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Extrait : "AN : Notre père dort. Voici l'heure où ceux qui nous aiment, ont coutume de descendre à travers les sombres nuages qui couronnent le mont Ararat. Comme mon cœur bat ! AHOL : Commençons notre invocation. AN : Mais les étoiles sont cachées. Je tremble. AHOL : Et moi aussi ; mais ce n'est pas de crainte : je ne crains que de les voir tarder longtemps."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :
• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Seitenzahl: 53
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335097016
©Ligaran 2015
FONDÉ SUR CE PASSAGE DE LA GENÈSE, CHAP. VI :
« Et il arriva que les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles ; et ils prirent pour femmes celles d’entre elles qui leur plurent. »
Et la femme pleurant le démon qu’elle adore.
COLERIDGE.
SAMIASA ANGE
AZARIEL ANGE
L’ARCHANGE RAPHAËL ANGE
NOÉ HOMME
IRAD HOMME
SEM, fils de Noé HOMME
JAPHET, fils de Noé HOMME
ANAH FEMME
AHOLIBAMAH FEMME
CHŒUR DES ESPRITS DE LA TERRE
CHŒUR DES MORTELS
Une contrée boisée et montagneuse près du mont Ararat. – est minuit.
Anah, Aholibamah.
Notre père dort. Voici l’heure où ceux qui nous aiment, ont coutume de descendre à travers les sombres nuages qui couronnent le mont Ararat. Comme mon cœur bat !
Commençons notre invocation.
Mais les étoiles sont cachées. Je tremble.
Et moi aussi ; mais ce n’est pas de crainte : je ne crains que de les voir tarder longtemps.
Ma sœur, quoique j’aime Azariel plus que… – Oh ! beaucoup trop ! Qu’allais-je dire ? mon cœur devient impie.
Et où est l’impiété d’aimer des natures célestes ?
Mais, Aholibamah, j’aime moins Dieu depuis que son ange m’aime. Cela ne saurait être bien ; et quoique je ne croie pas mal faire, je sens mille craintes dont ma conscience s’alarme.
Unis-toi donc à quelque fils de la poussière, travaille et file ; Japhet t’aime depuis longtemps : marie-toi, et donne le jour à des êtres d’argile !
Je n’aimerais pas moins Azariel s’il était mortel ; pourtant je suis bien aise qu’il ne le soit pas. Je ne puis lui survivre ; et quand je pense que ses ailes immortelles planeront un jour sur le sépulcre de l’humble fille de la terre qui l’adora comme il adore le Très Haut, la mort me semble moins terrible ; et cependant je le plains : sa douleur durera des siècles ; du moins telle serait la mienne pour lui si j’étais le séraphin, et lui l’être périssable.
Dis plutôt qu’il choisira quelque autre fille de la terre, et l’aimera comme il aimait Anah.
Si cela devait être, et qu’elle l’aimât, plutôt le savoir heureux que de lui coûter une seule larme !
Si je pensais qu’il en fût ainsi de l’amour de Samiasa, tout séraphin qu’il est, je le repousserais avec mépris. Mais faisons notre invocation ! – Voici l’heure.
Séraphin ! du sein de ta sphère, quelle que soit l’étoile qui contienne ta gloire ; soit que dans les éternelles profondeurs des cieux, tu veilles avec les sept archanges, soit que dans l’espace antique et infini, des mondes poursuivent leur marche devant tes ailes brillantes, entends-moi ! Oh ! pense à celle à qui tu es cher ! et lors même qu’elle ne serait rien pour toi, songe que tu es tout pour elle. Tu ne connais pas, – et puissent de telles douleurs n’être infligées qu’à moi ! – tu ne connais pas l’amertume des larmes. L’éternité est dans tes jours ; la beauté sans aube et sans déclin brille dans tes yeux ; tu ne peux sympathiser avec moi, si ce n’est en amour, et là tu dois avouer que jamais argile plus aimante n’a pleuré sous le ciel. Tu parcours d’innombrables mondes ; tu vois la face de celui qui t’a fait grand, comme il a fait de moi l’une des moindres créatures de la race exilée d’Éden ; et cependant, séraphin chéri, entends-moi ! car tu m’as aimée, et je ne voudrais quitter la vie qu’en apprenant ce que je ne pourrais apprendre sans en mourir, que tu oublies, dans ton éternité, celle dont la mort ne pourra empêcher le cœur de battre pour toi, tout immortelle essence que tu es ! Il est grand l’amour de ceux qui aiment dans le péché et dans la crainte ; et je les sens qui livrent à mon cœur un indigne combat. Pardonne, ô mon séraphin ! pardonne à une fille d’Adam de telles pensées ; car la douleur est notre élément, et le bonheur un Éden dérobé à notre vue, quoiqu’il vienne parfois se mêler à nos rêves. L’heure approche qui me dit que nous ne sommes pas tout à fait abandonnées. – Parais ! parais ! séraphin ! mon Azariel ! Viens ici, et laisse les étoiles à leur propre lumière.