Le Traité du Narcisse - André Gide - E-Book

Le Traité du Narcisse E-Book

André Gide

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Beschreibung

"Les livres ne sont peut-être pas une chose bien nécessaire ; quelques mythes d’abord suffisaient ; une religion y tenait tout entière. Le peuple s’étonnait à l’apparence des fables et sans comprendre il adorait ; les prêtres attentifs, penchés sur la profondeur des images, pénétraient lentement l’intime sens du hiéroglyphe. Puis on a voulu expliquer ; les livres ont amplifié les mythes ; – mais quelques mythes suffisaient."


À PROPOS DE L'AUTEUR


André Gide (1869 - 1951) était un auteur français et lauréat du prix Nobel de littérature (en 1947). La carrière de Gide s'étend de ses débuts dans le mouvement symboliste à l'avènement de l'anticolonialisme entre les deux guerres mondiales. Auteur de plus de cinquante livres, au moment de sa mort sa nécrologie dans le New York Times le décrivait comme "le plus grand homme de lettres contemporain de France" et "jugé le plus grand écrivain français de ce siècle par les connaisseurs littéraires".

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Le Traité du Narcisse

André Gide

– 1891 –

 

 

À Paul Valéry

 

Nuper me in littore vidi.

Virgile.

 

 

Le Traité du Narcisse parut dans les Entretiens politiques et littéraires, numéro de janvier 1891 ; puis, presque aussitôt après, à la librairie de l’Art Indépendant.

 

Les livres ne sont peut-être pas une chose bien nécessaire ; quelques mythes d’abord suffisaient ; une religion y tenait tout entière. Le peuple s’étonnait à l’apparence des fables et sans comprendre il adorait ; les prêtres attentifs, penchés sur la profondeur des images, pénétraient lentement l’intime sens du hiéroglyphe. Puis on a voulu expliquer ; les livres ont amplifié les mythes ; – mais quelques mythes suffisaient.

 

Ainsi le mythe du Narcisse : Narcisse était parfaitement beau, – et c’est pourquoi il était chaste ; il dédaignait les Nymphes – parce qu’il était amoureux de lui-même. Aucun souffle ne troublait la source, où, tranquille et penché, tout le jour il contemplait son image… – Vous savez l’histoire. Pourtant nous la dirons encore. Toutes choses sont dites déjà ; mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer.

 

Il n’y a plus de berge ni de source ; plus de métamorphose et plus de fleur mirée ; – rien que le seul Narcisse, donc, qu’un Narcisse rêveur et s’isolant sur des grisailles. En la monotonie inutile de l’heure il s’inquiète, et son cœur incertain s’interroge. Il veut connaître enfin quelle forme a son âme ; elle doit être, il sent, excessivement adorable, s’il en juge par ses longs frémissements ; mais son visage ! son image ! Ah ! ne pas savoir si l’on s’aime… ne pas connaître sa beauté ! Je me confonds, dans ce paysage sans lignes, qui ne contrarie pas ses plans. Ah ! ne pas pouvoir se voir ! Un miroir ! un miroir ! un miroir ! un miroir !