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Extrait : "LE BARON, seul en robe de chambre, couché sur un lit de repos. Il chante. Ah ! que je m'ennuie ! Je n'ai point encore eu de plaisir ce matin. (Il se lève, et se regarde au miroir.) On m'assure pourtant que les jours de ma vie Doivent couler, couler sans ombre de chagrin. Je prétends qu'on me réjouisse Dès que j'ai le moindre désir. Holà ! mes gens, qu'on m'avertisse Si je puis avoir du plaisir."
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• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Seitenzahl: 19
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335095562
©Ligaran 2015
Cette petite pièce fut faite pour M. Grétry, qui, à son retour d’Italie, avait passé six mois à Genève, d’où il se rendait fréquemment à Ferney. M. de Voltaire et Mme Denis, sur quelques essais de musique qu’il leur fit entendre, conçurent une si grande espérance de ses talents, qu’ils le pressèrent vivement d’aller les exercer à Paris ; et, pour l’y déterminer d’autant mieux, M. de Voltaire s’offrit de travailler dans un genre nouveau, dont il n’osait cependant espérer, disait-il, d’atteindre la sublimité. Il donna en effet le Baron d’Otrante à M. Grétry, qui vint le présenter aux comédiens italiens comme l’ouvrage d’un jeune homme de province. Les comédiens refusèrent la pièce, en avouant cependant que l’auteur n’était pas sans talent, et qu’il promettait beaucoup. Ils engagèrent même M. Grétry à mander au jeune homme que, s’il voulait venir à Paris, on pourrait lui indiquer quelques changements nécessaires pour faire admettre et représenter sa pièce, et qu’avec de la docilité et un peu d’étude de leur théâtre il pourrait lui devenir utile par ses travaux, et se rendre digne d’y être attaché. Leur défiance venait principalement de la nouveauté de ce genre d’opéra-comique, où l’un des principaux rôles était en italien et tous les autres en français ; mais si l’on a vu longtemps sur le même théâtre, dans des comédies, un principal personnage parler français, et tous les autres lui répondre en italien, pourquoi l’inverse n’aurait-il pas réussi dans un opéra-comique rempli d’ailleurs de gaieté et de philosophie ?
Quoi qu’il en soit, le jeune auteur reconnut son insuffisance, et ne jugea pas à propos de se déplacer. Il aima mieux renoncer à une gloire qu’il désespérait d’obtenir. Cet évènement empêcha M. Grétry de mettre la pièce en musique, et l’auteur de la Henriade et de Mahomet de faire des opéras comiques. Il s’en tint à ses premiers essais, le Baron d’Otrante et les Deux Tonneaux.