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Ethan Douglas se réveille dans un hôpital parisien, complètement amnésique. Il ne sait plus qui il est ni d'où il vient. Mais, quand des agents travaillant pour une organisation gouvernementale secrète tentent de s'en prendre à lui, il comprend qu'il est spécial. Grâce à l'aide de Felicity Smith, une espionne mystérieuse, il s'en sortira et partira en quête de réponses. Ce qu'il va découvrir sur lui-même dépasse tout ce qu'il aurait pu imaginer...
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Seitenzahl: 232
Veröffentlichungsjahr: 2020
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CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
Quelque part sur un toit, Paris, France.
Il compose le numéro. C’est la dernière fois qu’il fera une telle chose. La dernière fois qu’il entendra sa voix. Il en est conscient. Mais, il n’a pas d’autre solution. Il doit le faire. Et il doit le faire vite. Le temps presse. Ils sont à ses trousses. Il peut les entendre tenter d’enfoncer la porte, derrière lui.
Ça sonne. Après un léger instant qui lui semble durer une éternité, elle décroche.
- Allô ?
Sa voix le réconforte.
- Salut, Jemma.
- Ethan, tu m’as tellement manqué ! Tu es à Paris ?
- Oui, mon cœur. Mais, malheureusement… Je ne pourrai pas venir te voir.
Des gouttes salées se fraient tout doucement un chemin vers ses yeux.
- Pourquoi ? Tu as du travail ?
- Oui, j’ai un dernier boulot à mener à terme.
- Un dernier ?
- Le tout dernier.
- Ça veut dire qu’ensuite, on pourra enfin être ensemble ?
Il ne parvient pas à répondre.
- Ethan ?
- Non, je suis désolé, nous ne pourrons pas être ensemble. En réalité… J’appelais pour entendre ta voix une dernière fois.
- Comment ça ?
- Nous ne nous reverrons plus, Jemma.
- Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu repars ?
- Non. Enfin, pas vraiment.
- Tu me fais peur. Explique-moi ce qui se passe.
- J’aimerais bien, mais je manque de temps.
Les bruits de bélier contre la porte menant au toit s’intensifient.
- Qu’est-ce que tu vas faire, Ethan ?
Elle pleure.
- Je suis vraiment désolé. C’est l’unique solution. Si je ne le fais pas, de très nombreuses personnes pourraient être en danger. Des innocents.
- Qu’est-ce que tu racontes, bon sang ?!
Il escalade le petit muret. Il est debout, au-dessus du vide.
- Promets-moi de m’oublier.
- Comment je pourrais t’oublier ?
C’est trop tard. La porte a cédé sous leurs assauts. Le temps est écoulé.
- Je t’aime, Jemma.
Il fait un pas en avant et chute pendant quelques secondes, avant de plonger dans un abysse noir infini.
Hôpital Saint-Georges, Paris, France.
Une lumière blanche aveuglante, voilà la première chose qu’il voit. Son ouïe est brouillée comme le reste de ses sens. Il est complétement désorienté.
Où suis-je ? Comment ai-je atterri ici ?
- Il se réveille, lance une infirmière à une autre.
La deuxième quitte la chambre tandis que la première se penche au-dessus du lit.
- Comment vous sentez-vous ?
- Où suis-je ?
- Vous êtes à l’hôpital, Monsieur.
- Qu’est-ce qui m’est arrivé ?
- On vous a repêché dans la Seine. Vous souvenez-vous de ce qui s’est passé ?
La moindre tentative de se replonger dans sa mémoire lui fait mal au crâne. Mais, il persévère. Tout à coup, il se souvient de quelque chose.
- Dans la Seine ? Non, j’étais sur un toit, je me souviens. Où est Jemma ?
- Qui donc ?
Il tente de se souvenir. Mais ses efforts sont vains.
- Je ne sais pas…
- Comment vous appelez-vous, Monsieur ?
Lionel Berger. Sergei Romanov. Luigi Martinelli. Alphonso Ramón. Frank Stevenson. Ethan Douglas. Pourquoi autant de noms me viennent en tête ?
- I don’t know.
- Pardon ?
- No lo se. Izvinite… Em francês... Ci proverò.
- Je ne comprends pas ce que vous dites, Monsieur, je suis désolée.
- Gomen.
Pourquoi je parle toutes ces langues ?
- Quel jour sommes-nous ?
En français. Concentre-toi.
- Je n’en ai aucune idée.
- Y a-t-il la moindre chose dont vous vous souvenez ?
Il tente de se replonger dans sa mémoire, mais il n’entend qu’un sifflement strident. Puis, d’un coup, il a un flash. Il le voit. Marquant le sable de l’empreinte de ses pattes, l’animal s’avance vers lui. À sa gauche, le bruit des vagues attire son attention. La mer est calme et claire, pourtant, il sait que quelque chose ne va pas. Comme si cette sérénité cachait une horde de requins enragés prêts à se jeter sur lui. Il reporte ses yeux sur l’animal. Celui-ci montre les dents. Il est menaçant.
- Wolf ! s’écrie-t-il en reprenant ses esprits.
-Wolf ? répète l’infirmière. Vous voulez dire un loup ?
- Oui, c’est ça.
- Vous avez rencontré un loup ? Ici ? À Paris ?
- Non, c’était sur une plage, au bord de la mer.
L’infirmière le regarde, perdue. Il soupire.
- Je n’en sais rien. Je suis désolé. J’ai l’impression que mon cerveau est en compote. Tout est embrouillé dans ma tête.
- Ça ne fait rien. Vous êtes simplement déboussolé. Ce n’est pas grave. Reposez-vous, je vais voir le médecin. Ça va aller, d’accord ?
- Oui. Merci, Mademoiselle.
L’infirmière sourit tendrement au patient, puis quitte la pièce.
Une fois seul, il pose sa tête sur son oreiller et tente de suivre les conseils de l’infirmière. En quelques minutes, il s’endort.
Tout du long de sa sieste, des cauchemars affreux l’empêchent de dormir paisiblement. C’est toujours la même chose. L’adrénaline, l’angoisse, la pression, la peur. Les visages de toutes sortes de personnes lui reviennent en mémoire. Des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des noirs, des blancs… Et à chaque fois, il leur fait subir le même sort. À tous, sans exception. La chose la plus horrible qu’un humain puisse faire à un autre. Il met fin à leur vie. Armes à feu, poignards, cordes, ou même ses propres mains. Tout peut servir d’arme quand on est déterminé à tuer. Qui sont ces gens ? Il n’en a aucune idée. Il se souvient juste les avoir assassinés. Pourquoi ? Il ne saurait le dire. Certains se sont défendus, mais ils n’ont pas fait le poids contre lui.
Il se réveille en sursaut, suant à grosses gouttes. Ce ne sont pas de simples cauchemars. Il le sait. Il le sent. Mais, pourquoi se souvient-il de cela alors que son propre nom ne lui revient pas ? Qui est-il ? Qu’est-ce qui l’a amené ici ? Que faisait-il avant d’arriver là ? Et s’il ne trouvait jamais de réponses à ces questions ? Est-ce que son passé finira par le rattraper ?
Le grincement de la porte de sa chambre l’extirpe de ses pensées. Il croit d’abord qu’il s’agit de l’infirmière, revenant avec un médecin, comme elle en avait parlé. Cependant, ce n’est pas la charmante jeune femme qui fait son apparition, mais deux hommes, tout de noir vêtus, portant chacun une veste en cuir. Ils ferment la porte derrière eux et s’approchent de lui sans dire un mot.
Quelque chose cloche, il le sait. Il se sent menacé. Son instinct prend le dessus. Il regarde aux alentours, à la recherche de n’importe quel objet pouvant servir d’arme. Les hommes se positionnent chacun d’un côté du lit. Ils lui empoignent les bras. Il se débat comme il peut tandis que l’un des deux retire le cathéter de son bras d’un geste vif et brutal. Il pousse un petit cri de douleur.
- Qu’est-ce que vous me voulez ?
Ils ne répondent pas. Ils se contentent de se regarder en hochant la tête et l’un d’eux sort une seringue remplie d’un liquide inconnu. Il s’apprête à planter l’aiguille dans sa peau, quand la porte s’ouvre de nouveau. Les deux hommes se retournent instantanément.
Une femme est plantée là, examinant la scène. Les différentes personnes présentes dans la pièce s’échangent des regards dubitatifs pendant un long moment. La femme ferme délicatement la porte. Aussitôt sa main retirée de la poignée, les deux hommes en noir dégainent une arme de poing et la pointe sur la femme. Celle-ci est plus rapide et sort un pistolet équipé d’un silencieux de la poche de sa veste. Elle descend un des hommes avant qu’il n’ait le temps de faire quoi que ce soit et tire dans la main de l’autre, ce qui lui fait lâcher son arme. Du sang gicle jusqu’au patient.
L’homme blessé ne se décourage pas et décoche un coup de pied dans le pistolet de la femme. L’arme virevolte à travers la chambre. Le combat ne s’arrête pas là. La femme esquive un assaut, puis attaque à son tour. Elle tente de frapper son ennemi à la tête, mais ce dernier se baisse juste à temps et la plaque contre le mur. La femme ne se laisse pas faire. Elle assène un violent coup de coude dans le dos de son adversaire, qui s’écroule au sol. Elle se met ensuite à califourchon sur lui pour tenter de le maîtriser. Les deux inconnus se battent par terre, à quelques centimètres de l’amnésique, qui assiste au combat, impuissant.
L’homme prend le dessus et étrangle la femme. Celle-ci parvient à s’emparer de la couverture du lit et à la ramener vers elle. Après avoir frappé les côtes de son adversaire d’un coup précis, elle enroule la couverture autour de sa tête et commence à lui décocher des coups de poings en pleine figure. Elle reprend rapidement le dessus et, en quelques secondes, elle se retrouve de nouveau à califourchon sur son adversaire. Tout en continuant de le frapper à travers la couverture, elle remarque que son arme est à portée de main. Sans perdre de temps, elle s’en empare et tire une balle en pleine tête à l’homme en train de se débattre. La couverture se colore de rouge et l’homme cesse de bouger.
La femme se relève d’un bond et s’avance vers la seule personne encore vivante, à part elle. Dans un réflexe, il recule, s’enfonçant un peu plus dans son lit.
- Je ne vais pas te faire de mal, Ethan. Je m’appelle Felicity Smith et je suis là pour te sauver.
Elle lui tend la main.
- Viens avec moi si tu veux vivre.
Il examine la main légèrement tâchée de sang un instant, hésitant.
- On n’a pas le temps, viens.
Elle l’empoigne et le tire vers la sortie.
- Nous devons quitter cet hôpital avant que d’autres n’arrivent.
- D’autres ?
- Oui, si ces deux-là ne font pas leur rapport, leurs collègues vont rapidement comprendre que le plan ne s’est pas déroulé comme prévu.
- Qui êtes-vous ? Qui sont-ils ? Et qu’est-ce que vous me voulez ?
- Nous n’avons pas le temps pour ça. Suis-moi.
Felicity tire Ethan jusqu’à la chambre d’un patient inconscient. Elle ouvre le placard et en sort quelques habits.
- Enfile ça, ordonne-t-elle.
- Je ne vais pas mettre les vêtements de ce pauvre type.
- On ne nous laissera jamais quitter les lieux si tu es habillé comme ça. Alors, maintenant, fais ce que je te dis.
Ethan se résigne. Tournant le dos à Smith qui surveille les mouvements du couloir par la porte entrouverte, il retire sa blouse d’hôpital et s’habille rapidement.
- Voilà. Et maintenant ?
- Suis-moi.
Les deux compagnons d’infortune s’éloignent dans un couloir, prenant la direction des ascenseurs. Au bout de celui-ci, deux hommes n’ayant pas l’air commode surgissent. Ethan aperçoit que l’un d’eux a une arme à sa ceinture.
- Qu’est-ce qu’on fait ? demande-t-il, apeuré.
- On continue. Aie l’air naturel.
Ethan tente de suivre les indications de Felicity tant bien que mal et fait comme si tout allait bien. En les croisant, les hommes ne font même pas attention à eux. Ethan soupire de soulagement et grimpe dans un ascenseur, accompagné de sa sauveuse.
- Où va-t-on, à présent ?
- J’ai une planque pas loin d’ici. On y sera en sécurité.
Cette femme a l’air digne de confiance. Après tout, elle vient de lui sauver la vie. Du moins, en apparences. Il ne sait pas ce que cherchaient ces hommes et elle, encore moins. La seule chose dont il est absolument certain, c’est qu’un danger le guette. Mais, la vraie question est : qui en a après lui et pourquoi ?
Planque de Felicity Smith, Paris, France.
- Alors, c’est ça ta planque ? constate Ethan en prenant connaissance de l’appartement miteux.
- Ouais, tu t’attendais à quoi ? Un hôtel cinq étoiles ? Tu sais combien ça coûte un appartement à Paris ?
- Tu payes le loyer ?
- Pas moi, non.
- Qui, alors ?
- L’organisation pour laquelle je travaille.
- C’est-à-dire ?
Elle pose un regard triste sur lui.
- Tu ne te souviens vraiment pas ?
- De quoi ?
- De tout. De ton travail. De tes compétences. De tes collègues. De moi.
- Je suis vraiment désolé. Pour moi, nous ne nous étions jamais rencontrés avant aujourd’hui.
Felicity baisse les yeux et soupire silencieusement.
- Je me souviens bien d’une chose, poursuit Ethan.
- Laquelle ?
- Je ne sais pas qui je suis, mais je crois savoir ce que je suis.
- Qu’es-tu, selon toi ?
- Un tueur de sang-froid. Je n’ai aucun souvenir de ce que j’ai fait hier, pourtant, je me rappelle chaque âme que j’ai volée.
- Tu n’es pas un meurtrier sans pitié. Les gens que tu as tués étaient très loin d’être innocents.
- Cela fait tout de même de moi un assassin. C’est ce que nous sommes ? Des assassins ? Je t’ai vue tuer ces deux hommes dans la chambre d’hôpital comme si de rien n’était.
- Je n’avais pas le choix. C’était eux ou nous.
- Pour qui travailles-tu ?
- Je te l’ai dit. Pour une organisation.
- Quelle organisation ?
- Je ne suis pas habilitée à t’en parler.
- Tu as dit que nous étions collègues. Ça pourrait m’aider à me souvenir de certaines choses.
- C’est plus compliqué que ça. J’obéis aux ordres.
- Aux ordres de qui ?
- C’est top secret.
Ethan lève les yeux au ciel.
- Tu ne m’aides pas beaucoup.
- Désolée. Mais, je ne sais pas encore si je peux te faire confiance.
- Ces hommes à l’hôpital, que me voulaient-ils ? Pour qui travaillent-ils ?
- Ils travaillent pour une autre organisation du nom de SEASIDE.
Ethan fronce les sourcils et incline légèrement la tête.
- Ça te dit quelque chose ?
- SEASIDE ? Comme le bord de mer ?
- C’est cela. Ça signifie « Scientific Experiments Advanced, Secret Interventions & Discrete Enforcement ».
- Peut-être que ça me rappelle quelque chose. Je ne suis pas sûr.
Il se remémore la plage et le loup marchant sur le sable.
- Qu’est-ce qu’ils ont contre moi ? continue-t-il.
- Ils veulent ce que tu as dans la tête.
- Mais, je n’ai rien dans la tête. Je ne me souviens même pas de ce qu’était ma vie avant aujourd’hui.
- Ça, ils ne le savent pas.
Ethan se laisse tomber dans un fauteuil du petit salon.
- Tu es habilitée à me révéler mon nom complet ou, ça aussi, c’est classé secret défense ?
Smith sourit.
- Tu t’appelles Ethan Douglas.
- On m’appelait comment ? « Agent Douglas » ou quelque chose comme ça ?
- C’est à peu près ça.
- C’est un des noms qui m’est venu en tête quand l’infirmière m’a demandé comment je m’appelais. Qui sont Lionel Berger, Sergei Romanov, Luigi Martinelli, Alphonso Ramón, Frank Stevenson… ?
- C’est toi. Ce sont des identités que tu avais l’habitude d’utiliser quand tu avais des missions à l’étranger. Ce sont des noms de couverture.
- Voilà qui explique pourquoi je suis aussi multilingue.
Il se pince l’arête du nez.
- Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ?
- J’imagine que tu dois être mort de faim ?
- C’est peu de le dire.
- Il y a des conserves dans le placard. La nuit va bientôt tomber. Les agents de SEASIDE ne nous trouveront jamais ici. Il y a une salle de bain au bout du couloir et une chambre en face. Je dormirai dans le salon. Repose-toi. Nous y verrons plus clair demain matin.
Felicity sort une montre d’un tiroir et la tend à Ethan.
- Tiens. Tu en auras sûrement besoin. Garde-la toujours près de toi.
- D’accord. Merci.
Après un bon repas revigorant, l’heure est venue pour Ethan de se mettre au lit. Mais, avant ça, il se dit qu’une bonne douche ne pourrait lui faire que le plus grand bien après la journée harassante qu’il vient de vivre. Pendant que Smith déplie le canapé-lit du salon, il se dirige donc vers la salle de bain qu’elle lui avait indiquée plus tôt. Il ferme la porte à clé et commence à se déshabiller.
Chaque geste est douloureux. Depuis qu’il est revenu à lui à l’hôpital, il a mal partout, sans savoir pourquoi. Il retire sa chemise et constate, en contemplant son reflet, que son ventre et ses bras sont affublés d’entailles semblant très récentes. En pivotant pour examiner ses blessures de plus près, il remarque une cicatrice plus importante au niveau de son épaule gauche. La plaie a été refermée avec des points de suture. Voir cela lui fait l’effet d’un électrochoc. Tout à coup, il se souvient de quelque chose.
Le bar s’appelle « Le Dragon Rouge ». Il appartient à la Bratva, la mafia russe. Facile à repérer. L’Agent Douglas doit suivre les ordres. Passer par la ruelle, derrière le bar. Il n’y a qu’un seul garde légèrement armé. Une arme de poing. Un P99, d’après les informations. Il doit s’infiltrer discrètement pour tuer un Capo de la Bratva. C’est un test de ses supérieurs, mais il n’en a pas conscience.
Douglas pénètre dans la ruelle. Le garde est bien là. Il fume une cigarette. Ethan a le temps de faire quelques pas avant qu’il ne remarque sa présence. Le russe jette son mégot par terre et sort son arme pour la braquer sur l’agent secret.
- Stoy !
Sans même prendre le temps de lui répondre, Douglas fait une prise au mafieux, ce qui lui fait lâcher son arme, et lui plante son couteau dans la gorge avant qu’il ne donne l’alerte. Le garde est éliminé.
Ethan entre dans le bar par la porte de service que protégeait l’homme qu’il vient de tuer. Il avance un peu et tombe sur les cuisines. Un homme portant une toque le regarde.
- Kto ty takoy ?
- Tvoy khudshiy koshmar.
On pourrait traduire cet échange par :
« - Qui es-tu ?
- Ton pire cauchemar. »
Sur ces mots, le cuisinier tente de planter Ethan avec un couteau, mais l’espion esquive et retourne l’arme contre son ennemi. Quelques commis arrivent ensuite et, en voyant leur chef se vider de son sang, ils s’emparent à leur tour de couteaux et se jettent sur Douglas. Pendant la bataille, Ethan est blessé au ventre et aux bras. Il semble avoir un problème de motricité. Ses réflexes sont lents et ses gestes ne sont pas coordonnés. Malgré cela, il tourne la situation à son avantage et parvient à neutraliser tous ses ennemis.
Probablement alarmé par ce vacarme, un homme armé d’un Mini Uzi entre dans la cuisine par la porte donnant sur la salle principale. Ethan ne lui laisse pas le temps de réagir. Il dégaine son arme, un USP Tactical, et descend le mafieux.
Il se rend ensuite dans la salle principale et y découvre sa cible, entourée d’hommes armés. Une bouteille de vodka et un jeu de cartes sont posés sur la table autour de laquelle ils sont assis.
- Tu es venu me tuer ? lance le Capo avec un fort accent.
- Vous êtes très perspicace.
Dans un geste d’une rapidité fulgurante, Douglas pointe son arme sur sa cible et tire. La balle passe près de l’oreille du Capo et vient se loger dans le mur derrière lui. Il ne comprend pas. Le projectile aurait dû faire mouche.
Aussitôt, un autre mafieux tire sur Ethan. Celui-ci reçoit la balle en plein dans l’épaule gauche et tombe à terre. Il est presque inconscient. Ses ennemis le croient mort. Avant de perdre totalement connaissance, il peut les entendre dire dans leur langue natale :
- Que fait-on de lui ?
- Jetez-le dans la Seine.
Felicity frappe à la porte.
- Tu en as encore pour longtemps ?
Pas de réponse. Ethan se remet de ses émotions. Il a découvert comment il s’est retrouvé dans cette situation. L’infirmière lui a dit qu’il avait été repêché dans la Seine. Il sait à présent pourquoi. Mais alors, pour quelle raison a-t-il le souvenir de s’être jeté du toit d’un immeuble ? C’est ce qu’il doit découvrir. Il doit savoir qui il est vraiment et ce qu’il faisait avant de perdre la mémoire. Il doit trouver des réponses. Il ne peut se fier à personne. Même pas à Felicity. Après tout, il ne la connaît pas. Il n’a aucun souvenir d’elle. Et elle ne lui fait pas confiance. Elle le lui a clairement dit.
- Ethan, tu es là-dedans ?
- Oui, je fais au plus vite, désolé.
C’est décidé, cette nuit, quand Smith dormira, il se rendra au Dragon Rouge. Seul. Personne ne lui mettra des bâtons dans les roues. C’est son combat. Sa mémoire. Sa vie. Il doit découvrir qui il est. À n’importe quel prix.
Planque de Felicity Smith, Paris, France.
Les heures passent. Ethan est dans le lit que Felicity a gentiment mis à sa disposition. Il attend le bon moment pour fausser compagnie à la jeune femme. Il craint qu’elle ne dorme pas encore. Lui, il a été sous sédatifs toute la journée. Il s’est assez reposé. Il n’a pas sommeil. De toute façon, il est bien trop excité à l’idée de découvrir la vérité sur son identité. Il va enfin avoir des réponses. En tout cas, il l’espère. Cela ne fait pas longtemps qu’il a perdu la mémoire, pourtant, il a l’impression d’avoir passé une éternité à se poser des questions sur ses origines.
Il en a marre. Il est trois heures du matin. L’Agente Smith doit dormir, à présent. Ethan sort de son lit en faisant voler la couverture d’un geste. Il ne s’est jamais mis à l’aise pour dormir. Cela n’a jamais été son but. Il s’est couché tout habillé, avec des vêtements qu’il a trouvé dans la chambre de l’appartement secret. Il se lève et se dirige discrètement vers la porte. Il a de la chance, sa chambre n’est pas loin de l’entrée. Marchant à pas de loups, il veille à ne pas réveiller Felicity, endormie sur le canapé-lit, au milieu du salon. Il s’empare de la clé et se glisse silencieusement à l’extérieur de l’appartement.
Le Dragon Rouge, bar appartenant à la Bratva, Paris, France.
Après plusieurs longues minutes de marche, il est enfin arrivé. Étrangement, il n’a eu besoin d’aucune carte ou GPS. Il s’est souvenu du chemin comme s’il connaissait l’endroit comme sa poche.
C’est bien ici. Il reconnait le néon en forme de dragon illuminant les pavés de la rue d’une lumière rougeoyante. Ce soir, le bar n’est pas fermé. Il est tard, mais des clients traînent encore autour des tables. Ethan les aperçoit à travers les fenêtres. Prenant son courage à deux mains, il inspire un grand coup, s’avance et pousse la porte.
Il y a de la musique. Les gens discutent et s’amusent. Ils n’ont pas l’air de savoir à qui appartient l’établissement et à quoi servira l’argent qu’ils dépensent en ce moment. Ethan observe autour de lui, cherchant un des mafieux qu’il a pu rencontrer la nuit dernière. Cependant, il ne voit rien. Il a du mal à se concentrer. Il semble avoir perdu les aptitudes dont il a fait preuve dans son souvenir en même temps que sa mémoire.
Tout à coup, il sent quelque chose de dur dans son dos. Une main se pose sur son épaule et un homme se colle à lui.
- Pourquoi reviens-tu encore ici ? lui chuchote-t-il en russe.
- Je cherche des réponses.
Ethan comprend et parle parfaitement cette langue. Ses facultés linguistiques ont, apparemment, été épargnées par son amnésie.
- Avance.
Le canon de son arme toujours pointé sur l’Agent Douglas, le russe pousse ce dernier vers une porte, au fond du bar. Les deux hommes traversent la salle comme si de rien n’était, sans éveiller le moindre soupçon chez les clients.
- Entre, souffle le mafieux une fois au niveau de la porte menant à l’arrière-boutique.
Ethan s’exécute sans discuter. Après avoir longé un petit couloir mal éclairé, l’homme armé frappe à une porte.
- Je suis occupé ! crie une voix russe à travers celle-ci.
- Je sais, mais j’ai quelque chose qui va vous intéresser.
- Entre !
L’homme braquant Douglas pénètre dans la pièce en poussant son otage devant lui. En entrant, Ethan reconnaît le Capo qu’il était chargé de tuer la nuit dernière. Il est assis derrière un bureau, des liasses de billets devant lui. Un homme, vêtu d’un costume, de l’autre côté du bureau, se lève et salue le mafieux. Il quitte la pièce en prenant soin d’emporter son attaché-case avec lui. Il referme la porte au passage. Le Capo se met debout pour faire face à Ethan.
- Encore toi, siffle-t-il avec un accent prononcé. Que viens-tu faire ici, cette fois ?
- Je cherche des réponses.
- Celles de ce matin ne t’ont pas suffi. Où est l’entourloupe ? Tes collègues t’attendent dehors, prêts à intervenir ? Ils écoutent tout ce qu’on dit grâce aux micros qu’ils ont disposés sur toi ?
- Non, il n’y a que moi. Excusez-moi, vous avez dit ce matin ?
- Oui, tu as déjà oublié ?
- J’étais à l’hôpital. Parce que vous m’avez tiré dessus et jeté dans la Seine, la nuit dernière.
- Tu semblais pourtant être en pleine forme quand tu m’as fait ça.
Le russe désigne le bandage qu’il a à la main.
- Pourquoi ai-je fait ça ? Qu’est-ce que je voulais savoir ?
- Tu n’étais pas très causant.
Ethan ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais un bruit de coup de feu l’en empêche. Le Capo regarde l’homme qui a amené Douglas ici.
- Va voir ce qui se passe, lui ordonne-t-il.
Tandis que son chef sort un pistolet d’un tiroir, l’homme de main hoche la tête, puis fonce dans le couloir. À peine sorti de la pièce, un autre coup de feu se fait entendre et du sang gicle sur le mur. Le corps sans vie du mafieux s’écroule sur le sol, juste devant l’embrasure de la porte. Le Capo pointe son arme dans la direction de la menace, pendant qu’Ethan reste planté là, sans savoir quoi faire.
En un éclair, le visage et l’arme de Felicity Smith apparaissent, puis une détonation retentit. La balle atteint le Capo au bras, ce qui le contraint à lâcher son revolver. Il bascule sur son fauteuil en se retenant pour ne pas hurler de douleur. Il lance un regard accusateur à Ethan.
- Pas de collègue à l’extérieur, hein ?
Douglas se tourne vers Smith.
- Qu’est-ce que tu fais là ?
- Tout va bien ? Tu n’es pas blessé ?
- Je vais très bien. Comment m’as-tu trouvé ?
- La montre que je t’ai donnée. Il y a un traceur GPS dedans.
- Tu m’as collé un mouchard ?!
- J’ai bien fait, non ?
- Non !
Ethan se débarrasse de la montre et la jette par terre.
- J’allais enfin obtenir des réponses !
- Eh bien, maintenant, on peut les obtenir ensemble.
Felicity se dirige vers l’homme blessé, derrière le bureau, d’un air menaçant.
- Parle. Dis-nous tout ce que tu sais sur cet homme.
- D’accord, je vais coopérer. Du calme, Amerikántsy.
- Je suis anglaise, pas américaine. Maintenant, parle !
Elle lui colle son arme sur le front.
- Ok, ok ! La nuit dernière, cet homme est venu pour m’assassiner. Nous pensions l’avoir tué alors nous l’avons jeté dans la Seine. Mais, ce matin, il est revenu, accompagné de nombreux agents gouvernementaux, ressemblant à des Américains. Ils m’ont posé des questions sur ce que j’avais fait de toi et ils m’ont même blessé pour que je leur réponde. Je leur ai donc expliqué la situation et ils m’ont dit que si je te revoyais, je devais les avertir immédiatement.
- Mais, ça n’a aucun sens, intervient Ethan. Je vous ai interrogé pour savoir ce que j’étais moi-même devenu ? Je me cherchais tout seul ?
- Ce n’est pas toi qui as posé les questions, mais oui, c’est à peu près ça. Ne me regarde pas comme ça, je ne comprends pas plus que toi.
- Vous avez dit qu’ils vous ont ordonné de les avertir si vous revoyiez Ethan ? questionne Felicity. Ils vous ont donné un moyen de les contacter ?
De la sueur dégouline du front du Capo.
- C’est possible…
Smith regarde la main encore valide du mafieux et se rend compte qu’il tient un petit appareil de communication dans sa paume.
- Espèce de… !
Elle tend son bras, prête à appuyer sur la détente.
- Non, attends ! tente de s’interposer Ethan.