Le chevalier de Saint-Ismier - Ligaran - E-Book

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Ligaran

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Beschreibung

Extrait : "C'était en 1640 ; Richelieu régnait sur la France, plus terrible que jamais. Sa volonté de fer et ses caprices de grand homme essayaient de courber ces esprits turbulents qui faisaient la guerre et l'amour avec passion. La galanterie n'était point née."

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Seitenzahl: 35

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335004007

©Ligaran 2015

Le chevalier de Saint-Ismier

C’était en 1640 ; Richelieu régnait sur la France, plus terrible que jamais. Sa volonté de fer et ses caprices de grand homme essayaient de courber ces esprits turbulents qui faisaient la guerre et l’amour avec passion. La galanterie n’était point née. Les guerres de religion et les factions soudoyées par l’or des trésors du sombre Philippe II avaient déposé dans les cœurs un feu qui ne s’était point encore éteint à l’aspect des têtes que Richelieu faisait tomber. Alors, on trouvait chez le paysan, chez le noble, chez le bourgeois, une énergie que l’on ne connut plus en France après les soixante-douze ans du règne de Louis XIV. En 1640 le caractère français osait encore désirer des choses énergiques, mais les plus braves avaient peur du Cardinal ; ils savaient bien que si après l’avoir offensé on avait l’imprudence de rester en France, on ne pouvait lui échapper.

C’est à quoi réfléchissait profondément le chevalier de Saint-Ismier, jeune officier appartenant à l’une des plus nobles et des plus riches familles du Dauphiné. Par une des plus belles soirées du mois de juin, il suivait tout pensif la rive droite de la Dordogne vis-à-vis du bourg de Moulon ; il était à cheval, suivi d’un seul domestique. Il se trouvait alors tout près du joli village de Moulon. Il ne savait s’il devait hasarder d’entrer dans Bordeaux, on lui avait dit que le capitaine Rochegude y avait la principale autorité. Or ce capitaine était une âme damnée du Cardinal, et Saint-Ismier était connu de la terrible Éminence. Quoiqu’à peine âgé de vingt-cinq ans, ce jeune gentilhomme s’était extrêmement distingué dans les guerres d’Allemagne. Mais en dernier lieu, se trouvant à Rouen dans l’hôtel d’une grand-tante qui lui destinait un héritage considérable, il s’était pris de querelle dans un bal avec le Comte de Claix, parent d’un président au parlement de Normandie tout dévoué au Cardinal, et qui intriguait dans ce corps pour le compte de Son Éminence. Tout le monde à Rouen connaissait cette vérité, c’est pourquoi ce président y était plus puissant que le gouverneur ; c’est pourquoi aussi Saint-Ismier, ayant tué le comte sous un réverbère à onze heures du soir, s’était hâté de sortir de la ville sans même se donner le temps de rentrer chez sa tante.

Arrivé au haut de la montagne de Sainte-Catherine, il s’était caché dans le bois qui alors le couronnait. Il avait envoyé avertir son domestique par un paysan qui passait sur la grande route. Ce domestique n’avait eu que le temps de lui amener ses chevaux et d’avertir sa tante qu’il allait se cacher chez un gentilhomme de ses amis qui habitait une terre dans les environs d’Orléans. Il y était à peine depuis deux jours lorsqu’un capucin, protégé par le fameux père Joseph et ami de ce gentilhomme, lui envoya un domestique qui vint de Paris en toute hâte et crevant les chevaux de poste. Ce domestique était porteur d’une lettre qui ne contenait que ces mots :

« Je ne saurais croire ce qu’on dit de vous. Vos ennemis prétendent que vous donnez asile à un rebelle contre son Éminence. »

Le pauvre Saint-Ismier dut s’enfuir de la terre près d’Orléans, comme il s’était enfui de Rouen, c’est-à-dire que le gentilhomme son ami étant venu le joindre à la chasse, où il était de l’autre côté de la Loire, pour lui communiquer la terrible lettre qu’il recevait, le chevalier, après l’avoir embrassé tendrement, s’approcha du fleuve dans l’espoir de trouver quelque petit bateau ; il eut le bonheur de voir près du bord un pêcheur qui, monté dans la plus exiguë des nacelles, retirait son filet. Il appela cet homme :