Madame Gibou et Madame Pochet - Ligaran - E-Book

Madame Gibou et Madame Pochet E-Book

Ligaran

0,0

Beschreibung

Extrait : "JOSÉPHINE, un panier sous le bras : Bonjour la laitière. MADAME BONVIVANT : Bonjour, mam'zelle Joséphine. JOSÉPHINE : M'avez-vous gardé ma crème ? Ah! La voilà. MADAME BONVIVANT : Non, c'est la cruche à mame Pochet ? Elle est en retard ce matin, ça m'étonne. JOSÉPHINE : Elle était de noce hier. MADAME BONVIVANT : Tiens ! la noce de qui donc ? JOSÉPHINE : La noce de mademoiselle Gibou, la fille de la fruitière."

À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran :

Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 52

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Personnages

MADAME GIBOU : M. ODRY.

MADAME POCHET : M. VERNET.

ADÈLE, fille de Mme Gibou : Mlle MARCHETI.

PALMYRE, fille de Mme Pochet : Mlle CÉLINE CAYOT.

JOSSE, dégraisseur : M. CAZOT.

THOMAS, son fils sous les noms d’ADOLPHE et d’ALFRED : M. DAUDEL.

MADAME BONVIVANT, laitière : Mlle FLORE.

MADAME CACAO, épicière : Mlle CHALBOS.

JOSÉPHINE, cuisinière : Mlle AUGUSTINE.

LECOQ, mari d’Adèle Gibou : M. ADRIEN.

UN GARÇON PATÎSSIER : M. BOUGNOL.

UN JEUNE HOMME.

UN JOUEUR DE FLAGEOLET.

VOISINS, VOISINES.

La scène est à Paris, dans un faubourg.

Acte premier

Place publique ; à gauche du spectateur, la boutique de l’épicière.

Scène première

Madame Bonvivant, assise au coin, à droite, entourée de ses pots au lait ; Plusieurs femmes se faisant servir ; JOSÉPHINE.

JOSÉPHINE, un panier sous le bras.

Bonjour, la laitière.

MADAME BONVIVANT

Bonjour, mam’zelle Joséphine.

JOSÉPHINE

M’avez-vous gardé ma crème ? Ah ! la voilà.

MADAME BONVIVANT

Non, c’est la cruche à mame Pochet, elle est en retard ce matin, ça m’étonne.

JOSÉPHINE

Elle était de noce hier.

MADAME BONVIVANT

Tiens ! la noce de qui donc ?

JOSÉPHINE

La noce de mademoiselle Gibou, la fille de la fruitière.

MADAME BONVIVANT

Bah ! c’te petite Gibou, la v’là donc mariée, qui faisait la bégueule dans la boutique d’sa mère, au milieu des légumes ! Et qu’est-ce qu’elle a épousé ? sûrement pas grand-chose.

JOSÉPHINE

Eh ben ! elle a épousé le petit Lecoq, un marchand de volailles ambulant, qui vient chez nous apporter des lapins.

MADAME BONVIVANT

AIR du vaudeville de la Famille du Porteur d’eau.

Un marchand d’volaille ambulant ?
La pauvr’femm’ !… je suis sûr qu’ell’bisque.
C’n’est pas ell’qu’on doit plaindr’pourtant,
C’est son mari qui court tout l’risque…
Sa femme a de belles façons ;
Lui, pour son état, faut qu’il roule !
Et loin d’sa moitié, j’en réponds,
Quand il va vendre ses dindons,
Il doit avoir la chair de poule. (bis.)

Y m’semblait lui avoir entendu parler d’un beau jeune homme qu’elle avait fait la connaissance au bal de Tivoli ?

JOSÉPHINE

Bah ! est-ce qu’on épouse les connaissances qu’on fait dans ces endroits-là ? Enfin la v’là mariée… Ils ont fait une noce de grand genre, chez un rôtisseur, avec des toilettes à faire peur. Mam’zelle Pochet avait des bas à jours et un chapeau en papier qu’on aurait juré d’la paille de riz. Mam’zelle Pochet un chapeau ! je n’désespère pas d’en porter aussi bientôt.

MADAME BONVIVANT

Si vous serviez chez un garçon ou chez un veuf, ça pourrait bien vous arriver. Mais, tenez, vous parliez d’un beau jeune homme qui faisait la cour à mam’zelle Gibou, c’est-y pas lui qui sort de c’te maison de jeu clandestine qui vient d’s’établir dans votre voisinage ?

JOSÉPHINE

Ça, c’est un jeune homme qui fréquente mam’zelle Pochet : il l’attend tous les jours pour lui donner le bras, quand elle s’en va à son école de danse.

MADAME BONVIVANT

Ça n’est pas une raison, par le temps qui court : les jeunes gens en courtisent bien deux à la fois.

JOSÉPHINE

Gardez-moi toujours ma crème ; je vais à la boucherie.

Scène II

Thomas, Madame Bonvivant.

THOMAS

Non, décidément je ne jouerai plus ; je vais rentrer chez mon père, me marier s’il l’exige. J’ai du malheur au jeu, je serai heureux en femme.

AIR de Jadis et Aujourd’hui.

Je suis la méthode commune,
Lorsqu’enfin il faut réfléchir ;
Quand les plaisirs et la fortune
Ont fui pour ne plus revenir ;
Enfin, quand tout nous désespère,
Que rien ne peut nous égayer,
On court se j’ter à la rivière,
Ou bien on va se marier.

Qu’est-ce qui me manque pour réussir dans le monde ? c’est de l’aplomb, car j’ai toutes les dispositions possibles ; mais je n’ai pas cette présence d’esprit, cette réplique instantanée qui impose au vulgaire : ce sera cause que je serai obligé de me restreindre dans une sphère étroite. Cependant mon âme généreuse bondit dans mon sein ! elle frémit d’indignation à la pensée de me renfermer dans la boutique de dégraisseur de mon père. Fatalité ! qui m’as fait naître entre une cuve de teinture et une pierre à détacher ! Bornons donc notre ambition. – Je vais boire un peu de lait… Laitière, donnez-moi du lait.

MADAME BONVIVANT

Dans quoi ?

THOMAS

Dans un couvercle. Voilà un mois que je n’ai vu cette petite Gibou, la fille de la fruitière, qui me prend pour un riche capitaliste… Je n’ai plus qu’un sou… Allons la revoir, et, ma foi, si elle me parle encore de mariage… Mais j’aperçois madame Pochet, dont j’adore aussi la charmante Palmyre. Je me suis donné à elle pour un artiste à réputation ; tenons-nous un peu à l’écart.

Il se place derrière la laitière, boit le lait que madame Bonvivant lui a versé dans le couvercle d’un pot, et s’éloigne.

Scène III

Madame Pochet, Madame Bonvivant.

MADAME POCHET

Je m’ai levé plus tard que d’ordinaire ; quand on n’est pas accoutumée à faire des excès, la moindre chose vous dérange ! Bonjour, la laitière ; m’avez-vous gardé mon petit pot de crème ? Ah ! Dieu ! si ma fille Palmyre n’avait pas sa crème, quel train qu’elle me ferait ! Dites donc, je dois avoir bien mauvaise mine ? je suis pâle, j’ai les yeux battus, n’est-ce pas ?

MADAME BONVIVANT

Oui, vous n’êtes pas fraîche à c’matin.

MADAME POCHET

Je l’crois ben !

AIR de M. Charles Plantade.

J’n’en peux pus ! c’te gueus’de mariage
M’a cassé les jamb’s et les bras.
Danser tout’la nuit, à mon âge,
L’lendemain on ne peut pus faire un pas.
Mais j’m’en suis donné z’un’fièr’bosse,
J’ai bu comm’quequ’un qu’à l’moyen.
Ah ! qu’c’était bien ! (bis.)

Dieu ! laitière que c’était bien !

Quel plaisir d’aller à la noce,
Surtout quand il n’en coûte rien !
MADAME BONVIVANT, se levant et s’approchant d’elle.

La noce à la fille à madame Gibou, n’est-c’pas ?

MADAME POCHET

Oui, mon enfant…

Même air.

Faut qu’mam’Gibou soit généreuse
Pour donner un pareil repas ;
La pauvr’fill’mérit’d’être heureuse,
Ou ben c’est qu’je n’m’y connais pas…
Jusqu’aux orang’s dans son écosse,
Au dessert il ne manquait rien ;
Ah ! qu’c’était bien ! (bis.)