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Un récit de voyage qui se transforme en tableau érotique de l'Italie du XIXe siècle.
POUR UN PUBLIC AVERTI. Lors d'un voyage à Rome, Théophile Gautier écrit une longue lettre destinée à émoustiller son amie Apollonie Sabatier, une jeune artiste peintre mondaine qui tient un salon parisien et se fait connaître sous le nom de « la Présidente ». La correspondance au ton grivois brosse un état des lieux des moeurs sexuelles en Italie et l'auteur n'hésite pas à décrire ses rencontres galantes.
Lettres à la Présidente, voyage en Italie est suivi des
Poésies libertines.
Un texte grivois agrémenté de poèmes coquins par l'un des plus grands romanciers français.
EXTRAIT
Présidente de mon cœur ,
Cette lettre ordurière, destinée à remplacer les saloperies dominicales, s’est bien fait attendre ; mais c’est la faute de l’ordure et non celle de l’auteur.
La pudicité règne en ces lieux solennels mais antiques, et j’ai le grand regret de ne pouvoir vous envoyer que des cochonneries breneuses et peu spermatiques.
Je vais procéder par ordre de route :
À Genève, le gouvernement vous recommande, à la porte de la ville, devoir ci-derrière ; ce qui est beaucoup, dans une ville protestante, où, pour humilier les catholiques, et leur montrer qu’ils ne sont que des payens sensuels, les femmes se rabotent le cul et les tétons avec la varlope de la modestie, selon la méthode américaine.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Théophile Gautier (1811-1872) est un poète, romancier et critique d'art français. Il rencontre Victor Hugo en 1829 et celui-ci lui donne le goût de la littérature. Gautier était un esthète, privilégiant d'une manière provocatrice l'esthétique au détriment des autres fonctions de l'œuvre. Cet esthétisme est le principal point commun entre ses poèmes,
Émaux et Camées (1852) et ses grands romans,
Mademoiselle de Maupin (1835),
Le Roman de la momie(1858),
Le Capitaine Fracasse (1863). Cependant, même s'il proclame son refus de l'engagement, Gautier ne cesse de témoigner sur son époque de la manière la plus passionnée, dans des œuvres comme
Voyage en Espagne (1845), les
Beaux-Arts en Europe (1855),
Voyage en Russie (1867) ou
Histoire du romantisme (1874).
À PROPOS DE LA COLLECTION
Retrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection
Grands classiques érotiques.
Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans « l'Enfer des bibliothèques », les auteurs de ces œuvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement.
Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les
Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.
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Seitenzahl: 49
Veröffentlichungsjahr: 2018
Émile Bergerat, gendre de Théophile Gautier, dans son curieux livre si documenté, Théophile Gautier, Entretiens, Souvenirs et Correspondance, 1879, Charpentier, s’exprime en ces termes, dans une note à la suite de la lettre I, à Eugène, de Nully, 1835 : « Quant au ton qui règne dans cette lettre et que j’ai été contraint d’adoucir, je l’avoue, il ne faut pas oublier que le Maître avait 24 ans quand il l’écrivit, qu’il l’adressait à un ami intime, comme lui, romantique à tous crins, et habitué au parler salé des ateliers de l’époque. Du reste, elle n’était pas destinée à la publicité ; il est inutile de le faire remarquer. Théophile Gautier a écrit deux on trois lettres libres dans sa vie, (une entr’autres, pendant son voyage en Russie) plutôt pour exercer la verve rabelaisienne qui était en lui, et s’amuser à l’emploi de mots tombés en désuétude, que pour les raisons vulgaires que l’on supposerait.
« Il maniait la langue des vieux conteurs gaulois avec une éloquence prodigieuse ; l’une de ces lettres, dont je parle, le fait l’égal de Rabelais ; de ce morceau d’exécution, les artistes de noire métier qui le connaissent, ne parlent qu’avec enthousiasme : c’est le récit d’un voyage en Italie ; il comprend plus de vingt pages et formerait une plaquette… s’il était imprimable. Il ne l’est pas, malheureusement, car il démontrerait quel orfèvre des mots c’était que Théophile Gautier et quel conteur ! »
Cette démonstration que Monsieur Bergerat ne jugeait pas possible, cette lettre, ce chef-d’œuvre de langue grasse et colorée qu’un excès de pudibonderie a tenu si longtemps sous le boisseau, nous le donnons, pour la première fois, pour l’esbattentent des pantagruélistes et non aultres, comme dit Maître François.
Nous entendons offrir aux curieux bibliophiles, le pendant, en pose, de la jolie publication qu’un Artiste-Éditeur, nous avons nommé Poulet-Malassis, leur a offerte en 1873, sous ce titre : Poésies de Théophile Gautier qui ne figureront pas dans ses œuvres. — France, Imprimerie particulière, ornées d’un portait singulier.
Cette pièce d’éloquence spermatico-breneuse, peut hardiment se présenter comme inédite, malgré l’édition torcheculative parue il y a quelques temps, imprimée au fond d’une cave, et due à l’inepte collaboration d’un courtier, d’un imprimeur et d’un éditeur parisiens plus marrons l’un que l’autre.
L’éditeur, 1890.
Rome, 19 octobre 1850.
Présidente1 de mon cœur,
Cette lettre ordurière, destinée à remplacer les saloperies dominicales, s’est bien fait attendre ; mais c’est la faute de l’ordure et non celle de l’auteur.
La pudicité règne en ces lieux solennels mais antiques, et j’ai le grand regret de ne pouvoir vous envoyer que des cochonneries breneuses et peu spermatiques. Je vais procéder par ordre de route :
À Genève, le gouvernement vous recommande, à la porte de la ville, devoir ci-derrière ; ce qui est beaucoup, dans une ville protestante, où, pour humilier les catholiques, et leur montrer qu’ils ne sont que des payens sensuels, les femmes se rabotent le cul et les tétons avec la varlope de la modestie, selon la méthode américaine.
Nous avons fait tous nos efforts pour voir ces douze fesses prescrites par l’autorité, et nous n’en avons vu que quatre, sur la corde raide, séparées par un périnée plafonnant, et formant, sous la jupe de deux jeunes saltimbanques allemandes, deux culs rebondis, qui ne devaient pas être désagréables dans le tête à tête.
Ne sachant pas l’allemand, il nous a été impossible de prendre langue avec ces derrières, dont l’un était digne de la Mignon de Gœthe, parce qu’il ne l’était pas, mignon.
Oh ! que volontiers, céleste cul, qui m’apparus entre quatre chandelles, j’aurais déployé, en ta faveur, une des quatorze redingotes, objet de l’inquiétude de Louis2 qui les change de place à chaque instant !
La nuit suivante, Dom jacquemart de Bandeliroide, préoccupé de ce cul blanc voltigeant sur le bleu du ciel, me fit rêver que j’étais Brindeau, du Théâtre français, et, qu’avec l’habileté au bilboquet qui caractérise ce pédéraste grassouillard, je recevais, sur une pine en buis, la petite danseuse, attachée, par la ceinture, à une ficelle. La fausse-couche marécageuse et géographique, qui devait résulter de ces fantasmagories nocturnes, n’eut pas lieu, parce que le vilebrequin d’amour me terebrait le nombril avec tant de force que l’angoisse m’éveilla, mon rêve m’ayant transformé en planche à bouteilles, sur l’établi d’un menuisier. Louis plaqua lâchement un foutre épais et jaune, et la chambrière, en faisant son lit, aura pu découvrir l’Amérique dans ses draps. Voilà pour Genève, la patrie de M. Crépin et de M. Jabot, dont le gouvernement emprunte le style. Du reste, pas un vit sur les murs, ils sont sans doute dans le con des femmes, si l’on peut appeler con cette machine à faire des horlogers que les protestantes trimballent entre leurs cuisses décharnées, sous un maigre bouquet de poils à qui les fleurs blanches font faire pinceau.
Dans le Valais, nous avons rencontré ma chimère, c’est à dire la femme à trois tétons ; mais le troisième était un goitre et c’était le seul dur. Je n’ai pas été tenté de demander à cette Isis suisse si elle avait le con en travers, fantaisie chinoise qui m’affriole. Dans l’auberge du Simplon, dont le papier représente les Anglais en Chine, comme un roman de Méry, un parapilla ailé et monstrueux s’introduit dans la bouche de Lady Bentinck, qui s’écrie « Very delicious ! » Les canons sont transformés en membres qui déchargent, les roues forment les couilles, les canons, la pine, et la fumée simule la mousse éjaculatoire : ces embellissements priapiques sont dus au crayon libidineux de jeunes rapins français.
À Domo d’Ossola