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Extrait : "RAGUFINE, qui est en train de balayer la terrasse du balcon, au fond : La ! bien ! ... bon ! ... encore comme les autres jours... un, deux, trois, quatre, cinq, huit, dix, quatorze bouts de cigare sur la terrasse ! ... Eh ben, il ne se gène guère, le voisin du second ! TRÉBUCHARD, sortant de sa chambre, à gauche : À qui en as-tu ? ... qu'est-ce qu'il y a, Ragufine ? ..."
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Seitenzahl: 38
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335055221
©Ligaran 2015
Un salon octogone. – Au fond, en face du spectateur, une porte fenêtre ouvrant sur un balcon et donnant sur la rue. – Une porte dans chaque pan coupé : celle de droite conduit au dehors. – Deux autres portes latérales, une cave à liqueurs sur un petit guéridon, à gauche. Chaises fauteuils.
TRÉBUCHARD, 29 ans.
PRUDENVAL, propriétaire à Reims.
PIQUOISEAU, capitaine d’infanterie.
BLANCHE, fille de Trébuchard, 48 ans.
CLAIRE, fille de Prudenval, 18 ans.
RAGUFINE, bonne chez Trébuchard.
À Paris, chez Trébuchard.
Ragufine, puis Trébuchard, puis la voix de Piquoiseau.
La ! bien !… bon !… encore comme les autres jours… un, deux, trois, quatre, cinq, huit, dix, quatorze bouts de cigare sur la terrasse !… Eh ben, il ne se gêne guère, le voisin du second !
À qui en as-tu ?… qu’est-ce qu’il y a, Ragufine ?…
Monsieur, il y a… quatorze bouts depuis ce matin !…
Quatorze !… hier, ce n’était que treize… ça augmente… Ah çà ! ce Chinois-là prend-il mon balcon pour un plancher de tabagie… Je vais lui parler ! (S’élançant sur le balcon et appelant vers l’étage supérieur.) Eh ! monsieur !… Capitaine !… capitaine !…
Eh bien, quoi ?… qu’est-ce que vous voulez ?
Monsieur, vous êtes militaire… et je respecte beaucoup l’armée… Mais je vous prie de ne pas jeter vos bouts de cigare sur ma terrasse…
Pourquoi ça ?
Comment, pourquoi ça ?… il est charmant !… parce que c’est malpropre ; ça m’incommode… flanquez-les dans la rue !
Non… ça pourrait tomber sur des militaires.
Alors, il faut que je les reçoive, moi ?… je vous trouve joli !
Il redescend en scène.
Vous n’êtes pas le seul.
Aïe !… encore un… ça fait quinze !
Elle revient en scène
Capitaine ! (À Ragufine.) Ramasse-les ! (Sur le balcon, à Piquoiseau.) Je vais les porter à l’instant même au commandant de la 1re division militaire.
Il revient en scène.
Vous m’ennuyez.
Qu’est-ce qu’il a dit ?
Il dit que vous l’ennuyez.
Est-il encore là ?
Non, il est rentré.
Il a bien fait !… – Ragufine !
Monsieur Trébuchard ?
As-tu religieusement suivi mes instructions ? as-tu clandestinement préparé ma valise ?
Oui, monsieur… elle est là, dans votre porte.
Bien !… Et Blanche… ma fille ?… elle est encore couchée ?…
Non, monsieur… elle m’a déjà campé une gifle à ce matin.
Bah !
À cause que son corset ne voulait pas joindre !
C’est vrai… elle épaissit beaucoup… Qu’est-ce qu’elle fait en ce moment ?
Elle dessine sa tête de Romulus… ça la fait soupirer comme ça. (Elle imite un gros soupir.) Heue !…
Elle est amoureuse de Romulus !… la semaine dernière c’était de Bélisaire !
Faut-il l’avertir que monsieur va partir pour Reims ?
Non pas, sapredié !… je lui écrirai de là-bas… ça m’épargnera les embêtements des adieux !…
Vous ne l’emmenez donc pas ?
Non.
Et vous allez nous laisser toutes seules ?… elle va me laper.
Défends-toi.
Sans compter que mamzelle est peureuse quand vous n’êtes pas là…
Je ne peux pourtant pas la mettre dans mon gousset !… une fille de quarante-huit ans !… je reste bien tout seul… et je n’en ai que vingt-neuf… moi, son père !
La voici !
Pristi ! tant pis.
Trébuchard, Blanche, Ragufine.
Bonjour, papa !
Hein !… papa !… (Haut.) Bonjour, mademoiselle.
« Mademoiselle !… » est-ce que vous êtes fâché contre moi ?
Non, (Avec effort.) ma fille… non, ma chère enfant… (À part.) Comme c’est agréable !
À la bonne heure !… (Avec hésitation.) C’est que je voulais vous demander…
Quoi ?
La permission de sortir…
Voilà tout !… Allez… sortez… tant que vous voudrez !…
Comment ! vous ne me demandez même pas où je vais ?…
Moi ?… je m’en fiche !… (Se reprenant.) Non ! (Se posant.) Et où allez-vous, mademoiselle, s’il vous plaît ?