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Ce court compte-rendu du réveil évangélique qui a marqué l'histoire religieuse et sociale de l'Irlande en 1859, est fort intéressant à plus d'un titre. D'abord parce qu'écrit par un Français méfiant quant à l'origine divine des mouvements appelés réveils ; ensuite parce que ce Français s'appelle Napoléon Roussel, évangéliste bien connu en culture protestante, dont la parole se situe au-dessus de tout soupçon. Sous forme de journal, il consigne les observations et les impressions qui ont été les siennes au cours d'un bref voyage fait exprès sur les lieux. Le lecteur en retirera la certitude qu'il s'est effectivement passé quelque chose de divin au cours de ces phénomènes, mais qu'il n'est pas toujours aisé de comprendre le mode d'action de l'Esprit de Dieu, dont les opérations mystérieuses ont néanmoins un but bien clair : sauver les âmes en les amenant à la connaissance de Jésus-Christ Rédempteur et Seigneur. Notre numérisation ThéoTeX reproduit le texte de 1859.
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Seitenzahl: 76
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Ce fichier au format EPUB, ou livre numérique, est édité par BoD (Books on Demand) — ISBN : 9782322484751
Auteur Napoléon Roussel. Les textes du domaine public contenus ne peuvent faire l'objet d'aucune exclusivité.Les notes, préfaces, descriptions, traductions éventuellement rajoutées restent sous la responsabilité de ThéoTEX, et ne peuvent pas être reproduites sans autorisation.ThéoTEX
site internet : theotex.orgcourriel : [email protected]Ceux qui connaissent par ses écrits Napoléon Roussel, l'incontournable polémiste évangélique du 19ième siècle, seront d'avance entièrement convaincus de la véracité du très curieux récit suivant. Il les intéressera d'autant plus qu'à la lecture d'ouvrages consacrés aux réveils, ils ont plus d'une fois regretté qu'ils soient toujours rédigés par des plumes de mentalité anglo-saxonne, trop longtemps après les faits. Or ici nous nous trouvons devant le compte-rendu d'un bon Français, sceptique par tempérament et par hygiène, couché sur papier l'année même du phénomène.
Tout observateur chrétien confronté au bizarre en religion, aspire aussitôt à distinguer entre ce qui vient de Dieu et ce qui vient de l'homme. Ce vœu n'est pas toujours exaucé : Napoléon Roussel confesse sa grande perplexité face à l'épidémie des sévères prostrations physiques qui frappent les pécheurs, lors de ce réveil irlandais. S'il lui était donné d'assister aujourd'hui aux lamentables pantomimes de nos télévangélistes, aux cours desquelles les candidats choisis parmi le public s'effondrent sous la main bénissante du charlatan, il ne se poserait pas la question, puisqu'à l'évidence tout vient de la mise en scène humaine. Mais en ce mois de juillet 1859, à Belfast, les preuves de l'action divine sont trop patentes pour rester ignorées. Cependant, notre compatriote évangélique n'est pas persuadé pour autant que tout dans ce réveil, et plus spécialement les phénomènes physiques, provienne directement de Dieu…
La conclusion du témoin oculaire, sera qu'assurément Dieu permet des choses étranges, peut-être parce qu'elles sont le moyen d'attirer l'attention d'un monde incrédule, mais que la marque essentielle de l'œuvre de l'Esprit de Dieu, reste des cœurs gagnés à Jésus-Christ, des vies transformées, des volontés qui rejettent le mal et poursuivent le bien. Lointains auditeurs des échos de ce puissant séisme spirituel dans l'histoire irlandaise, nous ne pouvons que partager le même constat : il est illusoire pour l'homme de chercher à comprendre et à expliquer toutes les actions de l'Esprit de Dieu ; son devoir n'est que de saisir l'objet que l'Esprit dépeint à ses yeux intérieurs et qu'il offre à sa foi : le Sauveur Jésus-Christ, crucifié pour nos péchés, et ressuscité pour notre justification.
La forme de journal donnée aux pages suivantes n'est pas ici une forme littéraire, c'est bien l'expression de ce qui s'est passé ; j'ai écrit aux jours indiqués. A la fin, au risque de paraître me contredire, je n'ai pas changé ce que j'avais dit au commencement. Dans une recherche de la vérité, je n'ai pas la prétention de l'avoir trouvée avant de m'être mis en route. Les faits successifs m'ont progressivement éclairé. J'ai pensé qu'il serait bon pour le lecteur qu'il sût quelles phases j'avais traversées, et dès lors j'ai donné le simple narré des scènes qui se sont passées sous mes yeux, en y joignant mes impressions du moment. Mon récit est tellement exact, qu'il m'est venu la pensée de lui donner pour titre : Photographie d'un Réveil.
Quant aux extraits dont je fais suivre mon propre travail, je puis affirmer qu'ils sont dus à des hommes dignes de foi. Le premier m'est connu personnellement ; le second a été choisi par un banquier de mes amis comme l'homme le plus propre à lui donner une juste appréciation du Réveil irlandais.
Il y a juste vingt ans que pour la première fois j'entendis parler d'un Revival, réveil religieux, que je crus alors spécial à l'Amérique. Le fait lui-même, les moyens employés pour le produire m'étonnèrent pour ne pas dire plus. Etait-ce une excitation purement humaine ? l'action divine y entrait-elle pour sa part ? Les deux explications me paraissaient également possibles, et je ne m'arrêtai ni à l'une ni à l'autre ; comme il nous arrive lorsque nous n'avons pas un motif pressant, direct, de prendre un parti, je restai dans le doute.
Lorsqu'il y a deux ans j'entendis parler d'un nouveau réveil à New-York, accompli par la simple prière, sans le concours des pasteurs, sans même une simple prédication, je fus cette fois mieux disposé à croire à l'action de Dieu dans ce vaste mouvement religieux. Mais, je dois le dire, je ne fus pas encore convaincu ! Le dirai-je enfin ? je ne le suis pas aujourd'hui, malgré toutes les bonnes raisons qu'on me donne d'y croire.
J'arrive en Ecosse, et la première nouvelle que mes amis me donnent, c'est qu'un réveil plus admirable que celui d'Amérique s'accomplit dans ce moment en Irlande, avec cette particularité que ceux qui sont convertis le sont subitement, et que le changement s'annonce par une commotion morale ou physique, si forte que ceux qui l'éprouvent tombent par terre, s'évanouissent.
Mon premier mouvement a été de sourire ; ces symptômes extérieurs ajoutaient à mon doute. Depuis lors, c'est-à-dire depuis quinze jours, j'ai lu à ce sujet les feuilles publiques, les lettres particulières, et j'ai conçu le désir de me rendre moi-même en Irlande pour voir et entendre. Pour arriver plus sûrement à la vérité, je me propose d'écrire au fur et à mesure de leur accomplissement les faits dont je serai témoin ; et comme mon appréciation risque d'être influencée par mon état d'esprit, il est bon qu'avant de partir, je fixe celui-ci sur le papier.
En thèse générale, je crois que Dieu, non seulement dirige les grands événements de ce monde, mais encore qu'il influe sur notre conduite particulière ; et je ne comprendrais même pas que Dieu dirigeât une nation, sans agir sur les individus qui la composent.
Mais en même temps que j'admets l'intervention de Dieu dans notre vie, j'admets aussi notre liberté, et il se pourrait bien que tel phénomène, attribué à l'action de l'Esprit Saint, fût tout simplement le résultat de notre activité propre. Les réveils religieux d'Amérique et d'Irlande pourraient donc, même tout en admettant la sincérité de ceux qui les subissent, n'être que les résultats de diverses forces humaines.
Ainsi je suis également disposé à admettre les deux interprétations, et j'espère ne me laisser entraîner par aucune opinion préconçue. — La vérité avant tout. — Je n'ai jamais cru que l'erreur pût faire du bien ; et si je juge ce que je vais voir un complot ou une illusion, je le dirai dans l'intérêt même de la Religion, qui ne peut être que la vérité. A dater d'aujourd'hui, je vais donc tenir un journal exact de ce qui se passera d'intéressant sous mes yeux, en accompagnant ce récit des réflexions que les faits pourront m'inspirer. Si le tout me paraît de quelque utilité pour le public, je le publierai.
Nous sommes arrivés ce matin à quatre heures, et pour ne pas descendre de si bonne heure chez des amis qui ne nous attendent que demain, nous allons prendre le thé à l'hôtel. Le garçon, interrogé pendant qu'il dresse la table, nous dit qu'il ne sait pas grand chose au sujet du réveil ; mais qu'il pense que le mouvement faiblit à Belfast, tandis qu'il grandit à Ballymena et à Colleraine. — Après le thé nous retournons sur le quai, où un passant m'aborde et me dit : — N'êtes-vous pas monsieur Milne ? — Non, mais son ami. Je lui pose la question : — Faut-il partir pour Ballymena ?— Gardez-vous-en bien, répond-il ! Jamais l'œuvre ne fut plus prospère à Belfast. Avant-hier nous avons eu une réunion en plein air de cinq mille personnes. Hier soir une assemblée a été convoquée dans l'église de M. Toye à huit heures du soir ; elle dure encore dans ce moment (cinq heures du matin) ; il a été impossible de congédier la foule ; il y a encore là cent personnes qui ne veulent pas s'en aller.
Nous prenons enfin un cab et nous partons pour la campagne de notre hôte. Après les premières salutations, je mets le sujet sur le tapis : — Avez-vous entendu parler, lui dis-je, d'une réunion en plein air de cinq mille personnes, tenue avant-hier ?— Cinq mille, dit-il ? Dites donc trente mille ! Oui, trente mille personnes sont venues à la réunion du jardin botanique, la foule se renouvelait par partie ; mais il y a toujours eu à la fois au moins quinze mille personnes. Moi-même, je suis allé dans un village voisin, où j'ai trouvé le peuple dans une excitation impossible à décrire : cris, pleurs, chants, prières, c'est inimaginable, je les ai engagés à se calmer, en allant de maison en maison, etc.
Nous déjeunons et repartons pour la ville à la recherche d'informations sur les réunions religieuses qui doivent se tenir le même jour. D'abord, peine perdue : personne n'est à la maison. Enfin on nous offre d'aller voir une jeune fille qui depuis peu de jours s'est sentie convaincue de péchés,