Les Papillottes - Ligaran - E-Book

Les Papillottes E-Book

Ligaran

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Beschreibung

Extrait : "Ninon, écrivant : « Monseigneur, je vous remercie de votre bonté : Molière mérite la faveur que j'ai réclamée pour lui, et vous accomplissez un acte de justice en la lui accordant. Je voudrais pouvoir vous aimer autrement que je ne fais, mais mon cœur est pris… pour le moment. Je vous engage donc à la patience ; et l'espérance, je ne vous la défends point ! Si l'une est une vertu, l'autre est presque un bonheur. – Je suis, monseigneur : Ninon de Lenclos. »"

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Seitenzahl: 47

Veröffentlichungsjahr: 2016

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Personnages

LE COMTE DE SAINT-POL : MM. VOLNYS.

MOLIERE : FONTENAY.

DELAUNAY : MATHIEU.

SAINT-ÉVREMONT : BALARD.

DE LONGUEVILLE : HIPPOLYTE.

D’ESTRÉES : LEPEINTRE.

GERMAIN, domestique de Ninon : PROSPER.

NINON DE LENCLOS : Mmes DOCHE.

LA COMTESSE DE SAINT-POL, mère duComte : GUILLEMAIN.

Mme DE COULANGES : CÉCILE.

Mme DE LAFAYETTE : LACAZE.

La scène se passe chez Ninon de Lenclos.

Le Théâtre représente une pièce de l’appartement de Ninon. Portes au fond ; portes latérales ; une toilette à droite de l’acteur ; une table et tout ce qu’il faut pour écrire, à gauche.

Scène première

Ninon, devant la table, écrivant ; plusieurs valets à livrée derrière elle ; Germain.

NINON, écrivant.

« Monseigneur, je vous remercie de votre bonté : Molière mérite la faveur que j’ai réclamée pour lui, et vous accomplissez un acte de justice en la lui accordant. Je voudrais pouvoir vous aimer autrement que je ne fais, mais mon cœur est pris… pour le moment. Je vous engage donc à la patience ; et l’espérance, je ne vous la défends point ! Si l’une est une vertu, l’autre est presque un bonheur. – Je suis, monseigneur : NINON DE LENCLOS. » Elle met la lettre dans une enveloppe. Picard, portez cette lettre à son adresse ; puis ce paquet, chez M. Poquelin de Molière : allez. Vous, Germain, ce billet, à M. le prince de Condé : s’il vous donne une réponse, vous me l’apporterez sans perdre une minute. Si l’on vous dit qu’il n’y est pas, vous insisterez, en mon nom, et vous donnerez cette bourse aux laquais.

GERMAIN

Et s’ils la refusent ?

NINON

Les laquais des grands seigneurs ne refusent jamais.

GERMAIN

Si pourtant cela arrivait par hasard ?

NINON

Alors, vous la garderiez. À votre retour, qu’il y ait du monde chez moi ou non, vous entrerez. Allez vite.

GERMAIN

J’y cours, mademoiselle.

Scène II
NINON, seule et se levant.

Oui, le tort de Mme de Saint-Pol a été assez expié : que ne dois-je pas faire pour la mère de l’homme que j’aime aujourd’hui ?… Je veux qu’elle rentre à la cour. Longueville aussi obtiendra sa grâce !… voilà trois mois qu’il se cache !… son duel est trop puni !… Quant à la faveur que je demande pour moi, il est impossible qu’on me la refuse : je veux être présentée au Louvre… pourquoi pas ?… la Reine a un grand désir de me connaître, et je n’ignore pas que le Roi donnerait le plus beau diamant de sa couronne… Pauvres monarques ! que votre puissance est fragile !

AIR : Un page aimait la jeune Adèle.

Il est pour vous des heures triomphales,
Jouissez-en, messieurs les rois !
On trouve en France des Omphales
Dont le pouvoir lutte contre vos droits.
Votre faiblesse nous seconde ;
Vous vous courbez alors, et c’est à nous
D’indiquer, en passant, au monde
Qu’on peut voir les rois à genoux.

Ma toilette de présentation est prête : simple, élégante, telle qu’elle convient à Ninon de Lenclos. Ah !… voici l’esclave !… je suis trop heureuse pour le désespérer aujourd’hui.

Elle s’assied près de la toilette.

Scène III

Ninon, Saint-Pol.

SAINT-POL, entrant.

Bonjour à ma gracieuse amie.

NINON

Approchez, bien-aimé comte !… Nous serons gaie ce matin, je vous le promets.

SAINT-POL, s’asseyant à côté d’elle.

La gaîté vous sied si bien !

NINON

Est-ce que la bouderie m’enlaidit ?

SAINT-POL

Vous savez, ma toute belle, que rien n’a ce pouvoir ; pas même ces papillotes que je brûle d’enlever.

NINON

Laissez donc, laissez donc !… ou je serais coiffée comme une femme savante.

SAINT-POL, ôtant quelques papillotes.

Je suis jaloux de ces papiers ! ils me privent du plaisir de voir ces cheveux si beaux !… Mais, dites-moi, avec quoi avez-vous fait ces papillotes ?

NINON

Je ne sais… je n’avais rien !… Ah ! des sermons de Mascaron.

SAINT-POL

Comme vous traitez nos génies ecclésiastiques !

NINON

Les sermons m’endorment.

SAINT-POL

En vérité ?

NINON

C’est un malheur, sans doute ; mais c’est comme cela.

AIR d’Aristippe.

Au premier mot de ces pieux ouvrages
Je sens mes yeux s’appesantir ;
Et si ma main en rencontre des pages,
Lorsque vient l’instant de dormir,
Ai-je donc tort de m’en servir ?
Loin de ma couche écartant les alarmes,
Les saints écrits, dont mon front s’est paré,
M’aident encore à prolonger les charmes
Du sommeil qu’ils m’ont procuré.
SAINT-POL

Impie !… ne pouviez-vous disposer de ce gros manuscrit qui est là, sur cette table ?

NINON

Oh ! non pas ! C’est une comédie de Molière ; et je le respecte, lui, d’abord parce que c’est un grand homme, ensuite parce qu’il n’est que mon ami.

SAINT-POL, souriant.

Impertinente !… Vous ne me respectez donc pas, moi ?

NINON, reculant son fauteuil.

Si monsieur le comte de Saint-Pol le désire ?

SAINT-POL

Un peu !… cela ne gâte rien.

NINON

Prenez garde ! On ne respecte que l’amant qu’on veut prendre ou celui qu’on veut quitter.

SAINT-POL

En ce cas, rapprochez-vous.

NINON

J’y consens : mais rendez-moi mes papillotes.

SAINT-POL

Pas avant de les avoir examinées !… Ah ! vous vous trompiez, ce ne sont point des sermons ! Ceci est un fragment de lettre du comte de Coligny.

NINON

Oh ! rendez-la-moi !… C’est ma première passion, et il est mort. Pauvre comte !… sa lettre méritait mieux que cela.

SAINT-POL, ouvrant une autre papillote.

Dans celle-ci on parle beaucoup d’argent.

NINON

Oui, je me souviens !… c’est un négociant qui a voulu m’acheter… Je lui ai répondu que je n’entendais rien au commerce.

SAINT-POL

Et celle-là ?…

NINON

Ah ! donnez-moi ce papier. Elle le prend. Du moins, vous ne le verrez pas ce soir. Elle l’enferme dans sa toilette.

SAINT-POL