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Extrait : "JOSÉPHINE, un panier sous le bras : Bonjour la laitière. MADAME BONVIVANT : Bonjour, mam'zelle Joséphine. JOSÉPHINE : M'avez-vous gardé ma crème ? Ah! La voilà. MADAME BONVIVANT : Non, c'est la cruche à mame Pochet ? Elle est en retard ce matin, ça m'étonne. JOSÉPHINE : Elle était de noce hier. MADAME BONVIVANT : Tiens ! la noce de qui donc ? JOSÉPHINE : La noce de mademoiselle Gibou, la fille de la fruitière."
À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran :
Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :
• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Seitenzahl: 52
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MADAME GIBOU : M. ODRY.
MADAME POCHET : M. VERNET.
ADÈLE, fille de Mme Gibou : Mlle MARCHETI.
PALMYRE, fille de Mme Pochet : Mlle CÉLINE CAYOT.
JOSSE, dégraisseur : M. CAZOT.
THOMAS, son fils sous les noms d’ADOLPHE et d’ALFRED : M. DAUDEL.
MADAME BONVIVANT, laitière : Mlle FLORE.
MADAME CACAO, épicière : Mlle CHALBOS.
JOSÉPHINE, cuisinière : Mlle AUGUSTINE.
LECOQ, mari d’Adèle Gibou : M. ADRIEN.
UN GARÇON PATÎSSIER : M. BOUGNOL.
UN JEUNE HOMME.
UN JOUEUR DE FLAGEOLET.
VOISINS, VOISINES.
La scène est à Paris, dans un faubourg.
Place publique ; à gauche du spectateur, la boutique de l’épicière.
Madame Bonvivant, assise au coin, à droite, entourée de ses pots au lait ; Plusieurs femmes se faisant servir ; JOSÉPHINE.
Bonjour, la laitière.
Bonjour, mam’zelle Joséphine.
M’avez-vous gardé ma crème ? Ah ! la voilà.
Non, c’est la cruche à mame Pochet, elle est en retard ce matin, ça m’étonne.
Elle était de noce hier.
Tiens ! la noce de qui donc ?
La noce de mademoiselle Gibou, la fille de la fruitière.
Bah ! c’te petite Gibou, la v’là donc mariée, qui faisait la bégueule dans la boutique d’sa mère, au milieu des légumes ! Et qu’est-ce qu’elle a épousé ? sûrement pas grand-chose.
Eh ben ! elle a épousé le petit Lecoq, un marchand de volailles ambulant, qui vient chez nous apporter des lapins.
AIR du vaudeville de la Famille du Porteur d’eau.
Y m’semblait lui avoir entendu parler d’un beau jeune homme qu’elle avait fait la connaissance au bal de Tivoli ?
Bah ! est-ce qu’on épouse les connaissances qu’on fait dans ces endroits-là ? Enfin la v’là mariée… Ils ont fait une noce de grand genre, chez un rôtisseur, avec des toilettes à faire peur. Mam’zelle Pochet avait des bas à jours et un chapeau en papier qu’on aurait juré d’la paille de riz. Mam’zelle Pochet un chapeau ! je n’désespère pas d’en porter aussi bientôt.
Si vous serviez chez un garçon ou chez un veuf, ça pourrait bien vous arriver. Mais, tenez, vous parliez d’un beau jeune homme qui faisait la cour à mam’zelle Gibou, c’est-y pas lui qui sort de c’te maison de jeu clandestine qui vient d’s’établir dans votre voisinage ?
Ça, c’est un jeune homme qui fréquente mam’zelle Pochet : il l’attend tous les jours pour lui donner le bras, quand elle s’en va à son école de danse.
Ça n’est pas une raison, par le temps qui court : les jeunes gens en courtisent bien deux à la fois.
Gardez-moi toujours ma crème ; je vais à la boucherie.
Thomas, Madame Bonvivant.
Non, décidément je ne jouerai plus ; je vais rentrer chez mon père, me marier s’il l’exige. J’ai du malheur au jeu, je serai heureux en femme.
AIR de Jadis et Aujourd’hui.
Qu’est-ce qui me manque pour réussir dans le monde ? c’est de l’aplomb, car j’ai toutes les dispositions possibles ; mais je n’ai pas cette présence d’esprit, cette réplique instantanée qui impose au vulgaire : ce sera cause que je serai obligé de me restreindre dans une sphère étroite. Cependant mon âme généreuse bondit dans mon sein ! elle frémit d’indignation à la pensée de me renfermer dans la boutique de dégraisseur de mon père. Fatalité ! qui m’as fait naître entre une cuve de teinture et une pierre à détacher ! Bornons donc notre ambition. – Je vais boire un peu de lait… Laitière, donnez-moi du lait.
Dans quoi ?
Dans un couvercle. Voilà un mois que je n’ai vu cette petite Gibou, la fille de la fruitière, qui me prend pour un riche capitaliste… Je n’ai plus qu’un sou… Allons la revoir, et, ma foi, si elle me parle encore de mariage… Mais j’aperçois madame Pochet, dont j’adore aussi la charmante Palmyre. Je me suis donné à elle pour un artiste à réputation ; tenons-nous un peu à l’écart.
Il se place derrière la laitière, boit le lait que madame Bonvivant lui a versé dans le couvercle d’un pot, et s’éloigne.
Madame Pochet, Madame Bonvivant.
Je m’ai levé plus tard que d’ordinaire ; quand on n’est pas accoutumée à faire des excès, la moindre chose vous dérange ! Bonjour, la laitière ; m’avez-vous gardé mon petit pot de crème ? Ah ! Dieu ! si ma fille Palmyre n’avait pas sa crème, quel train qu’elle me ferait ! Dites donc, je dois avoir bien mauvaise mine ? je suis pâle, j’ai les yeux battus, n’est-ce pas ?
Oui, vous n’êtes pas fraîche à c’matin.
Je l’crois ben !
AIR de M. Charles Plantade.
Dieu ! laitière que c’était bien !
La noce à la fille à madame Gibou, n’est-c’pas ?
Oui, mon enfant…
Même air.