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Extrait : "Mathieu Guichard était fils de Jean Guichard, serrurier dans la rue Saint-Benoît. Mathieu Guichard avait environ dix-sept ans, était d'une taille moyenne, maigre, nerveux et pâle ; ses yeux étaient gris ; ses cheveux châtains, clair et soyeux ; sa figure annonçait un singulier mélange d'astuce et de niaiserie, d'indolence et de vivacité ; son teint plombé, hâve, avait cette couleur étiolée, maladive, flétrie, particulière aux enfants de Paris..."
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Seitenzahl: 20
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335087260
©Ligaran 2015
PARISIEN, s. m. Sottise la plus grande, la plus injurieuse à un matelot ; désignation dans les bâtiments d’un pauvre sujet, et quelquefois d’un mauvais sujet…
VILLAUMEZ, Dictionnaire de marine.
Mathieu Guichard était fils de Jean Guichard, serrurier dans la rue Saint-Benoît.
Mathieu Guichard avait environ dix-sept ans, était d’une taille moyenne, maigre, nerveux et pâle ; ses yeux étaient gris ; ses cheveux châtains, clairs et soyeux ; sa figure annonçait un singulier mélange d’astuce et de niaiserie, d’indolence et de vivacité ; son teint plombé, hâve, avait cette couleur étiolée, maladive, flétrie, particulière aux enfants de Paris, nés dans une classe pauvre et laborieuse. Voilà pour le physique de Mathieu Guichard.
Au moral, si toutefois Mathieu avait un moral, Mathieu était insolent, moqueur, taquin, lascif, paresseux et gourmand, sournois et rageur, parce que la force physique lui manquait ; ni incrédule, ni croyant, ni sceptique, mais indifférent en diable en matière de religion, et n’invoquant jamais le nom de Dieu que d’une manière si détestable, qu’il eût mieux valu ne pas l’invoquer du tout. Mais en vérité il ne faut pas en vouloir au pauvre enfant ; les premiers mots que son père Jean Guichard, ancien canonnier, lui apprit à bégayer, furent les jurons les plus épouvantables qu’on puisse imaginer. Ceci était le délassement, la joie du vieux soldat ; le soir, après sa journée de fatigue, il trouvait un souverain plaisir à s’asseoir auprès de sa forge éteinte, et là mettant Mathieu sur son rude tablier de cuir, il s’amusait comme un bienheureux à entendre des blasphèmes de renégat sortir de cette bouche enfantine, et il répondait à sa femme qui osait quelquefois parler de prières, de bonne Vierge et d’enfant Jésus : – « Je n’ai été ni baptisé, ni communié, ni rien du tout ; je ne t’ai épousée qu’au civil, et je ne veux pas que mon fils soie un calotin et un jésuite. »
Or, Mathieu ne trompait point les vœux de son excellent père : il ne fut pas jésuite, le digne enfant !!!
À dix ans, il donnait des coups de pied à sa mère, insultait les vieillards, volait de vieux clous pour aller les vendre, ne faisait rien à l’établi, recevait de glorieuses gourmades de monsieur son père, et passait des journées dehors.
À douze ans, Mathieu avait, comme on dit, connu l’amour, cassé des carreaux, battu la garde, et était devenu un des coryphées de l’amphithéâtre de l’Ambigu et des Funambules.