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Extrait : "MADAME DE VERSEC : Firmin, dis à ton maître que nous l'attendons ici. (Firmin sort.) (À Henriette.) Allons, ma nièce, prenez l'air qui convient à la circonstance, et souvenez-vous que dans notre famille les femmes ont du caractère. DORVAL : Beaucoup de caractère ! Il est bien décidé que tu ne l'aimes plus, ainsi… MADAME DE VERSEC : Le voici lui-même."
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Seitenzahl: 38
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335087406
©Ligaran 2015
Si j’osais rappeler Montesquieu à propos d’une farce de théâtre, je dirais que l’auteur des Lettres Persanes m’a fourni la première idée du ridicule dont j’ai essayé la caricature dans la petite pièce de Beaufils.
Le besoin d’avoir, ou plutôt de montrer de l’esprit, l’un des travers que les peuples étrangers ont reproché le plus souvent à notre caractère national, ne devait pas échapper à ce peintre original et satirique, qui, dans un ouvrage frivole, trouva le moyen de faire deviner l’auteur de l’Esprit des Lois, et de soumettre son siècle à la puissance de la raillerie et de la raison.
Tout le monde a lu, dans les Lettres Persanes, cette conversation de deux hommes qui font le matin leur conversation du soir, et qui préparent ainsi en famille leurs succès mutuels. On sait aussi que le même ridicule fut attribué à deux gentilshommes de lettres, célèbres à différents titres vers la fin du dix-huitième siècle, et dont l’un avait coutume de dire : « Qu’il bourrait l’autre d’esprit. »
Telle est la donnée première de cette petite pièce, où le comique est porté jusqu’à la bouffonnerie et la bouffonnerie jusqu’à la charge. Je ne prétends ni excuser cette folie, ni m’excuser de l’avoir faite, j’ai ri en la faisant ; les juges ont ri en l’écoutant.
Je crois que l’idée première en est juste et piquante : la vanité mêlée à la sottise ; la niaiserie avide de briller, achetant au poids de l’or ses idées toutes faites, son éloquence toute prête, et son esprit tout arrangé, offrent une extravagance très forte, mais qui tient encore à l’histoire de nos mœurs.
MADAME DE VERSEC.
M. DORVAL, son frère.
FOLVILLE, amant d’Henriette.
HENRIETTE, fille de M. Dorval.
M. BEAUFILS, caricature de petit-maître provincial.
FIRMIN, valet de Folville.
La scène se passe à Paris, dans la maison de M. Dorval.
COMÉDIE.
Madame de Versec, Dorval, Henriette, Firmin.
Firmin, dis à ton maître que nous l’attendons ici. Firmin sort. À Henriette. Allons, ma nièce, prenez l’air qui convient à la circonstance, et souvenez-vous que dans notre famille les femmes ont du caractère.
Beaucoup de caractère ! Il est bien décidé que tu ne l’aimes plus, ainsi…
Le voici lui-même.
Les mêmes, Folville.
J’accours plein de joie et d’impatience.
Il n’y a pas de quoi : mon ami, nom venons…
Mon frère, vous voudrez bien me permettre de parler la première. Il n’est pas de très bon ton, permettez-moi de vous le dire, de méconnaître, comme cela vous arrive à chaque instant, les privilèges de notre sexe.
Parlez, madame de Versec ; parlez.
Mon neveu, en considération de l’honneur que vous avez d’être fils de mon frère Conrad de Folville, de son vivant trésorier de France, j’avais bien voulu consentir à votre mariage avec ma nièce, malgré les fréquentes irrégularités de votre conduite ; Henriette elle-même y donnait son aveu.
J’avais également donné le mien.
Cela va sans dire : nous vous avions imposé pour condition, moi, de ne plus faire de dettes, votre cousine, de ne plus aller chez cette madame de Fintal dont nous avons à nous plaindre.
Et moi, j’avais exigé que tu n’écrivisses plus pour le théâtre.
C’est la moindre chose : vous n’avez point tenu vos engagements ; en conséquence je vous signifie que dès ce moment vous devez renoncer à la main d’Henriette : voilà ma décision.
C’est aussi la mienne.
Et vous, ma cousine ?
Je n’ai pas d’autre volonté.
Ainsi, me voilà condamné ?
Sans appel.
Et sans preuves, ce qui me donne mon recours vers votre justice ; car enfin, si je vous démontrais que j’ai tenu mes engagements ?
En contractant pour deux mille écus de dettes nouvelles.
Pourvu que je les paie.
En continuant à rimailler.
Cela n’est pas prouvé, mon oncle.
En multipliant vos visites chez une femme…
Dont la maison est le rendez-vous de tous les ridicules.
Vous n’y allez pas, ma tante… comment pouvez-vous savoir que j’y retourne ?
J’ai pris mes informations, monsieur, et c’est aussi par ce moyen que j’ai fait connaissance avec vos créanciers.
Venons au fait, ma chère tante : jusqu’ici l’on m’accuse sans preuves ; je me défends de même : prenons le reste de la journée pour fournir chacun les nôtres, et jusque-là ne condamnons personne.