Les aléas d’une société humaniste - Robert Mosnier - E-Book

Les aléas d’une société humaniste E-Book

Robert Mosnier

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Né à la Renaissance, l’humanisme place la liberté individuelle au cœur du collectif, visant l’épanouissement humain par l’éducation et l’esprit critique. Il a fait de l’Occident un bastion de liberté, de démocratie et de libéralisme, mais s’est heurté à ses contradictions : entre idéaux humanistes et société capitaliste, entre discours et réalités. Fondée sur l’intérêt personnel, la modernité occidentale engendre compétition et domination, détournant ses propres valeurs. Ses adversaires – empires, oligarchies, théocraties – dénoncent une illusion humaniste qui, loin de libérer l’individu, le dévoie. Dans un monde saturé d’informations biaisées, cet essai invite à une réflexion lucide et rationnelle pour retrouver les fondements authentiques de l’humanisme et éclairer les défis contemporains.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Médecin psychiatre et ancien expert auprès de la fonction publique et de la DDASS, Robert Mosnier a consacré sa carrière à l’écoute et à l’analyse des dynamiques sociales et humaines. Engagé dans le milieu associatif et l’humanitaire, il nourrit une passion profonde pour l’histoire et la sociologie, disciplines qui enrichissent sa réflexion sur notre société contemporaine. Fort de son expérience, il signe "Les aléas d’une société humaniste", un ouvrage qui éclaire les grands enjeux contemporains et le rôle des valeurs humanistes face aux défis actuels. Auteur de nombreux articles et conférences sur l’histoire et la psychopathologie, Robert Mosnier est également membre de l’Académie du Languedoc.

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Seitenzahl: 172

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Robert Mosnier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les aléas d’une société humaniste

Pensées en libre cours du docteur Robert Mosnier

Essai

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Robert Mosnier

ISBN : 979-10-422-6387-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

Avant-propos

 

 

 

Apparu à la Renaissance, l’humanisme place la liberté de l’individu au sein du collectif, rendant ainsi l’Occident porteur d’un message de liberté et promoteur de la démocratie et du libéralisme. C’est, hors de ses écueils dont cet essai traite aussi, la visée d’une liberté accessible à tous.

 

L’humanisme aujourd’hui n’a pas toujours bonne presse dans le monde. « L’humaniste » : « l’honnête homme » qui vise la probité, la loyauté, une réflexion et un raisonnement détachés de préjugés, d’effets de mode et éloignés de tout fondamentalisme, passe pour un doux rêveur, un utopiste enfermé dans des valeurs obsolètes (parfois même qualifiées de bourgeoises à relent conservateur) ou plutôt non concrètes. S’y ajoutent des références à un mode de dominance, un paternalisme désuet et le procès en est fait…

 

La complexité des rapports humains, les tensions engendrées par la mondialisation dans un espace limité, un temps mesuré, appellent à une nouvelle réflexion. La majorité des pays de la planète récuse nos valeurs perçues paradoxalement comme liberticides, en contradiction avec nos prétentions avérées de respect de la personne humaine.

La vie, la mort, le sens de nos engagements personnels comme collectifs reposent sur une histoire que l’on ne saurait nier. La primauté de l’émotion peut induire des raisonnements à court terme et tronqués par nos influences reposant sur des fixations plus ou moins conscientes inscrites au plus profond de nous-mêmes.

Cet essai, Les aléas de l’humanisme, se veut un parcours où chacun peut se retrouver en accord ou désaccord. Il vise à inculquer au lecteur la primauté de la réflexion sur des attitudes imposées, éloigner l’aspect passionnel pour retrouver le droit à la différence et restaurer la continuité du dialogue dans un climat apaisé et propice au vivre-ensemble.

Robert Mosnier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sociologie et politique

 

 

 

 

 

Démocratie et libéralisme

 

 

 

L’Occident dans son esprit universaliste s’interroge sur le fait qu’une grande partie des nations rejette notre démocratie et l’économie libérale qui la sous-tend. L’explication rationnelle mise en avant serait une jalousie persistante devant une réussite économique manifeste ; la liberté du peuple souvent confisquée en terre non démocratique expliquerait le retard en matière de développement et d’acquisition de richesses, détenues pour l’essentiel par une minorité active ou non.

 

Cette propension à vouloir imposer notre modèle consacre la superbe de nos pays de droit où l’individu est protégé de l’arbitraire du collectif mais cela engendre chez les autres nations une pensée contrariant leurs traditions, affaiblissant leurs pouvoirs coutumiers et les exposant aux fuites de leurs élites. S’ensuivent dans ces pays dépossédés de leur histoire et leur culture conçue comme primaire des désordres alimentant des guerres civiles ou religieuses et une corruption plus ou moins généralisée avec l’asservissement des classes laborieuses.

 

Il existerait une seule vérité, la nôtre. S’en détourner serait le maintien d’une médiocrité réfutant toute notion de progrès.

 

La liberté contrariée en matière sociétale ou corsetée dans des valeurs prétendument rigides n’implique pas un développement consenti, les rares réussites reposeraient sur des pays rentiers qui infligent, il est vrai, leurs diktats et exposent nos démocraties à d’éternelles contradictions.

 

« Le gouvernement du peuple par le peuple et pour ledit peuple, serait le moins mauvais, car de bon, il n’en existe pas ! » dit Abraham Lincoln.

 

Il s’oppose à la théocratie, comme en Iran où la loi universelle de Dieu s’applique dans les conduites humaines, mais il s’oppose aussi à travers une oligarchie (comme en Russie) à une minorité qui détient l’économie, la finance, le potentiel militaire, une sorte d’aristocratie, élite intellectuelle héréditaire ou non, selon le mérite ou non qui ordonne et régule la vie des peuples, héritiers de la longue durée d’un système monarchique non tempéré où un roi (ou tsar) imprime sa marque et réfute toute controverse.

 

Pour autant, la démocratie n’est pas exempte de défauts. Elle nécessite un préalable, une identité commune, un système éducatif adapté et surtout l’intériorisation de multiples interdits, respect de soi-même et d’autrui, un élan de participation à une œuvre et des projets communs, une violence contenue, une autorité partagée et un esprit de tolérance réfutant toute dominance.

 

Ainsi, les différentes cultures retiendront leurs analogies, règleront leurs différends sans les annuler dans un souci d’égalité et de partage. Elles s’efforceront au compromis en lissant leurs aspérités, en rejetant toute provocation du mieux qu’elles le peuvent. Les efforts consentis permettront une meilleure connaissance réciproque et seront source d’altérité.

 

C’est une finalité en l’homme, héritage des Lumières ; ce bonheur sur terre est sans référence à une quelconque transcendance qui elle est recluse dans l’ombre du privé. Cela est la base de notre laïcité, nécessaire pour le vivre-ensemble, la distinction entre la sphère publique où aucun signe religieux ne doit s’étaler de façon péremptoire mais il en découle parfois une incompréhension qui peut aller jusqu’au rejet.

 

Il nous a fallu quatre siècles pour museler nos degrés de violence, s’approprier partiellement nos choix, c’est un long et lent travail sur nous-mêmes dans le respect des différences qui consacre la démocratie, elle demande une maturation et risque toujours d’être dévoyée, confisquée.

 

La fragilité des démocraties est aussi leur force, si elles ne maltraitent pas la pensée de leurs adversaires et instituent un devoir de conciliation, toujours à maintenir et renouveler selon les circonstances.

 

Ainsi, la démocratie serait un aboutissement d’une civilisation polie, parvenue à un haut degré de civilité, le libéralisme tempéré par une meilleure redistribution des richesses pourrait affirmer une réussite partagée sans préjugé et acceptation des différences.

 

 

 

 

 

Entre empire et nation

 

 

 

La guerre russo-ukrainienne et ses horreurs à l’égard des civils qualifiées de crimes de guerre semblent d’un autre temps, les hommes s’enterrent, disparaissent dans le cataclysme du feu du ciel, établi à distance. Sous l’impact des bombes, le sifflement strident des missiles avant leur éclatement, le bruit lancinant des sirènes, la vie s’interrompt. Un spectacle de désolation surgit, ruines fumantes qui implorent un terme qui se dérobe, êtres en errance frappés de stupeur, de colère et d’incompréhension qui fuient vers un nulle part, en ayant tout perdu sauf un souffle de vie.

 

Cela renvoie à un autre temps. Celui par exemple des hordes de barbares de l’Est qui seraient entre autres des cavaliers turco-mongols venus des steppes lointaines pour répandre la terreur et la mort, ils viennent et détruisent tout sur leur passage, se retirent pour se regrouper et attaquer à nouveau, se repaître de la terreur qu’ils inspirent, haine complètement distillée et vide où l’espoir est aboli ?

 

Pour en revenir au temps présent après ce triste constat que l’histoire peut se confondre entre périodes atroces, nous nous sentons spectateurs impuissants ou complices, nous observons ces déplacements de population, nous tentons, tout en étant englués dans nos contradictions, nos besoins et nos craintes, d’y remédier, d’y apporter une aide humanitaire, compromis entre une fuite en avant et une réserve de plus en plus difficile à tenir.

 

Le peuple grec nous a donné la démocratie, non sans rupture ou guerre intestine mais au travers du soldat citoyen, l’hoplite fantassin organisé en phalange, obligé de son partenaire, sa défense réciproque et protecteur de sa liberté. Il est opposé à l’immense cohorte perse avec sa superbe, l’empereur Xerxès, battant les eaux de la mer déchaînée qui retarde sa traversée…

 

L’intelligence, la maîtrise et la discipline, une action ordonnée auront raison d’une armada, sans ambition commune ni idéal à défendre, engluée dans la puissance et l’esprit de dominance.

 

Rappelons-nous David contre Goliath, ou aux Thermopyles quand les trois cents Lacédémoniens se sacrifièrent pour la victoire des cités de l’alliance grecque.

 

Un empire est un ensemble de peuples, nations et nationalités confondus aux intérêts souvent contradictoires qui ne trouve son unité qu’au travers d’un personnage charismatique, dénominateur commun qui réduit et apaise les tensions.

 

Sa stabilité repose sur une administration forte et reconnue, une puissance dont on cache les fragilités et un pouvoir d’intimidation redoutable tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. On y trouve une police politique, une armée aux ordres, une justice répressive en matière d’opinion publique. L’intérêt collectif noie les aspirations individuelles, le sujet se doit d’être conforme aux exercices imposés.

 

L’Empire repose sur la grandeur, la fuite en avant, une oligarchie à la fidélité sans faille, le mensonge n’a pas de conséquence si la fierté envers le pays n’est pas ébranlée, l’injustice, partie prenante n’est que contingente.

 

Pour le peuple russe, héritier d’un passé violent, seul compte l’intérêt commun et ses multiples composantes, la puissance recouvrée que lui dispute un Occident séducteur et trompeur, fracture la vassalité de ses voisins, son glacis protecteur pour éviter son éclatement.

L’ouverture vers les mers chaudes, de la Baltique à la Méditerranée, conditionne toujours sa politique étrangère, le crime pour éliminer toute opposition est une arme comme une autre, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, une forfaiture. Pour eux les droits de l’homme et du citoyen relèvent d’une profonde naïveté et quand ils sont appliqués en Occident, ils sont dévoyés par la dissolution des mœurs !

 

La nation occidentale repose sur la personne, une identité commune, quelle que soit l’origine des citoyens, tout en tolérant certains particularismes, une justice libre de toute emprise politique, économique ou sociale et un mode de vie consacrant la primauté de l’individu et tendant vers l’égalité.

 

L’Europe s’est construite sur l’idée de nations souveraines, elle évolue lentement dans l’intériorisation d’un processus commun en redistribution de richesses et se méfie d’un fédéralisme qui amoindrit le pouvoir de l’état.

 

L’incompréhension réciproque menace l’unité du monde, l’âme russe profondément mélancolique, se sent très vite humiliée, menacée, elle croit au complot et réagit tel Cronos dévorant ses enfants. Les satellites qui l’entourent doivent rester dans son orbite ou subir l’invasion.

 

Ce sont deux conflits de légitimité qui s’affrontent, entre Empire et Nations. Et même si l’agresseur impérialiste est bien identifié, la prétention à l’universalisme par et de l’Occident porte aussi sa part de responsabilité.

 

 

 

 

 

Entre retraite et vieillesse

 

 

 

Nous sommes dans la Silver Economy, celle des cheveux gris ou argentés. Celle du temps libre appuyé sur une retraite qui n’est pas encore obérée, un pouvoir d’achat couplé à une santé maintenue pour l’essentiel jusqu’à quatre-vingts ans.

 

Pour les économistes, le troisième âge se décline en santé, voyages, loisirs, dépendance, technologies nouvelles permettant le maintien à domicile, l’accompagnement dans les tâches ménagères, la libre circulation, la découverte de nouveaux apprentissages sans l’obligation de réussite, en un mot : une liberté recouvrée si la santé physique, mentale, sociale de la personne le permet.

 

Pour autant, la situation tant extérieure que le vécu intérieur ne prédispose pas à une telle embellie.

 

Le jeune retraité se voit confronté à devenir parent de ses propres parents, non sans difficulté et agression réciproque, soutien de ses propres enfants, gardien certains jours ou certaines heures de ses petits-enfants. La situation économique l’amène à partager ses biens plutôt que d’en profiter ouvertement, il le fait avec grâce ou obligation.

Le temps n’est pas aussi libre qu’on ne le pense. Il faut aussi surveiller son état de santé, son hygiène de vie, son alimentation, son sommeil, partager son temps libre avec l’autre, veiller à nos activités sans se laisser envahir par elles (comme c’est parfois le cas dans la vie associative)…

 

En même temps et au fur et à mesure, l’espace se réduit, les réflexes ne sont plus les mêmes, les craintes augmentent, la rapidité dans l’exécution des tâches assignées diminue.

L’outil qu’est le cerveau se doit en permanence d’être stimulé, la mémoire soumise à des exercices, l’éveil sur le monde et la critique qui en découle, se doivent d’être maintenus.

 

En l’absence de toute affection chronique, le maintien de la santé se déroule en mesures extérieures. Poids et taille avec l’indice de masse corporelle calculé. Analyses biologiques avec marqueurs des cancers, vérification des appareils pulmonaires, circulatoires, rénaux pour maintenir le plus longtemps possible une mécanique bien huilée.

 

La place dans notre société est marquée par le bénévolat et la reconnaissance sociale. Le maître-mot est accompagnement des petits-enfants et arrière-petits-enfants dans leur développement, leurs affects, la position parentale vis-à-vis de ses propres parents et les multiples prolongements sociétaux dans la vie éducative, sportive, culturelle, humanitaire.

 

Le pouvoir de décision a laissé place à celui de la concertation et dans une moindre mesure du conseil, compétence ressentie souvent comme obsolète se reposant sur une sagesse éloignée du quotidien et des transformations et orientations de la vie. Mais l’influence est grande en matière politique voire au niveau d’expertise en des domaines philosophiques surtout, elle est en revanche très relative en matière éducatrice et sociétale.

 

 

La vieillesse, oh pardon, les troisième et quatrième âges, est un espoir et une tragédie : espoir d’une vie en bonne santé et d’un quotidien ouvert sur le monde ; tragédie d’une descente aux enfers, la maladie, la mort, longue agonie d’une dépendance qui épuise surtout si la personne est en proie aux pulsions mortifères et déplace l’agression qu’elle vit sur les autres.

 

C’est un temps véritable de plénitude ou de manques et de vide. Le caractère, selon qu’il soit enjoué ou soucieux, prend toute son importance et détermine souvent la teneur de ce temps. Il en est des personnes qui rayonnent dont le charisme attire comme un aimant, jeunes et moins jeunes, et d’autres que l’on redoute, tant leur agressivité ou la litanie de leurs misères effraient.

 

Choisir librement, y compris savoir dire non, sans culpabilité ou défense de son temps pour une hygiène de vie personnelle, quelle qu’en soit l’appréciation des autres et compte tenu de son propre état, autorise une vieillesse heureuse et une considération envers soi-même et les autres.

 

 

 

 

 

Entre solidarité et assistanat

 

 

 

La solidarité de nos jours est malheureusement parfois gangrénée par l’assistanat, elle s’amplifie d’une vague intarissable qui entraîne doute et confusion. Dans nos pensées, notre mémoire collective, elle s’intéressait aux handicapés, à la santé, maladies et accidents et au social représenté par la vieillesse, les familles nombreuses, les gens en quête de travail.

 

Aujourd’hui, elle est confrontée au chômage de masse, au flux des migrants, à la raréfaction du travail exposant à la précarité et aux désordres occasionnés par les désillusions et les manques de toutes sortes.

 

Elle s’alimente de l’émotion légitime des multiples combats certes, mais organisés sur un mode agressif de supplications où le sublime côtoie l’horreur, la désespérance du toujours plus !

 

La solidarité s’adresse aux gouvernements, aux collectivités désargentées, aux contribuables, mais aussi à ces classes pourvoyeuses de richesses moyennes ou aisées, qui se vivent volées des fruits de leurs efforts.

 

L’urgence a pris le don d’ubiquité, sans cesse renouvelée et immédiate, elle fait appel à l’esprit de pauvreté, soupçonne la réussite qui ne serait pas assez partagée. Elle engendre la fuite ou la colère désabusée.

 

Dans notre inconscient, la solidarité s’exerce dans l’amour et la compassion éloignant notre jugement mais sollicitant le partage qui s’exprime dans la réussite salutaire et globale.

 

Mais si elle est appelée à combler un tonneau de Danaïdes, elle maintient des attitudes de désespérance, conduites dégradantes de l’être humain : ivrognerie, addictions, héritage de manques, comportements violents instillés dès l’enfance dont le but est d’inspirer la peur et la pitié.

 

Ne se trompe-t-on pas de cible ? Le déplacement sur chacun d’entre nous de tâches dévolues à des États ou des organismes nationaux, oblige un petit nombre de personnes à donner de leur superflu ou leur nécessaire, afin de les maintenir dans une bonne ou mauvaise conscience sans cesse mise à l’épreuve.

 

Alors on s’interroge ? Le don est-il liberté ou culpabilité ? Pour le rendre pérenne, l’on cherche à l’institutionnaliser par des prélèvements à intervalles réguliers. Concerne-t-il nos proches, familles et amis ou… la misère du monde, au regard de la réparation de responsabilités historiques ou l’appartenance à une seule et unique humanité ? De local, il s’internationalise et développe des thématiques toujours plus nombreuses et approfondies, utilisant tous les circuits de l’information.

 

Une réflexion raisonnable amène à douter. Les donateurs, remerciés avec effusion, prélude à une nouvelle demande, ne voient pas et ne savent pas les résultats à long terme d’autant qu’ils sont appelés à verser toujours plus !

 

Cette redistribution est-elle efficace ? Améliore-t-elle le désir de s’en sortir ou conforte-t-elle des gens corrompus qui détournent la générosité ou abusent de la crédulité des donneurs, traduisant l’impuissance des intermédiaires, à faire bouger les mentalités et les consciences ?

 

La personne éloignée de l’emploi a du mal à tenir à distance les rigueurs qu’il impose à savoir l’exactitude, la politesse, la célérité, comme des propos dont le ressenti peut paraître blessant.

 

Un temps d’adaptation, de reprise de confiance, d’assurance est parfois nécessaire. Ce temps est facilité et rendu possible par le tact et la bienveillance de l’employeur et des collègues.

 

La Solidarité impose la responsabilité de tous, dans cette lutte contre l’impuissance et le laisser-aller, elle implique un retour durable sur investissement ; ce combat n’aurait pas de raison d’être si la personne s’enfonçait dans un déni de ses talents, une mélancolie agressive, cherchant inconsciemment à partager ou désirer l’échec. Elle se doit de rayonner dans la réussite qui implique la joie partagée.

 

 

 

 

 

La dictature de l’émotion

 

 

 

La tyrannie de l’émotion masque l’entendement. L’appel à la raison est détourné par la passion ; la conscience obnubilée par l’horreur des situations ne peut avoir la distance nécessaire à une analyse apaisée.

Les contradictions, les fausses nouvelles, les déformations et autres interprétations ajoutent à la confusion et renvoient à un relativisme où tout semble pareil : bien et mal confondus.

Il en résulte amertume et indifférence, les repères deviennent flous ou disparaissent ; alors surgit un sentiment de morosité, une dépression qui détourne les esprits et impose un narcissisme aux effets pervers toujours dans la prévalence de l’instantané.

Le départ en est la dramatisation : un fait divers devient une généralité ; une conduite aberrante devient un phénomène naturel et répandu… Une suspicion permanente s’installe…

Il s’ensuit le prosélytisme de certains, la négation des différences, la tourbe universellement répandue, la vertu a un relent d’hypocrisie et n’est qu’affaire de circonstances.

La suspicion touche tout le monde, infiltre nos esprits, induit des réactions paranoïaques jusque chez les dirigeants et rend le monde insécure et violent.

Faut-il s’enfermer dans sa tour d’ivoire et maudire l’espèce humaine prédatrice ? Ou plutôt ne faut-il pas retrouver l’essentiel ? Le beau, la bonté, l’attention, l’acte gratuit, la pensée dénuée de calcul… En un mot, espérer et vivre dans la confiance ? Cette joie salvatrice repose sur la liberté de l’effort et son corollaire qu’est le renoncement à toute dominance au profit d’un partage équitable et d’une complémentarité des talents.

Cette altérité où l’autre n’est plus consommé comme objet mais restauré dans sa différence et sa complémentarité, où l’autre n’est plus réduit à un état de dépendance, à un coût plus ou moins supportable. Cette altérité-là est nécessaire à l’apaisement des esprits.

Nier ou stigmatiser les effets culturels est répréhensible de part et d’autre car cela entretient la peur et le doute paralysant. Séduction et provocation sont les deux éléments constitutifs de cette dictature par l’émotion. Revenons à la mesure, à un juste équilibre. Poussons la réflexion au-delà en ayant aussi à l’esprit que nous ne pouvons juger à l’emporte-pièce ce que nous n’éprouvons pas.