à-dire à un phénomène nettement déterminé, localisé et objectivé. Il en résulte que le plus souvent les images motrices n’ont guère de chances d’appartenir à la catégorie des états vifs.

*

Ces images sont comme toutes les autres d’origine sensorielle, tout en formant une classe sui generis ayant une nature spéciale. Une remarque aussi simple serait complètement inutile, si la théorie du sentiment d’innervation ou de la conscience de l’effort, n’avait, sous le patronage de Wundt (qui l’a abandonnée plus tard) beaucoup contribué à embrouiller ce sujet, en supposant ou en laissant entendre que la conscience du mouvement accompagne dans certains cas le courant nerveux centrifuge.

En bref, qu’est-ce qu’une image motrice ?

En termes psychologiques, c’est la reviviscence spontanée ou provoquée de sensations kinesthétiques simples ou complexes éprouvées antérieurement.

En termes physiologiques, c’est l’excitation des zones corticales (quelles qu’elles soient) où aboutissent les sensations de mouvement. Il nous importe peu qu’elles coïncident ou non avec celles des centres moteurs, pourvu qu’il y ait connexion. Ce problème n’est pas du ressort de la psychologie.

Ces images ne peuvent être que des mouvements qui commencent, mais restent internes, sans se réaliser en mouvement objectif.

Toutefois, cette reviviscence a des degrés comme valeur psychologique. Elle peut varier dans ses formes depuis l’hallucination motrice qui n’est pas rare (Exemple : les illusions des amputés) jusqu’à un appauvrissement de la conscience qui est ou paraît absolu. Qu’il me soit permis, pour des raisons uniquement d’ordre et de clarté, de ramener la reviviscence des images motrices à trois types principaux, suivant leurs coefficients de conscience. Beaunis, qui a fait des expériences sur la permanence des souvenirs kinesthétiques quant à la longueur et quant à la direction des mouvements, en a conclu « que le souvenir ne disparaît pas graduellement », mais que dans sa régression, on peut distinguer trois moments : le premier est conscient, le second inconscient ou subconscient (il l’appelle organique) est plus stable, le troisième est l’oubli. Cette conclusion diffère peu des types schématiques que je propose :

1o Il y a d’abord les images motrices pures. J’appelle ainsi celles qui sont dépouillées totalement ou à peu près de tout élément accessoire venant des sens spéciaux. C’est dans les rêves qu’elles apparaissent le plus nettement : on croit marcher, courir, nager, voler, manier un outil, se livrer à quelque sport, etc. Elles se rencontrent aussi dans la vie journalière (Ex. : assis chez soi, on croit ressentir le roulis d’une traversée en mer). Elles sont moins nettes, moins isolées, parce que les sens spéciaux ne sont pas endormis. Comme toutes les images, elles sont sujettes, dans leur reviviscence, à des déformations et des lacunes. Il semble pourtant qu’elles subissent moins que les autres ce travail d’érosion qui se produit avec le temps, peut-être parce qu’elles sont moins complexes.

Comme la représentation d’un mouvement est un mouvement qui commence, elle peut, quand elle est forte, se parachever et devenir un mouvement réel. Ce phénomène de passage à l’acte est très connu et très fréquent chez les impulsifs. Elle peut s’arrêter à mi-chemin sous la forme d’une hallucination motrice : on sait que plusieurs psychologues ont expliqué ainsi la « voix intérieure » des mystiques. Ces images motrices du premier type sont celles qui nous occuperont le moins, ayant peu de profit à en tirer.

2o Avec celles du second type, le coefficient de conscience diminue et descend par degrés au subconscient. La majeure partie de ce groupe est formée par les éléments moteurs inclus dans les sensations spéciales : vision, audition, toucher, olfaction et gustation. Pour le moment, je me borne à cette mention succincte : la question doit être étudiée en détail et on le fera plus loin. Remarquons seulement que les impressions kinesthétiques sont, dans ces cas, recouvertes et comme voilées par les impressions lumineuses, sonores, tactiles, gustatives et olfactives : elles sont rejetées au second plan dans la conscience.

L’image motrice peut tomber plus bas, et alors les mouvements sont seulement pensés, non sentis. C’est l’état normal des individus non moteurs. Toutefois, ces images subsistent puisqu’elles peuvent réapparaître dans certaines conditions que nous avons signalées pour les rêves. Mais il ne reste qu’une disposition qu’il faut bien appeler physiologique puisqu’elle est sans conscience.

Cet affaiblissement peut aboutir à une disparition passagère ou momentanée. Les observations pathologiques le prouvent. Perte des images verbales (aphasie motrice), du mouvement nécessaire pour écrire (agraphie), perte des mouvements de toute expression (amimie), effacement des mouvements appris pour manier un outil, jouer d’un instrument de musique, même ceux de la station et de la marche (astasie, abasie). Dans ces cas et autres similaires qui sont nombreux, le déficit des images motrices s’établit par voie négative, indirecte, par une interprétation, non par intuition.

3oAu dernier degré, les représentations motrices seraient dénommées plus justement résidus moteurs ou organisations motrices, en raison de l’éclipse totale de la conscience qui, suivant une loi psychologique très générale, s’en retire parce qu’elle est inutile. Elles sont des dispositions organisées qui résultent de la répétition des expériences répétées dans l’individu, peut-être aussi dans l’espèce. Elles se révèlent non par un état de connaissance, mais, selon leur nature, par des réactions motrices qui sont perceptibles objectivement. L’observation et l’expérimentation en donnent des preuves. Dans un livre un peu ancien Sensation et mouvement, Féré a constaté que l’excitation forte de certaines parties de l’organisme, quoiqu’elle ne suscite aucun état de conscience, produit comme les sensations conscientes, une dynamogénie qui se manifeste par une augmentation de l’énergie motrice. Récemment le Dr Morton Prince a publié des expériences dont la valeur psychologique semble encore plus grande. Voici ses principales conclusions : « Dans certaines conditions pathologiques, des processus subconscients actifs, c’est-à-dire des souvenirs qui n’entrent pas dans la vie consciente de l’individu, peuvent exister. Le souvenir d’émotions disparues peut être conservé et susciter les mêmes réactions motrices que le font les états émotionnels conscients. Les objets non perçus consciemment par la vision périphérique peuvent être aperçus par co-conscience. » Suivant l’auteur, ces réactions sont également compatibles avec la théorie qui admet que les processus co-conscients sont psychiques et avec les théories physiologiques ; mais il estime que celles-ci sont trop compliquées.

III

Maintenant nous pouvons aborder notre question principale qui est de savoir si l’on ne pourrait pas attribuer légitimement aux représentations motrices des deux derniers groupes le rôle le plus important dans l’activité inconsciente de l’esprit et, si ces processus ne seraient pas explicables par elles avec plus de simplicité et de vraisemblance que par toute autre hypothèse.

Sur la nature foncière de l’inconscient, il y a des auteurs qui ne professent aucune opinion explicite. Ils se bornent à l’admettre comme un x, comme un postulat nécessaire pour la compréhension d’un très grand nombre de faits. D’autres, plus hardis, ont risqué des hypothèses : elles sont réductibles à deux catégories.

La première, très claire et sans équivoque, est purement physiologique : l’activité inconsciente est « cérébrale », rien de plus, et sans aucun caractère psychique.