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Et si, au cœur de notre époque en perte de sens, l’essentiel nous échappait ? Dans un monde en perpétuel bouleversement, où les repères vacillent et les certitudes s’effondrent, ce qui fonde notre humanité semble s’être égaré. Tandis que la science progresse à pas de géant, elle semble, paradoxalement, nous éloigner de la compréhension de ce que nous sommes vraiment. Cette fracture, que l’on pourrait nommer la « déflagration démentielle de l’humanité », nous pousse à une réflexion urgente, vitale : il est temps de replacer l’Homme au centre de ses propres préoccupations. Cet ouvrage est une invitation à cette reconquête.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ferdinand-Jospin Bazouma a suivi un parcours académique dans plusieurs séminaires en Centrafrique avant de poursuivre ses études théologiques à Rome, près de l’Université Pontificale Urbaniana. "Le devenir humain dans les travées du scientisme", sa première grande réalisation, marque l’éclosion de son talent littéraire et nourrit sa passion profonde pour l’écriture.
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Seitenzahl: 115
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Ferdinand-Jospin Bazouma
Le devenir humain
dans les travées du scientisme
Analyse de la pertinence du
« Principe d’humanité » de Jean-Claude Guillebaud
Essai
© Lys Bleu Éditions – Ferdinand-Jospin Bazouma
ISBN : 979-10-422-7007-0
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À ma feue tante paternelle,
Marie-Claire Ndalot, née Namonzi.
L’humanité fait partie de ces principes énigmatiques qui doivent sans relâche être réinterrogés et défendus, faute de quoi ils se dissolvent et disparaissent dans les fracas de l’histoire naturelle.1
Jean-Claude Guillebaud
Réfléchir sur la problématique de l’humain, au 21e siècle, n’est pas le fruit du hasard. Et ceci pour deux raisons fondamentales : d’abord le contexte sociopolitique marqué par l’accentuation de l’affirmation du libéralisme, mieux encore du capitalisme libéral et de l’autre côté, l’essor des nouvelles technologies, de l’intelligence artificielle. Ces deux contextes actuels ont, depuis plus d’une décennie, orienté non seulement la réflexion sur l’homme, mais surtout la vision de sa place parmi les autres êtres vivants. Si pour certaines théories réductionnistes, nées du dé-contructivisme de Derrida, de l’antihumanisme de Michel Foucault pour ne citer que celles-ci, l’homme n’est rien d’autre qu’un assemblage atomique, de cellules et donc potentiellement objectivable, pour d’autres l’être humain reste et demeure un mystère ; sa consistance, sa densité ontologique est ainsi sauvée et défendue soit par le truchement de sa dignité personnelle que par l’affirmation de son être en perpétuelle réalisation. C’est de cette deuxième approche qu’il est question dans ce livre.
L’auteur, en revisitant l’essayiste Jean-Claude Guillebaud dans son chef-d’œuvre Le Principed’Humanité, nous offre une pertinente réflexion et analyse sur le devenir humain à partir d’une opinion droite sur l’homme. Il s’agit alors dans l’aveuglement et les déformations objectivantes de l’être humain qui provoquent ce que l’auteur Bazouma appelle la « déflagration démentielle de l’homme », de rechercher ce qui est humain, c’est-à-dire d’aller au-delà du dualisme corps-âme, esprit-matière, et de trouver dans l’homme l’équilibre entre le pathos, l’eros et le logos, éléments essentiellement constitutifs de l’homme. Cette approche donne une vision globale à ce qui est humain. Il est question et il ressort de cette réflexion de penser la nature humaine non de façon stable, mais dynamique et ouverte.
L’humanité consiste alors dans une conquête plutôt que dans une propriété. Et pour parler comme Heidegger dans Être et Temps, la nature humaine, l’humanité est donc une possibilité, une dis-posivité, dans le sens d’une manière de comprendre le fondement relationnel originaire de l’homme. Naturellement, l’homme est déjà porté vers la conquête morale de son humanité. Il s’agit de construire dialectiquement la personnalité. Loin de se réduire aux facultés supérieures que comprend l’homme, l’humanité englobe la totalité de son être, et pour cela revalorise son corps. Devenir humain est donc un devoir éthique et moral de se réaliser comme homme intégral et authentique. C’est ce que l’auteur appelle « la vision symphonique de l’homme ».
Cet ouvrage qui nous propose cette vision organique et intégrale de l’homme se veut être non seulement un rappel à repenser la nature de l’homme en proie aujourd’hui à plusieurs interprétations, mais aussi une provocation pour chaque être humain à garder cette dynamicité, cette ouverture en vue de sa pleine réalisation comme personne humaine. Bazouma propose dans cette réflexion une vision anthropocentrique, d’où l’exigence de placer l’homme au cœur des préoccupations humaines. Ce livre, couronnement des études philosophiques effectuées par l’auteur, est pour nous lecteurs un outil de stimulation pour revoir chacun de nos actes, mais aussi pour lui l’auteur, un premier pas dans la formalisation et la divulgation de ses pensées. Le texte se présente dans sa simplicité, et se veut être un être logique, cohérent et surtout bien informé, documenté.
Innocent Lemercier Sate
La science de nos jours, semble devenir presque incontournable. Nombreuses sont davantage, les sociétés qui, désormais, s’organisent autour de ses principes. Ce faisant, celle-ci prend alors une connotation idéologique traduite notamment par le substantif scientisme qui peut s’entendre comme une sorte de foi excessive dans la puissance explicative et émancipatrice de la science. Hérité du siècle des Lumières, le scientisme nous enseigne que c’est de la science, et d’elle seule, qu’il faut attendre l’expression ultime des choses. Pour le scientiste, toute connaissance doit être soumise aux méthodes des sciences naturelles et plus spécialement des sciences physico-chimiques.
Le dynamisme de la pensée moderne, catapulté par les recherches et résultats étourdissants de ladite science à travers ses nouvelles branches (génétique, biologie moléculaire, recherche biomédicale, etc.), induit de profondes révolutions qui impactent nos certitudes ou repères traditionnels ; faisant ainsi le lit à l’émergence de plusieurs dérives idéologiques qui hypothèquent sensiblement l’avenir de l’humanité. Les concepts humanité et homme sont deux termes qui se conjuguent dans l’alchimie apodictique d’une réalité individuelle qu’est l’humain. En tant qu’individu, l’être humain, composé d’un corps matériel et d’une âme rationnelle, est naturellement disposé à la croissance.
Par son pouvoir de créativité qui serait d’ailleurs sans équivalent chez les autres espèces du monde vivant, l’espèce humaine est portée à un devenir qui fait advenir un monde plus humain. De ce point de vue et en nous inspirant d’Axel Kahn, voyons-nous que toute l’expérience historico-sociale de l’humanité peut s’apprécier comme « un processus développemental »2 au cours duquel, l’homme n’a cessé de s’octroyer les moyens indispensables (via la connaissance du secret des choses dans le cosmos et du mystère de sa propre nature) pour améliorer significativement ses conditions de vie (sécurité, confort, santé, survie, etc.) et asseoir sa suprématie sur tout l’univers. Seulement, « l’extraordinaire capacité d’appropriation de savoirs et savoir-faire »3 dont jouit ce dernier le pousse aussi au fil du temps, à courir vaille que vaille, derrière un progrès « fou » ou encore un « projet féerique » au point de mépriser même « [la] qualité universelle (…) qui fait véritablement de la personne un être humain ».4 C’est singulièrement cette situation criante où l’humanité semble rimer avec la banalité, qui a aiguisé notre curiosité et que nous désirons bien explorer dans le cadre de ce travail, sous l’intitulé : Ledevenir humain dans les travées du scientisme. Une analyse de la pertinencedu Principe d’Humanité de Jean-Claude Guillebaud. Nous signalons au passage que né le 21 mai 1944 à Alger, Jean-Claude Guillebaud est un écrivain, essayiste, conférencier et journaliste français. Grand reporter, ce dernier a couvert pour Le Monde, la guerre du Yom Kippour qui opposait du 6 au 24 octobre 1973, Israël à une coalition militaire arabe pilotée par l’Égypte et la Syrie.
Notre monde vit aujourd’hui, au rythme d’une remise en cause affreuse de la définition de l’homme. Avant d’aller dans les détails, arrêtons-nous un peu sur une équivoque qui force quelque peu à l’étonnement : jusqu’à ce jour, l’homme s’interroge encore sur ce qu’il est et conjecturalement sur ce qu’il sera d’autant plus que son devenir paraît presque imprévisible. À y regarder de près, s’aperçoit-on que malgré le poids de son histoire, l’humanité n’arrive pas encore à se cerner elle-même quant à ses vertus et ses défauts. Tout se passe comme si la perfection et la dégradation s’imbriquent dans la découverte de l’être humain. Il en découle logiquement que la définition de l’humanité de l’homme (et peut-être sa défense aussi) n’est jamais quelque chose de donné, de définitif ; et qu’ainsi, l’homme évolue en se définissant (il est un être en situation d’après la sociologie). Celui-ci se dévoile au gré des situations diverses et variées (souffrances, guerres, changements climatiques…) qui meublent son parcours historique.
En effet, les frontières théoriques que « le sens commun et la tradition »5 ont longtemps érigées entre l’homme et le reste de l’exister et, auxquelles l’humanité s’est toujours agrippée, se trouvent plus que jamais secouées. Conséquences, l’homme, désormais, se voit de plus en plus assimilé, voire réduit à l’animal, à la machine, à la chose et au pire des cas, à ses organes. À l’instar de Jean-Claude Guillebaud, nous sommes frappés de voir à quel point aujourd’hui certains savants obnubilés par « la féerie scientiste »6, expliquer qu’en réalité, il n’y a guère de différence entre l’homme et l’animal. En marge, d’autres pensent que le cerveau humain est comme un ordinateur, etc. Bref, avec une telle allure, personne ne sera plus capable de dire ce qu’est un homme, s’inquiète notre auteur à ce sujet. Alors se passe-t-il à notre insu, confie Guillebaud, une catastrophe insidieuse dans des domaines scientifiques assez compliqués qui travaillent chacun séparément. Ceci étant, une seule et même question demeure : où plaçons-nous la vraie limite de l’humanité de l’homme ? À quoi tient la spécificité de l’homme sur le reste de la nature aujourd’hui ? Qu’est devenue la notion d’humain de nos jours ? Avons-nous le droit d’inventer une nouvelle humanité ? À quoi pourrait-on arrimer la singularité de l’espèce humaine aujourd’hui dans les velléités déshumanisantes d’un circuit techno-scientifique radicalement utilitariste ? En quoi la lecture du Principe d’Humanité de Jean-Claude Guillebaud permettrait-elle de restaurer l’identité de l’humanité ?
L’effort réflexif auquel nous voulons nous employer consistera à examiner ces questions légitimes et criantes, à partir d’une analyse du Principe d’Humanité de Jean-Claude Guillebaud, publié aux éditions du Seuil, Paris, 2001. Cette investigation, chapeautée par une méthode historico-analytico-critique, aura comme cadre épistémologique l’éthique ; l’objet de notre préoccupation étant l’avenir de l’humain qui est en chacun de nous au regard d’un monde davantage consumé par un désarroi moral, tributaire d’une emprise scientifique et technologique époustouflante.
La question humaine, en général, n’est pas une nouveauté. Depuis l’antiquité avec Socrate (considéré comme le père historique de la philosophie) jusqu’à nos jours, la réflexion philosophique est résolument tournée vers l’homme et tout l’homme. Partant, Marie-Dominique Philippe estime que « [le] philosophe est celui qui essaiera de creuser toujours plus loin pour découvrir la vérité des réalités, de telle réalité, et surtout de l’homme ».7 En s’y prenant, il tente de saisir non seulement la vérité de l’homme ; mais aussi ses aptitudes vis-à-vis de cette vérité, y compris ce pour quoi l’homme existe, explique-t-il. Au Moyen-Âge, cette question était abordée en lien avec la divinité : l’homme est Imago Dei (Image de Dieu) d’après la pensée judéo-chrétienne.
À partir de la Renaissance et surtout avec l’essor de l’Humanisme, on a assisté à une redécouverte de la richesse profonde de l’homme dont l’apothéose (de cette redécouverte) coïncide avec l’avènement au XVIIe siècle de la modernité qui donnait à son tour naissance à une nouvelle vision anthropologique portée par le rationalisme cartésien. Ici et pendant les siècles suivants, l’homme se définit comme conscience, volonté, liberté, altérité… Dès lors, réalisons-nous que l’humanité a évolué progressivement sur le plan de la connaissance de la personne humaine. Or, en regardant aussi dans le miroir du passé, tout porte à croire qu’il ne s’est pas écoulé un seul siècle, sans que l’être humain (de même son avenir) ne soit affecté, menacé de quelque manière par une ou des barbaries aussi bien brutales, odieuses (guerres, maltraitances, etc.) qu’insidieuses (dérives idéologiques). Après la découverte de l’Amérique en 1492, l’humanité pénétrait au XIXe siècle dans « la nébuleuse spirale »8 de sa mondialisation, « au moment où le déferlement de la technique, des armées, des impérialismes occidentaux recouvre le globe ».9 Dans ce nouveau monde de relations sans cesse croissantes, plusieurs réseaux émaillent la vie des différentes parties de la planète pour le meilleur et pour le pire. De même, l’éclatement de la science en plusieurs disciplines particulières et autonomes n’est pas sans conséquences désastreuses pour l’humanité. Dans cette optique, désenchanté par les dévoiements d’une raison humaine pourtant exaltée et magnifiée durant le siècle des Lumières, Edmund Husserl soulignait la nécessité d’instaurer une science rigoureuse qui place l’homme au centre de tout projet au moment où l’Europe patinait dans une crise de conscience. Cette crise dite de l’homme européen (et par ricochet de tous les hommes à travers le monde) se résumait à une défaillance de conscience sur la profondeur de ce qu’est un homme en lien avec les nombreuses découvertes scientifiques qui laissaient croire que l’humain n’était qu’un amas d’organes manipulables. Or, à voir les choses de la sorte, on occulte une dimension fondamentale de l’humain qui le définit comme un être affectif que l’on peut blesser, défigurer dans les laboratoires. D’où les pires dérives idéologiques (nazisme, etc.) et surtout les deux guerres mondiales qui ont impacté le XXesiècle. Par ailleurs en problématisant le devenir de l’Homme menacé face à la maîtrise croissante des mécanismes de la vie par la science (les biotechnologies, le clonage humain, les essais sur l’être humain, etc.) et la loi du marché, le généticien Axel Kahn exhortait à un sursaut moral nécessaire. Ce bref historique non exhaustif nous laisse comprendre que notre thématique n’est pas une nouveauté et, dans le même temps, est loin d’être épuisée.
L’ambition qui nous anime dans cette entreprise intellectuelle à la suite de Guillebaud est plurielle. Nous désirons : démocratiser d’abord comme l’entend notre auteur, un certain nombre de débats fondamentaux qui malheureusement sont le plus souvent murmurés dans les couloirs des laboratoires ou universités ; interroger ensuite la technoscience au nom de ses propres promesses (chercher à savoir si ces promesses recèlent un profil éthique) ; appeler enfin chacun et tous à plus de circonspection, de vigilance afin de défendre une humanité mal en point ; et extirper la figure humaine originelle de l’ornière d’une « douce catastrophe » concoctée et entretenue dans plusieurs domaines du savoir qui risque d’hypothéquer notre avenir.