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Extrait : "...Et je fus transporté en esprit sur une terre inconnue: Cette terre était comme la nôtre, plantée d'arbres, féconde en moissons, sillonnée de rivières; le travail de l'homme même s'y fait sentir au soin des cultures, à l'entretien des chemins recouverts d'arène marine, à la coupe harmonieuse des arbres et à la correction des routes pratiquées dans les massifs..."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN
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Seitenzahl: 34
Veröffentlichungsjahr: 2015
Vous souvient-il, mon cher ami, de la gracieuse année 1856 ?
Il y eut cette année-là parmi nos amis comme un mouvement en avant qui présageait, sinon des victoires, au moins des combats. Nous avions enfin trouvé un éditeur selon notre cœur, un homme jeune, brave, libéral, épris du Beau, et très heureux de s’associer à notre fortune littéraire.
Cette année-là, mon cher ami, a été marquée pour vous principalement par deux évènements qui resteront des dates de votre vie littéraire. Vous avez fait représenter le Beau Léandre, une comédie véritable, pensée en philosophe et rimée en poète, que le public du Vaudeville a écoutée et applaudie cent cinquante-fois, tout comme si elle eût été conçue et écrite par le plus turbulent des carcassiers ; et vous avez publié les Odesfunambulesques, « un des monuments lyriques de ce siècle, » a dit Victor Hugo ; un livre unique dans la langue, et qui vous donne barre sur Voiture et sur Sarrazin, ces deux grands maîtres de la satire élégante.
Je revois le petit volume vert d’eau avec son titre rouge ; le bel exemplaire tiré exprès pour moi sur beau papier vergé par notre ami Malassis (et était-il assez joyeux en lisant les feuillets du manuscrit qui allait être le premier degré de sa fortune !) ; mais, surtout, je revois, annoncée au verso de la couverture, la première édition de vos Poésies complètes, c’est-à-dire la récapitulation de toute votre jeunesse de poète laborieux et de sincère amant de la gloire.
Dans l’intervalle devaient paraître les Fleurs du mal, ce coup de fouet retentissant de Charles Baudelaire, les charmants Païens d’Hippolyte Babou, les Poésies complètes de Leconte de Lisle, et quelques autres ouvrages encore, qui sont venus se ranger autour de ceux-là, comme des vélites autour de l’état-major.
Assurément, tous ces efforts n’ont pas été perdus. Vous avez conquis parmi les cinq ou six grands lyriques de ce temps-ci la place qui vous était due ; Charles Baudelaire a été sacré à Hauteville-House, et le brillant écrivain des Lettres Satiriques, Hippolyte Babou, qui met au service de la critique tant d’imagination créatrice, a trouvé dans le feuilleton du Moniteur un esprit équitable et enthousiaste pour affirmer son rare mérite et pour indiquer sa place au premier rang parmi les maîtres en l’art de bien dire.
Et cependant, malgré ces suffrages et ces honneurs, en voyant diminuer chaque jour le nombre des esprits sympathiques aux nobles ambitions, ne peut-on regretter le temps, déjà si loin de nous, où les couronnes et les sourires venaient chercher le poète ? Ne peut-on se payer par un peu d’illusion, voire par un peu de satire, le décompte de ses espérances ; et, par impatience des justices futures, rêver ironiquement – le Paradis des gens de lettres ?
C.A.
Marly-le-Roy, 25 octobre 1861.
… Et je fus transporté en esprit sur une terre inconnue :
Cette terre était comme la nôtre, plantée d’arbres, féconde en moissons, sillonnée de rivières ; le travail de l’homme même s’y fait sentir au soin des cultures, à l’entretien des chemins recouverts d’arène marine, à la coupe harmonieuse des arbres et à la correction des routes pratiquées dans les massifs.
Et alors se présenta soudain devant moi une créature céleste, vêtue de blanc, dont les pieds touchaient à peine la terre ; son visage et ses vêtements étaient lumineux ; ses yeux rayonnaient comme des étoiles, et sur l’une et l’autre de ses épaules frémissaient de longues ailes blanches dont il s’aidait pour marcher.
Saisi d’admiration, je m’arrêtai ; mais LUI, me regardant avec douceur, se retourna et se mit à marcher devant moi, me faisant signe de le suivre.
Et nous traversâmes alors d’épaisses allées de verdure, bordant des villages silencieux où tout me parut engourdi dans le sommeil ; je remarquai alors que la nuit descendait peu à peu ; l’étoile que nous appelons ici-bas Hespérus se levait à la droite du ciel, plus éclatante et plus grande que le ne l’avais jamais vue de notre monde.