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Ils étaient là bien avant l’accostage des navires. Un peuple insaisissable, disparu presque sans laisser de trace. Lorsque Christophe Colomb pose le pied à Cuba, il rencontre les Taïnos – pacifiques, raffinés, porteurs d’un savoir oublié. Puis, brusquement, le silence. Que leur est-il arrivé ? Pourquoi leur mémoire a-t-elle été effacée ? Et que reste-t-il vraiment d’eux aujourd’hui ? Derrière les vestiges épars, Camille Bilardo, dans "Le monde des Taïnos", exhume des secrets, redonne corps à une civilisation fascinante et révèle ce que l’Histoire aurait préféré taire.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Diplômée en réalisation filmique d’une école de cinéma suisse, Camille Bilardo explore les croisements entre art et savoir. Son écriture, à la fois stylisée et rigoureuse, puise dans l’heuristique scientifique autant que dans les ressorts médiatiques. À travers une plume alliant exigence pédagogique et sens esthétique, elle redonne souffle aux mémoires enfouies et aux vérités historiques oubliées.
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Seitenzahl: 75
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Camille Bilardo
Le monde des Taïnos
Essai
© Lys Bleu Éditions – Camille Bilardo
ISBN : 979-10-422-7721-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Cobo areyto Rakuno
« La conque chante à l’esprit du Nord »
À celles et ceux qui entendent encore le chant de la mer,
les voix de la terre, le souffle des forêts
et le grondement des montagnes.
Travail de regroupement
par Camille Bilardo
Ce travail de recherche ne sera jamais complet, car le temps amènera sûrement de nouvelles découvertes auxquelles je n’avais pas encore accès lorsque je l’ai écrit. Mais à l’heure où j’écris ces lignes, il devrait au moins vous aider à comprendre et découvrir le peuple des Taïnos.
La genèse de ce document partait à la base de la construction d’un personnage dans une histoire fictive. Le personnage avait des origines cubaines, et donc taïnos dans le récit. En commençant mes recherches pour rendre crédibles son histoire et ses origines, je me suis retrouvé happé par la vie passionnante et mystérieuse de ce peuple.
Les informations le concernant sont parfois vagues, différentes d’une source à une autre ou même simplement perdues à cause du temps et du massacre des Taïnos et de leur savoir. Sans le remarquer, je m’y suis intéressé de plus en plus et mes simples recherches pour écrire un personnage sont devenues un travail de regroupement historique, mythologique et social.
La youtubeuse – Casa Areyto – ayant contribué grandement à la partie du document parlant de la langue, ne cessait de répéter qu’il fallait faire revivre le savoir des Taïnos, qui avaient disparu presque totalement.
Sans le savoir, j’ai adhéré à cette idée, et ce document en est la preuve. À aucun moment, je n’étais partie sur l’idée de faire autant de recherches et de comparaisons d’informations pour être autant sûr que possible de ce que je notais. Je n’avais pas envie de me tromper et d’insulter le passé.
Ce document a beaucoup évolué avec le temps et les diverses découvertes que j’ai faites. Il vient aussi d’un tri d’informations qui a forcément été impacté par mes pensées personnelles lorsque je devais croire certaines sources ou d’autres. Je vous souhaite une bonne lecture et vous invite à plonger dans le monde des Taïnos
Langue
Arawak taïno
Société
Les naboria : villageois, travailleur
Les nitaïno : nobles des tribus
Les bojike : shamans, guérisseurs, « prêtres »
Le kasike : chef de la tribu
Habitation
Ils vivaient dans les clairières de la forêt à l’intérieur des terres, et leur habitat était de deux styles : le bohio, habitat commun circulaire ; le caney, plus grand et rectangulaire, habitat du cacique et de sa famille. Les habitations abritaient des familles élargies, composées des aïeuls, d’oncles et de cousins, en plus du noyau principal de la famille.
Les hommes portaient un taparrabos (cache-sexe), les femmes mariées avaient un pagne de paille, de coton ou en feuilles, les femmes célibataires vivaient nues. Ils s’appliquaient de la peinture sur le corps, de couleur noire, blanche, rouge et jaune, ainsi que des tatouages religieux qui les protégeaient des mauvais esprits.
Leurs oreilles et leurs lèvres étaient ornées d’or, d’argent, de pierres, d’os et de coquillages. Ils fabriquaient : des paniers, de la poterie, des céramiques, des filets de pêche ; ils travaillaient l’or et sculptaient le bois.
Les caciques étaient polygames. Il y avait de nombreuses jeunes filles nubiles et ne pas avoir d’enfants représentait une honte.
Les Taïnos, gens bienheureux, ignoraient les notions de propriété privée et d’État ainsi que la notion de profit. Ils vivaient de l’agriculture, pour laquelle ils maîtrisaient l’utilisation des engrais et un système d’irrigation.
Leurs cultures : manioc, pomme de terre, maïs, cacahuète, piment, ananas, patate douce, coton, tabac. Ils chassaient de petits rongeurs, des iguanes, des oiseaux et des serpents. Ils pêchaient à l’hameçon, aux filets et avec du poison. Le manioc fermenté constituait une boisson enivrante nommée uicu. Le pain, sorte de galette circulaire de manioc, cuite au soleil, s’appelait cazabe ; il était consommé quotidiennement.
Des danses sacrées, areytos, accompagnées d’instruments de musique, dont le tambour. Le jeu de pelote, bahey, joué avec une balle de caoutchouc rebondissant, inconnue des Occidentaux. En débarquant sur l’île d’Hispaniola, les Espagnols découvrent ce jeu de balle.
Lorsque les Espagnols conquirent l’île en 1510, Christophe Colomb en avait déjà exploré les côtes lors de son premier voyage.
C’est aux environs de Baracoa, au nord de l’actuelle province d’Oriente, que les 300 hommes enrôlés par Diego Velázquez de Cuéllar débarquent pour assujettir le pays. Bartolomé de Las Casas fait partie de l’expédition.
Cette île vit d’une plus grande culture des terres agricoles que les autres îles des Antilles depuis un siècle et demi.
La population native de Cuba vers 1510 est estimée à 112 000 personnes ; à la suite du passage des conquistadors, il reste moins de 5000 natifs quarante ans plus tard.
Las Casas parle, à son arrivée à Baracoa, de 200 000 natifs, que Velasquez propose de répartir entre ses compagnons d’armes, sans préciser s’il s’agit de la population de l’île entière.
Dans la région de Camagüey, plus de 2000 natifs ont appris l’arrivée d’étrangers, et ce sont les bras chargés de présents (cassaves, poissons, fruits) qu’ils viennent devant eux.
Le premier contact se passe bien, les Espagnols mangent tranquillement, quand tout à coup, l’un d’eux tire son épée : signal de la boucherie… Las Casas relate : « … un ruisseau de sang indien s’écoulait, comme si l’on avait tué beaucoup de vaches !… »
La résistance s’organise avec des combats plus importants et plus nombreux. Mais le naturel affable et peu guerrier des natifs de Cuba donne lieu à un aspect singulier et unique aux Amériques. Il les incite au fatalisme, les conduisant au suicide. Des familles entières se réfugient dans la mort.
Ceux qui survivent au génocide mourront de misère et d’épuisement dans les mines. Certains historiens espagnols évoquent volontiers une épidémie de variole qui aurait tué le tiers de la population native.
Hatuey était un cacique taïno de l’île d’Hispaniola. Il arrive à Cuba après avoir été expulsé de son île, Ayiti. Il arrive en canoë avec 400 hommes en 1511.
Il prend tout de suite contact avec des tribus taïnos de l’est de l’île pour leur conseiller de lutter avec lui contre les conquistadors, mais ces derniers, très pacifistes, ne le croient pas. Il prend donc la tête de la révolte et réussit à confiner les Espagnols dans le fort de Baracoa.
Il menait déjà pour l’époque une guerre de guérilla dans laquelle ses Taïnos attaquaient par surprise les Espagnols, armés de bâtons, de pierres et de flèches. Les Espagnols organisèrent l’extermination progressive des rebelles grâce à leur supériorité technologique.
Il est condamné à être brûlé vif sur un bûcher. Las Casas lui propose d’être baptisé afin d’accéder au royaume des cieux. Ce dernier lui demande si les Espagnols baptisés allaient au ciel après leur mort. Sur la réponse affirmative du confesseur, celui-ci rétorque : « Bien, pas de baptême pour moi. Je ne veux pas rencontrer au ciel des gens aussi méchants. »
Il meurt le 2 février 1512 à Yara. Il est devenu un héros légendaire à Cuba, le premier à avoir lutté contre le colonialisme du Nouveau Monde, et est célébré comme le premier héros national de Cuba.