Ma vie, votre œuvre - Alain Kauffmann - E-Book

Ma vie, votre œuvre E-Book

Alain Kauffmann

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Beschreibung

L’hyper-connectivité peut-elle être nuisible ?

L'humanité a créé une toile. Et sur une toile, il y a toujours un prédateur… et de nombreuses victimes. Damien ne sait pas où va sa vie. Il demande aux internautes de choisir à sa place. A eux de faire ses choix… Mais jusqu'où ?

Un roman intéressant qui pose la question des dérives d'Internet chez les jeunes. À ne pas manquer !

EXTRAIT

Une phrase insignifiante, sans aucun intérêt mais qui va être le point de départ de la solution a son problème et même d’une nouvelle vie, même s’il ne le savait pas encore à ce moment là. Un ami, ne sachant pas quoi manger le soir même, demandant via un sondage posté sur une de ces pages : « Que manger ce soir ? Pizza, hamburger, pâtes, etc. » Les réponses ont fusé, nombreuses et variées. L’idée n’aura eu besoin que de faire un tour dans sa tête. Et s’il demandait aux gens leur avis ? La démarche peut paraitre surréaliste et choquante mais le choix qu’il a à faire ne l’est-il pas tout autant ? Malgré la désapprobation totale de Léonie, trouvant la démarche immature, rien ne le fera changer d’avis. Le soir même, la question venue d’ailleurs était en ligne : « Ma mère a une maladie neurologique quasiment incurable. Dois-je abréger ses souffrances en choisissant l’arrêt des traitements ? » D’un simple clic sur « Oui » ou « Non », tous pourraient désormais être sauveurs ou bourreaux à sa place.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Alain Kauffmann vit à Colmar (68) où il exerce la profession de journaliste sportif ! Ma vie, votre oeuvre est son premier roman…

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Alain Kauffmann

M@ vie, votre œuvre

Éditions des Tourments

Collection Ailleurs

Chapitre I

Deux décembre 2013, comme très souvent, Damien se rend dans la fourmilière des gares. Malgré tout les évènements préalables, il reste une fourmi inconnue au milieu des autres. Il se pose sur un banc et attend. Comme toutes les autres fourmis, ayant chacune leur gestuelle qui font de ces quais de gare ce gargouillant amas. Mais aujourd’hui, une chose pourtant anodine va perturber cet attente habituelle : un vieil homme s’assoit à ses cotés et semble être de ceux qui attendent en partant à la découverte de ses congénères :

– Tant nous sommes à attendre sans même savoir vraiment quoi.

L’invective, aussi inattendue que profonde, reste sans réponse mais avec l’âge s’acquiert souvent la persévérance.

– Vous-même jeune homme, savez-vous vraiment où vous souhaitez aller là tout de suite et pourquoi ?

Le regard de Damien plonge dans celui de son questionneur. Dans ses yeux, l’histoire commence à vouloir se livrer mais rien ne sort de la bouche. Après de multiples tics trahissant de l’intérêt pour cette question, il se retranche dans une gestuelle qu’il affectionne : le roulage de cigarette qui est pour lui une sorte de dernier retranchement, lieu de ses réflexions  ultimes. Un nouveau regard échangé, plus profond encore et Damien se lance :

– J’ai eu 25 ans il y a onze mois tout rond et, si je ne sais pas où va ma vie, je sais très bien pourquoi je suis ici à attendre. Cette année qui vient de s’écouler est plus longue à raconter que tout le reste de mon existence si vous voulez tout savoir. Donc il est inutile de commencer une discussion qui n’ira jamais à son terme.

– A mon âge tout peut attendre, sauf la curiosité…

Chapitre II

– Le décor est on ne peut plus simple à poser. Ma vie «d’avant » est sans doute d’une extrême banalité : sans véritable diplôme, balancé dans un système scolaire qui n’a jamais su m’attirer. J’écris actuellement des chroniques sur l’actualité pour gagner ma vie et m’offrir un peu d’évasion car c’est un exercice que j’affectionne. Ecrire permet de « dire ce qu’on ne sait pas dire ».

– Voilà déjà une approche intéressante et peu banale contrairement à ce que vous avez présenté. Mais un jeune homme comme vous doit avoir su faire de sa vie professionnelle un simple support à une vie personnelle bien remplie, non ?

Un sourire ironique apparaît sur le visage de Damien, la réponse vient après une très longue inspiration de tabac et tout en recrachant la fumée :

– Remplie sûrement, bien c’est un tout autre problème. La vie à deux et les attentes qui en découlent ne me conviennent pas forcément. J’ai même essayé de m’y adapter…

Un silence suit, l’homme aux longs cheveux gris, à la barbe parfaitement taillée et d’une blancheur presque absolue semble avoir touché une corde sensible.

– Une fois… pour une personne qui finalement m’a montré à quel point il est inutile de forcer sa nature car on finit par se détester soi-même. Ne venez pas non plus me parler de l’amour familial étant donné qu’il n’y a rien de pire que d’aimer des gens que l’on n'a pas choisi non ? Je remercie mes parents de l’éducation et de l’amour qu’ils m’ont eux-mêmes donné mais c’est leur rôle et ils l’ont choisi, moi j’ai rempli le mien en acceptant et en les remerciant  de ce qu’ils ont fait de moi. En un sens ils sont un peu coupables de ces mots, non ? Bref, mon église prêche uniquement pour mes quelques amis sincères.

– Vous êtes un étonnant personnage. Et que pensez-vous de la société actuelle ?

La question tombe comme pour mettre à l’aise le jeune homme. A nouveau ce sourire ironique se dessine sur les lèvres de Damien qui s’ouvre de façon inexplicable à cet homme sans nom qu’il côtoie que depuis quelques minutes.

– Je n’ai sûrement pas votre expérience et votre vécu en la matière donc je m’abstiendrai de porter un jugement global. Néanmoins, je peux juger le sujet que je connais le mieux : les jeunes d’aujourd’hui vu que j’ai grandi avec eux. Avec nous sont nés Internet, les téléphones portables et la téléréalité entre autres. Ces quelques éléments ont façonné quelque chose de nouveau en nous, dans le sens où on peut désormais avoir tout ce qu’on désire ou presque assez facilement. Notamment, la notoriété facilement acquise par des gens sans aucun intérêt ni talent qui poussent certains jeunes à penser qu’on peut réussir de la sorte. Je hais cette composante et ces dérives. Et vous-mêmes vous en pensez quoi ?

– Ne perdons pas de temps à parler de moi. Ma question était : « Savez-vous pourquoi vous êtes là et où souhaitez-vous aller ? », alors, continuons sur cette voie.

Chapitre III

Damien se lance alors dans le déroulement de cette fameuse année. Celle qui a fait basculer sa vie et a vraiment commencé le 2 janvier après un anniversaire bien trop arrosé comme beaucoup de ses soirées. Une fois encore et comme souvent, c’est Léonie, sa meilleure amie, son « gouvernail » comme il aime à l’appeler - car elle est toujours là pour me changer de direction quand je pars trop à la dérive - qui a finit par le ramener chez lui dans un piteux état. La jeune fille, étudiante en psychologie, a il faut le dire toujours été là pour le sortir du guêpier tendu par une bouteille de whisky trop tardive ou pour trouver les mots quand ses pensées dépassent le seuil de négativité tolérée. Une soirée d’anniversaire à ranger finalement dans le même sac de souvenirs que toutes ces soirées si banales.

Le lendemain, le réveil est dur, malgré la force de l’habitude, Damien n’a pas trop le choix : il doit se mettre à écrire pour sa chronique de la semaine. Mais cet état, il a appris à l’apprivoiser pour s’en servir de source d’inspiration. Les tours d’horloges s’enchaînent et les choses avancent plutôt bien. Il faut trois ou quatre heures généralement pour que le jeune homme se sente à peu près satisfait de son travail. Un coup de fil a retentit le coupant dans son élan, il déteste cela. Malgré le fait que l’appel provienne de sa mère, Damien sera froid et expéditif, comme avec n’importe qui dans ces moments-là. Il prend quand même le temps de noter qu’il doit passer la voir dans la journée. Chronique bouclée, quoique peu satisfaisante à ses yeux comme bien souvent, et obligations nutritives remplies, le voilà donc parti pour retourner dans le cocon familial voir sa mère qui a « une nouvelle importante à lui annoncer » selon ses propres mots.

– Arrivé là-bas, ce fut le coup de poignard. Je m’attendais à un sauvetage d’un de ses plans foireux de beuverie entre copines comme bien souvent et elle, elle m’annonce qu’elle est malade, très malade… mourante en fait.

– Il est toujours dur d’admettre que des choses qui nous laissent indifférents tant qu’elles ne nous touchent pas directement puissent nous mettre à terre, commenta le vieux, captivé par le récit de Damien mais aussi par le moindre geste, le moindre soupir ou autre.

– Le plus dur ne fut pas trop l’annonce de la chose mais son effet de surprise. La perte de contrôle totale sur les événements de ma vie qui étaient inscrits dans une sorte d’agréable monotonie.

En effet, l’annonce a fait l’effet d’une bombe pour le jeune homme et le pire restait encore à venir. Les jours ont été trop peu nombreux avant l’hospitalisation de celle qui l’avait mis au monde. Damien s’est retrouvé un peu perdu mais bizarrement cela lui a permis de prendre un chemin un peu plus droit dans sa vie, car il se devait d’être là, et surtout en état, pour elle. Hélas, toutes les bonnes volontés du monde ne servent pas toujours à grand-chose et l’état de sa mère a empiré jusqu'à ce jour du 29 janvier où la nouvelle a fini par tomber.

– La vie est parfois cruelle ou injuste, je suis désolé pour votre mère, compatit le grisonnant.

– Cruelle ? Injuste ? Il aurait été cruel ou injuste de m’annoncer que ma propre mère était morte. Ce qui est arrivé est encore bien pire avec la fuite de mon père et ce droit de vie ou de mort que l’on m’a imposé. O m’a tout simplement dit : «Votre mère est désormais dans un état critique et votre père ne donne plus de nouvelles. Une décision doit être prise rapidement et c’est à vous désormais de décider dans les prochains jours si on doit continuer les traitements sachant qu’ils seront lourds ou si on doit stopper l’acharnement ».