Les appartements à louer - Ligaran - E-Book

Les appartements à louer E-Book

Ligaran

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Beschreibung

Extrait : "Voici une lettre que j'ai reçue vers le milieu du mois de juillet dernier : London, 4 juin 1832. "Après tous les chagrins que j'ai éprouvés ici, mon cher ami, j'éprouve le besoin de quitter ma belle angleterre pour quelques années, et c'est à Paris que je désire passer ce temps d'exil. Quoique assez jeune encore, mon brick et ma calèche ont tant couru, que je connais tous les petits et grands états des quatre ou cinq parties du monde connu..."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.

LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants :

• Livres rares
• Livres libertins
• Livres d'Histoire
• Poésies
• Première guerre mondiale
• Jeunesse
• Policier

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EPUB

Seitenzahl: 40

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Note de l’éditeur

Paris, ou le Livre des Cent-et-Un publié en quinze volumes chez Ladvocat de 1831 à 1834, constitue une des premières initiatives éditoriales majeures de la « littérature panoramique », selon l’expression du philosophe Walter Benjamin, très en vogue au XIXe siècle. Cent un contributeurs, célèbres pour certains, moins connus pour d’autres, appartenant tous au paysage littéraire et mondain de l’époque, ont écrit ces textes pour venir en aide à leur éditeur qui faisait face à d'importantes difficultés financières… Ainsi ont-ils constitué une fresque unique qui offre un véritable « Paris kaléidoscopique ».

Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Paris ou le Livre des Cent-et-Un. De nombreux titres de cette fresque sont disponibles auprès de la majorité des librairies en ligne.

Les appartements à louer

Voici une lettre que j’ai reçue vers le milieu du mois de juillet dernier :

London, 4 juin 1832.

« Après tous les chagrins que j’ai éprouvés ici, mon cher ami, j’éprouve le besoin de quitter ma belle Angleterre pour quelques années, et c’est à Paris que je désire passer ce temps d’exil. Quoique assez jeune encore, mon brick et ma calèche ont tant couru, que je connais tous les petits et grands états des quatre ou cinq parties du monde connu, aussi parfaitement que mon comté de M… ; et ce que j’ai rapporté de plus clair de mes voyages, c’est que, lorsqu’on ne voyage plus, il faut en revenir à votre Paris. On parcourt, on visite d’autres capitales avec plus d’intérêt et plus de charme peut-être, mais c’est Paris qu’il faut habiter, quand on ne peut pas habiter un bon château de la Grande-Bretagne. Paris, c’est le grand asile et la fête perpétuelle. Tout le monde y trouve sa place ; chacun y est le bien venu ; personne n’y gêne personne. Paris est réellement la patrie de tous ceux qui fuient la leur ; d’ailleurs, mon ami, vous y faites votre résidence habituelle, cette seule… » (Je passe quatre lignes de flatteries amicales, afin que personne ne puisse dire que j’ai inventé la lettre entière tout exprès pour ces quatre lignes.)

« Et puis, vous le dirai-je ? Mathilde N*** était de Paris !… Bref, aurez-vous le temps et la bonté de me chercher un grand et bel appartement non meublé, pour le mois d’octobre prochain. Ma mère et ma sœur m’y viendront voir tous les ans ; il faut donc quelque chose de très complet. Vous connaissez mes goûts, vous savez le prix que j’y puis mettre. Voyez le plus de maisons que vous pourrez, et ce que vous aurez choisi sera bien choisi. Surtout un jardin ; n’oubliez pas le jardin. Le quartier m’est indifférent, pourvu qu’il soit comme il faut ; avec des chevaux, on est voisin de tout.

J’ai encore quelques affaires à régler, mais j’irai bien certainement vous serrer la main au commencement de l’automne. Que deviendrais-je, bon Dieu, si j’attendais à Londres les brouillards de novembre !… de ce mois néfaste, à l’approche duquel l’Anglais le plus heureux a toutes les peines du monde à ne pas se brûler la cervelle !

Tout à vous, for ever.

ROBERT S***. »

P.S. « Pour que cette lettre vous arrive plus promptement et plus sûrement, je vous l’envoie par une bonne occasion. Répondez-moi vite un mot. »

Je répondis en effet par le premier courrier le billet suivant que j’eus l’attention, pour ne pas rester en arrière de politesse, d’écrire en anglais, tout aussi peu élégant que le français de la lettre de sir Robert.

(Traduction française de ma réponse.)

Paris, 18 juillet 1832.

« Comme vous m’avez adressé, mon cher Robert, par une occasion sûre et prompte, votre lettre du 4 juin, je ne la reçois qu’au bout de six semaines et dans un tel état d’avarie, qu’en l’ouvrant elle est tombée en mille morceaux ; on dirait du premier billet d’amour que vient de lire une jeune fille, ou du dernier miroir qu’une vieille coquette a brisé de dépit. Enfin, j’ai tout rapproché, tout recomposé ou deviné, et je vous envoie ce mot de réponse par la poste, la meilleure des occasions.

Je sais les tristes motifs qui vous éloignent pour quelque temps de votre pays natal ; j’approuve, pour mille raisons, et surtout pour une qui vaut les mille autres, le choix que vous avez fait de ce cher Paris que je ne quitte jamais ; et c’est moi qui vous remercie de la peine, très légère d’ailleurs, que je vais prendre avec un grand plaisir, pour vous trouver un appartement à votre convenance… J’allais dire confortable ; mais c’est un mot qu’on a tant répété avec un rire bête, qu’il ne faudrait maintenant rien moins que la torture pour le faire sortir de ma bouche. Ne plaignez pas le moins du monde, mes ennuis ou mes fatigues. Je vous dirai en confidence que je suis le cent quarante-troisième des Cent-et-Un