Les Bayadères - Ligaran - E-Book

Les Bayadères E-Book

Ligaran

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Beschreibung

Extrait : "RUSTAN : Charme des yeux, trésor de grâce et de pudeur, Vous que le ciel créa pour aimer et pour plaire, Exercez aujourd'hui ce pouvoir enchanteur ; Redoublez vos efforts, et méritez le cœur, Du jeune souverain que le Gange révère. L'illustre Demaly, décernant à l'amour. Un prix dont votre âme est jalouse, Parmi tant de beautés qui peuplent ce séjour, Va choisir sa première épouse. LES FAVORITES (à part.) : Sans doute, c'est à moi, Qu'il va donner sa foi."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.

LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants :

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Seitenzahl: 50

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335087536

©Ligaran 2015

Préambule historique

L’histoire n’offre pas de rapprochement plus singulier que celui des bayadères des Indes et des vestales de Rome, et j’ai souvent été surpris que le savant orientaliste William Jones n’en ait pas fait mention dans ses parallèles mythologiques : en effet, un seul point mis à part (lequel éloigne plutôt qu’il ne repousse toute idée de comparaison), les prêtresses du temple de Vesta et les femmes consacrées au service des pagodes indiennes, ont entre elles des traits de ressemblance qui ne peuvent échapper aux esprits les moins attentifs. Dans l’une et l’autre institution, les jeunes filles destinées au culte des autels devaient y être présentées au sortir de l’enfance. Comme les vestales à Rome, les bayadères indiennes étaient environnées de pompe et comblées d’honneurs. Les unes et les autres présidaient aux cérémonies religieuses, aux fêtes publiques, et jouissaient des plus brillantes prérogatives.

À Rome, la direction des vestales appartenait au souverain pontife ; celle des bayadères était confiée au grand-Gouroû, chef des brames.

Il serait facile d’établir ce parallèle sur un bien plus grand nombre de faits ; mais leur développement exigerait une discussion approfondie dont cette notice n’est pas susceptible.

Quoi qu’il en soit, à tant de points de ressemblance on peut opposer un seul contraste qui paraît suffire pour les effacer. Autant la chasteté des vestales était sévère, autant les mœurs des bayadères étaient licencieuses. Sacrifier à l’amour était le devoir des unes et le crime des autres. On eût puni la bayadère pudique avec la même rigueur qui frappait la vestale infidèle à ses serments.

J’ai pu, dans le préambule de la Vestale, donner une idée assez exacte des mœurs de ces vierges pures qui entretenaient à Rome le feu sacré : il serait plus difficile de tracer une image précise des rites que Jagganaut impose à ses prêtresses.

La cérémonie de la consécration des bayadères se fait dit l’anglais Maurice, avec une magnificence singulière ; certains emblèmes hiéroglyphiques, dont je n’essaierai pas de donner l’idée, sont ornés de fleurs, et portés en triomphe dans le temple de Mahadeo. Partout les séductions des sens sont prodiguées ; la fougue des passions est servie et divinisée.

La jeune bayadère fait dans le temple même son éducation licencieuse ; tout ce qui peut faire ressortir sa beauté est mis en usage ; on la pare avec recherche ; les danses les plus voluptueuses, les leçons de la coquetterie, les ressources de la séduction lui sont enseignées par les bayadères qui ont vieilli dans le service du temple.

Elles parviennent ainsi à l’âge où leur beauté doit être le partage du dieu qui les adopte, c’est-à-dire des prêtres qui les élèvent.

Une fois consacrées, elles appartiennent au temple pendant leur vie entière : elles entourent l’autel dans les jours solennels, et répètent leurs hymnes de voluptés. Leurs pieds, chargés de petites sonnettes d’or, combinées de manière à former une harmonie douce et vive, accompagnent les accents de leurs voix. Leurs filles, si elles en ont, deviennent bayadères à leur tour ; et leurs fils servent les prêtres dans les cérémonies religieuses.

Après avoir ainsi tracé rapidement le tableau des mœurs des bayadères, soit dans leurs rapports, soit dans leurs contrastes avec celles des vestales ; je vais m’occuper du sujet de cet opéra. Je reviendrai bientôt aux bayadères elles-mêmes, et à quelques particularités de leur existence.

La considération dont jouit, dans l’Indoustan, cette classe de femmes connues en Europe sous le nom de Bayadères, repose sur une opinion religieuse, présentée dans les livres indiens comme un fait historique. Le récit très succinct que je vais en faire paraîtra d’autant moins déplacé, qu’on y reconnaîtra la source où j’ai puisé le dénouement et quelques-unes des situations du drame que le lecteur a sous les yeux.

On lit dans un des Pouranas (poèmes historiques et sacrés), que Schirven, l’une des trois personnes de la divinité des Indes orientales, habita quelque temps la terre, sous la figure d’un raja célèbre, nommé Devendren. En prenant les traits d’un homme, le dieu ne dédaigna pas d’en prendre les passions, et il fit de l’amour la plus douce occupation de sa vie.