Le Miracle de Saint Antoine - Maurice Maeterlinck - E-Book

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Maurice Maeterlinck

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Beschreibung

Sur le seuil de la porte de cette riche maison flamande, un clochard : un maigre vieillard hirsute, vêtu d’une sorte de robe de bure boueuse, informe, sans couleur et rapiécée. Tellement crotté que Virginie, la servante, en plein nettoyage, le laisse à peine entrer. C’est que sa maîtresse, une vielle demoiselle acariâtre est décédée. L’enterrement a lieu l’après-midi et tous les neveux, nièces cousins et héritiers sont réuni pour la cérémonie … et l’héritage.

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Veröffentlichungsjahr: 2020

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Maurice Maeterlinck

LE MIRACLE DE SAINT ANTOINE

FARCE EN DEUX ACTES

© 2020 Librorium Editions

Tous Droits Réservés

PERSONNAGES :

SAINT ANTOINE.

M. GUSTAVE.

M. ACHILLE.

LE DOCTEUR.

LE CURÉ.

LE COMMISSAIRE DE POLICE.

JOSEPH.

DEUX AGENTS.

Mlle HORTENSE.

VIRGINIE.

Neveux, nièces,

cousins, cousines, invités, etc.

La scène de nos jours,

dans une ville flamande.

ACTE PREMIER

En Flandre, dans une petite ville. Le vestibule d’une vieille et vaste maison bourgeoise. À gauche, porte cochère s’ouvrant sur la rue. Au fond, un perron de quelques marches conduisant à une grande porte vitrée qui donne accès dans la maison. À droite, une autre porte. Le long du mur, une banquette de molesquine, quelques escabeaux, un portemanteau où sont accrochés des chapeaux, un pardessus, etc. Au lever du rideau, la vieille bonne, Virginie, troussée haut, les jambes nues et chaussée de gros sabots, parmi des seaux de cuivre, des torchons, des balais et des brosses, lave à grande eau les dalles de marbre. De temps à autre, elle suspend son travail, se mouche bruyamment et, du coin de son tablier bleu, essuie une grosse larme. On sonne à la porte cochère ; Virginie va ouvrir, et on aperçoit sur le seuil, nu-tête, nu-pieds, les cheveux et la barbe embroussaillés, un maigre et long vieillard vêtu d’une sorte de robe de bure boueuse, informe, sans couleur, et copieusement rapiécée.

SCÈNE I

VIRGINIE, SAINT ANTOINE

VIRGINIE, entr’ouvrant la porte.

Qu’est-ce que c’est ?… Voilà la trente-sixième fois que l’on sonne… Encore un pauvre !… Que voulez-vous ?

SAINT ANTOINE

Je veux entrer.

VIRGINIE

Non, non ; vous êtes trop crotté ; restez là. Que demandez-vous ?…

SAINT ANTOINE

Je demande à entrer.

VIRGINIE

Pourquoi ?...

SAINT ANTOINE

Pour ressusciter Mademoiselle Hortense.

VIRGINIE

Pour ressusciter Mademoiselle Hortense ?… Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?… Qui êtes-vous ?…

SAINT ANTOINE

Je suis saint Antoine.

VIRGINIE

De Padoue ?…

SAINT ANTOINE

Justement.

L’auréole du saint s’allume et resplendit.

VIRGINIE

Jésus Marie ! c’est vrai !… (Elle ouvre la porte toute grande, tombe à genoux, et, les mains jointes sur le manche de son balai, récite rapidement la Salutation Angélique, après quoi elle baise dévotement le bas de la robe du saint en répétant machinale et affolée :) Saint Antoine, ayez pitié de nous !… Grand saint Antoine, priez pour nous !…

SAINT ANTOINE

Et maintenant, permettez-moi d’entrer et refermez la porte.

VIRGINIE, se relevant bourrue.

Voici le paillasson, essuyez vos pieds… (Saint Antoine obéit gauchement.) Mieux que ça, voyons, mieux que ça.

Elle referme la porte.

SAINT ANTOINE,désignant la porte à droite.

Mademoiselle repose là.

VIRGINIE, stupéfaite et ravie.

En effet. Comment le savez-vous ?… C’est étonnant !… Elle est là, dans le grand salon… La pauvre dame !… Elle n’avait que soixante-dix-sept ans… C’est bien jeune, n’est-ce pas ?… Elle était très pieuse et bien méritante, vous savez… Elle a beaucoup souffert… Et puis elle était riche… Je me suis laissé dire qu’elle laissait deux millions… Deux millions, c’est beaucoup…

SAINT ANTOINE

Oui.

VIRGINIE

Ce sont ses deux neveux, Monsieur Gustave, Monsieur Achille et leurs enfants qui héritent de tout. Monsieur Gustave aura cette maison… Puis elle a fait des legs : au curé, à l’église, au suisse, au sacristain, aux pauvres, au vicaire, à quatorze jésuites, à tous les domestiques, selon le temps qu’ils sont restés à son service. C’est moi qui ai le plus… Je l’ai servie trente-trois ans ; je recevrai trois mille trois cents francs. C’est joli.

SAINT ANTOINE

En effet.

VIRGINIE

Elle ne me devait rien ; elle m’a toujours payé mes gages… On a beau dire… On ne trouverait pas beaucoup de maîtres qui en feraient autant, après leur mort… C’était une sainte femme… On l’enterre aujourd’hui… Tout le monde a envoyé des fleurs. Il faudrait voir le salon… Ça réjouit le cœur… Il y en a sur le lit, sur la table, les chaises, les fauteuils, le piano… Et rien que des fleurs blanches ; c’est joli comme tout… On ne sait plus où ranger les couronnes… (On sonne. Elle va ouvrir et revient avec deux couronnes.) En voici encore deux… (Examinant et soupesant les couronnes.) Elles sont belles, celles-ci… Tenez-les-moi pendant que j’achève mon nettoyage… (Elle repasse les couronnes à saint Antoine, qui, docilement, en prend une dans chaque main.) C’est cet après-midi qu’on la porte au cimetière ; il faut que tout soit propre, et je n’ai que le temps…

SAINT ANTOINE

Menez-moi près du corps.

VIRGINIE

Vous mener près du corps ? Maintenant ?…