Le BIM dans l'entreprise de construction - Peter Scherer - E-Book

Le BIM dans l'entreprise de construction E-Book

Peter Scherer

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Beschreibung

Les choses bougent lentement en matière de BIM : de plus en plus d'adjudicateurs exigent une planification et une exécution basées sur le BIM ainsi que des modèles BIM lors des adjudications. Outre l'appel d'offres et le déroulement basés sur des modèles, des critères de qualification qualitatifs tels que le personnel clé BIM, des projets de référence ou un concept BIM sont de plus en plus exigés. Avec le manuel d'utilisation, qui a été publié pour la première fois en 2020, la SSE souhaite faciliter l'accès à la thématique BIM, surtout pour les PME. Le manuel sert de base pour appliquer le BIM de manière stratégique et avec succès dans sa propre entreprise. Sur la base de la première version, les développements des dernières années ont été pris en compte avec des leaders du secteur suisse de la construction et les cas d'application proches de la pratique ont été remaniés.

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Seitenzahl: 201

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Le BIM dans l’entreprise de construction

Un manuel d’utilisateur pour l’introduction stratégique du BIM dans l’entreprise de construction

Mentions légales

Société Suisse des Entrepreneurs SSE

Weinbergstrasse 49 / Case postale / 8042 [email protected]

terra digital ag

Ahornweg 3 / 5504 [email protected]

CAMPUS SURSEE Bildungszentrum Bau AG

6210 Sursee / Case postale [email protected]

Auteur

Peter Scherer / Andy Frei

Collaboration à la 2e édition

Moritz Lüscher / Markus Brun / Thomas Stocker

Éditeur

Société Suisse des Entrepreneurs SSE Digitalisation

Source d’approvisionnement

Shop SSE: shop.baumeister.chNº d’article: 1160101

Mise en page et présentation

Blueheart AG, [email protected]

ISBN

978-3-033-07673-0

Édition

Société Suisse des Entrepreneurs SSE

© 2023 2e édition, Société Suisse des Entrepreneurs SSE

Tous droits réservés. L’ouvrage, y compris tous ses éléments constitutifs, est protégé par le droit d’auteur. Toute ­utilisation extérieure est interdite et passible de sanctions sans l’accord de l’éditeur. Cela est plus particulièrement valable pour les reproductions, les traductions, le microfilmage et le ­stockage et le traitement dans des systèmes électroniques. Avec le contenu de cette brochure, ni la SSE ni l’auteur donnent des renseignements contraignants. Les informations et les recommandations qui y figurent servent exclusivement à titre ­d’information. Aucune garantie ne peut être données concernant l’exactitude, la précision, l’actualité, la fiabilité et l’exhaustivité du contenu de la présente information. L’éditeur, en concertation avec l’auteur, se réserve expressément le droit – à tout moment – de modifier, de supprimer ou de ne plus publier temporairement sans préavis, intégralement ou partiellement, des contenus. Les recours en responsabilité contre les éditeurs et l’auteur en raison de dommages matériels ou immatériels, qui ont été occasionnés suite à l’utilisation ou à la nonutilisation des informations et des recommandations publiées, sont exclus.

Avant-propos du manuel BIM

L’ensemble du secteur de la construction occupe une place centrale dans l’économie suisse. En 2022, les dépenses de construction du secteur s’élevaient près de 68 milliards de francs, soit près de 10% du produit intérieur brut. Le secteur principal de la construction emploie à lui seul près de 91 200 personnes en Suisse, crée près de 50 000 nouveaux logements chaque année et génère plus de 20 milliards de francs de recettes. Mais ce secteur est également confronté à de grands défis en Suisse.

Chers représentants du secteur principal de la construction, des maîtres d’ouvrage et des planificateurs, chers collègues

Bien que la méthode Building Information Modeling, ou BIM, soit un terme connu depuis des décennies, elle n’a jusqu’à présent pas été appliquée à grande échelle dans les projets de construction suisses. Mais les choses bougent: de plus en plus d’adjudicateurs exigent une planification et une exécution assistées par BIM ainsi que des modèles BIM lors des adjudications. Suite au plan d’action Suisse numérique, selon lequel toutes les entreprises proches de la Confédération sont tenues d’utiliser la méthode BIM pour les installations d’infrastructure à partir de 2025, le nombre d’appels d’offres publics BIM augmentera considérablement au cours des prochaines années. Outre l’appel d’offres et le déroulement basés sur la modélisation, des critères d’aptitude qualitatifs tels que le personnel clé BIM, des projets de référence ou un concept BIM sont de plus en plus souvent exigés.

Cela pose des défis à notre secteur à deux niveaux: en raison de l’absence de normes et d’un manque de collaboration tout au long des phases du projet, les conditions-cadres pour les entreprises doivent être améliorées afin d’obtenir une valeur ajoutée opérationnelle avec la méthode BIM. De plus, rares sont encore les entreprises de construction qui disposent des compétences personnelles, organisationnelles et techniques nécessaires à la réalisation de projets BIM. Mais le fait est que, tôt ou tard, chacun d’entre nous sera confronté à la méthode BIM. En tant que technologie, le BIM exige de nouveaux modes de pensée et de travail, orientés vers les processus et intégrateurs. L’application de la méthode BIM soutient d’autres modèles de collaboration dans lesquels les exécutants sont impliqués plus tôt dans le projet, ce qui renforce ainsi leur rôle et leur influence. Le nouveau cahier technique SIA 2065 doit créer une aide à l’application pratique adaptée au marché suisse, afin de faciliter l’utilisation de ces modèles de partenariat. En tant que représentants du secteur principal de la construction, nous sommes donc convaincus que le BIM représente une opportunité de taille pour nos entreprises. Enfin, le gain d’efficacité que permet le BIM dans les projets de construction nous permettra de faire un pas considérable vers une construction plus durable.

Avec le manuel d’utilisateur, dont la première version est parue en 2020, nous souhaitons avant tout faciliter l’accès des PME à la thématique du BIM. Le manuel leur sert de base pour réussir à appliquer la méthode BIM de manière stratégique dans leur propre entreprise. En nous basant sur la première version, nous avons pris en compte les développements des dernières années avec des leaders du secteur de la construction en Suisse et avons remanié les cas d’application pratiques. Nous espérons ainsi vous donner un aperçu précieux de la méthode de travail basée sur le BIM et vous souhaitons beaucoup de succès dans vos futurs projets BIM.

Je tiens à remercier tous les auteurs qui ont apporté leurs vastes connaissances techniques et leur expérience pratique à ce manuel. Ils contribuent à construire le futur du secteur de la construction suisse.

Zurich, janvier 2024

Bernhard Salzmann, directeur de la Société Suisse des Entrepreneurs SSE

Sommaire

En bref

Introduction

Principes

Une question de valeurs

L’essentiel en bref

1. Stratégie d’introduction du BIM

1.1. Bases de l’introduction stratégique du BIM

1.2. Développement stratégique général

1.3. Exemples d’orientations stratégiques pour l’introduction du BIM

1.4. Évaluer les risques résiduels

2. Introduction du BIM dans l’entreprise de construction

2.1. Introduction

2.2. Une équipe pour l’introduction du BIM

2.3. Définir des objectifs mesurables

2.4. Cas d’application du BIM – le chemin vers l’objectif

2.5. Sélectionner les cas d’application

2.6. Mise en œuvre

2.7. Rendre les incidences mesurables

2.8. Les changements prennent du temps

2.9. Succès et insuccès

2.10. Contrôle des résultats

3. Valeur ajoutée dans la réalisation

3.1. Avantages pour l’entrepreneur

3.1.1. Pourquoi des cas d’application?

3.1.2. Explications concernant les descriptions des cas d’application

3.2. Collaboration

3.2.1. Vue d’ensemble

3.2.2. Bases

3.2.3. Bases du projet

3.2.4. Bases dans sa propre entreprise

3.3. Conditions technologiques

3.3.1. Catégories et caractéristiques des outils logiciels

3.3.2. Catégories et caractéristiques des outils matériels

3.4. Cas d’application

3.4.1. Concepts de fabrication

3.4.2. Chaînes de livraison

3.4.3. Optimisation des ressources

3.4.4. Étapes, lots de travaux

3.4.5. Sécurité au travail

3.4.6. Inventaire de chantier

3.4.7. Simulation du déroulement des travaux

3.4.8. Piquetage, traçage et documentation

3.4.9. Commande de machines

3.4.10. Pose d’armatures

3.4.11. Contrôle de l’avancement des travaux, documentation

3.4.12. Contrôle de la qualité d’exécution

4. Connaître les bases

4.1. Qu’entend-on par Building Information Modeling?

4.1.1. De manière générale

4.1.2. Objectifs des clients et objectifs des projets

4.1.3. Collaboration

4.1.4. Processus

4.1.5. Technologies, modèles de construction numériques

4.2. Quels sont les moteurs de la numérisation?

4.3. La planification continue, c’est terminé

4.4. Quel est l’avantage pour le maître d’ouvrage?

4.4.1. De manière générale

4.4.2. Applications concrètes

4.5. Qu’est-ce qu’on entend par numérisation?

4.6. Qu’entend-on par transformation numérique?

4.7. Quelle est la différence entre la numérisation, la transformation numérique et la méthode BIM?

4.8. Quelle est la situation de l’application de la méthode BIM en Suisse et sur le plan international?

4.8.1. Impulsion venant de l’État

4.8.2. Impulsion venant de l’économie

4.8.3. Suisse

4.8.4. Groupements d’intérêts

4.9. Existe-t-il déjà des normes relatives à la méthode BIM?

En bref

La construction d’un complexe scolaire neuf, la rénovation d’un lotissement ou l’aménagement du réseau routier – la construction équivaut au progrès d’une société.

Cependant, tout progrès pose de nouveaux défis – le changement n’est pas quelque chose de nouveau en soi. L’attractivité de tout un secteur, sa compétitivité et sa gestion économe des ressources deviennent de plus en plus importantes pour attirer les futurs travailleurs qualifiés et cadres. En particulier la gestion des ressources humaines et matérielles est une tâche responsable, à laquelle le secteur de la construction en tant que pierre angulaire essentielle de l’économie suisse ne peut pas échapper. L’utilisation des possibilités numériques actuelles peut apporter une contribution essentielle pour accroître l’attractivité d’une part et pour gérer les ressources de façon économe d’autre part. Cela requiert toutefois un examen approfondi du potentiel des méthodes et des technologies numériques.

«Rien n’est aussi durable que le changement.»

Héraclite

Les opportunités offertes par les méthodes numériques, telles que le Building Information Modeling (BIM), peuvent être exploitées de manière judicieuse au cours des prochaines années, afin de relever les prochains défis en tant que secteur. De nouvelles possibilités techniques – par exemple l’utilisation d’un modèle de réalisation numérique sur le chantier – sont déjà disponibles et peuvent être utilisées dès maintenant. Rien ne s’oppose à l’introduction du BIM dans l’entreprise de construction, mais elle doit être bien réfléchie et également réfléchie sur le plan stratégique. Quels sont les objectifs qui doivent être atteints dans le projet avec la méthode BIM? Quelle est la valeur ajoutée qu’une entreprise de construction aimerait générer pour elle-même? Où devrait se situer l‘organisation dans cinq ou dix ans? Ce sont là des questions liées à l’introduction stratégique du BIM qui devront être traitées et auxquelles il faudra répondre.

Outre les questions susmentionnées, l’accumulation d’expériences dans la gestion du BIM est toutefois également au centre des préoccupations. Il s’agit de tester le plus rapidement possible – sur la base de projets pilotes réels – des aspects particuliers et de les perfectionner continuellement. Les exercices à sec théoriques ne sont pas très utiles.

Les technologies numériques offrent surtout aux petites et aux moyennes entreprises (PME) l’opportunité de se repositionner sur le marché et de devenir ainsi également plus attrayantes en tant qu’employeurs. La prise en considération nécessaire des anomalies actuelles – comme par exemple la planification continue – va de pair avec l’utilisation de la méthode BIM. Car même les meilleurs modèles de construction numériques perdent de leur valeur, si leurs bases sont réadaptées pendant la réalisation. La fiabilité et la stabilité des processus doivent être améliorées. Pour ce faire, des modifications simples mais efficaces sont nécessaires. Un processus d’amélioration permanent actif constitue seulement une partie de cette modification, qui représente en même temps un défi culturel.

«La construction numérique» en bref

Ces dernières années, non seulement les coûts des matériaux de construction ont augmenté, mais aussi les exigences en matière de protection contre l’incendie, d’acoustique et de protection de l’environnement. Chaque projet implique un nombre croissant d’intervenants. De plus, la quantité de plans, de tableaux et de documents a littéralement explosé. Il est donc peu probable que toutes les personnes impliquées disposent des mêmes connaissances et des mêmes bases. Cette problématique est en outre aggravée par le manque de personnel qualifié. Face à la densification croissante de notre société, il est essentiel de gérer efficacement les ressources matérielles et humaines. C’est là que la numérisation entre en jeu, car la construction numérique peut apporter des solutions dans les domaines en question et inciter à utiliser de nouvelles méthodes de travail. Mais comment cela fonctionne-t-il exactement?

La construction d’un nouveau projet d’hôpital ne peut pas être comparée directement à la transformation d’un bâtiment commercial. Il est donc indispensable, pour chaque projet, de commencer par définir les étapes de travail qui doivent être optimisées numériquement. Pour permettre la collaboration numérique, souvent appelée BIM, les processus de travail manuels doivent être automatisés. Pour ce faire, nous avons besoin d’informations techniquement correctes et fiables, préparées de manière à pouvoir être lues par une machine, ce qui permet un échange automatisé, une comparaison et une assurance qualité des bases.

Les informations lisibles par machine modifient le déroulement des projets

Les personnes qui travaillent avec des documents de planification analogiques doivent généralement transférer et contrôler laborieusement les informations provenant des étapes de travail en amont. Cela entraîne inévitablement une perte de temps et des malentendus lors de la transmission ou des adaptations. En effet, même en travaillant minutieusement, des erreurs se produisent toujours, et d’autant plus, lorsque les personnes sont soumises à une forte pression et à des délais serrés. En outre, on perd rapidement la vue d’ensemble, car les informations pertinentes ne sont souvent disponibles que ponctuellement et ne sont partagées qu’avec les personnes impliquées dans l’étape de travail en cours. Il manque souvent une base d’information commune, où les documents actuels sont disponibles. Si nous continuons à travailler de la sorte, nous aurons du mal à relever les défis qui nous attendent. Les erreurs provoquent des passages à vide et des gaspillages, avec des conséquences négatives pour le profil professionnel, le secteur de la construction et, en fin de compte, pour notre société. Des informations lisibles par machine, connectées de manière centralisée pour former un modèle de construction numérique tridimensionnel et accessibles à tous constituent une situation de départ optimale pour une collaboration plus transparente et donc de meilleure qualité. Ce type d’informations peut être analysé et évalué rapidement et de manière exhaustive. Une telle approche garantit la transparence de la planification et de l’exécution, ce qui profite à toutes les disciplines. Par exemple, une représentation en 3D permet de créer une compréhension commune du projet. Elle sert de base pour la suite des opérations, par exemple pour la détermination des quantités ou la préparation du travail.

L’attitude intérieure compte pour une collaboration intégrée

Un manque de clarté et l’incertitude caractérisent souvent la collaboration dans les projets de construction. «On a toujours fait comme ça!», entend-on souvent, ce qui ne garantit toutefois pas le meilleur choix. Faire preuve d’ouverture et organiser les processus de travail différemment génère toujours de nouveaux constats. Et, avec un peu de positivisme, cela permet également de saisir de nouvelles d’opportunités. Si l’on adopte une attitude plutôt négative à l’égard d’une autre approche, les méthodes prétendument nouvelles ne peuvent pas non plus être mises en œuvre avec succès. C’est pourquoi la forme actuelle de coopération – généralement opaque – ne peut pas être transformée directement en une forme intégrée. La numérisation accroît inévitablement la transparence. Si nous aspirons à un modèle de construction numérique, nous devons donc repenser le mode de collaboration. Différentes formes de déroulements intégrés (Integrated Project Delivery, IPD) se sont révélées efficaces et prometteuses pour les projets, ce qui inclut les modèles EG/ET et les alliances de projets. Dans ce contexte, il est fondamental de clarifier dès le départ les parties prenantes, les méthodes, les instruments et qui a besoin de quelles informations et à quelles fins, et de les intégrer dans le processus de déroulement. Dans le même temps, l’intégration des différents aspects est spécifique au projet, car tous les projets n’ont pas les mêmes exigences. Le principe sous-jacent est simple: lorsque les personnes concernées trouvent ensemble des solutions, elles sont généralement meilleures et donc plus prudentes, et sont par conséquent soutenues sur le plan conceptuel. Pour y parvenir, il faut un lieu de travail physique commun pour une durée déterminée, une «co-location», comme on l’appelle dans le jargon. Les personnes impliquées dans la planification et l’exécution s’y rencontrent pour travailler ensemble sur le projet.

Introduction

La création d’un propre site web, l’utilisation de rapports numériques ou l’établissement de présences sur les réseaux sociaux – les activités telles que celles-ci constituent souvent le premier point de contact entre les entreprises de construction et le monde.

Ce qui commence à un petit niveau correspond souvent à une évolution plus poussée et plus importante qui peut apporter de nombreux changements positifs, dans la mesure où ceux-ci sont correctement planifiés et mis en œuvre. De nouvelles méthodes et des technologies numériques modifieront fondamentalement la gestion des projets et par conséquent les chaînes de valeur, ainsi que les structures organisationnelles et les modèles économiques des entreprises de construction dans les années et les décennies à venir. Aucun secteur et aucune entreprise ne pourront se soustraire à ce changement à moyen terme. La mise en œuvre réussie de la transformation numérique et l’utilisation de la méthode BIM seront déterminantes pour savoir quelles entreprises sortiront renforcées de ce processus de changement.

L’examen stratégique de la numérisation, de la transformation numérique ou de la méthode BIM, c’est «l’affaire du chef» et ne peut pas être délégué. Cela ne signifie pas que les responsables d’une entreprise de construction doivent traiter ou surveiller tous les détails. Leur tâche consiste plutôt à créer les conditions qui permettent le changement. C’est la seule manière pour que des modifications et des optimisations créant de la valeur ajoutée deviennent possibles. Il n’est pas rare que les choses restent au stade de bonne idée, car les cadres se dégagent de leur responsabilité de reconnaître la valeur de ces idées. La faculté de détecter les potentialités et la volonté de les exploiter sont toutefois élémentaires. Il n’est pas rare que la totalité des tâches soient déléguées à des personnes individuelles dans le cadre de la numérisation. Les attentes par rapport à celles-ci ne peuvent pas être satisfaites la plupart du temps.

Le présent manuel s’adresse en premier lieu aux cadres et aux travailleurs qualifiés tra­vaillant dans des petites et moyennes entreprises dans le secteur principal de la construction (bâtiment et génie civil) qui se penchent sur les évolutions actuelles dans le cadre de la «construction numérique». Il est procédé à une explication des bases et à la transmission des éléments essentiels pour une mise en œuvre stratégique. Il s’agit d’une aide à l’utilisation qui vise à combler le manque d’information concernant les sujets du Building Information Modeling, de la numérisation et de la transformation numérique dans le secteur de la construction. En outre, une passerelle est établie entre la théorie et l’application, de façon à ce que les approches formulées puissent être transposées dans le travail quotidien. L’utilisation pratique implique dans tous les cas une bonne expertise dans le domaine de la construction qui devra être utilisée pour réexaminer et reconsidérer la collaboration et donc les processus.

Dans la communication avec d’autres personnes impliquées dans la construction, par exemple des planificateurs et des exploitants de bâtiments, le présent manuel permet une concertation importante entre les différentes parties prenantes et les exécutants. L’objectif est d’optimiser la collaboration et d’apporter ainsi une contribution essentielle à l’utilisation large de la méthode BIM dans la pratique. Car les accusations mutuelles entre la planification et la réalisation concernant le manque de qualification ou un manque de compréhension ne sont pas constructives.

Ce manuel constitue un outil de travail pour l’introduction stratégique de la méthode BIM. Les procédures, les exemples, les remarques et les utilisations qui y figurent sont donnés à titre d’exemples et doivent être adaptés spécifiquement à la propre entreprise.

Figure 1: Étapes pour l’introduction stratégique du BIM

La Société Modèle SA

Afin de permettre une meilleure compréhension concernant la procédure, celle-ci est ­expliquée en prenant comme exemple ­l’entreprise de construction fictive ­«Société Modèle SA».

Cette PME familiale traditionnelle est active sur le plan régional et elle réalise de petits bâtiments résidentiels et non-résidentiels. Par ailleurs, la «Société Modèle SA» dispose depuis longtemps d’un service de ­génie ­civil qui réalise avec succès des projets pour des communes et le canton.

Principes

«Lorsque le vent du changement souffle, les uns construisent des murs et les autres des moulins à vent.»

Proverbe chinois

Apprendre quelque chose de nouveau – la méthode BIM dans le cas présent – et générer une valeur ajoutée grâce à cela n’est jamais facile. Surtout si cette nouvelle chose n’est pas encore connue dans sa version définitive, mais qu’elle promet des avantages im­portants. Pour explorer de nouvelles choses, il faut se débarrasser des schémas comportementaux existants et des habitudes et les remplacer par des nouveaux / nouvelles. La difficulté réside dans la mise en œuvre et non dans un plan parfait pour cela. Les entreprises de construction passent souvent par les phases suivantes lors de l’introduction du BIM:

1. Acquérir des compétences et des outils

2. Prendre conscience que la façon de travailler (processus) doit changer

3. Optimiser la collaboration

4. Repenser les modèles économiques

Une question de valeurs

Lors de la mise en œuvre de la méthode BIM, il n’y a aucune garantie de succès, parce que les facteurs essentiels qui mènent à la valeur ajoutée doivent être mis en place ou encore modifiés par des humains. Le processus de changement doit d’abord s’opérer dans les têtes des personnes impliquées, avant que les outils numériques ne puissent être utilisés pour créer de la valeur ajoutée. Il faut être conscient du fait qu’un changement est nécessaire. Cette prise de conscience permet de remettre en question la manière de procéder habituelle: de quelle façon les procédures actuelles peuvent-elles être opti­misées, afin que le client tout comme l’entreprise de construction y voient une valeur ajoutée? Une fois que les premières expériences ont été acquises et que les collaborateurs ont appris à gérer les outils numériques, l’entreprise devrait être en mesure d’exécuter plus efficacement les volumes de travail. Cette augmentation de l’efficacité peut présenter les avantages suivants: moins de temps de travail nécessaire, économies financières ou une meilleure qualité. Les avantages tirés de cette augmentation de la productivité doivent être investis dans le développement de l’entreprise et ne pas être sacrifiés au marché par le biais de marges encore plus faibles.

Le fait de savoir qui devra tirer quel profit de l’utilisation et pourquoi la méthode BIM apporte une valeur ajoutée constitue une question d’orientation stratégique. Les entreprises devraient se poser elles-mêmes les questions suivantes: Quelles sont les valeurs que défend notre organisation? Qu’est-ce qui motive les gens dans les différents secteurs de notre entreprise à prouver quotidiennement leurs compétences professionnelles et leurs compétences en matière d’encadrement? Pour quels collaborateurs notre organisation est-elle attrayante, et est-ce qu’ils sont en mesure d’accomplir leurs tâches de manière optimale? Quelles sont les compétences de nos employés et quelles sont nos exigences envers eux aujourd’hui et à l’avenir? Ce n‘est qu’une petite sélection de questions importantes qui jouent un rôle dans le cadre d’une orientation stratégique. L’utilisation de la méthode BIM, la numérisation ou la transformation impliquent de savoir quels objectifs la direction de l’entreprise aimerait atteindre conjointement avec le personnel.

Dans les chapitres qui suivent, aucune compétence technique ou technologie actuelle n’est communiquée. Les compétences numériques de base comprennent surtout l’orientation stratégique d’une entreprise de construction ainsi que la gestion consciente des ressources actuelles et des ressources qu’il conviendra de se procurer à l’avenir. Les travailleurs qualifiés et les cadres qui se penchent sur l’introduction du BIM à un niveau stratégique doivent toutefois disposer de connaissances concernant les technologies ­actuelles et futures, afin de pouvoir se faire une idée concrète des potentialités de ces possibilités. Les personnes impliquées doivent acquérir ces connaissances techniques en suivant une formation continue personnelle.

La Société Modèle SA

Le directeur de la Société Modèle SA a eu vent du terme BIM, Building Information Modeling, dans différents médias spécialisés et lors de discussions avec des collègues.

En outre, il a reçu récemment un modèle de con­struction numérique d’un immeuble en format IFC. Et ce avec la demande d’établir un devis estimatif. Malheureusement, il n’a pas pu étudier ce sujet de manière suffisamment approfondie dans les articles ­publiés dans les revues spécialisées, ce qui fait qu’il n’a pas pu établir d’offre pour l’immeuble décrit. Il a une attitude très critique par ­rapport à cela et il pense que la construction est quelque choses d’analogique et le ­restera – même à l’avenir.

Après avoir visité différentes manifestations professionnelles concernant le sujet «La construction numérique», il décide d’étudier le manuel à fond conjointement avec deux collaborateurs. Ceux-ci devront travailler le sujet sur le long terme. Partant lui-même à la retraite dans une dizaine d’années, il souhaite préparer son entreprise pour l’avenir.

L’essentiel en bref

Dans la pratique, même la meilleure théorie ne peut pas être meilleure que sa mise en œuvre. Une analyse théorique de l’introduction du BIM est importante et aide à mieux comprendre et à mieux situer les activités courantes autour du thème «Construire numériquement». L’organisation et l’optimisation des procédures de travail ainsi que les informations (documents, modèles de réalisation numériques, etc.) nécessaires pour cela sont importantes. À la fin, il reste toutefois la pratique qui doit être améliorée. Au bout du compte, l’introduction du BIM n’est que la fin qui justifie les moyens et elle constitue de ce fait la réponse à l’une des interrogations suivantes: