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Denis Diderot

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Beschreibung

Dans "Le fils naturel, ou Les épreuves de la vertu", Denis Diderot explore des thèmes cruciaux tels que la moralité, l'amour et le déchirement entre passions et devoirs. Ce drame en trois actes, publié en 1757, utilise un style épuré, mêlant dialogues vifs et réflexions philosophiques. Diderot, en plein Époque des Lumières, propose une critique de la société et des institutions, mettant en avant le dilemme éthique des protagonistes face aux attentes sociales. La pièce illustre l'idée de vertu, tantôt exaltée, tantôt remise en question, où chaque personnage subit les épreuves de la morale face à leurs désirs personnels. Diderot, philosophe et écrivain emblématique du XVIIIe siècle, était profondément influencé par les idées sur la raison et la nature humaine qui circulaient à son époque. Son engagement dans l'Encyclopédie et ses réflexions sur la liberté individuelle et la responsabilité morale l'ont amené à aborder la complexité des émotions humaines dans ses œuvres. "Le fils naturel" s'inscrit donc dans une série de réflexions sur la vitalité des relations humaines, ainsi que sur la lutte entre l'individu et les normes sociales. Je recommande vivement "Le fils naturel" à quiconque s'intéresse aux relations humaines, à la moralité et aux dilemmes de la vertu. La profondeur psychologique des personnages ainsi que la richesse des dialogues en font une lecture à la fois captivante et cornélienne, éclairant les conflits intérieurs de l'homme dans une société qui aspire à la raison tout en étant régie par des passions contradictoires. Dans cette édition enrichie, nous avons soigneusement créé une valeur ajoutée pour votre expérience de lecture : - Une Introduction approfondie décrit les caractéristiques unifiantes, les thèmes ou les évolutions stylistiques de ces œuvres sélectionnées. - La Biographie de l'auteur met en lumière les jalons personnels et les influences littéraires qui marquent l'ensemble de son œuvre. - Une section dédiée au Contexte historique situe les œuvres dans leur époque, évoquant courants sociaux, tendances culturelles и événements clés qui ont influencé leur création. - Un court Synopsis (Sélection) offre un aperçu accessible des textes inclus, aidant le lecteur à comprendre les intrigues et les idées principales sans révéler les retournements cruciaux. - Une Analyse unifiée étudie les motifs récurrents et les marques stylistiques à travers la collection, tout en soulignant les forces propres à chaque texte. - Des questions de réflexion vous invitent à approfondir le message global de l'auteur, à établir des liens entre les différentes œuvres et à les replacer dans des contextes modernes. - Enfin, nos Citations mémorables soigneusement choisies synthétisent les lignes et points critiques, servant de repères pour les thèmes centraux de la collection.

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Veröffentlichungsjahr: 2021

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Denis Diderot

Le fils naturel, ou Les épreuves de la vertu

Édition enrichie. Exploration des dilemmes moraux et de la quête identitaire dans un roman épistolaire des Lumières
Introduction, études et commentaires par Romane Couture
Édité et publié par Good Press, 2022
EAN 4064066336387

Table des matières

Introduction
Biographie de l’auteur
Contexte historique
Synopsis (Sélection)
Le fils naturel, ou Les épreuves de la vertu
Analyse
Réflexion
Citations mémorables

Introduction

Table des matières

Cette collection rassemble, sous le titre Le fils naturel, ou Les épreuves de la vertu, l’ensemble formé par la comédie en cinq actes de Denis Diderot et ses pièces d’accompagnement immédiates. Elle propose au lecteur la réunion organique du texte dramatique, de sa liste des personnages et indications de distribution scénique, et des entretiens critiques Dorval et moi. L’objectif est de restituer l’œuvre telle qu’elle s’est offerte au public des Lumières, en la présentant comme un tout où la fiction, la réflexion et la pratique du théâtre se répondent, afin que la lecture donne à voir, à comprendre et à discuter une même expérience esthétique et morale.

Composée et publiée au milieu du dix-huitième siècle, cette comédie en prose relève de la réforme dramaturgique à laquelle Diderot travaille alors. Le poète dramatique la nomme comédie, mais il y fait entrer des effets sérieux et pathétiques que la tradition réservait à la tragédie. À ce noyau scénique s’ajoutent des textes de réflexion en forme de dialogues, intitulés Dorval et moi, qui accompagnent la pièce dès sa diffusion. Le recueil met ainsi à la disposition du lecteur une œuvre dramatique complète, encadrée par ses propres instruments de lecture et de mise en perspective.

La pièce Le fils naturel, ou Les épreuves de la vertu, déploie la situation d’un jeune homme né hors mariage, accueilli dans un cercle familial qui l’entoure d’amitié et de sollicitude. Au fil des scènes, l’intrigue place ce protagoniste face à des engagements, des loyautés et des choix qui mettent à l’épreuve sa droiture. La prémisse tient dans la confrontation d’un sentiment authentique avec des convenances sociales pesantes, et dans la recherche d’une conduite juste. En conservant l’issue aux spectateurs, le présent volume s’attache à faire sentir la tension féconde entre inclination, devoir et réputation.

Les entretiens Dorval et moi prolongent l’œuvre en la convertissant en matière de discussion vive. Sous la forme de conversations serrées, ils examinent la conduite des personnages, la composition des scènes, la vraisemblance des gestes et le rôle de l’acteur. Diderot y expose des principes de jeu et de construction dramatique nés de la pièce elle-même. Ces dialogues, écrits dans une langue claire et serrée, montrent comment une comédie de mœurs peut devenir un laboratoire où se testent des idées de dramaturgie, d’éthique et d’émotion, et où l’on sonde ce que le théâtre exige du public comme des interprètes.

La diversité des formes réunies ici appelle une lecture à plusieurs niveaux. La comédie en cinq actes livre le mouvement des passions et des décisions au cœur d’un huis clos domestique. Les notices préliminaires, qui nomment les personnages et suggèrent leur distribution scénique, situent l’action et en fixent le cadre de jeu. Les entretiens, enfin, donnent la parole à une autorité réfléchissante qui observe et interroge la pièce. Il en résulte un triptyque cohérent, où texte joué, paratexte théâtral et discours critique composent une même méditation sur l’efficacité dramatique.

Le fil unificateur est celui de la vertu soumise à l’épreuve du réel. Famille, amitié, inclination amoureuse, gratitude et honneur sont sollicités l’un contre l’autre, sans manichéisme. L’œuvre explore la place de l’individu dans une communauté de sentiments où chacun dépend des actions des autres. En montrant la fragilité des liens et la force des engagements, elle fait travailler les catégories morales de l’époque des Lumières, tout en évitant la leçon appuyée. Le théâtre devient ainsi un lieu d’expérience partagée, où l’examen de soi s’accorde avec l’émotion, et où l’exemplarité se cherche dans la nuance.

Le style dramatique mobilise la prose, le naturel de la conversation et la précision du geste. Diderot privilégie la continuité des situations, le détail domestique et la densité des silences, afin que la scène ressemble à la vie observée. Le pathétique demeure mesuré, soutenu par une psychologie attentive à la pudeur et à l’aveu. L’art du dialogue refuse l’esprit d’à-propos pour lui substituer une tension intérieure, faite de mots simples et d’actions nécessaires. Cette poétique, sensible à la composition des tableaux et au jeu des regards, cherche l’émotion vraie dans l’ordinaire, sans artifice superflu.

La réflexion théorique intégrée au volume éclaire l’art de l’acteur et la disposition scénique. On y lit comment la présence, l’intonation, le rythme d’une réplique et la construction d’un moment muet peuvent porter le sens autant que la parole. L’illusion théâtrale est tenue pour une relation de confiance entre salle et scène, fondée sur la cohérence des caractères et la justesse des situations. En cela, Dorval et moi accompagne le lecteur vers une intelligence pratique de la pièce, qui ne sépare pas l’analyse des moyens concrets de la représentation.

La portée durable de cet ensemble tient à l’invention d’un théâtre domestique où la grandeur s’éprouve à l’échelle des devoirs ordinaires. Par la centralité donnée aux milieux familiaux et aux conflits de conscience, l’œuvre a contribué à élargir la palette des affects et des décors admis sur la scène. Elle a préparé des formes de réalisme scénique qui valorisent les situations communes et la vraisemblance des interactions. Sa force actuelle se mesure à sa capacité de provoquer l’empathie, de stimuler le jugement et de placer la dignité des personnages au cœur du plaisir théâtral.

Dans l’ensemble de la production de Denis Diderot, figure majeure des Lumières, Le fils naturel occupe une place charnière. On y voit se rencontrer le philosophe, l’esthéticien et le dramaturge, au service d’une conception exigeante de l’art comme épreuve de vérité. Les entretiens, en particulier, manifestent la volonté d’arrimer la pratique à des principes réfléchis, sans subordonner la scène à un système abstrait. Si le présent recueil se concentre sur la pièce et ses commentaires immédiats, il permet néanmoins de prendre la mesure d’un projet d’ensemble où la pensée et la fiction s’éclairent réciproquement.

Le parcours de lecture peut suivre l’ordre de la scène vers la réflexion. On lira d’abord la pièce en ses cinq actes, en s’attachant à l’évolution des relations et à la gradation des épreuves. On abordera ensuite Dorval et moi, dont chaque entretien reprend des points précis du drame pour en dégager des principes. Les notices qui encadrent la comédie, en nommant les personnages et en suggérant leur distribution, guideront l’imagination vers une représentation concrète. Cette progression ménage à la fois la découverte dramatique et l’approfondissement critique, sans déflorer les surprises de l’action.

En réunissant le théâtre et ses clefs, ce volume offre un accès privilégié à une œuvre conçue pour être comprise dans son double mouvement, sensible et réfléchi. Le fils naturel, ou Les épreuves de la vertu, apparaît ainsi comme un laboratoire des Lumières, où l’on éprouve la force du sentiment, la rigueur des devoirs et la plasticité des formes scéniques. Que le lecteur y trouve une dramaturgie du quotidien, portée par une langue claire et par des situations denses, et qu’il y reconnaisse une invitation durable à penser la conduite humaine à la mesure de la scène.

Biographie de l’auteur

Table des matières

Denis Diderot (1713-1784) fut l’un des principaux artisans des Lumières françaises, philosophe, écrivain et animateur de réseaux savants. Esprit curieux, favorable à l’examen critique, il a œuvré à diffuser les savoirs techniques et moraux autant qu’à transformer les formes littéraires. Son nom reste lié à l’entreprise collective de l’Encyclopédie et à une réflexion ambitieuse sur le théâtre, dont témoigne la présente collection, centrée sur Le Fils naturel, ou les Épreuves de la vertu et sur les Entretiens qui l’accompagnent. Par son activité, Diderot promeut une littérature attentive aux réalités sociales, à la vertu domestique et à l’efficacité morale des arts de la scène.

Diderot reçoit une formation classique à Langres, puis s’installe à Paris au début des années 1730, où il fréquente milieux d’érudits, libraires et artisans. Lecteur assidu des traditions rationalistes et de l’empirisme anglais, il s’oriente vers une philosophie matérialiste et expérimentale, soucieuse d’observation et de vérifiabilité. Ses premiers écrits suscitent l’attention et parfois l’hostilité. Après la Lettre sur les aveugles, il est brièvement emprisonné à Vincennes en 1749, expérience qui renforce sa prudence sans altérer sa détermination. Devenu plume recherchée, il collabore à des traductions, des articles et des projets éditoriaux qui le placent au cœur de la République des lettres.

À partir du début des années 1750, Diderot codirige avec d’Alembert l’Encyclopédie, vaste dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. L’entreprise, publiée par livraisons, affronte censures et suspensions, mais se poursuit grâce à un réseau de contributeurs et à l’engagement de son rédacteur en chef. Diderot se consacre durablement à cet ouvrage, supervisant des articles, valorisant les savoir-faire artisanaux et défendant l’utilité publique de la connaissance. Les volumes paraissent au fil des années 1750 et 1760, et l’ensemble s’achève au début des années 1770. Cette œuvre collective marque une étape majeure dans la circulation des idées et dans la description du monde technique.

Parallèlement, Diderot réfléchit à une rénovation du théâtre. Il défend un drame sérieux ou bourgeois, situé entre tragédie et comédie, qui mette en scène des conflits moraux crédibles et des situations domestiques exemplaires. Le Fils naturel, ou les Épreuves de la vertu (1757) illustre ce projet. Construit en cinq actes, le texte privilégie la vraisemblance, le pathétique contenu et le portrait moral, dans une langue simple orientée vers l’effet. À ses côtés, Diderot accole des éléments paratextuels, tel un relevé des personnages réels et des acteurs possibles, pour guider la représentation et clarifier l’ambition pédagogique de la pièce.

Pour expliciter sa poétique, Diderot accompagne la comédie d’un ensemble théorique connu sous le titre Entretiens sur Le Fils naturel. Dans Dorval et moi et dans trois entretiens successifs, il dialogue avec un interlocuteur, expose la fonction morale du théâtre, précise la composition des scènes, la conduite de l’action et l’art de susciter la sympathie. Ces textes commentent la construction des actes et la structure d’ensemble, insistent sur le jeu mesuré et sur l’usage de tableaux vivants, et proposent au lecteur comme au comédien un mode d’emploi. L’ensemble articule étroitement création dramatique, critique et pédagogie du spectateur.

La réflexion théâtrale de Diderot se prolonge dans Le Père de famille (1758) et dans le Paradoxe sur le comédien, rédigé plus tard et publié après sa mort, où il discute le rapport entre sensibilité, technique et vérité scénique. Ses pièces connaissent une fortune scénique contrastée de son vivant, mais son projet de théâtre moral et vraisemblable circule hors de France et nourrit les débats esthétiques. Dans les années 1770, il voyage en Europe orientale, notamment en Russie, avant de revenir à Paris. Il meurt en 1784, laissant manuscrits, textes critiques et une réputation d’infatigable organisateur d’idées.

L’héritage de Diderot se mesure à double titre. Par l’Encyclopédie, il a contribué à installer l’idéal d’un savoir articulé, public et perfectible. Par sa théorie du drame, dont Le Fils naturel et les Entretiens constituent un noyau, il a ancré l’idée d’un théâtre de la vie ordinaire, attentif aux mœurs, aux gestes et aux affects partagés. Ses analyses de la scène, du jeu et de la réception ont nourri la critique moderne et orienté durablement la pratique des dramaturges réalistes. Aujourd’hui, ces textes demeurent des outils pour penser les rapports entre littérature, éducation civique et responsabilité esthétique.

Contexte historique

Table des matières

Denis Diderot, né en 1713 et mort en 1784, appartient au cœur des Lumières françaises. La collection Le fils naturel, ou Les Épreuves de la vertu rassemble la comédie en cinq actes, des pièces liminaires listant personnages et acteurs possibles, puis les Entretiens intitulés Dorval et moi. L’ensemble se situe surtout dans les années 1750, moment où Diderot élabore sa réforme du théâtre. À la croisée de la philosophie morale, de l’esthétique et de la critique sociale, cette collection met en scène le foyer, la vertu et la sensibilité, tout en exposant, dans les dialogues théoriques, une conception nouvelle du drame entre comédie et tragédie.

Le contexte institutionnel du théâtre sous l’Ancien Régime pèse sur ces textes. La Comédie-Française détient un quasi-monopole à Paris, le répertoire est surveillé, et toute représentation publique suppose l’aval des autorités, notamment du lieutenant de police. L’imprimé obéit au régime des privilèges et permissions délivrés par la Librairie, dirigée au milieu du siècle par Malesherbes. Dans ce cadre, les listes de personnages et la mention d’acteurs possibles signalent une attention pratique aux conditions de jeu, mais aussi les obstacles qui freinent l’innovation dramaturgique et poussent parfois les auteurs vers la lecture plutôt que la scène.

La décennie 1750 est également celle de l’Encyclopédie, dont Diderot est co-directeur. Parue par livraisons à partir de 1751, l’entreprise est tour à tour entravée et relancée, mais impose une méthode critique, la valorisation des arts et métiers, et une morale laïque de l’utile et du vrai. Cette matrice intellectuelle irrigue la collection: l’analyse des passions, l’exigence de vraisemblance, l’intérêt pour la mécanique scénique et les professions du spectacle relèvent d’un même esprit encyclopédique, soucieux de lier savoirs techniques, observation sociale et finalité morale du théâtre.

Le climat de la sensibilité, nourri par la philosophie morale britannique et par le roman épistolaire, imprègne la période. Les traductions et imitations de Samuel Richardson, très lues en France dans les années 1740-1750, donnent prestige aux affects vertueux et aux épreuves privées. La comédie sérieuse que Diderot promeut cherche à faire pleurer autant qu’à instruire, en installant la vertu dans l’espace domestique et en donnant dignité dramatique à des personnages de condition moyenne. Les Épreuves de la vertu, annoncées dès le titre, reflètent cette culture où l’émotion est une voie de connaissance morale.

Les débats franco-anglais sur la scène forment un autre arrière-plan. Diderot s’enthousiasme pour la vérité expressive attribuée à David Garrick et pour le théâtre anglais, moins soumis aux règles héritées du classicisme. L’exemple de George Lillo et du London Merchant, tragédie bourgeoise créée en 1731, montre la voie d’un pathétique domestique. Dans ses dialogues, Diderot défend la mixité des tons, l’importance du tableau scénique et la priorité du probable sur le strict respect des unités. La collection articule ainsi une réponse française à ces modèles britanniques, en cherchant un équilibre entre réforme et tradition.

Les échanges européens incluent l’espace germanique. Lessing, dans sa Dramaturgie de Hambourg (publiée à la fin des années 1760), discute précisément la réforme du drame et prend position en faveur d’une tragédie bourgeoise. Les critiques et dramaturges germaniques se saisissent des propositions de Diderot concernant la vraisemblance, la fonction morale et le mélange des registres. La circulation d’idées et de traductions crée un horizon commun où l’on repense les hiérarchies des genres. La collection de Diderot s’inscrit donc dans un débat continental, qui dépasse la seule querelle française des règles classiques.

Les évolutions sociales de la France d’Ancien Régime donnent matière au drame. L’essor des professions, le poids croissant de la bourgeoisie urbaine et la valorisation du travail façonnent un public nouveau, friand de sujets domestiques. Le motif du fils naturel renvoie à un statut juridique et social bien réel: les enfants nés hors mariage n’ont pas les mêmes droits successoraux que les légitimes et restent entachés d’infamie civile, sauf procédures spécifiques de reconnaissance. En plaçant la vertu au-dessus de la naissance, la collection reflète des tensions entre mérite et lignage qui traversent la société du milieu du XVIIIe siècle.

Sur le plan politique, le règne de Louis XV et la conjoncture de la guerre de Sept Ans (1756-1763) nourrissent une critique diffuse du favoritisme et de l’inefficacité publique. La notion d’opinion publique, relayée par la presse et les salons, se consolide. Sans thématiser directement la diplomatie ou la guerre, la collection fait résonner ce contexte par le biais de l’éthique domestique: elle valorise la responsabilité individuelle, la sincérité, la fidélité aux engagements, vertus que la pensée des Lumières érige en remèdes aux abus et aux privilèges de la société d’ordres.

La censure et les réalités éditoriales éclairent la forme retenue. Diderot a connu l’emprisonnement en 1749 pour un écrit philosophique, ce qui l’incite ensuite à des précautions. Publier un drame avec des entretiens théoriques permet d’argumenter une réforme sans heurter frontalement la police des spectacles. La diffusion par des libraires liés au réseau de l’Encyclopédie favorise la lecture en cabinet et en salon, où l’on pratique des lectures à voix haute. La collection, dès lors, occupe un entre-deux: pensée pour la scène, mais construite pour convaincre d’abord un public de lecteurs.

Les Entretiens de Dorval et moi exposent la doctrine dramatique. Diderot y défend un drame sérieux, centré sur la famille, la vraisemblance des caractères, la continuité des situations et l’organisation en tableaux, presque picturaux, destinés à frapper le spectateur. Il réduit la tyrannie des régularités formelles lorsque celles-ci contredisent le vrai moral, et confie à l’émotion la mission d’instruire. La collection propose ainsi une pédagogie du regard: apprendre à voir des gestes vrais, des intérieurs crédibles, des relations hiérarchiques, afin que le théâtre devienne une école des mœurs autant qu’un divertissement.

La question du jeu des acteurs traverse l’époque. À Paris, des figures comme Mlle Clairon ou Lekain symbolisent un style plus expressif et plus naturaliste, tandis que Garrick en Angleterre fascine par la variété de ses émotions. Diderot, qui écrira plus tard le Paradoxe sur le comédien, réfléchit déjà ici à l’extériorité du jeu, à la composition des attitudes et au rapport entre sensibilité personnelle et exactitude scénique. La liste des acteurs possibles, en tête de la collection, atteste une volonté d’adéquation entre rôles, tempéraments et techniques, signe d’une professionnalisation accrue et d’un art de la distribution.

Le réalisme scénique appelle des changements matériels. Diderot promeut des intérieurs domestiques détaillés, des costumes conformes au rang social, des accessoires signifiants. Au XVIIIe siècle, la scène française utilise encore bougies et rampes, et l’illusion se travaille par la peinture de décors en perspective. Les théories des tableaux rejoignent l’intérêt de Diderot pour la peinture, qu’il chronique dans ses Salons. La collection laisse ainsi entendre que la réforme dramatique est aussi une réforme visuelle: organiser l’espace, ordonner les corps, composer des images lisibles qui fixent l’attention morale du spectateur.

Les normes familiales et de genre constituent un arrière-plan décisif. Le droit matrimonial, les contrats de mariage et la puissance paternelle structurent la vie privée d’Ancien Régime. Les débats éducatifs s’intensifient, en témoigne la parution d’Émile de Rousseau en 1762. La collection de Diderot valorise la droiture, la franchise, le respect de la parole donnée, et interroge les devoirs réciproques entre parents et enfants. Sans récit scandaleux, elle reflète un moment où l’on s’inquiète des dérèglements du cœur et des pièges sociaux, tout en cherchant à concilier sentiments et obligations.

La religion et la tolérance, thèmes majeurs des Lumières, forment un horizon éthique implicite. Les controverses entre jansénistes, jésuites et parlements culminent notamment avec l’expulsion de la Compagnie de Jésus en 1764. Diderot, critique envers le cléricalisme, propose un théâtre où la morale s’ancre dans la nature humaine plus que dans la théologie. Le terme naturel du titre renvoie autant à la condition sociale qu’à l’idée d’une loi morale accessible à la raison et à la sensibilité. La collection participe ainsi d’une sécularisation des valeurs, sans se muer en pamphlet religieux.

La réception française du drame bourgeois fut contrastée. Les institutions installées favorisaient le répertoire classique, et les innovations furent parfois peu jouées. Le Fils naturel connut surtout une vie de lecture, tandis que d’autres pièces de Diderot eurent davantage d’accès à la scène. Les débats critiques opposèrent partisans de la sensibilité, sensibles au pouvoir édifiant des larmes, et défenseurs des rigidités traditionnelles. Cependant, la théorie diffusée par les Entretiens marqua les dramaturges et les comédiens, en proposant un autre horizon d’attente pour un public élargi, soucieux de se reconnaître dans des situations familières.

Au-delà des années 1750, les idées de la collection nourrissent des évolutions durables. La Révolution française revalorise le mérite sur la naissance, thème central du motif du fils naturel. Au XIXe siècle, les romantiques, en France, légitiment le mélange des genres et reconnaissent en Diderot un précurseur. Les esthétiques réaliste et naturaliste, puis les théories du jeu psychologique, reprennent l’exigence de vraisemblance et l’attention aux milieux. La réflexion diderotienne circule ainsi de la scène au roman et au théâtre réformé, en transformant les attentes du public.

Enfin, la collection continue d’être relue par la critique moderne. Les historiens du théâtre y voient l’articulation rare d’une poétique et d’un cas pratique, où la pièce et ses entretiens se répondent. Les metteurs en scène intéressés par le jeu frontal, la composition d’images et la dramaturgie du quotidien y puisent des repères. Les lecteurs d’aujourd’hui y reconnaissent un commentaire sur les Lumières elles-mêmes: confiance dans la raison sensible, centralité du foyer, critique mesurée des hiérarchies. En rendant la vertu observable et jouable, la collection propose une éthique de la visibilité qui demeure actuelle.

Synopsis (Sélection)

Table des matières

Voici les noms des Personnages réels de la Pièce, avec ceux des Acteurs qui pourroient les remplacer

Notice qui aligne des personnages dits réels avec des acteurs susceptibles de les incarner, rapprochant explicitement la vie et la scène. Ce dispositif annonce un théâtre de la vraisemblance et de la vertu, attentif aux mœurs quotidiennes et à l’effet moral. Il prépare la réception de la pièce en soulignant sa visée réaliste et sa dimension métathéâtrale.

Le Fils naturel, ou Les Épreuves de la vertu (Comédie, Actes I–V)

Comédie en cinq actes centrée sur un jeune homme d’origine illégitime dont l’identité perturbe un foyer et met à l’épreuve le sens du devoir et l’idéal de vertu. Les péripéties domestiques font ressortir les tensions entre passion, reconnaissance et obligations sociales, dans un registre sérieux et sensible. Style direct, scènes intimes et visée morale composent un théâtre qui cherche à émouvoir tout en instruisant.

Dorval et moi (Premier, Second, Troisième Entretien; Acte I–II)

Suite de conversations entre Dorval et un interlocuteur qui reviennent sur la pièce et en dégagent les principes: finalité morale du théâtre, vérité des caractères, vraisemblance scénique et art du comédien. Les deux actes associés ajoutent une dimension dramatique à la réflexion, en donnant forme scénique aux idées discutées. Ton spéculatif et pédagogique, mêlant confidence et analyse, qui prolonge et clarifie la poétique et les enjeux éthiques révélés par la comédie.

Le fils naturel, ou Les épreuves de la vertu

Table des Matières Principale
Voici les noms des Personnages réels de la Piece,. avec ceux des Acteurs qui pourroient les. remplacer.
LE FILS NATUREL, OU LES ÉPREUVES DE LA VERTU. COMEDIE.
ACTE PREMIER.
ACTE SECOND.
ACTE III.
ACTE IV.
ACTE V.
DORVAL ET MOI.
Premier Entretien .
Second Entretien .
Troisieme Entretien.
ACTE PREMIER.
ACTE SECOND.

LE

ILS NATUREL,

OU

LES EPREUVES

DE LA VERTU.

COMEDIE

CINQ ACTES, ET EN PROSE,

Avec l’Histoire véritable de la Piece.

Interdùm speciosa locis, moraîaque rectè

Fabula, nullius veneris sine pondere&arte,

Valdiùs oblectat populum, meliùsque moratur

Quàm versus inopes rerum nugœque canorœ.

Horat. Art. Poet.

A AMSTERDAM.

M. DCC. LVII.

LE sixieme Volume de l’Encyclopédie venoit de paroître,&j’étois allé chercher à la campagne du repos&de la santé; lorsqu’un événement, non moins interessant par les circonstances que par les personnes, devint l’étonnement& l’entretien du canton. On n’y parloit que de l’homme rare qui avoit eu, dans un même jour, le bonheur d’exposer sa vie pour son ami,&le courage de lui sacrifier sa passion, sa fortune&sa liberté.

Je voulus connoître cet homme. Je le connus,&je le trouvai tel qu’on me l’avoit peint, sombre&mélancolique. Le chagrin&la douleur, en sortant d’une ame où ils avoient habité trop long-tems[1q], y avoient laissé la tristesse. Il étoit triste dans sa conversation&dans son maintien, à-moins qu’il ne parlât de la vertu, ou qu’il n’éprouvât les transports qu’elle cause à ceux qui en font fortement épris. Alors vous eussiez dit qu’il se transfiguroit. La sérénité se déployoit sur son visage. Ses yeux prenoient de l’éclat&de la douceur. Sa voix avoit un charme inexprimable. Son discours devenoit pathétique. C’étoit un enchaînement d’idées austeres&d’images touchantes qui tenoient l’attention suspendue&l’ame ravie. Mais comme on voit le soir, en automne, dans un tems nébuleux&couvert, la lumière s’échapper d’un nuage, briller un moment,&se perdre en un ciel obscur; bientôt sa gaieté s’éclipsoit,&il retomboit tout-à-coup dans le silence&la mélancolie.

Tel étoit Dorval. Soit qu’on l’eût prévenu favorablement, soit qu’il y ait, comme on le dit, des hommes faits pour s’aimer sitôt qu’ils se rencontreront, il m’accueillit d’une maniere ouverte qui surprit tout le monde, excepté moi;&dès la seconde fois que je le vis, je crus pouvoir, sans être indiscret, lui parler de sa famille, &de ce qui venoit de s’y passer. Il satisfit à mes questions. Il me raconta son histoire. Je tremblai avec lui des épreuves auxquelles l’homme de bien est quelquefois exposé;&je lui dis qu’un ouvrage dramatique dont ces épreuves seroient le sujet, feroit impression sur tous ceux qui ont de la sensibilité, de la vertu,&quelqu’idée de la foiblesse humaine.

Hélas! me répondit-il en soupirant, vous avez eu la même pensée que mon pere. Quelque tems après fou, arrivée, lorsqu’une joie plus tranquille&plus douce commençoit à succéder à nos transports,&que nous goûtions le plaisir d’être assis les uns à côté des autres, il me dit:

Dorval, tous les jours je parle au Ciel de ROSALIE&de toi. Je lui rends graces de vous avoir conservés jusqu’à mon retour, mais sur-tout de vous avoir conservés innocens. Ah! mon fils, je ne jetté point les yeux sur ROSALIE, sans frémir du danger que tu as couru. Plus je la vois, plus je la trouve honnête&belle; plus ce danger me paroît grand. Mais le Ciel qui veille aujourd’hui sur nous, veut nous abandonner demain. Nul de nous ne connoît son sort. Tout ce que nous savons, c’est qu’à mesure que la vie s’avance, nous échappons à la méchanceté qui nous suit. Voilà les réflexions que je fais toutes les fois que je me rappelle ton histoire. Elles me consolent du peu de tems qui me reste à vivre;&si tu voulois, ce seroit la morale d’une Piece dont une partie de notre vie seroit le sujet,&que nous représenterions entre nous.

«Une Piece, mon pere!.....»

Oui, mon enfant. Il ne s’agit Point d’élever ici des treteaux, mais de conserver la mémoire d’un événement qui nous touche,& de le rendre comme il s’est passé... Nous le renouvellerions nous-mêmes, tous les ans, dans cette maison, dans ce salon. Les choses que nous avons dites, nous les redirions. Tes enfans en feroient autant,&les leurs,& leurs descendans. Et je me survivrois à moi-même,&j’irois converser ainsi, d’âge en âge y avec tous mes neveu..... Dorval, penses-tu qu’un ouvrage qui leur transmettroit nos propres idées, nos vrais sentimens, les discours que nous avons tenus dans une des circonstances les plus importantes de notre vie, ne valût pas mieux que des portraits de famille qui ne montrent de nous qu’un moment de notre visage.

«C’est-à-dire que vous m’ordonnez de » peindre votre ame, la mienne, celles » de Constance, de Clairville,&de Rosa» lie. Ah, mon pere, c’est une tâche au-dessus de mes forces,&vous le savez bien»!

Ecoute; je prétends y faire mon rôle une fois avant que de mourir;&pour cet effet j’ai dit à ANDRÉ de ferrer dans un coffre les habits que nous avons apportés des prisons.

«Mon pere.».

Mes enfans ne m’ont jamais opposé de refus; ils ne voudront pas commencer si tard.

En cet endroit, Dorval détournant son visage,&cachant ses larmes, me dit du ton d’un homme qui contraignoit sa douleur ... la piece est faite ... Mais celui qui l’a commandée n’est plus ... Après un moment de silence, il ajoûta ..... Elle étoit restée-là cette Piece,&je l’avois presque oubliée; mais ils m’ont répété si souvent que c’étoit manquer à la volonté de mon pere, qu’ils m’ont persuadé;& Dimanche prochain nous nous acquittons pour la premiere fois d’une chose qu’ils s’accordent tous à regarder comme un devoir.

Ah, Dorval, lui dis-je, si j’osois!... Je vous entends, me répondit-il; mais croyez-vous que ce soit une proposition à faire à Constance, à Clairville,&à Rosalie. Le sujet de la Piece vous est connu; &vous n’aurez pas de peine à croire qu’il y a quelques scenes où la présence d’un étranger gêneroit beaucoup. Cependant c’est moi qui fais ranger le salon. Je ne vous promets point. Je ne vous refuse pas. Je verrai.

Nous nous séparâmes Dorval&moi. C’étoit le lundi. Il ne me fit rien dire de toute la semaine. Mais le Dimanche matin il m’écrivit..... Aujourd’hui, à trois heures précises, à la porte du Jardin..... Je m’y rendis. J’entrai dans le salon par la fenêtre;&Dorval qui avoit écarté tout le monde me plaça dans un coin, d’où, sans être vû, je vis&j’entendis ce qu’on va lire, excepté la derniere scene. Une autre fois je dirai pourquoi je n’entendis pas la derniere scene.